LES VILLAGES DU SUD-KIVU, TERRAIN DE PREDATION DES BANDES ARMEES
INTRODUCTION.
L’état de lieux des droits humains dans la Province du Sud-Kivu en
général
et plus particulièrement dans les territoires de Kabare et Walungu a
été
observée au cours de l’année 2003 par le Réseau des femmes pour la
défense
des droits et la paix « RFDP »
Selon les données de 1985 , publiées au journal officiel de
la
République Démocratique du Congo , ex République du Zaïre , sur les
entités
territoriales, le territoire de Kabare a une superficie de 149.950 km2
. Ce
territoire est limité :
-au nord, par le territoire de Kalehe
-au sud, par le territoire de Walungu
-à l’ouest, par le territoire de Shabunda
-à l’est, par le lac Kivu et la ville de Bukavu
-au centre, on remarque le plateau de Kabare qui atteint une altitude
moyenne de 1900 mètres et va de la face Est de la montagne de Luciga
jusqu’au parc national de Kahuzi Biega.
Sur le plan administratif, le territoire de Kabare est composé des
groupements ci-après :
-Bugobe , Bushwira , Bushumba ,Cirunga , Katana , Luhilhi , Miti ,
Mudaka ,
Mumosho , Mudusa et Bugobe . Bon nombre de ces groupements
avoisinent le
parc de Kahuzi Biega, forêt immense de 600.000 ha, dans laquelle les
milices
rwandaises et autres bandes armées trouvent refuge. Ceci est souvent à
la
base des incurssions signalées dans les groupements de Bushwira ,
Bugobe ,
Katana ,Miti , Mudaka .
Selon les mêmes sources citées ci-haut , la surpeficie du
territoire
de Walungu est de 1737 kilomètre carré ; Son altitude est de 1800 à
1900
mètres . Il est limité :
- au nord par le territoire de Kabare
- au sud par le territoire de Mwenga
- à l’ouest par celui de Shabunda
- à l’est par la ville de Bukavu.
Sur le plan administratif, le territoire de Walungu est composé de 16
groupements : à savoir : Ikoma, Izege, Kaniola ,-Burhale, Walungu,
Mulamba,
Mushinga, Lubona, Tubimbi, Luchiga, Ciherano, Lurhala, Irongo, Burinyi,
Kamisimbi et Nyangezi.
Ces groupements sont subdivisés en plusieurs localités dirigées par
des
chefs locaux. Ce territoire compte aussi quelques centres commerciaux
tels
que : Mugogo, Bideka, Walungu-Centre, Burhuza et Kankinda
En territoire de Kabare, les groupements de Bushwira , Bugobe et
Mumosho
ont retenu notre attention à cause de l’insécurité quasi permanente
qui
les caractérise. . Bushwira et Bugobe demeurent à la fois la cible
privilégiée des milices rwandaises et des anciens militaires du RCD.
Les
premiers s’adonnent plus au pillage des biens de la population et au
viol
des femmes tandis que les seconds excellent par des exactions.
Dans le groupement de Mumosho, les pillages sont commis par les mêmes
soldats du RCD avec la complicité de certains délinquants de la place
qui
ont occasionné mort d’hommes et des femmes. Cet état d’insécurité va à
l’encontre des prescrits de l’ Accord Global et Inclusif qui stipule
en
matière de la cessation des hostilités, alinéa 5 « Les Parties
acceptent de
prendre toutes les mesures nécessaires à la sécurisation des
populations et
des dirigeants de la Transition tant à Kinshasa que sur l’ensemble du
territoire national. A cet effet seront arrêtées des dispositions
visant à
garantir la sécurité de la population, des Institutions, de leurs
animateurs
et des principaux cadres dirigeants des Parties au présent Accord et
ayant
des forces combattantes ». Les Mesures commencent à être concrétisées
par la
nomination des commandants des régions militaires.
