BUKAVU , EVENEMENTS

Depuis la réunification du pays après huit ans de guerre, la population de l’Est de la R D Congo est restée dans une situation de ni paix, ni guerre. Avec tout ce qui se passait, malgré les déclarations de la fin des hostilités par les belligérants, cette population ne les a pas cru. Une troisième guerre pointait à l’horizon.
Les organisations nationales des droits Humains et autres n’ont pas cessé de clamer tout haut de l’imminence de cette troisième guerre, car tous les signes avant coureur étaient visibles. Cette guerre était préparée par certains officiers et autres personnalités de l’ex mouvement du RCD- Goma soutenus par le Rwanda. Est ce le début de celle – ci ou tout simplement une mutinerie issue d’une indiscipline militaire ?
En analysant son évolution, elle avait plusieurs aspects couverts des faits qui devraient réveiller la curiosité de plus d’un. Le refus de traverser la frontière sans autorisation peut il être à la base d’un violent combat qui a endeuillé la ville de Bukavu ?
Il y avait d’autres visées que seuls les commanditaires savaient, mais incapables de justifier en cette période ou la RD Congo est en train de protéger la transition.
Cette guerre dans la ville de Bukavu a eu pour objectifs de mettre à genoux la population du point de vue économique et d’humilier la femme de la ville de Bukavu ainsi porter atteinte à sa dignité. « Par les armes, vous nous accepterez », disaient – ils. Accepter qui ou quoi ?
Ceci dans le but de saboter la transition. Les acteurs de cette guerre, de la composante RCD- Goma savaient que la R D Congo n’avaient pas encore une armée unifiée.

Que s’est – il passé ?

Mercredi 26 mai 2004, Il est 17 heures 45 heure locale, la ville de Bukavu est en ébullition. L’on entend des coups de balles en provenance du quartier Nguba vers la frontière Ruzizi 1er avec le Rwanda. La panique dans toute la ville.
Selon les sources militaires, les militaires sous commandement de Eric RUHERIMBERE officier de l’ex – mouvement RCD - Goma ont voulu traversé la frontière sans autorisation d’une autorité quelconque de la 10ème région militaire sous le commandement du Général MBUJA MABE. Apres le refus par les militaires au niveau de la frontière, ces derniers ouvrirent le feu comme réponse à ce refus de traverser. Il semble qu’ils avaient en leur possession certains biens volés auprès des populations et qu’ils voulaient amener au Rwanda.
Ces affrontements ont commencé et se sont prolongés lorsque le Colonel Jules MUTEBUTSI a envoyé ses troupes au Camp militaire Saio situé dans la ville de Bukavu à la frontière avec le Rwanda, pour libérer un de ses militaires arrêté par ceux de la 10eme région militaire. L’opération n’étant pas facile à réussir. Rappelons que Jules MUTEBUTSI est un ancien commandant adjoint de la 10eme région militaire suspendu suite aux actes de désobéissance et d’indiscipline après avoir attaqué en Février 2004 la résidence du Général NYABIOLWA, commandant de cette région militaire à l’époque.
Des attaques ont duré trois jours durant. Toutes les rues de la ville de Bukavu désertes, les populations enfermées dans leurs maisons. Les affrontements ont eu lieu dans l’artère principale Nyawera, Collège Alfajiri et la frontière vers le Rwanda. Des tirs d’armes légères aux armes lourdes. L’on a déploré plusieurs morts du coté militaire et civil. La résidence du personnel de l’ONG War Child/ Hollande à Muhumba pillée après avoir blessé par balles une agente de l’ONG.
Selon des chiffres provisoires avancés par la Croix Rouge du Congo, 29 morts dont plus de la moitié est constituée de la population civile. Mais d’autres sources parlent d’un chiffre provisoire de 39 morts et 81 blessés internés dans les hôpitaux de Panzi et Général de Référence de Bukavu.
Plus de 2000 familles du quartier Nguba se sont réfugiés vers la République Rwandaise, chiffre avancé par le HCR, d’autres enfermées dans leurs maisons ont été pillées systématiquement par les militaires, des personnes tuées par balles perdues, notamment les enfants de la commune de Kadutu, des femmes et violées. L’on a deploré la mort du Président de la Cour d’appel de Bukavu, la Magistrat Kabamba wa Kabamba assassiné à son domicile par des hommes armés. Des tirs nourris d’armes légères et lourdes ont été entendu pendant ces trois jours, des bâtiments détruits, des cadavres dans les rues, des boutiques et magasins pillés.
Des parcelles des habitants ont servi des cibles de tirs des militaires et l’on pouvait compter des centaines de balles dans une parcelle.
Depuis le dimanche 30 mai 2004, les familles de Nguba et de Muhumba ont évacué leurs maisons pour épargner l’exposition de leurs filles et femmes aux actes de viols des militaires de Jules MUTEBUTSI. Des cas sont recueillis et feront partie des rapports.
Entre-temps, le ministre des affaires étrangères a exploité le volet diplomatique pour rencontrer le Gouvernement rwandais pour ne pas éthnitiser le conflit, de ne pas soutenir les mutins, de ne pas croire qu’il s’agit d ‘une implication des rebelles rwandais et Interahamwe, et de sensibiliser la communauté internationale à ne pas abandonner la population de Bukavu qui souffre. Et pour qu’elle comprenne ce problème comme militaire et non de lutte entre les communautés.

