LETTRE OUVERTE A MGR. L’EVEQUE DU DIOCESE DE MAHAGI-NIOKA

LETTRE OUVERTE A MGR. L’EVEQUE DU DIOCESE
CATHOLIQUE DE MAHAGI-NIOKA
Kinshasa, le 21 mai 2004

Monseigneur l’Evêque,
L’honneur nous échoit de vous dire que plusieurs fois la DECIDI, Réseau Démocratie et Civisme pour le Développement Intégral, asbl, a dénoncé les effets négatifs des guerres inter-ethniques de l’Ituri, guerres qui ont fait des fils et filles de ce District, non seulement des Seigneurs, des Césars, des Roitelets, des Généraux, des Majors et des Lieutenants, mais malheureusement aussi des veuves, des veufs, des divorcés, des orphelins, des démunis, des sans-formations scolaires, des dépouillés, etc. Dans le Territoire d’Aru, un certain Jérôme Kakwavu s’est autoproclamé Commandant, Général et Président de l’Etat Indépendant de l’Ituri et du Haut-Uélé, avec la collaboration des fils et filles de ce Territoire, y compris des sieurs qui se disent Catéchistes, Pasteurs, Chefs religieux, ayant comme spécialité de menacer la paisible population et les Abbés pour leur opinion.

En effet, prêchant la parole du Seigneur le jour de la fête de Pâque dans la Paroisse Catholique d’Ariwara, à quelques Kilomètres d’Aru, et devant quelques chefs rebelles qui étaient venus à la messe, comme pour se moquer de la résurrection du Christ, l’Abbé Bhayo Mathias, Curé de cette même Paroisse, a été interpellé et menacé de mort par les éléments de Jérôme avec en-tête le Major Uzia, parce qu’il aurait dit pendant l’homélie, que les vies humaines étant tellement chères qu’il fallait à tout chrétien de les respecter, à tous moments et en toutes circonstances. Cette leçon n’ayant pas plu aux rebelles, l’Abbé a été chassé de sa Paroisse et aujourd’hui, personne ne sait où il se trouve.

Ici nous devons attirer l’attention de tout le monde que ce n’est pas le premier cas et que plusieurs hommes religieux ont perdu leur vie dans les multiples rébellions en République Démocratique du Congo.

Sollicitant de vous, Monseigneur l’Evêque, qu’une enquête soit d’urgence diligentée dans le Territoire d’Aru et plus spécialement dans la Paroisse d’ Ariwara pour se rendre compte de la véracité des faits, la DECIDI prévient déjà l’opinion tant nationale qu’internationale, que s’il arrivait quelque chose de pire à cet Abbé, le Territoire d’Aru risque de s’embraser.
Il est donc urgent d’interpeller les responsables rebelles d’Aru, qui sont à la base des menaces de mort adressées à l’Abbé Mathias et les mettre devant leur responsabilité.

Aussi, la DECIDI demande que ces menaces soient prises très au sérieux, car pendant cette rébellion qui a endeuillé toute la République Démocratique du Congo, plusieurs hommes de Dieu ont péri ou ont été assassinés pour leur opinion dans ce coin oublié de l’Ituri.

Il faut que les autorités politico-administratives nationales examinent cette situation afin d’éviter qu ‘elle n’explose, car les Chrétiens, une fois manipulés par les politiques peuvent se déchaîner. Tel a été le cas précédemment qui avait amené Mgr. Runiga, alors Evêque de Mahagi-Nioka, à suspendre pour un temps les activités de la Paroisse d’Ariwara et à excommunier quelques fidèles catholiques de l’Eglise.

Ainsi, le cri d’alarme de notre Association s’adresse également à leurs Excellences :
- Monsieur le Ministre de l’Intérieur ;
- Madame la Ministre des Droits Humains ;
- Monsieur le Chef de la MONUC (Excellence W. SWING) ;
- Président de la Commission Indépendante, ONDH ;
- Association la « Voix de Sans Voix ».

Pour que la Transition ne soit pas toujours troublée à partir de l’Itruri, nous devons éviter de poser des actes qui peuvent pousser à des vengeances. Comme le Christ Jésus, qui a prêché l’amour en donnant des exemples basés sur la vérité, Monseigneur l’Evêque de Mahagi-Nioka, la DECIDI vous encourage, ainsi que vos Prêtres à rester à côté des fidèles qui sont des paysans qui ne peuvent se déplacer et aller ailleurs. Ainsi, leurs encadreurs, Pasteurs, Prêtres, hommes de Dieu, etc. doivent également bénéficier de la protection de l’Etat.

D’où le rétablissement du Curé de la Paroisse d’Ariwara dans ses droits est sollicité.

Veuillez agréer, Monseigneur, nos salutations les meilleures au nom du Christ.
La D E C I D I

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