RECIT D'UN VOYAGE EN RDC ( Du 27-12-2003 au 17-01-2004 )

J’ai effectue une visite de prospection et d’évaluation d’un projet au Sud-Kivu à Bukavu. Le projet devrait être financer par notre groupe. Ce projet –d’une importance capitale- a été conçu par le réseau des femmes pour le droit humain et la paix ( RFDP) ayant comme objectif primordial la ‘Prise en charge psychologique des femmes et filles violées pendant la guerre d’agression’.

Le 27 décembre 2003, je quitte Genève via Paris pour Kinshasa. A l’aéroport de Kinshasa, je découvre avec stupeur que les vieilles odieuses pratiques, ériges en système d’arnaque pendant les 32 ans de dictature et de clochardisation de notre peuple, reprennent du poil de la bête. Même si l’agressivité envers les ‘revenants’ a diminue, même si de phrases culpabilisantes ‘bino bato bo vandaka na paradisu bo bwaka biso boye’ suivies d’une autre plus incisive ‘pesa biso madesu ya bana’ ne sont plus utilisés, ‘l’impôt’ et l’humiliation que tout revenant –hormis les dignitaires du régime de l’époque- devait paye est bien de retour. Mais d’une manière feutre ; genre gant de velours, moins rustre et brutal, moins voyant aussi. Plus rien de commun avec ce que j’avais subi une décennie plutôt: j’ai fut littéralement ‘agresse’ depuis l’immigration jusqu'à la douane. Aujourd’hui, les fonctionnaires s’occupent bien de vous, mais ils vous demandent poliment de leur donner quelque chose.
Dès Kinshasa, j’appelle Bukavu chez mon oncle, pas de réponse. J’appelle une amie pour lui dire que je n’arrive pas à joindre mon oncle. J’apprends avec beaucoup d’inquiétude, que mon oncle et sa famille, ont été attaqués, il y a juste deux jours. Voila pourquoi, je n’arrivais pas a les atteindre, leurs portables ayant été emportés par les bandits.

Le 2 janvier 2004, je quitte Kinshasa pour Goma. Arrivé à Goma, le même stratagème, les fonctionnaires vous cherchent des ‘poux’ pour vous soutirer de l’argent. Bien que mes papiers sont en ordre, l’agent de l’immigration me toise et me dit : pourquoi, votre passeport n’a pas de visa de sortie de l’aéroport de Ndjili ? médusée, je lui fait comprendre que la RDCongo est Une, et Indivisible et qu’a ma connaissance, Kinshasa était toujours la capitale de notre grand et beau Congo, qu’un gouvernement de transition est en place et que la réunification de notre territoire doit d’abord se faire dans nos esprits . Je lui dis également que je suis native de ce coin et j’ai le droit de venir rendre visite à ma famille. Sur ça, il me laisse partir sans en ajouter un mot. Je passe deux nuits à Goma, question de prendre un peu la température et l’atmosphère politiques. Je reviendrai sur ça un peu plus tard.
Le 5 janvier 2004, je quitte Goma pour Bukavu par bateau, question d’admirer le paysage et surtout revoir le chemin que j’avais parcouru en 1969 lors de mon départ pour la Suisse.
Spectacle triste et émouvant : les maisons, jadis jolies sont devenues noires, vétustes aux murs lézardes. Je regarde ces îlots qui ressemblent un peu comme le bord du lac Léman (Suisse), je me dis que s’est il passe? Pourquoi rien n’a été fait depuis le départ des colons ?
Nous approchons maintenant Bukavu, je vois de loin le port et la ville de Bukavu. J’avoue que je ne reconnais plus ma ville. Nous approchons du port, j’aperçois quelques membres de la société civile et les staffs de R.F.D.P et quelques personnes de ma famille, tous venus m’attendre. Mon cœur bat très fort, mon sang fait un tour, j’ai un peu froid au dos, tant la charge émotive est très forte. Voila depuis plus de 20 ans que je ne suis plus venu à Bukavu. Je regarde autour de moi, j’aperçois l’hôpital de référence de Bukavu et les gens en train de vendre leur marchandise tout le long de la route. A l’époque tout ceci n’existait pas. Vraiment comme Bukavu avait tant changé.
Après les embrassades, après tant d’années, je ne reconnaissais plus presque personne. Des cousins, cousines nées après moi, je me dis mon Dieu que le temps et les années ont passé très vite. Nous entrons dans les voitures direction procure où la société civile avait décidé de me loger. Avec ce qui est arrivé à la famille, plus question qu’on me laisse loger chez de membres familiales. À la procure, je serai en sécurité. Je dépose mes affaires dans ma chambre et on reprend le chemin vers le bureau de la société civile. A leur bureau, nous discutons de mon séjour programme a Goma et a Bukavu.
Nous quittons le bureau de société civile et fonçons au bureau de la RFDP et là nous établissons le programme du travail comme suit :

Lundi 5 janvier 04 : Consultation des documents

Mardi 0 6 janvier 04 : Visite des quartiers périphériques de Bukavu

Mercredi 07 janvier 04 : séance de travail avec l’équipe du RFDP

Jeudi 08 janvier 04 : Evaluation des besoins des filles mineures par des visites de certains Sites et projets.