La MONUC à l’œuvre, la population dans l’espoir.

Depuis ces évènements la MONUC a été très active dans la recherche de l’arrêt des hostilités par les deux parties. Des contacts ont été effectués, des patrouilles organisées des véhicules blindés, des hélicoptères de combat ont sillonné toute la ville et les endroits les plus sensibles de la ville. C’était de l’espoir pour les habitants de la ville. Mais malgré leur présence sur terrain, le combat ne s’arrêtait pas.
Elle a fini par conclure que le colonel Mutebutsi et ses militaires ont commis des actes de criminalités à l’égard des civils, ainsi pour une fois son hélicoptère de combat a été obligée de tirer sur les positions militaires de Mutebutsi.
Un ultimatum a été lancée par le chef de la brigade du Kivu de la Monuc à l’endroit de Mutebutsi et de ses militaires cesser les hostilités et de retourner dans leur cantonnement au plus tard à 6 Heures du matin du samedi 29 mai 2004. la journée fut calme sans un tir et les curieux au sein des populations ont commencé à sortir de leurs cachettes et maisons pour s’approvisionner en vivres dans les petits marchés et boutiques en activité.
Une cinquantaine des militaires armés de Jules Mutebutsi sont toujours cantonnés au niveau du Collège Alfajiri, la MONUC incapable de les désarmer ; ce qui crée la panique au sein des populations de Nguba et de Muhumba. Ils se livrent au pillage, aux viols et à d’autres exactions. Certains habitants de ces quartiers ont commencé déjà à quitter leurs domiciles.
Les vivres deviennent de plus en plus rares, il ya eu flambée de prix, seuls les vivres de premières nécessité sont servies, mais coûtent chers, le taux de change est monté d’un cran.
Le vendredi 28 mai 2004, l’on signale les affrontements des éléments des Forces Armées de la R D Congo contre celles de Laurent NKUNDABATWARE à Kalehe. Un militaire de la MONUC serait tué par des personnes armées non autrement identifiées à Kalehe.
Le traumatisme a persisté au sein de la population avec la nouvelle qui a annoncé l’arrivée des troupes de Laurent NKUNDABATWARE d’environ 1000 hommes n’appartenant pas à la 10eme région militaire pour « venger » et/ou renforcer celles du colonel Jules MUTEBUTSI en provenance de Goma dans la Province du Nord Kivu via Kalehe. Laurent NKUNDABATWARE est un ancien officier de l’armée du RCD- Goma qui a refuse d’aller à Kinshasa sur invitation du Président de la République. Il fut l’auteur des massacres de la population civile à Kisangani. Cette troupe serait conduite par le Colonel Laurent Nkunda, secondé par le colonel BYAMUNGU et le colonel BIRINDWA selon les propos de Laurent Nkunda. L’on signale aussi la présence de Xavier CHIRIBANYA, ancien Gouverneur de la Province du Sud – Kivu, qui d’ailleurs l’a confirmé à la Radio Okapi de la MONUC en disant qu’il y avait un problème au Sud- Kivu et qu’il fallait apporter une solution en utilisant tous les moyens même militaire, car le nouveau Gouvernement est incapable.
Des combats ont été signalés du coté nord de l’aéroport et des mouvements sur le lac Kivu des débarquements de ravitaillements. Cela a commencé à16 h 45 au centre ville de Kavumu. Cette information panique la population de Bukavu qui espérait commencer timidement les activités.
Des informations faisaient état de la prise de l’aéroport de Kavumu par la milice de Laurent NKUNDABATWARE. Mais est –il que les périmètres de l’aéroport étaient sous contrôle de l’armée de FARDC. Kavumu -Centre était sous le choc : des boutiques et maisons pillées, 18 morts dont 15 militaires et trois civils en plus d’un civil blessé très grave et une maison incendiée.
Apres des combats farouches qui ont duré deux heures à Kavumu, il y a eu une accalmie et les troupes gouvernementales sont parvenues à repousser les insurgés en dehors de Kavumu et l’acceptation de Laurent NKUNDABATWARE de cesser le feu.
A Bukavu, depuis le dimanche 30 mai 2004, certains habitants des quartiers Ndendere, Muhungu, Nguba et Muhumba ont commencé à quitter les maisons fuyant l’insécurité pour s’installer vers les quartiers un peu sécurisés de la ville.
La population de Bukavu est parvenue à passer une autre nuit calme le lundi 31 mai 2004 après le retour triomphal des troupes de la 10eme région militaire dans la ville en chantant. Mais à la périphérie de l’aéroport de Kavumu, des tirs d’armes lourdes ont été entendus, malgré le cessez le feu unilatéral décrété par Laurent Nkunda. Selon ce dernier, sa mission est de venir protéger la communauté Banyamulenge contre les exactions des militaires du FARDC.
Cette délégation conduite par le Vice- Président Azarias RUBERWA chargé des questions politiques, défense, militaire et sécuritaire, était accompagné des ministres de la défense, de l’information de l’intérieur et autres centaines de personnes dont les parlementaires.
La délégation du gouvernement est venue, selon le Vice – Président, rassurer la population de Bukavu de la continuité du processus de transition et installer le nouveau Gouverneur et de ses vices.