En territoire de Walungu, les atteintes aux droits humains sont commises par plusieurs groupes armés. Concernant les droits des femmes, il avait été remarqué que les exactions dont avaient été l’objet les femmes lors des affrontements d’Avril 2003 entre les 2 anciens alliés du Rwanda à savoir le RCD et la milice locale M40, se poursuivaient encore pendant cette
période
de la transition politique et qu’à ces actes, s’ajoutent ceux des
bandes
armées rwandaises très actives dans ce milieu.
Ce présent travail va aborder les différents cas d’abus et violations
des
droits humains en rapport avec leurs auteurs pendant l’année 2003.
Généralement les auteurs de pillage sont en même temps les violeurs.
1. LES ABUS DES DROITS HUMAINS ATTRIBUES AUX MILITAIRES DU RCD / GOMA
1.1 Pillage et extorsion.
En territoire de Kabare
Tous les jeudi et dimanche, jour de marché de Mudaka, ces militaires
érigeaient des barrières tout au long des chemins menant à ce marché,
obligeant la population à payer 20 FC. En plus de ces taxes illicites,
chaque famille était tenue de payer 50 FC et de fournir le bois de
chauffe
comme contribution à la ration des militaires. Toute protestation ou
réclamation de quiconque entraînait une arrestation avec paiement d’une
amende de 10 $ US.
- groupement de Mumosho :
Les pillages se sont accentués depuis l’année 2002.
En date du 29 juin 2003 ; il y a eu pillage notamment :
- chez Macumu Maurice, où tous les effets avaient été emportés après
des
tirs intensifs des balles.
- chez Renato Bwerhe, tous les effets, du bétail et de la volaille
ont été
emportés
Le 1er juillet 2003, le village de Kabanda a été victime du pillage à
son
tour :
Les personnes suivantes avaient été dévalisées :
- Mastaki Biyange (1 chèvre + 2 radio + vêtements)
- Amani Mirhuho (tous les effets
- Poto Burume (1.500 Fc )
- Dieudonné Bashiya (2 chèvres + Lapins)
- Zihindula Mateyo ( produits agricoles + 7 poules)
- Kasali Karanga (4 poules + - lapins)
- Mastaki Mulengera (8 $ US, 4 radios et une chèvre)
- Benita M’Chanvu (deux caisses de la boisson locale)
- groupement de Bugobe
Les habitants déplorent les exactions des militaires qui imposent les
travaux forcés, spécialement le portage de leurs bagages jusqu’au lieu
de
leur destination. Ces mêmes militaires s’adonnent aussi au prélèvement
de
tout objet et denrée transportés par la population , surtout ceux
appartenant aux femmes qui vont au marché. Pendant toute l’année 2003,
les
militaires basés à Kalengera , localité Kahave, groupement Bugobe (
Kabare )
, érigeaient des barrières à Mongocha et Kahave où ils exigeaient 20
FC à
tout passant . Pour ne plus être obligé de payer ce montant chaque
fois
qu’il se rendait à son lieu de travail, monsieur Rwanamirindi Raymond
, a
été forcé de se déplacer pour Cirunga/ centre .
1.2. Les violences faites aux femmes
a) Viols et pillages
En territoire de Walungu
Les femmes du territoire de Walungu avaient payé un lourd tribut lors
des
affrontements d’avril 2003, affrontements qui avaient opposé les
éléments du
R.C.D et la milice M40 dont le fief se trouvait à Mushinga, en
territoire
de Walungu.
Le 14 avril 2003, les femmes ci-après avaient été violées dans la
localité
de Kabindi, groupement Mushinga , ( Walungu )
- M. NT, N.NS , NA.GE , LU.MA. , BI.JO , MW.GE , CH.TH.
Pour J. NY. 38 ans de la localité Mwegerera, groupement de Burhale,
elle
fut violée par deux militaires qui l’avait ensuite forcée de récolter
pour
eux les produits de son champs, de rassembler sa vaisselle et de les
transporter jusqu’à leur camp.
Le même traitement a été infligé à :
- Ri.’MU. 40 ans, localité Cibeke, groupement de Burhale
- NTA.'BA., 45 ans, localité Cangenyi , groupement de Burhale , qui
fut
surprise par deux militaires pendant qu'elle étalait ses maniocs au
soleil.
