APPRENTISSAGE DE L’INFORMATIQUE : CENTRES DE FORMATION OU CENTRES D’INFORMATION ?
En parcourant la Ville de Kinshasa, vous êtes sidérés par le nombre effarant de Centres de formation pratique en informatique. Rien que dans les abords immédiats du rond-point de la Victoire à Matonge, un observateur, même frappé de cécité, dénombre une vingtaine de « Centres ». Nous sommes donc en droit de nous poser un certain nombre de questions :
- qu’est-ce qui motive la création d’un Centre ?
- qui en sont les animateurs ? Sont-ils réellement outillés ?
- quels sont les objectifs, réels ou supposés ?
- quel est le programme des enseignements ?
- de quel équipement informatique dispose-t-on ?
- les locaux utilisés sont-ils adaptés ?
- les récipiendaires sont-ils compétitifs sur le marché de l’emploi ?
A cet effet, nous avons mené notre petite enquête dans quelques Centres. Nous nous sommes surtout intéressés aux animateurs, aux programmes des cours, aux équipements informatiques et aux locaux de cours. Et les résultats sont plus qu'édifiants !
1.- Les animateurs
Appelés pompeusement « professeurs », ce sont pour la plupart des personnes ayant suivi une formation « sur le tas », non structurée. Ces « encadreurs » n’ont été initiés ni à l’enseignement ni à la conduite des groupes. Ceci fragilise la position des étudiants, soumis au gré de l’humeur souvent changeante des professeurs.
Les méthodes de travail, le sérieux dans le travail, la ponctualité dépendent souvent de l’éducation du professeur, de sa maîtrise ou non de la langue française et de l’environnement socio-économique dans lequel il évolue. Sont-ce là des critères objectifs ?
2.- Les programmes des cours
Le problème majeur est que, bien qu’utilisant des ordinateurs, les animateurs ne connaissent pas grand chose ni de l’enseignement ni d’ailleurs de l’informatique.
Illustration ! Nous avons cherché à savoir quels cours sont inscrits au programme de la Bureautique. Pour certains, c’est le traitement de texte (Word). D’autres proposent l’initiation au micro-ordinateur, le système d’exploitation (Windows) et le traitement de texte (Word). D’autres encore y ajoutent un tableur (Excel). Un autre groupe propose, en plus des cours énumérés jusque là, un cours sur l’utilisation d’un base de données (Access), voire un logiciel de présentation assistée par ordinateur (Powerpoint). Allez-y comprendre quelque chose d’autant que la liste n’est pas exhaustive !
Quant au nombre d’heures, à la durée des cours, là aussi c’est la catastrophe : personne n’est d’accord avec personne. Il ne sert à rien de rentrer dans les détails.
3.- Les équipements informatiques
Pour la plupart, ils sont vétustes et toujours en nombre insuffisant : l’étudiant passe moins de 2 heures par semaine devant l’ordinateur, soit moins de 24 heures sur l’ensemble des 3 mois d’une formation dite pratique et censée durer 72 heures. Beaucoup de notions théoriques, parfois inexactes, mais très peu ou presque pas de pratique ! Les périphériques de base (imprimantes, scanners, lecteurs CD et lecteurs DVD, pour ne citer que ceux-là) sont tout simplement inexistants. On en parle aux étudiants, parfois on leur montre des images sans plus. Dès lors, où est l’aspect pratique sur lequel on met et on devrait mettre l’accent ? S’agit-il d’une vaste escroquerie ?
4.- Les locaux
Les salles de cours sont exiguës, surchauffées, mal aérées et rarement nettoyées à l’eau. Bref, la salubrité et les conditions d’hygiène laissent tout simplement à désirer. L’objectif non avoué est clair : trouver le « truc » qui permettrait de caser le plus d’étudiants possible au mètre carré.
Que dirons-nous en conclusion ? Les 4 points que nous venons de soulever ainsi que le constat amer qui accompagne chacun d’eux poussent les honnêtes gens à se demander si les Centres de formation ne sont pas en fait des Centres d’information.
