Les atrocités en Ituri,

Durant ce drame de l’Ituri, certains dignes fils et filles de ce District ont écrit pour attirer l’attention de tout le monde afin que cessent les tueries dans ce coin oublié de la République. Le DECIDI a plusieurs fois fait remarquer l’irresponsabilité de l’autorité politico-administrative de la République Démocratique du Congo dans la gestion du conflit iturien, où des ethnies ignorent même l’existence de Dieu Tout-Puissant, en s’entretuant comme des bêtes de somme.
C’est dans ce sens que DECIDI (Réseau Démocratie et Civisme pour le Développement Intégral) publie un résumé du message de Monseigneur Isingoma K. Henri, Evêque anglican du Diocèse de Katanga. Par son message, l’Evêque nous rappelle certaines vertus que nous devons observer, si nous voulons vraiment mettre fin à la guerre de l’Ituri. Vu la pertinence de son article, le DECIDI a trouvé mieux d’en faire écho pour éveiller la conscience de l’opinion tant nationale qu’internationale .
L’arme plus efficace contre cette escalade des violences meurtrières est l’amour de Dieu qui unit et qui amène les ennemis à la vraie communion fraternelle. La parole de Dieu nous enseigne que celui qui aime Dieu, alors qu’il n’aime pas son prochain qu’il voit, cet homme est un menteur. C’est ainsi que l’Evêque commence son discours et il poursuit : La sagesse traditionnelle avait bien compris cette réalité. En effet, les conflits divers, la haine tribale étaient minutieusement gérés par ceux qui incarnaient les pouvoirs traditionnels et résolus de manière à pérenniser la paix sociale et l’entente cordiale entre différents groupes sociaux. Sans la paix sociale la société humaine ne peut s’épanouir et par la haine tribale, on pèche contre la loi de la charité divine.
Plus loin l’Evêque continue avec ces mots : De nos jours, la haine tribale en Ituri est devenue une nouvelle forme de vie entre ethnies qui ont toujours entretenu entre elles des rapports cordiaux et de bons voisinages : Hema s’affrontent aux Lendu et une haine viscérale régit les relations entre eux et les autres groupes ethniques. Les atrocités et autres formes de violences ont élu domicile en Ituri et les populations de cette contrée, prises en otage par les extrémistes et incitateurs de la haine inter-ethniques, ne comprennent pas la politique gouvernementale qui se joue sur le plan international, en vue du dialogue et de la paix en Ituri et au Congo.
Aujourd’hui, Lendu et Hema sont malheureusement connus par les actes horribles de meurtre qu’ils commettent les uns contre les autres en offensive ou par défensive. La haine est très bien alimentée, de telle sorte qu’on n’hésite pas à tuer sans aucun remord son prochain, (le DECIDI ajoute que parfois on connaît des cas d’anthropophagie et de cannibalisme. Ce n’est pas un rêve, mais une réalité), à brûler des villages, à détruire des lieux sacrés et saints, à décimer le cheptel bovin et caprin et à commettre toutes sortes d’atrocités. Tellement que c’est inhumain., les mots pour le décrire manquent.
Se retournant vers l’Eglise de Dieu, l’Evêque enchaîne en disant, par sa passivité et par humiliation, l’Eglise a malheureusement pris part à l’intensification de ce conflit, fort malheureusement. Les politiciens avides des pouvoirs ne font qu’aggraver la situation. Les uns comme les autres oublient qu’en poussant les frères et sœurs à s’entretuer, ils portent atteinte à la vie de l’homme créé à l’image de Dieu, le temple de Dieu ou siège l’Esprit Saint.
Le prélat accuse l’étranger en ces termes : Les habitants de l’Ituri et du reste du Congo doivent savoir qu’ils sont victimes de leurs richesses naturelles.
Les forces d’occupation ont une arme à leur portée, non moins meurtrière, c’est le principe qui consiste à « diviser pour régner ». La force du mal y trouve largement son compte. En optant pour la rébellion au lieu du dialogue, les ennemis ont mis en marche une machine puissante, c’est-à-dire, le plan de déstabilisation du Congo. Il leur permet de rester le plus longtemps possible afin de poursuivre l’exploitation éhontée de ses richesses. Pour ce faire, ils jouent sur les divisions claniques pour prolonger leur invasion militaire et l’occupation politique du territoire pour y favoriser l’établissement des réseaux mafieux dans les régions minières. Quand les Congolais sont divisés, cela les arrange parfaitement bien et ils n’hésitent pas à corrompre les intellectuels soucieux de se positionner politiqueme,nt et socialement.
Avant de clore, l’Evêque nous recommande ceci :
- la population doit faire attention aux manipulations tant internes qu’extérieures et garder la solidarité nationale ;
- les Eglises doivent se mobiliser pour rechercher les voies et moyens de restaurer la paix dans la région ;
- Dieu ne laissera pas impunis ceux qui portent atteinte à la vie de l’homme dont le corps a été érigé en temple de l’Esprit Saint ;
- Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo doit se rendre sur place en Ituri, en vue de palper ses réalités et y chercher des solution appropriées ;
- Compte tenu des blessures intérieures graves que les différentes agressions ont engendrées, la demande de pardon seule ne peut porter des fruits.
D’ores et déjà, le DECIDI s’excuse auprès de Mgr Isingoma, s’il trouve que ses propos n’ont pas été repris comme il le fallait. Mais nous pensons que l’essentiel de faire passer son message de paix a été fait et que grâce à Dieu, la population de l’Ituri connaîtra bientôt la paix, même si pour des raisons d’intérêt financier, économique et politique, certains fils et filles de l’Ituri continuent à attiser le feu. Tôt ou tard, le bois avec lequel ils sont en train de faire leur feu, s’épuisera et la pluie éteindra le feu déjà actif.
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir,
Coordonnateur DECIDI et Député.-