Son mari fut abattu sur le champ. Elle fut ensuite violée devant la
dépouille mortelle de ce dernier puis forcée d'emballer tout le manioc
pour
les transporter dans leur camp de fortune.
- JO.'BI. , 34 ans, de la localité Lukandage , fut violée à une
barrière
tenue par les soldats du R.C.D. au retour du marché de Kankinda.
Tout ce qu'elle avait acheté lui fut ravi.
- MU. NG., 28 ans, de la localité Kukayu I. avait été forcée de
rassembler
le bois de chauffe et de le transporter jusqu'au camp.
En territoire de Kabare
- groupement Bushwira / centre
Les militaires avaient en date du 02 janvier 2003, lors des
patrouilles,
violées plusieurs femmes dont :
- Je. Ki.
- Je. Ma. , 15 ans
- Jo.Mu.
Selon les victimes, les militaires avaient demandé à leur conjoint de
quitter la maison après les avoir battus
Le 20/04/2003 dans le même groupement , en localité de Bwirembe ,
les femmes des comités ecclésiastiques de base appelés « Shirika »
avaient
été mobilisées au mois d’avril 2003, par les militaires sur ordre d’un
commandant appelé communément Foka, pour transporter du bois coupé
dans la
plantation Pharmakina de Bwirembe jusqu’à leur campement à Cirhendo.
Ces
femmes avaient parcouru une distance de 8 km avec un chargement pesant
40 kg
chacune.
Au mois de Mars et avril 2003, plusieurs familles du village de Luchesa
du
même groupement avaient été pillées et les femmes violées notamment :
- Ve.Chi. 30 ans
- ’Mu.JO , 36 ans
- Nzi.Ka., 40 ans
- Be. Mw. Ka., 35 ans
- Na.Ba., 27 ans
- Nsi.Ma., 46 ans
- Ma.Ng., 34 ans
groupement de Mumosho
Les abus et violations des droits humains et les violences contre
les
femmes ont été commis par les militaires du RCD, les local défense et
les
civils qui composent les patrouilles placées sous l’ordre du commandant
de
la place. En date du 18 / 07 / 2003, un des patrouilleurs, nommé Baba
Kashema s’était détourné de sa mission et avait violé Bi.Mu., alors
enceinte de 08 mois, vers minuit. Mais avant cela, le conjoint de la
victime avait été ligoté et obligé de faire partie de cette
patrouille.
Le 17/04/2003 à 23h00, dans la localité Kabanda , Fe. BU. ,60 ans,
avait
été menacée au couteau par cinq hommes en uniformes et armés, venus
tuer son
fils, d’après leur déclaration.
Pour éviter d’être violé par l’un d’eux, la victime fût obligée de leur
remettre deux chèvres, un poste radio, une machette et 7.000 Franc
Congolais.
- Le 24/04/2003 à 19h00 dans le village Ihasi, localité Mandwe
(Mumosho), la
veuve Ma. M’na. avait été violée successivement par 5 hommes en
uniformes et
armés et qui lui ont ravi la somme de 1.940 Franc et une chèvre.
En date du 20 / 06 / 2003, dans le village de Kasheke, localité Igaza,
mademoiselle BU. Fr., âgée de 20 ans , avait été violée par Mr Karume,
fils
de Mercky du village Nyengo
groupement Mudusa.
Le 30 juin à minuit, M’Mun. Pe. avait été victime de pillage de tous
ses
effets par 4 militaires puis violée successivement par 2 d’entre eux en
présence de ses 2 enfants qui suivaient la scène en pleurant pour
avoir été
battus.
b) Traitement dégradant et inhumain
- Le 2 septembre 2003, M'MPAVA JEANNE, domiciliée dans la localité
Budodo,
groupement Kaniola / Walungu, avait été victime au marché de Walungu
des
coups et blessures, infligés par un vendeur de cigarette, monsieur
Adeward
Mubalama , infraction qui a été cautionnée ensuite par le commandant
second
de la police nationale. Monsieur Ngunzi fut corrompu par l’auteur du
forfait
d’un montant de 100 $ u.s. Ainsi donc , l’agent de l’ordre disculpa le
délinquant de tout soupçon et favorisa aussi sa fuite pour qu’il ne
soit pas
arrêté .