Vendredi 09 janvier04 : Visite des sites d’érosions par l’ONG Vison Verte.
Rencontre au bureau de la société civile des acteurs de la société civile et échange avec la composante Femme.

Samedi 10 janvier 04 : visite aux familles

Dimanche 11 janvier 04 : retour à Goma.

Lundi 5 janvier 2004

Je commence comme prévue consulter les documents de RFDP afin de prendre des notes pour l’évaluation. Je fais également connaissance avec les staffs de RFDP.

Mardi 6 janvier 2004

Comme prévue, nous faisons le tour des quartiers périphérique de Bukavu. Nous commençons par passer par le pensionnat Albert premier de jeunes filles devenues Ecole Wima. Quelle choc de voir ce bâtiment -jadis qui brillait et qui a forme beaucoup de jeunes filles de bonne famille de Bukavu- offrir maintenant un sinistre paysage : murs délabres et écailles, virtuellement en état de catalepsie. Une lutte interne se déroulait en moi. Mon subconscient me renvoyait avec un brin d’ironie et beaucoup de cynisme les belles images de Bukavu la mignonne, qui avait berce mon enfance. La réalité d’aujourd’hui éloignait l’ancienne typographie et me rappelait que quelque chose d’irréparable (vraiment ?) s’était produit: un fosse abyssal remplaçait l’ancienne configuration, une dure réalité implacable, alimente non par une nostalgie du passe, abstraite et idéologique, mais plutôt par la conviction qu’ ‘avant’ on vivait mieux, dans l’honneur et la sécurité.
Nous continuons notre route vers l’Ecole technique professionnel officiel ETPO, et ISTEM qui est en face du laboratoire, appeler aujourd’hui laboratoire Lurhuma, toujours la même désolation, le même spectacle triste. A l’ISTEM, nous rencontrons l’un de responsable. Nous entamons les discussions sur l’état décrépie de leur institut. Comment un institut qui est censé former du personnel médical se trouve dans un état vétuste et démuni ? Pourquoi le minimum d’entretien n’est pas assure ?
Nous continuons notre route et faisons un arrêt à Sos Village d’enfants. Je trouve que ce village est bien entretenu et l’encadrement des enfants est plus au moins bien tenus.
Après la visite au village SOS enfants, nous allons jusqu’à Chiriri, nous rencontrons quelques militaires qui s’acharnent d’arnaquer les femmes qui descendent au marché pour écouler leurs marchandises. Nous nous arrêtons pour discuter avec eux en leur demandant pourquoi, ils harcèlent les pauvres femmes. La réponse est qu’ils ne sont pas payés et qu’ils sont obligés de demander un peu de vivres à ces femmes pour se nourrir. Nous posons les questions aux pauvres femmes, elles répondent qu’elles n’ont pas le choix, il faut qu’elles paient pour aller écouler leurs marchandises. Toutefois, l’administration quotidienne de la coercition (barrage routiers, rafles, collecte forcée de ‘l’impôt’, saisies illégales, rackets et passe-droits divers) pratique par les militaires pendant les 32 ans de dictature a disparue. Mais d’autres systèmes coercitifs naissent ou on assiste à une étroite collaboration entre les ‘victimes’ et les racketteurs. L’exemple de Bukavu est probant : les commerçantes résignées, acceptent de payer de passe-droit pour pouvoir accéder aux marches. C’est vraiment une relation d’oppressés qui paie son oppresseur pour survivre, une ‘convivialité’ entre la victime et son bourreau qui vous désarçonne.
Nous quittons Chiriri et descendons en passant Funu, Buholo direction vers Essence. Kadutu aussi a change mais en mal. Comme les autres quartiers de la ville, la décrépitude est très apparente a Kadutu : routes défoncées, bâtiment administratifs désuets, ponts et chaussées abîmées et service de voirie inexistante. Décidément, les 32 ans de dictature (s’appuyant sur la prédation, l’incurie, la gabegie, le vol et le sang) ont réussi un coup de maître : détruire tout un grand pays aux énormes potentialités. Tout le long de la route qui mène vers le quartier Nyamugo et Essence, les gens vendent leurs marchandises, la débrouille –encore et toujours elle- est aussi présente ici comme partout ailleurs. Arrivé au rond point de l’Essence, on nous arrête par le service de sécurité, recourant toujours a la même tactique, on cherche des prétendues infractions pour vous rançonner: vous n’avez pas le droit de filmer ici, un pourparler s’ensuivit….