Impact des combats dans d’autres villes de l ‘Est du pays

Les affrontements entre les éléments de Jules MUTEBUTSI et celles du Général MBUJA MABE, commandant de la 10eme région militaire de la FARDC ont eu des répercussions dans d’autres villes de l’Est du pays :
Cette crise a eu des répercussions dans la ville de Goma, Province du Nord Kivu. L’aéroport de Goma a été fermé momentanément, sur ordre du Major Claude, commandant bataillon de la police Goma, armé jusqu’aux dents qui s’est introduit avec sa garde rapprochée à l’aéroport pour donner l’ordre aux agents de la Régie des Voies Aériennes de fermer l’aéroport. Ce qui a paniqué la population de Goma pendant que la délégation du Gouvernement étaient à Goma depuis le 30 mai 2004. Une enquête sera ouverte pour savoir la cause de la fermeture de l’aéroport, a laissé entendre le Vice – Président Azarias RUBERWA.
A Butembo, les activités ont été paralysés, à Kalemie, la population craint que les évènements de Bukavu n’arrivent pas chez eux via Uvira. A Kindu, il y a du calme, mais les oreilles étaient tournées vers Bukavu, car Kindu fait partie aussi de l’ancien Grand Kivu ; seulement les militaires de la garde présidentielle étaient arrivés à Kindu pour préparer l’arrivée prochaine du Président de la République. Et certains éléments se seraient préparés pour aller renforcer les troupes à Bukavu à partir du lundi 31 mai 2004.
Selon certaines informations en provenance de Bunia( la MONUC et certains habitants des villages), il s’était remarqué des mouvements de troupes de FAPC du Général Jérôme KAKWAYA de Aru vers Ariwara en passant par Beni pour apporter secours aux insurgés qui attaquent la ville de Bukavu. Cette information a été formellement démentie par le Général Jérôme Kakwaya qui se trouverait à Kinshasa.

Les organisations humanitaires et certaines agences en œuvre dans la ville de Bukavu ont fermé leurs bureaux avec pour motif qu’elles ne peuvent pas travailler dans des conditions incertaines : FHI, IRC, IMC, MSF/ Hollande, WAR Child et quelques staff du CICR.

