Ituri : Pour se payer la fin de la guerre, les groupes armés font du braconnage…

REPUBLIQUE EDEMOCRATIQUE DU CONGO
DEMOCRATIE ET CIVISME
POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL
DECIDI

« Réseau des Associations Paysannes pour la Culture Démocratique et Civique »

S’il est vrai que les aires protégées du pays sont aujourd’hui confrontées à des sérieux problèmes de braconnage, de déforestation, d’exploitation minière, la chasse et autres activités illicites, il est aussi vrai que la Réserve de Faune à Okapi d’Epulu (RFO) n’échappe pas à ce fléau. Pour le journaliste Guy Boyoma, le constat amer a été fait le 28 mai 2003 à Epulu devant le Dr. John Hart, chargé de monitoring au sein de WCS.
Dans la Réserve de Faune à Okapi d’Epulu, le braconnage s’effectue à grande échelle :

- Au Nord-Est de la Réserve, les hommes du Capitaine Mamadou de l’ex-Armée de Libération du Congo (MLC), dénommée Brigade rouge, se sont investis dans le massacre des éléphants. Le malien (Capitaine), qui fut incorporé dans l’Armée du MLC pendant sa campagne contre le RCD/K-ML en 2002, avait recruté et armé une centaine des Pygmées à sa solde, et détenaient 48 armes de guerre pour abattre les éléphants et autres mammifères. Les pointes d’ivoire ainsi obtenues prennent toujours la direction de leur maître. Suite aux multiples doléances de la population du Territoire de Mambasa, le Malien Mamadou a été muté à Kindu, son nouveau poste qu’il a vite rejoint. Selon les informations à notre possession, le patron de la Région militaire du Maniema serait de l’obédience du Malien Capitaire Mamadou. La DECIDI demande qu’il soit poursuivi pour ces faits, où qu’il se cache.
- A l’Ouest de la RFO, c’est un autre Capitaine Sadiki et ses hommes qui sont très actifs dans cet abattage illicite des grands mammifères. En connivence avec des hommes armés venus de Bafwasende et abandonnés par Roger Lumbala (RCD/N), ils s’adonnent également à l’exploitation minière sous prétexte de se payer leurs arriérés de solde dont on ignore le montant mensuel, comme si c’était avec ces animaux qu’ils avaient signé leur contrat d’engagement dans la rébellion.
- A l’Est, des milices des groupes armés en Ituri venus de Mongbwalu, Yedi et Irumu opèrent en toute quiétude.
- Le Sud est ravagé par les anciens éléments du RCD/K-ML plus précisément à Makubusi, au Camp Bakoko, dans les localités de Masasa et de Bandisende, ou le long de la rivière Ituri.
- Il convient de noter que l’axe Mambasa-Nduye est aussi plein de braconniers professionnels, dont le plus grand, un certain Momoti, a été tué par un éléphant en plein opération de braconnage. Les ex-militaires du MLC basés à Nia-Nia, Bafwasende, Wamba, et au PK 47 route Isiro, font autant tout en rançonnant la paisible population locale. Au bout de six mois, la RFO a pu retrouver les traces de 30 éléphants abattus dans les localités de Bandisende, Bakulani, badengaido et Epulu. 32 pointes d’ivoire ont été saisies en avril 2003 et acheminées à Mambasa auprès du service des renseignements civils. Il semblerait que 17 pointes d’ivoire ont pris une destination inconnue en volant avec des ailes... !!!

Ce sombre tableau montre combien les anciennes factions rebelles congolaises avaient géré les territoires autrefois sous leur contrôle. Cette situation est à déplorer, car son allure actuelle devient de plus en plus inquiétante dans la mesure où le braconnage, la déforestation, l’exploitation artisanale des matières précieuses sont en constant accroissement, au même titre que les tracasseries dont la RFO et la population locale sont victimes de la part des groupes armés.
Pour ne pas croiser les bras et, par leur propre effort, les responsables de la RFO ont saisi, à leur actif, 5 armes de guerre (type AK47), 112 morceaux de viande d’éléphant, et démantelé 2.184 pièges à nylon, 246 câbles métalliques. Aussi, ils ont récupéré 31 bêches, 2 barres à mines, 1 pioche, 2 bâches et autres effets servant pour la destruction de la faune et flore.

Pour ce qui concerne les groupes armés sans vergogne, ils associent de force les chefs locaux et la population pour le transport de leurs butins – comme à l’époque du Roi Léopold II et de la traite négrière - . La moindre résistance expose son auteur à la flagellation, la torture, et autres corvées… C’est le cas du chef adjoint du centre de Nia-Nia, M. Bonangana, qui a été torturé par les hommes du MLC/RCD-N.

De septembre 2003 à ce jour, la RFO est parvenue à maîtriser une dizaine des braconniers, parmi les quels le célèbre Masimango, alias Maître, transféré au parquet secondaire de Beni. Outre la dévastation de la Réserve, la guerre entre les hommes du MLC et ceux du RCD/K-ML n’a pas épargné la célèbre Station d’Epulu. La RFO a été systématiquement pillée avec comme conséquence la paralysie de toutes les activités, Epulu étant transformé en leur Quartier Général.

Tout en remerciant les personnes qui ont été associées à ce travail combien louable pour leur vécu et articles, notamment les journalistes Alidor Mwanza et Guy Boyoma, la DECIDI transmet ce dossier aux responsables dont noms suivent pour traitement et conclusion. Il s’agit de :

- Honorable Président du Sénat
- Honorable Président de l’Assemblée Nationale
- Excellence Monsieur le Ministre de l’Environnement
- Excellence Madame la Ministre des Droits Humains
- Excellence Monsieur le Ministre de la Justice
- Honorable Président de la Composante Société Civile/Forces Vives à l’Assemblée Nationale
- Honorable Président de la Commission Parlementaire pour l’enquête sur la destruction méchante de l’environnement pendant les dernières guerres
- Madame la Commissaire du District de l’Ituri
- Monsieur le responsable de la RFO.

Fait à Kinshasa, le 22 juillet 2004

Pour la DECIDI
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir
Député et Directeur Général de la DECIDI

Adresse :
e.mail : democratieetcivisme@hotmail.com bhamichel@yahoo.fr
B.P. 1376 Kinshasa 1 / RD Congo tél. (+243) 081 501 2933 / (+243) 98 910 874
Sites internet: http://www.societecivile.cd/membre/decidi http://www.societecivile.cd