Mercredi 7 janvier 2004

Rencontre avec les femmes victimes de violences sexuelles venant dans les environs de Bukavu et de la localité de Kabare afin d’obtenir de bon pour les soins à l’hôpital de Panzi. Profitant de leurs passages au bureau de R.F.P.D , je leur pose quelques questions concernant leurs agresseurs. Toutes sans exception, racontent le calvaire qu’elles ont vécu, les stigmates qu’elles portent encore dans leur chair, le traumatisme post-viol qu’elles endurent. Leur histoire commune est tellement cruelle, qu’on veut la croire apocryphe. Je suis abattue, partage entre l’impuissance et la révolte. Toutes sans exception, confirment que leurs agresseurs étaient de Rwandais. Terrorisées, tétanisées entre la peur et la honte, elles refusent de dormir chez elles (malgré cette période de post-conflit et paix relative), de peur d’être encore violées par les Rwandais. J’apprends aussi que d’autres victimes de viol sont à l’hôpital.
Après midi, nous nous rendons à l’hôpital de Panzi, nous sommes reçues par le médecin responsable de l’hôpital, qui nous consacre plus d’une heure. Il nous relate la précarité et le manque des moyens de l’hôpital (insuffisance du personnel médical et de médicaments), susceptible de permettre à l’hôpital de remplir sa mission a la limite sacerdotale, celle de soigner des malades et sauver des vies. Il est le seul médecin chirurgien de l’hôpital. Il a forme des assistants, mais la précarité a pousse les jeunes assistants d’émigrer a la recherche des meilleures situations, la fameuse fuite des cerveaux…
Le médecin nous conduit ensuite au pavillon de victimes de viol. La scène est poignante. Toutes les victimes sont des enfants : des filles à peine âgée de 14 a 15 ans, venant de l’intérieur du pays : Kamituga, Shambuda, Kabare, Fizi, Ngweshe etc.. . Dès qu’elles nous ont aperçues leur visage se détend laissant apparaître un soulagement, elles sont visiblement contentes de nous voir. On me présente en leur disant que je suis venue spécialement de loin, de l’Europe pour leurs rendre visite. Elles répondent que je suis la première congolaise de diaspora venue spécialement leur rendre visite. Elles ont eu plusieurs visites venues de loin, mais elles étaient toutes des européennes. Elles se misent à me poser des questions sur moi et sur la vie en Europe et comment on perçoit leurs situations comme victimes de violences sexuelles. Je leur réponds que si je suis venue pour répondre à leur préoccupation et grâce à la campagne de sensibilisation –bien tardive- sur leur sort. Bravant la peur et la honte, ces filles (nos filles a nous tous Congolaises et Congolais), a qui les agresseurs volèrent leur innocence et leur enfance, se mirent a parler. Elles font un récit très précis de leur calvaire. Sans même nous rendre compte, les larmes inondèrent nos visages et les sanglots partirent de nos gorges….

