Femme de la semaine

Mme Kabange Ngoie, présidente de l’Amagod
Présidente de l’Association des mamans de la commune de la Gombe pour le développement socio-culturel (Amagod), Mme Marie-Madeleine Kabange est née le 12 décembre 1951 à Lubumbashi, dans la province du Katanga. Mariée à M. Mudiayi Lukusa et mère de 5 enfants, Mme Kabange est aussi présidente communale des Cpp, commune de la Gombe.

Après ses humanités commerciales à Lubumbashi, elle a été formée en esthétique à EBES-Kinshasa et en informatique à l’Alliance française de Kinshasa. Elle a successivement été directrice de la librairie française à Lubumbashi et d’une agence de voyage. Caissière et gérante d’une pâtisserie, secrétaire de direction des sociétés privées, elle est propriétaire et responsable d’un salon de coiffure et de couture. Il y a 3 ans, elle était présidente d’une association dénommée «Afed-Kinshasa» avant de créer Amagod.

Selon Mme Kabange Ngoie, la femme congolaise aujourd’hui est une femme qui a décidé de faire quelque chose pour son pays. Une femme qui ne veut plus rester en arrière. Pour elle, cette femme a pris conscience et s’est réveillée car, dans le temps, elle était déconsidérée. Autrefois, la femme restait à la cuisine pour préparer, faire la vaisselle et aller au champ. Mais, les choses ayant changé, la femme est devenue émancipée, aspirant à plus d’égalité et de liberté par rapport à l’homme.

Mme Marie-Madeleine Kabange encourage la femme à aller de l’avant puisqu’elle a fait preuve de ses capacités. Pour elle, c’est avec une rapidité étonnante que la femme a réussi à changer les choses, elle n’a rien à craindre, elle ne peut pas avoir peur de qui que ce soit.

«Nous devons avancer, nous sommes en train de nous battre tous pour le développement de notre pays. Alors, nous ne devons pas considérer le sexe, nous voulons plutôt regarder l’avenir de notre pays. D’où venons-nous ? Où allons-nous ?», soutient-elle. D’après elle, la femme ne devrait plus se gêner pour prendre la parole.

En ce qui concerne son association «Amagod», elle déclare l’avoir créée dans le but de lutter contre l’insalubrité publique, d’abord dans la commune de la Gombe, ensuite dans toutes les communes. Amagod est une association qui regroupe les mamans de la commune de la Gombe. C’est une organisation non-gouvernementale de développement (Ongd), née après le lancement par le gouverneur de la ville de Kinshasa, l’an dernier, de la campagne de sensibilisation sur la salubrité publique de la ville de Kinshasa.

La présidente de l’Amagod affirme que son association est le fruit d’une prise de conscience des mamans de la Gombe qui, après avoir observé autour d’elles, ont voulu non seulement créer un environnement sain, mais aussi participer à cette campagne de leur manière afin d’assister le gouverneur de la ville. A travers l’Amagod, ces mamans contribuent au processus de développement de ce pays. Elles veulent apporter leur pierre à l’édification de ce pays.

Pour Marie-Madeleine Kabange, Amagod est synonyme d’une femme qui refuse l’échec. C’est l’image d’une femme dynamique. Le but de l’Amagod est de lutter contre la saleté, les membres de cette association visent d’abord l’assainissement de leurs milieux et environnement immédiat. L’Amagod organise des campagnes de sensibilisation de la population de la Gombe, formalise et concrétise des idées. Elle ne compte pas seulement s’arrêter à la seule commune de la Gombe, rassure la présidente, mais aussi elle voudrait étendre son action dans d’autres communes.

Selon Mme Kabange, les membres de l’Amagod sont des chrétiennes. Elles ne se limitent pas à la prière qui purifie l’intérieur dès lors qu’à l’extérieur, tout est saleté et désordre... Ces femmes pensent que la purification du coeur ou l’intérieur du corps doit s’extérioriser à travers la propreté autour de son environnement. Elles n’ont pas voulu rester passives devant la détérioration de leur environnement et de leur milieu, a-t-elle ajouté.

Au regard de tout ce qui précède, explique-t-elle, les mamans de l’Amagod, soucieuses d’exprimer cette beauté du coeur à l’extérieur, ont décidé de réfectionner le parc des évolués situé sur l’avenue Cadeco. Elles ne supportent pas de voir ce parc transformé en un dépotoir pendant que les enfants manquent de place pour jouer et de braves gens ne savent où se détendre, a-t-elle stigmatisé.