1.3 Arrestations arbitraires
En territoire de KABARE
-groupement Mumosho
Les arrestations arbitraires opérées par les services de sécurité et
renseignements sont devenues monnaie courante avec paiement d’amendes
exorbitantes qui dépouillent les personnes qui sont arrêtées. Pourtant
la
liberté individuelle est protégée par l’article 67 du code pénal et qui
stipule :
« est puni d’une servitude pénale d’un à 5 ans , celui qui, par
violences,
ruses ou menaces a enlevé ou fait enlever, arrêté ou fait arrêter
arbitrairement , détenu ou fait détenir une personne quelconque ».
- Le 2 juillet 2003, Monsieur Poto Burume avait été arrêté par
l’adjudant
Kasongo, chargé de sécurité et renseignement militaire à Mumosho,
conduit
par un délinquant du village, nommé Bahinza Mutoka et 3 militaires.
Il a
été reproché à monsieur Poto Burume, d’avoir déclaré être une des
victimes
du pillage perpétré dans la nuit du 1er juillet 2003. Il fût battu et
obligé de démentir ses déclarations. Son relâchement était intervenu
après
paiement d’une poule.
Le 3 juillet 2004 ce fut le tour du chef de village de Kabanda,
Monsieur
Munyadunga Kabohozi Dénis d’être arrêté par le même adjudant qui lui
reprocha de n’avoir pas fait rapport du pillage du 1er juillet 2003.
En date du 4 septembre 2003, monsieur Kasigwa Ngomire, âgé de 20 ans
,
avait été arrêté par le chef de poste adjoint de sécurité et
renseignement/Mumosho, sur accusation de ceux là même qui l’avaient
agressé
dans la nuit du 28 août 2003. Malgré son innocence, il avait payé 10$US
pour
être libéré.
Les victimes du pillage survenu dans la nuit du 16 septembre 2003 à
Mandwe/Mumosho, pillage mené par des hommes en uniformes durant 3
heures et
dont les biens avaient été retrouvés par les militaires basés à
Nyantende,
ont été obligés de payer 7$ chacun, avant de récupérer leurs propres
effets.
Ce fut notamment les familles de :
- Mihigo Narara
- Joseph Bulibira
- Mapendo M’Buhendwa
- Bubishi Kahake
groupement Bugobe
La population est à la fois, victime des actes d’arrestations
arbitraires de
la part des soldats basés à Kalengera, localité Kahave ainsi que des
éléments de la Division de Sécurité et Renseignement (DSR) .
Au mois de mai 2003, monsieur Kahanzi Ntaboba, de la localité Kahave,
a été
l’une des victimes.
Ces mêmes militaires ont érigé des barrières à Mongocha où ils exigent
20
fc à tout passant.
D’autre part, la Division Spéciale de Renseignement ayant à sa tête un
certain Léonard Nakamama, opère chaque jour des arrestations
arbitraires
dans la localité de Kalulu . Ce personnage est soupçonné par les
habitants
de collaborer avec les milices rwandaises et certains bandits du
village,
dans les pillages et assassinats enregistrés dans ce milieu ..
.2 LES CRIMES ATTRIBUES AUX MILICES RWANDAISES
Viols et pillages.
Les pillages nocturnes, sont l’œuvre des milices rwandaises et sont
suivis
des viols et enlèvement des femmes.
A défaut de leur remettre de l’argent , les hommes sont battus ou
affectés
au portage des biens pillés.
En territoire de Walungu
- groupement de Kaniola,
Ce sont les milices rwandaises bien armées qui entretiennent le climat
d’insécurité malgré la présence des soldats congolais issus du RCD /
Goma.
Selon les renseignements recueillis sur place à Walungu, beaucoup
d’habitants des environs de Walungu-centre sont contraints de se
déplacer
chaque soir vers les endroits moins exposés aux raids des milices
rwandaises.