La journée du Mardi, 1er juin 2004 a été calme depuis le matin. La population s’est dirigée à la place de l’indépendance pour accueillir la délégation venue de Kinshasa via Goma au Nord Kivu.
Par surprise, c’est le Ministre des affaires étrangères, Monsieur Antoine NGONDA accompagné du secrétaire particulier du Président de la République, Monsieur KIKAYA Bin KARUBI qui a conduit la délégation en attendant que celle conduite par le Vice – Président qui se trouvait toujours à Goma arrive aussi à Bukavu. Pendant qu’elle était attendue par la population au niveau de la place de l’indépendance, elle est descendue par hélicoptère à Panzi. Sa mission est de réconforter la population et de leur montrer la volonté ferme du Gouvernement de ramener la paix dans la ville, selon le Ministre des affaires étrangères. Aux environs de 10 heures, les habitants apprennent la reprise des combats aux alentours de l’aéroport de Kavumu entre les troupes de la 10eme région militaire et celles de Laurent Nkunda au niveau de Miti à une vingtaine de kilomètre de la ville de Bukavu. Elle disparut timidement attendant des moments fatidiques. Pendant ce temps, la délégation arrive à Bukavu par hélicoptère de la Monuc.

Lueur d’espoir de paix pour la population de Bukavu ?

Depuis le 1er juin 2004, la MONUC est en train de négocier un cessez le feu entre les deux belligérants. L’après midi il y a eu un cessez le feu, car les troupes combattaient au niveau de Miti et Mudaka à 25 km de la ville de Bukavu. Le commandant de la 10eme région militaire, le Général MBUJA MABE a accepté ce cessez le feu sur ordre de Kinshasa. Les casques bleus de la MONUC ont commencé à s’ interposer entre les deux parties, selon le porte parole de la MONUC.
En entendant cette nouvelle, la population commençait déjà à se poser la question de savoir ce que fait la MONUC en s’interposant à chaque fois que l’armée régulière tente de repousser les insurgés. C’est alors qu’elle a commence a avoir peur, et devenue de moins en moins confiante aux éléments de la MONUC. Mais elle attendait toujours le dénouement de la situation avec l’arrivée de la délégation en provenance de Kinshasa qui est restée toujours bloquée à Goma.
Les magasins, les boutiques, les écoles et les bureaux administratifs restent toujours fermés, mais le grand marché de Kadutu a continué avec ses activités timidement. Le transport a repris mais timidement avec la hausse de prix du carburant.
Une grande difficulté est au niveau de communication, car après pillage systématique des agences téléphoniques SuperCell et VODACOM, ces dernières se sont décidées de fermer les téléphones pillés et les cartes prépayées. Ainsi il n’y a plus de lieux d’approvisionnement des cartes d’appel.

Y a-t-il une main des pays voisins dans l’affaire ?

Les insurgés qui sont à la tête de l’insurrection proviennent de l’ex- mouvement rebelle, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie ( RCD- Goma) soutenu par le Rwanda.
Est ce la reprise de cette relation historique et la continuité de l’action ?
Mais des sources des différents coins, notamment de Kalehe, et des endroits ou se passent les combats aux alentours et du coté de l’aéroport, ont fait état de la présence des troupes étrangères venues du Rwanda dans des camions portant des plaques minéralogiques rwandaises et des mouvements des militaires inconnus en provenance du Rwanda par le lac Kivu via l’île d’Idjwi, Birava en provenance de la Préfecture de Kibuye au Rwanda, Kavumu pour venir ravitailler les troupes de Laurent Nkunda.
Or l’on se souviendra de l’offensive diplomatique initiée par le ministre des affaires étrangères de la RDCongo, Monsieur Antoine NGONDA au Rwanda pour discuter de cette question avec les autorités du Rwanda. Si cela s’avérait vrai, ce serait regrettable, a précisé le ministre des affaires étrangères de la R D Congo, car Paul KAGAME, le Président du Rwanda lui avait rassuré qu’il ne peut pas intervenir pour une affaire militaire, interne suite à l’indiscipline d’un militaire. Vrai ou faux, la suite des évènements nous confirmera cette volonté du Gouvernement rwandais d’œuvrer pour la paix dans les pays des Grands- Lacs.

La vérité, après déception de la population

Bukavu est tombé :Début de l’opération « T.D.F » ; Téléphone, Dollars , Femmes.