Jeudi 8 janvier 04

Nous nous rendons au centre Olame, Marie Noël Cikuru, responsable d’Ecoute et d’Accompagnement des Femmes Traumatisées, nous reçois et nous fait visiter le Centre en nous parlant des activités du Centre. On nous présente sœur Bibiane Cattin religieuse Suissesse qui s’occupe de recevoir les victimes de violences sexuelles venant de toutes les localités. Elle nous dit carrément après avoir écouter ce que ces femmes ont subit comme atrocités, elles ont besoin aussi d’être dé traumatiser. Sœur Bibianne ne comprend pas comment l’être humain s’est-il déshumaniser a ce point ?
On m’amene visiter le pavillon des enfants de la rue. On me présente aux enfants. Les enfants très contents de ma visite me posent quelques questions sur mon séjour à Bukavu et sur la Suisse. Je leur réponds de mon mieux sur la Suisse et le but de mon séjour ici à Bukavu. Dans le bureau en face, j’aperçois quelques personnes en pleine discussion, la sœur voyant mon regard fixé sur ces personnes, s’en presse de me dire que la femme mince debout, est la maman de la fille qui a fugué. Elle a été convoquée ici parce que sa fille a de nouveau fugue. Le centre ne sait pas quoi faire avec son attitude. La mère s’est mise à donner des explications qui m’ont vraiment bouleversé. Elle explique ; depuis l’assassinat de son mari, sa fille n’est plus comme avant. Elle a complètement changé. Elle nous dit que son mari faisait partie de ces officiers de l’armée congolaise fusilier à Kavumu. La mère nous dit calmement que sa fille était son espoir. Un jour, cette fille vengera son père en faisant des bonnes études, elle aidera aussi toute la famille. Je suis resté sans parole en écoutant cette mère de famille, devenue veuve malgré elle et le combat qu’elle continue à mener pour la survie de sa famille. Nous la quittâmes en lui souhaitant beaucoup de courage et surtout de ne pas désarmer pour sauver sa fille.
Nous rentrons au bureau et là nous nous mettons à discuter sur la campagne de la CCVS/RDCongo (Coalition Contre les Violences Sexuelles en RDCongo initié par 5 organisations basées à Bukavu, Uvira. Il s’agit de : Union pour l’Emancipation de la Femme Autochtone (UEFA), Réseau des Femmes pour la défense des Droits et de la Paix (RFDP), Centre OLAMe, Collectif Lusambya, Collectif d’Action pour le Développement Intégré (CADI).
Cette coalition est née pour rendre plus efficace les actions en faveur des victimes des violences sexuelles en période des conflits armés en RDC et repose sur le respect de leur culture. Elle travaille avec les Organisations engagées dans la lutte contre les violences faites aux femmes et leurs conséquences. Elle n’est ni une plate forme ni une ONG, juste une structure pour cette campagne contre les violences sexuelles faites aux femmes.
Je leur félicite sur cette campagne surtout leur initiative de faire cette campagne au moment où les femmes congolaises violées se sentent tellement abandonnés sur elles-mêmes. Je leur félicite aussi, pour l’initiative qu’elles avaient prise pour aller à Kinshasa. Il est très important de conscientiser et mobiliser nos sœurs de l’Ouest sur la situation des femmes à l’Est du RDCongo, et surtout les souffrances qu’elles subissent quotidiennement.
Cette campagne a porte ses fruits avec la naissance d’une proposition de la LOI-CADRE pour la prévention et la répression des violences sexuelles et les crimes, crimes de guerre et crimes de génocides commis pendant les guerres du RDCongo et à la suite de ces guerres. Cette proposition de la Loi-Cadre devrait être débattue au parlement dans l’espoir que nos parlementaires s tiendront compte des souffrances que les Congolaises de l’Est endurent.

Vendredi 9 janvier 04

Visite de sites d’érosions avec le membre de ONG Vision Verte.
N’ayant pas assez de temps pour visiter d’autres sites d’érosions de Bukavu, les membres de Vision Verte ont choisis quelques sites aussi importants qui entourent la ville de Bukavu. Nous commençons par le site : Glissement à l’ETPO (Ecole Technique Professionnelle Officielle, actuellement Institut Fundi Maendeleo-ITFM). Ce glissement a détruit toute la canalisation des eaux usées et pluviales ainsi que la tuyauterie de l’entreprise de distribution de l’eau potable (Regideso). Il menace aussi, le quartier Maendeleo en aval.
Visite de glissement près de l’économat, la recherche de solution demande un plan intégré sur des données scientifiques ; autrement les mesures de replâtrage ne pourront qu’exposer des vies humaines en danger. Désertification de certains sites à Mbobero dans les périphéries de la ville de Bukavu. On voit la roche mère, il n ‘y a plus des cols cultivable sur les pentes de Nyakavogo. Lotissement scandaleux de la commune créée par le RCD à Kasha sur une pente de plus de 80%. La mort catastrophique des personnes qui sont établies sur ce site est presque certaine !
La pollution du lac Kivu par les boues apportées par les rivières venant des bassins versants déboisés. Ceci empêche la production de pêche. Erosion superficielle par ruissellement qui emporte toute la couche de sol arable à Kasha. Vue de la disposition en gradin de la ville de Bukavu suite aux failles géologiques. Une vue à partir du quartier Essence : Nyamugo, Kasali, Cimpunda représentent les trois niveaux du gradin.
Au niveau de l’Essence, nous nous arrêtons au bureau du Comité de Développement Economique et Social « CODES » les responsables de CODES nous parle de la création de leur ONG qui est une réponse aux calamités naturelles survenues en 2002 à la place dite chez nous KIBONGE. Une dénommée DEBOUT BUKAVU a pris l’initiative d’intervenir pour sauver ce qui pourrait encore l’être de cet endroit stratégique de la ville de Bukavu. CODES est appuie par GTZ/Réduction des crises pour finaliser les travaux. En fait CODES est une plate-forme cadre de concertation groupant plus de 45 associations. Les réalisations faites par CODES sont : assainissement de la place KIBONGE, la construction des latrines publiques, utilités du publique qui fréquentent le marché dit de NYAMUGU. Construction d’un bureau CODES prés de la place KIBONGE. Construction des bacs à lessive et douches publiques.
Le CODES est pour la pacification et l’auto-prise en charge de la population par la participation à la prise des décisions et à la gestion de la chose publique et la négociation permanente avec les structures d’oppression. Nous quittons CODES et nous nous dirigions au bureau de la Vision Verte. Là les animateurs de la Vision Verte me font visionner les images relatant la situation de Bukavu. Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu est l’une de 7 importantes villes de la République Démocratique du Congo, à savoir : Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Kananga, Mbuji-Mayi et Likasi. La ville est située à la frontière avec la République du Rwanda, à 2°30’ de latitude sud et 28°51’ de longitude est. Elle abrite 355.000 habitants (statistiques 2001) répartis dans 3 communes et 11 quartiers. Les trois communes sont Bagira, Ibanda et Kadutu. La ville s’étend sur 43 km² de terre ferme et sur 19 km² des eaux douces du Lac Kivu.