Le 12 novembre 2003, les localités de Chai et Mudusa / Walungu,
avaient été
l'objet des pillages, et enlèvements des femmes. Douze femmes avaient
été
enlevées dont entre autres
- M'bashegenzi Charlotte
- L'épouse de monsieur Namungabo Berckmans.
- L'épouse de monsieur Cigomba Kamulete
Le 14 décembre 2003, la milice Rwandaise avait investi la localité de
Budodo
/ Kaniola, les familles ci-après ont vu leurs biens pillés et leurs
femmes
violées :
- la famille Mushi Thélesphor, enseignant en 6ème année à l'école
primaire
Budodo a perdu 4 vaches.
- la famille Kabalama Bisimwa, 2 vaches
- la famille Lwenya Joseph, 3 vaches
L’enquête menée par le RFDP en octobre 2003 dans ces groupements, a
révélé
que plusieurs femmes avaient été violées pendant la période d’entre
février
à avril 2003. Huit femmes de la localité Bododo dont les noms suivent
nous
ont saisi chacune pour son cas :
- Ns. M’Ba., 36 ans
- Jo. M’Ma., 50 ans
- Ma. M’Mu., 70 ans
- Ns. M’Ch., 22 ans
- Ci. M’Ka., 50 ans
- Je. M’Mw., 24 ans
- Ns. mw., 25 ans
- Je. M’Fu., 36 ans
- Na. M’Na., 28 ans
- Na. M’Mu., 25 ans.
En territoire de Kabare
- groupement Bugobe
Dans la localité de Cidaho , la milice Rwandaise avait violé durant la
période de ce rapport, entre autres les femmes ci-après :
- Ba. Si., 37 ans
- Na. Co., 28 ans
- Ve.M’Ha.
- M’Nz. Pe.
- Ch. M’Ma.
- M’Lu. Na.
- M’Mu. Ny.
- M’B. Nt
- M’Mu. Ro
- M’Na. Ns.
Le 15 juin 2003, les éléments de la milice rwandaise avaient pillé le
bétail
appartenant aux habitants de la localité précitée ,dont :
- Dismas Matengo : une vache
- Bishweka Ngunda : une vache
- Mucuba Cito : deux vaches.
3. LES CAS ATTRIBUES A LA MILICE MUNDUNDU 40 ( une milice des
congolais
alliée au Rwanda )
En Territoire de Walungu
-groupement de Mushinga
Dans les localités de Mususu et Kabindi , en groupement de Mushinga,
ancien
siège de la milice Mudundu 40 , plusieurs femmes et jeunes filles
étaient
forcées par leurs parents de cohabiter avec les éléments de la milice
Mudundu 40, soit pour honorer une amende infligée aux parents , soit
pour
témoigner la sympathie de ces derniers à cette milice.
Parmi ces femmes et filles qui avaient été ainsi exploitées puis
abandonnées lors de la débâcle de ladite milice en avril 2003, il y
avait
notamment :
2 filles de monsieur Richard Mwirenge,
2 filles de monsieur Buhembe René,
1 fille de monsieur Kaluko
1 fille de monsieur Monthant.
-
4. LES CAS ATTRIBUES AUX MAÏ –MAÏ
En territoire de Walungu ,
-Dans les différents groupements de ce territoire, les exactions sont
surtout l’œuvre du commandant de bataillon, le remplaçant du
commandant
Chibibi. En date du 06 décembre 2003, la famille de Musaka Zacharie,
avait
été victime du pillage de ses 4 vaches et cela après vol des récoltes
et
travaux forcés aux femmes de ladite famille.
Il faut noter que le domicile de monsieur Zacharie est situé à côté
du
camp de ce commandant
Dans la localité Kisaza, en groupement Kaniola , l'ancien commandant
,
nommé Nguna fait la loi . Ce dernier opère aussi dans le village de
Masse,
situé dans les montagnes qui surplombent Nindja.
Il arrête toute personne qui ne passe pas la nuit dans sa maison.
Toute
libération est conditionnée au payement de 25 $ us. Il est encore
reproché à
ce commandant de piller toutes les récoltes de haricot planté dans les
vallées.