Mercredi 02 Juin 2004, Il est 6Heures 20, des coups de balles et des tirs nourris à l’arme lourde reprennent. Personne n’est au courant de ce qui se passe à l’extérieur. Hier soir, la MONUC a rassuré la population et a parlé d’un cessez le feu bilatéral et de leur interposition entre les deux forces. La population a cru parce qu’elle a confiance à la MONUC. Mais à 6 Heures déjà, l’on n’aperçoit plus les militaires de la 10eme région militaire du Général MBUJA MABE cantonnés à la place de l’indépendance ; ils s’éloignent de la ville en une colonne et disparaissent dans la nature.
Ce sont les militaires du Général Laurent NKUNDABATWARE et de MUTEBUTSI qui sont déjà dans la ville de Bukavu et les échanges de tirs reprennent. Personne ne quitte la maison jusqu'à 13 Heures.
A travers la fenêtre, l’on pouvait apercevoir les militaires en armes parlant le Kinyarwanda, les militaires congolais aussi sous le commandement des rwandais.
Une petite résistance au niveau de la place de l’indépendance et les crépitements des armes s’éloignent dans la ville. Les boutiques et magasins se trouvant sur les artères principales de la ville et du quartier industriel, le grand marché de la commune de Kadutu ont été pillés d’abord par les militaires rebelles ensuite par la population. Les militaires restent sur les artères de la ville en train de se saouler de la bière pillée dans certaines boutiques et dépôts de la ville.
Seule à travers la radio Okapi de la MONUC que la population a été informée de la prise de la ville par les hommes du Général Laurent NKUNDABATWARE et du Colonel MUTEBUTSI accompagnés des militaires rwandais. Ils déclarent reconnaître l’autorité de la Présidence de la République, mais attendent que le Gouvernement nomment un autre Commandant de la 10eme Région militaire et qu’une enquête sur le « massacre » des Banyamulenge par l’armée de la 10eme région militaire.
Désolation, inquiétude, la peur et la déception dans le chef de la population de la ville de Bukavu, mais la pièce est jouée.
La vérité est qu’il y a eu présence des militaires rwandais au sein des forces qui attaquent la ville de Bukavu, ce qui contredit les allégations et les assurances qu’a faites le Président rwandais au Ministre Antoine NGONDA et la réaction du ministre rwandais des affaires étrangères qui ne cesse en tout temps de conflits en RD Congo à nier l’évidence.
« La population de la ville de Bukavu considère à quel point elle a été trahie par leur Président en la personne de Joseph KABILA et le jeu de la MONUC dans cette affaire », a déclaré un habitant de la ville qui s’insurge contre ce qu’il a appelé la lenteur et la négligence du Gouvernement et le complot de la communauté internationale.
Des actes de pillages ont été commis par les militaires insurgés de Jules Mutebutsi et de Laurent Nkunda. Des maisons des paisibles habitants visitées, détruites avant d’exiger par force de l’argent et les téléphones mobiles. Les habitants devaient choisir entre donner la somme de 1000 $ et le téléphone ou la mort. Il ya eu plusieurs familles victimes.