1.2 BUKAVU, UNE VILLE NATURELLEMENT BELLE

Elle s’appelait « Bukavu la Belle » ou la « Suisse d’Afrique ». Bukavu a 5 presqu’îles, ce qui lui donne la forme du dos de la paume d’une main avec 5 doigts qui baignent dans les eaux bleuâtres du lac Kivu. Ce site collinaire a une pente moyenne de 20%. Une partie de la ville, surtout la Commune de Kadutu, est une zone de failles. Les escarpements (de pente généralement supérieure à 50%) et les escaliers de faille donnent à la ville la forme de gradin qui progresse de l’est à l’ouest. Les quelques reliques de boisements verdoyants donnent un bon encadrement visuel. Le climat est doux. La température moyenne annuelle est de 20,5°C et les précipitations moyennes annuelles s’élèvent à 1324 mm. Le sol est de couleur brune. Toutes ces caractéristiques naturelles confèrent à la ville une beauté luxuriante. Avant l’indépendance, en 1960, Bukavu était un véritable attrait touristique.

1.3 BUKAVU EST UNE VILLE SINISTREE

La ville est sinistrée. Pour qui l’a connue, il y a 30 ans, et qui l’observe actuellement, Bukavu donne l’impression d’une ville en ruine. Les maisons de type colonial ne sont plus peintes ; leurs structures ont été déformées et leurs concessions ont été systématiquement morcelées. Les bidonvilles occupent plus de 60% de l’étendue de la ville et poussent sur les pentes les plus abruptes. Les glissements de terrain, même dans les lieux habités, prennent des allures catastrophiques. Les maisons aux murs fissurés apparaissent dans plusieurs quartiers. Les déchets jonchent les rues. Les odeurs des égouts sauvages exhalent des anciens quartiers et des bidonvilles. Les routes et les rues défoncées sont parsemées de mares. Les trous non couverts représentent un risque permanent aux piétons et aux automobilistes. Suivant les saisons, la boue ou la poussière est omniprésente.
Les conséquences d’une telle décadence environnementale sont nombreuses. Les érosions, les glissements des terrains ont des conséquences catastrophiques. Les murs des bâtiments érigés sur les contre-bas des failles actives sont fissurés et les affaissements occasionnent des dégâts humains et matériels. En 1994, le glissement du quartier a emporté une bonne partie des maisons et leur contenu, y compris les hommes. Il y a eu plus de 30 morts. En 1999, les inondations créées par des barrages d’immondices dans les ravins charriant d’importantes quantités de sols ont emporté plusieurs dizaines de véhicules jusque dans le lac Kivu. Dans plusieurs avenues de la Commune de Kadutu et d’une partie du quartier Panzi en Commune d’Ibanda, des lieux habités se sont affaissés. Les glissements du camp Zaïre et de Funu ont entraîné le déplacement de ces deux avenues dont les habitants ont perdu leurs cases. Un quartier au bord de la rivière Ruzizi s’est affaissé, 10 personnes sont mortes ensevelies dans la boue.
En commune de Bagira, un grand glissement a emporté des maisons et menace le camp militaire et plusieurs bâtiments de l’église protestante ainsi que des maisons de particuliers. Les eaux de ruissellement charrient des déchets liquides et solides et les sols arrachés des pentes pour les déverser dans le littoral du lac Kivu. Les études récentes (Busane et al., 2002) montrent que les sites du littoral les plus affectés par ces apports allochtones ont moins de poissons et autres éléments de la biodiversité. Les sites de frai pour les poissons sont en train de diminuer. Les activités récréatives aux déversoirs des rivières dans le lac jusqu’à 300 m aux larges sont perturbées suite à la mauvaise qualité de l’eau.
Les maladies liées au mauvais état d’assainissement affectent les quartiers mal assainis. Lwaboshi (2003) vient de démontrer que 65% des cas de maladies dans la Commune d’Ibanda s’expliquent par le mauvais état d’assainissement. Les quartiers les plus pauvres sont en même temps ceux qui sont frappés par les maladies. Un communiqué récent de l’Inspection Provinciale de la Santé du Sud-Kivu vient d’y établir la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 249%o. Tous ces problèmes de la ville ont des causes naturelles qui sont aggravées par l’action de l’homme.