Selon la population, le pillage surtout du bétail, était intervenu
après que
les militaires aient demandé à la population de ramener leurs vaches
qu'ils
cachaient, avec promesse qu'ils vont garantir leur protection ainsi que
de
leurs biens. Enfin, en plus du pillage, ces mêmes militaires exigent 1
litre
de lait à tout éleveur par jour.
5. LES CAS ATTRIBUES AUX BANDITS ARMES
Quant aux bandits armés opérant dans le territoire de Walungu, ceux-ci
agissent ensemble avec les milices rwandaises. C’est le cas de la
bande de
Biakolowa qui est très active dans le groupement de Tubimbi (Walungu).
Cette
bande s’adonne aussi au pillage du bois coupé dans la forêt et à sa
vente.
REPONSE OU REACTION DU RFDP, D’AUTRES ONG ET DES AUTORITES LOCALES.
1 DU RFDP
En marge de ses activités de monitoring des violations des droits
humains,
le RFDP a souvent sensibilisé les autorités locales à savoir : les
autorités politico- militaires, les responsables des associations, les
chefs
religieux sur le viol et violences sexuelles faites à la femme afin
qu’elles
s’impliquent dans la lutte contre ces abus. Des dialogues avec les
autorités
civiles et militaires avaient été entrepris à cet effet. Ces dialogues
entre les femmes et les autorités visent aussi à impliquer les femmes
dans
la prise des décisions dans leur communauté et contribuer à l’avènement
de
la paix. En territoire de Walungu , de tels dialogues avaient permis
aux
femmes d’exprimer directement leurs préoccupations auprès des autorités
militaires et civiles . Et comme résultat, il y a eu suppression de
quelques
barrières et autres taxes.
A part la sensibilisation, d’autres activités ont été entreprises
notamment
:
- 300 écoutes des femmes et filles victimes de viol et violences
sexuelles
réalisées à Bugobe, Bushwira, Mumosho en territoire de Kabare et dans
différents groupements de Walungu avec l’option de contribuer à leur
détraumatisation.
- Une quarantaine des victimes ont été référées aux soins à l ‘hôpital
de
Panzi / Bukavu
-Plusieurs cas de ces abus des droits humains ont été dénoncés en son
temps
à travers notre feuillet « La Messagère »
- des contacts directs avec certains responsables mai-mai pour obtenir
la
libération d’une femme enlevée par un de leurs éléments.
- un lobbying local, national et international soutenu par des
rapports
auprès des décideurs à ces différents niveaux.
.2. Autorités locales.
Selon l’avis de la population, lorsque les militaires sont dans les
parages,
certains chefs coutumiers deviennent impuissants devant eux. C’est
ainsi
qu’ils se mettent carrément de leur coté en participant surtout dans la
collecte de leur ration alimentaire ; fixée à 50 FC par famille, chaque
mois, tout en demandant à la population d’obéir.
Ces chefs trouvent aussi un moyen d’assurer leur survie en participant
à des
arrestations arbitraires de certaines personnes et dont la libération
est
conditionnée aux paiements d’amende allant de 10 à 50 $ US. Le cas de
Mwambali Bashizi, membre de L’UPBU / Bushwira illustre cette situation.
Il
avait été arrêté en janvier 2003 pour n’avoir pas payé 20 FC à la
barrière
appelée Guest-house, tenue par les soldats du RCD/ Goma à Bushirwa
/centre.
Par contre, les chefs qui ne collaborent pas sont confrontés aux mêmes
problèmes que la population.. C’est le cas de monsieur Chabwine
Mugaruka,
chef ad intérim de la localité Bushwira / centre. Ce dernier a été
sujet à
de multiples tracasseries et pillages de la part des hommes en
uniformes.
Bien que son autorité soit limitée par la présence des militaires, il
était
resté à côté de sa population contrairement à beaucoup des chefs locaux
et
de la majorité de l’intelligentsia de Bushwira qui s’étaient réfugiés à
Bukavu.