Jeudi 03 Juin 2004,
Les autres provinces manifestent leur mécontentement, entre temps Bukavu revit les exactions.
Les habitants se réveillent dans une accalmie qui n’a pas duré. Plus tard, ce sont les véhicules , camions sans immatriculation se dirigent au marché et magasins au grand marché de Kadutu pour piller en toute quiétude les biens des populations et commerçants. Le grand dépôt du marché a été brûlé par les mêmes militaires rwandais qui ensuite se sont dirigés vers le Rwanda en passant par la frontière de Ruzizi 1er. Les véhicules et voitures des personnes privées n’ont pas été épargnés.
Des scènes de violence ont été enregistrés pour le compte des éléments des deux colonels. Des viols, des assassinats et tueries des populations qui ne donnaient pas les dollars et les téléphones dans leurs propres maisons.
Des Tueries et assassinats
Dans le quartier Ndendere en commune d’Ibanda : un homme d’affaire du nom de MWENEBANTU Cizungu, communément appelé « Soleil » a été abattu dans sa maison le matin du 03 Juin 2004 et deux autres de même quartier dont un jeune garçon du nom de MAKAMBA et Monsieur MAGUY, chauffeur au sein de l’Ong nationale APEF. Dans le quartier de Mukukwe en Commune d’Ibanda, un étudiant de la deuxième année de graduat à l’ISDR/ Bukavu a été abattu dans sa maison après avoir dépouillé sa famille de l’argent et de tous autres biens. Monsieur Lambert MABAKO, Homme d’affaire habitant Nguba, ainsi que Monsieur KATEMBO, habitant la commune de Bagira ont été abattus.
Deux autres jeunes abattus par les mêmes personnes militaires au Vamaro dans le quartier Ndendere en Commune d’Ibanda, Deux enfants du quartier latin, dans la commune d’Ibanda : Richard BITINGO (5 ans), et Aline BITINGO ( 11 ans).
Des Viols : était – il un mot de passe ?
Des viols systématiques des femmes et filles commis pendant la journée ainsi que la nuit. Des enfants de moins de 5 ans n’ont pas été épargnées. Avec humiliation et sans pitié et sur leur exigence, les filles ont été violées en présence de leurs frères ou parents, les femmes en présence de leurs maris. La manière dont ils se sont déchaînés pour violer les filles de tous les quartiers sous leur contrôle inquiète plus d’un.
Les maisons étaient forcées pour vérifier la présence des filles. Des cas sont légions, une famille a été victime de viols de ces trois filles sur avenue Kibombo dans la commune d’Ibanda par 20 militaires depuis 19 heures jusqu'à 5 heures du matin. Et cela après avoir pillé tous les biens de la maison qu’ils avaient transporté dans une camionnette. La plus jeune fille des ces trois victimes ( 16 ans) est sous les soins à l’hôpital de Panzi. Plusieurs familles ont déplacé leurs filles dans des endroits plus sécurisants. Des familles ont trouvé refuge au siège de la MONUC dans les paroisses de Bagira, de Kadutu pour la protection. Une femme enceinte et trois fillettes violées ont été acheminées par la MONUC à l’Hôpital de Panzi spécialisé dans la prise en charge des personnes victimes des viols et violences sexuels.
D’autres cas ont été signalés, mais ne sont pas allés à la MONUC pour transfert a l’hôpital. Durant toute la journée, les filles faisaient des mouvements pendulaires à travers la ville à la recherche des endroits surs pour se réfugier et échapper ainsi aux viols et harcèlements sexuels.
Des Pillages
L’objectif principal est de mettre a genoux la population de la ville de Bukavu économiquement. Tout se faisait pendant la journée au vue de tous.
L’on pouvait apercevoir quatre camions de marque Benz avec containers rouge , bleu et jaune ainsi qu’un camion Fuso sans plaque se diriger au grand marche de Kadutu pour transporter les effets de pillages vers le Rwanda. Le soir pour les dépôts difficiles à rouvrir ont été mis a feu. C’est ainsi que le dépôt des vivres et autres biens appelé ‘ Coopera’ a été brûlé. Les voitures, les camionnettes des personnes privées ont été transportées au Rwanda et laissaient en cours de route ou enlevaient certaines pièces pour des véhicules difficile a pousser. Des dépôts des boissons n’ont pas échappé ainsi que les magasins surplombant les artères de la ville.
Le quartier de l’EDAP/ Muhungu a été encerclé par les militaires rwandais avec des véhicules pour transporter les biens pillés dans les maisons des populations. L’opération a duré toute l’avant midi et cela maison par maison. D’autres maisons ont été pillés dans le quartier du crédit foncier a Nguba ainsi que d’autres se trouvant sur la route principale. Comme à l’accoutumé. Ils ne demandent que trois choses :le montant de pas moins 1000 $, le téléphone pour éviter toute communication et la fille ou la femme à violer. Quand on n’en a pas, c’est la mort.
Un après midi, la station de la radio nationale a ouvert ses émissions par un message du Vice- Gouverneur chargé des finances et d’économie, Monsieur Tommy Tambwe RUDIMA qui a réagi aux rapports sur les exactions commises par les militaires dans la ville eN faisant appel à la population au calme, à rouvrir les magasins et marchés, aux fonctionnaires de commencer le travail ce vendredi matin à 8 heures, la reprise des trafics terrestres et lacustres, et la réouverture des frontières. Chose difficile à exécuter, car les magasins et les marchés sons vides, et les habitants, travailleurs et population encore traumatisés.
Dans ce communiqué, il n’a pas précisé qui sont les responsables militaires de la région qui prenaient la décision d’interdire aux militaires de mettre fin aux exactions et violations des droits humains.
L’intervention du Général Laurent Nkundabatware à la radio Okapi de la MONUC du retrait de ses troupes de la ville n’a pas rassuré la sécurité de la population, car la nuit était incertaine. Qui quittera la ville entre les rwandais ou les militaires Banyamulenge de Laurent NKUNDABATWARE ou de Jules MUTEBUTSI ? Et pour la laisser entre les mains de quelle armée ?
Mais les habitants continuaient à suivre les radios locales qui informaient de la compassion et des manifestations de solidarité de la population et étudiants des autres provinces de la R D Congo ( Kinshasa, Kindu, Lubumbashi, Mbuji Mayi, Kikwit, Beni, Kalemie ).
Entre temps le Gouvernement de la RD Congo avait réagi en prenant une décision de récupérer la ville de Bukavu militairement. Entre-temps l’Etat Major Général des Forces armées a réagi par une déclaration affirmant que « Notre armée est apolitique et a l’obligation de se démarquer des mouvements politiques »
Des leçons à tirer
La guerre finit par emporter des vies humaines, par détruire le tissu économique de la ville Bukavu. Est ce la fin de l’épisode ou une simple trêve parce qu’il ya eu réaction de la communauté internationale ? A en croire, des futurs conflits ne sont pas impossibles.
La formation d’un Gouvernement de transition après la déclaration de la fin des hostilités suppose que les belligérants se sont mis d’accord à respecter les accords signés à Pretoria. Peu de choses sont réalisées par ce Gouvernement depuis sa mise en place. Mais est – il que l’esprit belliciste et le manque de confiance demeurent entre les parties représentées au sein du Gouvernement de transition.
La partie jadis contrôlée par le RCD- Goma reste très problématique. L’autorité de l’Etat n’est pas encore ressentie et ne semble pas avoir de la force dans la prise de décision. La multitude des armées fait que l’hiérarchie n’est pas respectée, beaucoup de militaires contrôlent encore des zones importantes et ne se soumettent pas à l’autorité du gouvernement central, ceci caractérisée par l’indiscipline, la culture de l’impunité, la désobéissance très prononcée de la part des certains militaires,…Bref, en réalité une crise et un véritable problème a résoudre au sein de l’armée.
Chaque militaire, aujourd’hui sait que pour se maintenir au poste, accéder au pouvoir, s’enrichir, ou se faire entendre doit user de son arme et s’entourer autour de lui ses disciples, et avoir une ou des caches d’armes et/ou avoir un soutien de certains politiciens aigris. Ils ont peur de se détacher des armes s’ils se rendent compte des exactions et violations des droits humains qu’ils ont commis lors de la rébellion. Ainsi toute la ville devient de plus en plus militarisée et constitue des caches d’armes ( Le danger de la prolifération des armes légères et de petits calibres).
Il constitue un danger pour ce Gouvernement de transition qui doit être protégé.
Les problèmes de l’Est de la R D Congo semble être négligé par les autorités du Gouvernement central. Il existe beaucoup d’enjeux qui sont un frein dans la réussite des actions de pacification, de cohabitation entre les peuples. Pendant que la transition est en train d’évoluer vers sa fin, différents autres acteurs sont en train de se préparer pour entrer dans la scène politique soit par les armes, soit par élections.
Le cadre leur est favorable, car ils espèrent avoir des soutiens de l’extérieur pour les servir aussi. Ce qui les encourage à demeurer dans cet état, c’est la tradition de ne pas punir les responsables des exactions et violations des droits Humains.