1.4 CAUSES DES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX A BUKAVU

• Les causes naturelles

Les conditions naturelles du site de Bukavu aggravent la menace environnementale. Une étude menée par le Centre Universitaire de Bukavu (C.U.B.) en 2002, en collaboration avec le Musée royale de l’Afrique centrale (Tervuren, Belgique) met en évidence les problèmes liés aux conditions naturelles du site. Les 6 glissements observés sont liés à deux failles actives qui traversent la ville selon une direction Nord-Sud: celle de Cimifuga et celle qui correspond au linéament de Karhorha. Les escarpements des failles atteignent une pente de 35°. Ces pentes sont fortement affectées par les glissements et les tremblements de terre. Bukavu se trouve dans une région où la séismicité est permanente. Le dernier séisme ressenti est celui du 24 octobre 2002 à 8h17’ et de magnitude 6,07’ sur l’échelle de Richter et dont l’épicentre se trouve au Nord entre les villes de Bukavu et de Goma. A Bukavu, il y a eu fissuration des murs à l’Institut Bagira et à Kadutu. Les anciennes fissures sur les maisons se sont agrandies davantage. Plusieurs parties de la commune de Kadutu sont en mouvement. Un mouvement de terrain affecte les quartiers de la colline Karhale-ITFM-Bugabo et occasionne déjà des dégâts très considérables. Les Bâtiments de l’Institut Fundi Maendeleo (ITFM), le couvent des sœurs du Lycée Wima sont sérieusement affectés par des lézardes et autres torsions des murs soulignant un mouvement Ouest-Est de la colline Bugabo. Le glissement des sources aménagées pointe aussi dans la même direction de mouvement.

L’avancée de la partie de la loupe qui contient le quartier Bugabo repousse la rivière Kawa. Cet avancement constitue une menace sur la zone industrielle (en face du front de loupe) surtout si la loupe a à sa base une certaine profondeur de façon à ce que son avancement provoque une poussée latérale sur les assises fluviatiles. Cimpunda et Funu sont aussi des quartiers en mouvement. Il y a risque que les collines qui se transforment en coulées boueuses couvrent les secteurs bas. Une autre zone en mouvement dans la même commune serait à la base des dégâts sur le pont Kibonge et d’abondants complexes d’affaissement le long du collecteur principal (la rivière Kawa).
Les autres communes, Ibanda ( Avenues Kazaroho et Saio) et Bagira ( quartiers Ciriri et Nyakavogo) sont affectés par ces mouvements et les dégâts sont considérables. La plupart des quartiers post-coloniaux, surtout hors de la commune d’Ibanda, sont érigés sur des niches d’arrachement où les risques d’avalanches et d’éboulement sont imminents.

