Conflits, les juges et les coutumes en Ituri
Disposant d'une superficie totale d'environ 65.658 Km2 et d'une population de 3 millions d'habitants, la densité y est irrégulièrement répartie suiovant que le sol est fertile ou une forêt à ne pas exploiter. Dans les trois territoires où les effets des conflits sont très visibles (Djugu, Irumu et Mahagi), la densité est plus de 100 habitants au Km2. Aussi, c'est dans cxes trois territoires qu'il y a de grandes concessions industrielles et minières, des boisements, des paturâges et le Lac Albert.
"La terre, c'est un héritage". Cette maxime populaire en turi signifie toout et explique très bien la diffiulté de cohabitation entre les agriculteurs, les éleveurs d'une part et les concessionnaires et l'Etat d'autre part. Chaque mètre carré est l'objet de convoitisesd, surtout que la terre y est rare. Chaque année pendant la période des pluies où les cultivateurs doivent planter, les troupeaux détruisent les champs. ceci a des conséquences néfastes sur les travaux des champs et crée une vive te,nsion entre les paysans de différents groupes d'intérêts.
En se rendant dans les tribunaux, on constate que plus de la moitié des affairesjugées portent sur des litiges fonciers. les protagonistes laissent de plus en plus le soin à la justice de trancher les conflits entre éleveurs et agriculteurs, concessionnaires et paysans. dans les temps les autorités avaient réprimé durement ceux qui s'étaient livrés à des affrontements sanglants, surtout entre les Lendu et les Hema.
Mais aujourd'hui, la justice semble être mal outillée pour faire face au problème posé. Les affaires jugées rebondissent régulièrement. Les décisions des différentes instances se contredisent très souvent. ce qui donne l'impression aux populations que les juges ne sont pas honnêtes. Les confusions ainsi nées ou entretenues malgrè les décisions de la justice, les piétinements ou va-et-vient de certains conflits fonciers devant les cours et tribunaux de l'ituri pendant des décennies, ont semé le doute aujourd'hui sur la capacité des autorités judiciaires, politiques et administratives à juguler le phénomène. D'où le règlement des problèmes par chacun ou la vengeance.
Nous l'avons dit plus haut: A qui la terre? Perdre un lopin de terre légué par les ancêtres en Ituri est considéré par la population comme une humiliation ou un suicide"".D'où il est impensable de se soumettre à une décision de justice qui donnerait raison à son adversaire. "S'il le faut, je preendrai une arme pour défendre mes champs". Voilà encore une autre maxime. Très souvent ces conflits rebondissent à l'approche de la saison dezs pluies
Autre chose. Le système qui a consisté à attribuer auxCollectivités très denses des terrains dans d'autres Collectivités n'ayant pas des limites communes et qui autorise la gestion de ces deuxièmes parties par leurs Collectivirés d'origine est un mauvais système et doit êtrtre soumis à l'examen de la conférence des magistrats et chefs de collectivités afin d'y trouver une solution. Ici nous citerons les Collectivités d'Anghal 1 et 2 , Djukoth 1 et 2 (Territoire de Mahagi), Bahema Nord 1 et 2, Bahema Badjere 1 et 2, le Groupement contesté de Fataki (Territoire de Djugu), Bahema Sud 1 et 2, Basili 1 et 2 (Territoire d'Irumu), et Bombo 1 et 2 (Territoire de Mambasa).
Ce que nous conseillons à notre Gouvernement, c'est de mettre les magistrats et les chefs coutumiers ensemble pour qu'ils partagent leurs connaissances. Au moment les uns apprennent les coutumes, les autres s'imprègnent de la nouvelle loi foncière. Sur terrain et selon les coutumes dans ce District, les terrains sont les patrimoines des familles, qui les lèguent à leurs progénitures. A la tête de quelques familles, il y a une autorité coutumière que tout le monde doit respecter. Les grands groupes peuvent être déterminés par les 45 Chefs de Collectivité de l'Ituri. Dans le Territoire d'Aru, toutes les ethnies se reconnaissent presque dans des mêmes habitudes. A Mahagi, les Lendu et les Alur ont des différences d'organisation ancestrale. A Djugu, il y a également deux grands groupes très différents: les Lendu et les Hema. A Irumu, nous trouvons les Bira, Lendu/Ngity et Hema. Quant à Mambasa, ce sont les Pygmées et les Bantous qui ne se comprennent pas toujours.
Nous pensons interpeller le Gouvernement de la République Démocratique du Congo par la publication de ce document, plus spécialement les Ministères ayant à leur charge l'Intérieur, la Justice, l'Agriculture et les Affaires Foncières. Toutefois, la Mission des Nations-Unies au Congo, la MONUC sera informée, car étant de la partie et ayant rendu d'énormes services louables au District de l'Ituri. Pour tout ce qui n'est pasq dit ici, nous sommes prêts à y répondre, si nécessaire.
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir, Coordinateur DECIDI
Kinshasa, le 29 janvier 2004