Dans le groupement de Bugobe, les habitants de ce groupement et plus
spécialement ceux de la localité Kalulu, affirment que l’autorité
locale est
à la solde de leurs oppresseurs par le fait qu’elle demeure absente
dans
tous leurs malheurs. Cette même population relève que malgré les
multiples
pillages opérés par les milices rwandaises, les habitations de ces
autorités
sont chaque fois épargnées. C’est notamment l’habitation de M’Biralo
Mpango,
cheftaine du village Mongocha . L’attitude passive des militaires du
RCD/
Goma, basés à Kalengera, porte d’entrée des milices Hutu, fait naître
des
soupçons dans le chef des habitants, au sujet d’un probable
collaboration.
La seule réponse que la population reçoit de l’autorité locale est :
pour les femmes violées, d’aller se faire soigner et pour les hommes,
il
leur est conseillé de ne pas renvoyer leur conjointe, avec consignation
de
leur nom dans le registre des victimes.
De la part des autorités militaires, en guise de réponse, ce sont des
menaces contre la population si elle tente de revendiquer ses droits.
En groupement de Mumosho, en réponse aux problèmes d’insécurité qui se
pose
, et plus spécialement dans les villages de Ihasi, Kabanda et Ishungu,
les
enquêteurs du Réseau avaient noté que le commandant militaire et le
chef de
ces villages, avaient organisé des patrouilles. Malheureusement, ces
patrouilles avaient été suspendues suite au viol d’une femme et autres
abus
commis par un des patrouilleurs.
Le viol de madame Bi. Mu. en juillet 2003, avait été suivi par le chef
de
poste d’Etat et le commandant de la police de Mumosho ; l’auteur avait
été
arrêté et déféré en justice mais relâché par la suite sans procès.
3. L’Autorité religieuse
L’autorité religieuse intervient chaque fois quand les droits de
l’homme
sont bafoués en groupement de Bushwira / Kabare , malgré la réduction
de bon
nombre de ses activités. D ‘ailleurs, c’est pour mieux défendre la
population que l’Eglise Catholique a un bureau nommé Justice et Paix. A
l’heure actuelle, ce bureau intervient dans la libération des
personnes,
victimes des arrestations, parfois même, il contribue au payement des
amendes.
Au mois de mai 2003, dix personnes dont :
- monsieur Cizungu Jean-pierre et sa femme avaient été libérés par
monsieur
l’Abbé Protais Amuli.
Ces personnes étaient détenues au cachot de la localité de Konge,
pendant
une semaine.
D’après monsieur Mirindi Buhendwa, président de la communauté
ecclésiastique
de base / Bushwira, la paroisse enregistre à ce jour, les victimes de
viol
et autres abus afin de pouvoir un jour les dénoncer. Et dans les
circonstances où les auteurs sont connus et accessibles, la paroisse
prend
directement contact avec les responsables hiérarchiques de celui-ci.
LES CONSEQUENCES DES VIOLS ET PILLAGES SUR LES VICTIMES, LEURS
FAMILLES
ET LA COMMUNAUTE.
a. Sur les victimes
Pour la plupart des victimes, le viol qui est suivi du pillage, a
engendré
chez elles un choc psychologique difficile à surmonter. En plus, on
peut
observer chez elles une réelle dégradation de la santé physique.
Beaucoup
d’entre elles présente un état d’amaigrissement général car la majorité
n’a
pas encore accédé aux soins de santé appropriés. Des infections
contactées
lors du viol ont crée des graves complications sanitaires chez les
victimes. Certaines victimes ont des membres du corps presque
paralysés,
surtout les jambes, et les bras, ce qui les rend inaptes à tout
travail.
D’autres victimes ont conçu et mis au monde des enfants issus des
viols.
Chez les filles, cette situation est difficilement vécue car elles sont
rejetées et dans le cercle des femmes et dans celui des filles. Leur
chance
de contacter mariage, qui dans les milieux ruraux confère à la femme un
statut, est hypothèquée. Quant aux femmes déjà mariées, .certaines ont
été
rejetées par leur mari. Pour survivre elles doivent s’adonner à la
mendicité.