L’éventualité d’un grand affaissement affectant la colline Karhale-ITFM-Bugabo se précise : il y a déjà des ondulations et des bombements observés, les colonnes de certains bâtiments commencent à se tordre, la rivière Nyakaliba a déjà changé de direction et s’oriente à l’Est au lieu du Nord-Est. Cette rivière s’incise de plus en plus. Les quartiers établis sur la loupe sont menacés.
Le facteur climatique joue également en faveur des mouvements de terrain. L’alternance saisonnière du climat en une saison humide et une saison sèche, associée au manque de couverture végétale, favorise grandement l’érosion et les mouvements de terrain. Les températures et pluies moyennes annuelles sont respectivement de 20° et 1324 mm. Conditions favorables pour une agressivité de pluie et une profonde altération des laves qui accélèrent le démantèlement du relief ; en fait, Bukavu repose sur un socle en roches volcaniques, les basaltes formés suite aux multiples éruptions volcaniques de la fin tertiaire-début quaternaire. La ville compte 3 mois secs, 2 mois humides et 7 mois très humides. Les cumulus et cumulostractus générateurs d’averses dominent. La durée moyenne de la moitié des pluies est 80%). Les excavations ouvertes déstabilisent le sol et exposent le terrain au glissement. Les talus, de certaines routes, sont devenus des sites d’exploitation du moellon. Dans les alluvions actuelles de différentes rivières ou de certaines parties de quartiers, des personnes récupèrent les blocs qui s’y trouvent et les concassent. Or, ces blocs ont le rôle de gêner l’érosion en freinant l’écoulement de l’eau : quand on les retire, l’eau a un effet plus dévastateur.
L’appareil administratif de gestion de la ville semble déréglé et les initiatives sont rares. Contrairement aux plans de lotissements qui sont et doivent être dressés par le service de l’urbanisme, d’autres planifications se font à l’insu de ce service. Le service de cadastre, le gouvernorat, les bourgmestres, les conservateurs des titres immobiliers et les militaires distribuent des parcelles, même sur des sites dangereux. La zone tampon du lac Kivu est en train d’être lotie, accentuant par ce fait la sédimentation du littoral par les sols que les constructeurs y déversent. Il y a des familles vivant au bord du lac qui s’évertuent à chasser l’eau afin d’étendre leurs maisons sur les portions de terres gagnées.
La mairie n’a pas de dispositif fonctionnel d’élimination des déchets solides et liquides et ne réglemente pas les implantations des marchés. Il y a des grands et des petits marchés disséminés ça et là dans la ville. Les déchets sont disséminés dans tous les quartiers ; ceux biodégradables pourrissent et dégagent des odeurs nauséabondes. Les seringues et les autres objets tranchants représentent un danger réel : on craint une contamination des personnes blessées par des maladies diverses.
Vendredi à 14 heure ; rencontre avec le membre de la société civile et la composante Femme au bureau de la société civile. Le Président de la société civile me présente au publique. De mon côté je félicite la société civile de leur courage et surtout de s’être battu les mains nues contre l’agression Rwando-Burundo-Ougandaise, a une période critique, ou la communauté internationale était de facto complice, donc co-responsable des meutres et autres crimes économiques et moraux que les agresseurs ont inflige a notre pays.
J’ai parle de mon expérience de militante. J’ai assure mes interlocuteurs, que beaucoup de nos compatriotes dans la diaspora ont pris des risques énormes, pour dénoncer la supercherie des agresseurs et leur gageure de confiner la guerre a une lutte congo-congolaise. Des compatriotes ont démontre que les agresseurs avaient ‘ fabrique’ des mouvements de libération (sic) pour masquer leur agression. La RDCongo était injustement mise au ban de la communauté internationale. Il était quasi-impossible de parler de la RDCongo même a l’ONU, les grands médias internationaux (audio-visuels et presse écrite) avaient aussi mis notre pays en quarantaine. Il fallait se battre et démontrer l’imposture des agresseurs. Aujourd’hui, les preuves abondent et démontrent que tous ces mouvements de ‘libération’ furent crées après l’agression. Beaucoup des compatriotes de la diaspora ont été mis sur écoute téléphonique.
On a aborde d’autres sujets de société d’une manière informelle. Par exemple, pourquoi les congolaises ne font pas comme leurs congénères Burundaises, rwandaises et ougandaises, qui utilisent leurs charmes pour infiltrer le camp ennemi. Personnellement, je désapprouve ce genre de procède.
Les femmes m’ont posé la question à savoir de faire un parti politique uniquement des femmes. Je me suis opposé en expliquant qu’il y a tout un chemin à faire avant d’arriver à cela.
Je leur répondu en leur donnant ma propre expérience que j’ai vécu au moment de mon arrivé en Suisse. Je suis arrivée en Suisse en 1969. Quelle a été ma surprise de constater que les femmes Suissesses n’avaient pas le droit de vote !!! En 1969, c’était juste après mai 68, l’année de la révolution estudiantine en France, qui a chasse de Gaule du pouvoir. Mai 68 est aussi l’année ou les françaises sont montées au créneau et revendiquent leur droits : politique, sociale, sexuelle. Moi, qui venais d’un continent où on venait juste d’obtenir les indépendances, j’avais dû mal à comprendre les revendications de ces femmes européennes. Mais, ces femmes européennes se battaient pour se libérer d’une société hyper-masculine. La révolution féminine est venue des Etats-Unis, sous la houlette de Kate Millet, suivies par des féministes de premier ordre en Europe tels Simone de Beauvoir.
Pour revenir au parti politique de femmes, je crois que les congolaises doivent adhérer à des partis ou créer des partis politiques mixtes. La présence des femmes dans ces partis servira a rappeler au pays les souffrances, frustrations dont sont victimes –d’une façon disproportionnée- les congolaises. Se préparer à subir les affres du monde politique, qui est par essence, macho, phallocratique et misogyne. Eviter les erreurs du Mobutisme, ou les femmes n’étaient que de faire-valoir, sans pouvoir réelle et tenu à l’écart de prise de décision.
Pire, beaucoup de ces femmes –de cette période sombre de notre histoire- devinrent des objets sexuelles (deuxième ou troisième bureau) des dignitaires du régime.

Dimanche 11 janvier 04

Retour à Goma, retrouvant avec quelques membres de ma famille.

Lundi 12 janvier 04

Visite aux femmes victimes de viol à l’hôpital DOCS ( Doctors on call for Service to train and equip young African doctor to serve.)
Une brève présentation, ces femmes se misent à me parler de leur malheur. On me présente une jeune femme qui vient d’accoucher suite au viol qu’elle avait subie à Walikale. Elle rejette cet enfant, elle ne veut pas le nourrir. Elle me dit c’est dommage qu’elle n’a pas été tué. Vivre avec ça, est très dur pour elle. Je lui répond que je comprend sa douleur et on a parle de cette guerre imposée, venue d’ailleurs.
A côté d’elle, j’aperçois une femme aveugle. On me dit qu’elle n’était pas aveugle. Les agresseurs l’ont violes et ont sciemment crevé ses yeux. Elle avait supplié ces bureaux de la tuer au lieu de trouer ses yeux. Malheureusement, ces sadiques n’ont rien voulu savoir.