En donnant peau neuve à ce parc, Amagod veut mettre à la disposition des habitants de la Gombe un endroit leur permettant de se détendre, se divertir un peu après de lourdes tâches de la journée.

Les politiciens doivent se pardonner et oublier leurs querelles

Pour ce qui est de la situation actuelle du pays, elle est d’avis que l’heure est grave. Elle demande aux politiciens de ne pas attendre que les autres viennent nous diriger, mais plutôt de s’entendre pour faire avancer les choses en faveur du peuple. Selon elle, le conflit, le malentendu, la mésentente ne pourront que bloquer la situation. Elle recommande l’union et le pardon aux politiciens.

Mme Kabange déclare que la femme du Congo a un grand rôle à jouer pour ce qui est de la situation actuelle. «Ce pays n’appartient pas seulement aux hommes, ce pays nous appartient tous et nous avons beaucoup à faire en tant que femmes», a-t-elle martelé.

La femme doit lutter pour aider à trouver la solution à l’image d’un foyer où c’est la femme qui apporte des conseils à son mari lorsque celui-ci la consulte. Et c’est ce rôle que la femme doit jouer en essayant d’apporter la paix là où il y a mésentente, arranger là où il y a des difficultés ou le désordre.

Dans tout cela, Mme Marie-Madeleine insiste sur l’amour et le pardon. Elle croit qu’en dehors de l’amour et du pardon, les choses ne vont jamais marcher. Elle demande aux politiciens d’oublier leurs querelles, leurs divisions pour privilégier la situation sociale de la population. Celle-ci souffre beaucoup : malnutrition, maigres salaires, baisse du taux de scolarisation des enfants par manque de moyens, misère.... sont devenus monnaie courante dans notre société.

Les politiciens, souligne-t-elle, doivent se surpasser pour sortir le peuple du carcan où il se trouve. Ils doivent songer au bien-être de la population en lui garantissant le minimum vital. Que ce peuple connaisse la paix, qu’il vive bien, qu’il mange à sa faim, que les enfants aillent à l’école.... Ce n’est qu’à ces conditions seulement que l’on pourra dire que les choses marchent dans ce pays, renchérit-elle.

La femme congolaise doit continuer à lutter pour sa cause

La présidente de l’Amagod estime que la femme congolaise qui s’est déjà levée pour son combat de manière à apporter sa contribution au développement de son pays, ne doit plus s’asseoir, voire ne plus reculer. Mme Kabange demande à la femme congolaise de ne pas faire attention à ce qui se raconte. «La femme ne doit plus pleurer, ce temps est révolu. L’heure est maintenant à l’action. Elle agira en toquant partout. Elle trouvera des solutions en cherchant».

A titre d’exemple, Mme Marie-Madeleine parle de son association où les mamans se sont décidées à lutter contre l’insalubrité. Pour elle, toutes les maladies, comme la malaria, persistent parce qu’il y a des moustiques qui sont attirés par un environnement malsain.

Cette association cherche à restaurer l’harmonie, le bien-être, de l’ordre dans nos milieux, dans notre environnement... Ces femmes ne sont pas politiciennes, ce sont des femmes soucieuses d’apporter quelque chose à la nature que Dieu a mise à leur disposition, insiste Mme Kabange.

A la femme congolaise, la présidente de l’Amagod demande de se souvenir qu’elle n’est pas venue au monde par hasard, encore moins, elle n’est pas née pour subir la vie et ensuite pour être engloutie par la mort. Vivre dans ce pays et en Afrique est pour elle une bénédiction et non une malchance. La femme a été créée par Dieu, elle existe pour une cause, rappelle-t-elle, pour un but précis et précieux, elle ne doit pas laisser un héritage corrompu aux générations futures.

La femme doit se confier à Dieu pour pouvoir réussir dans sa lourde tâche d’apporter sa contribution, seul Dieu peut rendre possible ce qui est impossible. Elle convie la femme à achever sa mission, sinon les générations à venir lui demanderont de rendre compte. La femme doit demeurer combative, même si elle est sous-représentée dans les entreprises et différents postes de décision, elle ne doit pas baisser les bras.

Mme Kabange est confiante en l’avenir. Elle croit en la compétence de la femme congolaise, qui a fait montre de ses preuves à Sun City et à la Conférence nationale souveraine. La même femme peut aussi gouverner. Elle est dotée des compétences, des capacités intellectuelles autant que l’homme. Elle donne l’exemple de la reine Esther dans la Bible qui a su faire quelque chose pour sauver son peuple d’Israël.

Noëlla Tshibola

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Edition n° 2730 du jeudi 23 janvier 2003