Halte à la culture de l’impunité

C’en est trop. La R D Congo est au bord du précipice. Tant de morts, des violations en violations des droits humains, des pillages, des agressions sur agressions,…Et les responsables ne semblent pas être inquiétés. L’on ne le dira jamais assez.
Ils sont basés à Goma dans la Province du Nord Kivu, à Bukavu dans la Province du Sud – Kivu ceux qui viennent d’endeuiller la population de la ville de Bukavu et de saper le processus de transition. Ils ont leurs milices, les armes et munitions et se comportent en roitelet en se considérant pour des intouchables dans une province censée être sous la gestion du Gouvernement central. Aptes à tuer, à vendre ou à cautionner la partition du pays, à le détruire et à s’enrichir en tout temps.
Resteront –ils impunis ? Nous estimons que NON !
Les discours politiques prononcés à la radio restent pour le public, mais en réalité ils ne se détachent en rien de leur projet de faire encore la guerre.
Pour résoudre un problème « ethnique », tel qu’il le disait, fallait –il que Général Laurent NKUNDA prenne les armes, s’en prendre à la pauvre population de Bukavu, tuer, piller des magasins, marchés et maisons ainsi que la ville et saboter toute son économie avec l’aide des militaires rwandais pour enfin s’excuser de s’être trompé sur les faits?
Ces combats ont repris dans la Plaine de la Ruzizi à Kamanyola ou les militaires de Mutebutsi, ainsi que ceux de Odilon KURENGAMUZIMU de MUDUNDU 40 qui a allié la cause, soutenus par l’armée Rwandaise ont repris la guerre contre ses frères en obligeant la population à se déplacer. A Kalehe, Laurent Nkunda a repris aussi les hostilités. Décidément, rien ne se fait au hasard, ces armées sanguinaires sont décidées à exterminer la population civile comme il est de leur coutume et sont décidées à combattre le Gouvernement. Ce dernier doit prendre ses responsabilités en gérant ce problème qui bloquera son processus normal.