Je me dirige après, au bureau de Mme Gwendolyn J. Lusi, responsable du Program Manager du DOCS, de nationalité anglaise, mariée à un docteur congolais qui travaille au DOCS. Nous nous mettons à discuter sur la situation des femmes et elle me dit que grâce au passage de Mme Carol Bellamy la directrice de Unicef , qu’elles ont pu obtenir de la part de l’Unicef quelques lits et matelas pour ces femmes.

Grâce a leur premier financement couvrant la période mars-décembre 2003, ils ont pu identifiés au sud de la Province du Nord Kivu :
2'130 femmes violées et qui ont pu bénéficier d’accompagnement psychosocial.
941 femmes ont pu recevoir les premiers soins post viol.
262 femmes ont demandé et reçues un test VIH
106 femmes ont pu subir la réparation chirurgicale FVV à DOCS
Elle m’explique que de nombre de victimes, on peut dégager certains points communs, mais il existe différentes sortes de violence. Plus souvent, les viols sont commises lors de l’attaque au village par les interhamwe, dont la plus part sont aussi responsables du génocides au Rwanda en 1994. la deuxième catégorie de violence concerne les jeune filles qui sont obligées de porter les vivres pillés du village jusqu’au camp des Rwandais. Ces malheureuses deviennent la propriété des certains homme du groupe. Ces Rwandais n’acceptaient pas que leurs esclaves tombent enceintes, et provoquent l’avortement par des moyens sales et inhumains. Les quelques femmes qui ont pu s’évader de leurs mains ont été soignes des MTS (maladie sexuellement transmissible) et d’autres sont infectées par le VIH.
Troisième catégories des filles violées sont celles prises par les militaires réguliers dans les villes sécurisées. Le manque de la discipline dans les camps militaires, le manque de vivres et des biens de premiers nécessité poussent ces militaires à saisir tout ce qui se trouve sur leur route.
Si ces militaires tombent sur des filles qui rentrent de l’école ou des champs, elles deviennent les victimes de choix de ces militaires pour leur besoin sexuel.
Mme Gwendolyn conclu par ceci :
Il faut d’urgence obtenir une condamnation exemplaire d’un violeur, et faire beaucoup de publicité par tous les moyens sur cette peine. Le message passera aux autres criminels que la société est décidée à appliquer la loi dans toute sa rigueur. Les peines prévues par la loi ne sont pas suffisamment lourdes, vu la cruauté des crimes commis. La loi doit être modifiée ; les peines pour le viol collectif, viol associé aux tortures et le viol de mineurs devrait être différenciées du viol que nous connaissions avant la guerre.
Certaines femmes victimes de tels crimes doivent témoigner devant le parlement. Et selon le professeur AHUKA, il faut qu’elles y aillent avant de bénéficier de la chirurgie réparatrice, pour que les députés et les sénateurs se rendent compte de l’horreur de la vie que ces victimes de violence sexuelle mènent depuis leur agression. Le viol doit être un crime qui est poursuivi par la société, et non par les victimes ou leurs proches. Il ne faut attendre que le père d’une fille porte plainte en son nom. La société ne devrait pas permettre aux tuteurs ou aux parents de choisir ou non de porter plainte puisque l’agresseur est un ami ou un membre de famille, ni d’accepter un paiement à la place d’une accusation.
Le système judiciaire doit être impartial. Les femmes devraient être rassurées que leur cas sera jugé par des magistrats femmes, qui sauront les prendre aux sérieux et écouter impartialement. Les témoins et les victimes devront bénéficier de la protection contre les inculpés, leur amis ou leurs associes.

La société congolaise ne doit pas accepter de passer sous silence les plaintes contre inconnues. Il faut la constitution d’un tribunal mobile qui passera dans ces milieux récemment sécurisés pour enregistrer les plaintes, pour juger, pour réunir les témoignages et condamner publiquement et localement les agresseurs, même s’ils sont inconnus. Ces actes devront être reconnus et proscrits comme des crimes de guerre, qui seront poursuivis sans moratoire.
Après avoir écouter la conclusion du professeur AHUKA, je lui annonce qu’il y a eu une campagne qui a été faite récemment avec une coalition initiée par 5 organisations basées à Bukavu, Uvira. Cette coalition a été jusqu’ à Kinshasa pour faire une campagne contre les violences sexuelles en période des conflits armés en RDC . Suite a cette campagne, une loi cadre sera présenter bientôt au parlement pour un possible vote.

Madame MULEGWA Kinja


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