Le pillage des biens des victimes a encore fragilisé leur situation
déjà
précaire par le fait qu’il aggrave de plus en plus leur état de
pauvreté et
leur traumatisme.
b. Sur leurs familles
Le viol et le pillage ont appauvri les familles des victimes. Beaucoup
de
ces familles se sont déplacées de leur milieu de vie pour se réfugier
vers
les endroits moins exposés aux raids des milices à savoir les centres
urbains. Dans certaines familles, les maris ont fui leurs épouses de
peur
qu’ils ne soient contaminés par des maladies ou pour éviter les
moqueries.Il arrive aussi que la victime décide de quitter son mari
lorsque celle-ci remarque une indifférence de celui-ci. Pour bon nombre
d
‘hommes, le viol de leurs femmes constitue l’occasion rêvée pour aller
au
loin surtout vers les carrières minières, à la recherche de la fortune
qu’il n’envoie jamais à leur famille.
C. Sur la communauté
En territoire de Kabare
Dans la communauté, c’est la désolation et la misère qui se font voir.
La
majeure partie de la population a perdu ses outils de production et
d’autres
ont vu leurs activités de production s’anéantir. En groupement de
Bushwira,
à cause du viol et des pillages, la population à appris à entretenir de
petits champs et jardins autour des habitations. En groupement de
Bugobe la
population ne peut plus s’adonner aux activités champêtres situées en
bordures du Parc de Kahuzi Biega par peur des bandes armées.
En territoire de Walungu ;
La crainte de payer des taxes indues a contraint la population à
déserter
les différents marchés de Walungu. Sur les routes, le prélèvement de
toute
denréetransportée par la population a fortement aussi réduit les
échanges
des biens, causant ainsi la rareté des produits sur le marché. Les
coûts
élevés des rares produits finis et denrées alimentaires exposés sur le
marché, ne sont pas à la portée des bourses de la population
.paupérisée
Les principales victimes de cette carence alimentaire sont les enfants
et
les vieillards dont nombreux souffrent déjà du kwashiorkor.
Enfin, l’insécurité ajoutée à la paupérisation des populations
explique la
non scolarisation de beaucoup d’enfants dans ce territoire depuis le
début
des guerres en 1996
IV. RECOMMANDATIONS :
Au vu des abus dont est victime la population des territoires de
Walungu et
Kabare dans la province du Sud-Kivu et plus spécialement les femmes et
les
jeunes filles, le Réseau des Femmes pour la Défense des Droits et la
Paix,
recommande au :
* gouvernement Congolais :
- De soutenir les efforts de la 10 ème région militaire en l’équipant
en
hommes et matériels militaires et en payant régulièrement la solde des
militaires pour lui permettre de rétablir la sécurité dans nos
villages et
créer les conditions de rétablissement de l’autorité de l’Etat.
- D’aider au cantonnement des militaires brassés dans des sites
appropriés.
- De rétablir urgemment l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du
territoire
par la nomination des administrateurs du territoire, des autorités de
la
police et de sécurité.
* Au conseil de sécurité :
- de mettre en place les mécanismes efficaces pour le rapatriement
rapide et
forcé des milices rwandaises dans leur pays d’origine. La présence de
ces
milices au Congo favorise les infiltrations de L’APR sur le territoire
congolais.
* Aux organisations de la société civile :
- de coaliser pour lutter contre l’impunité des viols
et
violences sexuelles et de
tous les crimes commis pendant les guerres et qui
perdurent en ce jour .
V. CONCLUSION
Ce présent travail, a relevé parmi tant d’autres abus et violations des
droits humains, les viols et pillages portés à la connaissance des
enquêteurs du RFDP lors des descentes effectuées dans différentes
localités
des territoires de Kabare et Walungu. Il a constaté que ces abus et
violations de droits humains sont commis impunément en majorité par les
milices rwandaises et les soldats du RCD malgré le processus de paix
en
République Démocratique du Congo. Le rôle de certains acteurs de
terrain
dans la recherche des solutions à cette situation a été épinglé.
Enfin, il a été fait mention des conséquences multiformes observées non
seulement sur les victimes mais aussi sur la communauté entière,
suivies des
recommandations à l’endroit du gouvernement Congolais, de la communauté
internationale et des acteurs de la société civile.
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