Laurent NKUNDABATWARE et Jules MUTEBUTSI ont tort.

La population de la ville de Bukavu a encore été victime d’une guerre qu’elle n’a pas demandée. Les armées du Colonel Jules MUTEBUTSI et du Général NKUNDABATWARE avec l’appui des militaires de l’ Armée Patriotique Rwandaise se sont emportées impitoyablement et sans inquiétude à la population civil en la traitant de manière inhumaine depuis le 26 mai 2004.
La population assistaient impuissamment à des exactions qui se commettaient en pleine journée, et la nuit.
Ce qui étonnait cette population est la manière dont le Général NKUNDA niaient aux médias que ces militaires n’étaient responsables d’aucunes exactions pendant que ces derniers étaient en pleine action. Les victimes sont prêtes à le témoigner.
Il est aussi impérieux de souligner le rôle capital qu’a joué cette population en protégeant les ressortissants de la communauté banyamulenge contre les poursuites et en ne se livrant pas à des actes de xénophobie et de discrimination à l’égard de n’importe quelle communauté.
Pendant les affrontements, certains parmi eux, ont d’ailleurs, été protégés par les militaires de la 10eme région militaire et mis ensemble dans la résidence d’un inspecteur de l’ethnie banyamulenge de la police nationale Congolaise.
Les raisons de Laurent NKUNDABATWARE et son collègue n’ont pas de place, car il ne savait pas justifier son acharnement sur la ville de Bukavu et sa population en s’appuyant sur le renfort de l’ Armée Rwandaise.
Il faut un jour qu’ils répondent de leurs actes.
Conclusion et Recommandations

Projet GRAM- Kivu dénonce et condamne avec la dernière énergie toutes ces violations des droits humains, actes déstabilisants qui tendent à bloquer les avancées du processus de transition.
Elle condamne les actes commis( Viols, pillages, tueries ) à l ‘encontre de la population civile de la ville de Bukavu et de ses périphéries : Kabare, Kavumu, Kalehe, Katana par les armées des insurges de Mutebutsi et de Laurent Nkunda renforcées par l’Armée Patriotique Rwandaise.
Elle dénonce la rupture brusque de l’année scolaire pour les enfants qui tendaient déjà à la terminer, et qui a obligé certains de rester à la maison traumatisés et d’autres aller se réfugier dans des pays voisins.
Tout en félicitant la population de la ville Bukavu dans sa maturité devant cette mutinerie en ne s’attaquant pas à une quelconque communauté, Projet GRAM- Kivu condamne la négligence, et la passivité du Gouvernement dans la gestion de ce problème qui vient de traumatiser la population de la ville de Bukavu.

De ce qui précède, Projet GRAM – Kivu recommande :
A la Communauté internationale et à l’Union Africaine :
- De soutenir le Gouvernement de transition dans son cours normal jusqu’aux élections en 2005 et de condamner le Rwanda dans sa nouvelle agression en R D Congo et d’exiger son retrait dans tous les territoires congolais.
- A travers la MONUC, de maîtriser tous les groupes armes incontrôlés qui sèment la panique dans en R D Congo( Laurent Nkunda, Mutebutsi) et de continuer à sécuriser la population et ses biens en jouant son rôle de neutralité.
Au Gouvernement de la transition :
- De faire de son mieux pour doter du pays d’une armée unifiée, forte et intégrée pour la sécurité des populations et de leurs biens.
- D’établir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays, et de lancer un mandat d’arrêt international contre Laurent NKUNDA et Jules MUTEBUTSI et tout autres acteurs pour les actes et crimes commis sur les populations civiles.
- De prendre ses responsabilités pour que les actes commis sur les populations civiles ne restent pas impunis, dans le but d’éradiquer la culture de l’impunité qui prend de plus en place en R D Congo.
A la population :
- De rester vigilante dans la dénonciation de toute action tendant à bloquer le processus de transition, à cautionner la partition du pays, ceci pour permettre l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques.
- De renforcer leur niveau de maturité de cohabiter pacifiquement avec les autres communautés, d’œuvrer pour la paix, en vue d’échapper aux pièges de certains politiciens qui tenteraient à les diviser .

13 Juin 2004
Projet GRAM- Kivu