Mahagi: Les bandes armées en Ituri ne désarment pas!
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
DEMOCRATIE ET CIVISME
POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL
DECIDI
« Réseau des Associations pour la Culture Démocratique et Civique »
Statuts notariés à Kinshasa, le 02 juillet 2004, sous le numéro 149-722, Folio 87-93, Volume DCLX
Mahagi: Les bandes armées en Ituri ne désarment pas!
Une dépêche nous parvenue du Territoire frontalier de Mahagi, complétée par des activistes des droits de l'homme en Ituri et relatant la situation politico-sécuritaire et socio-économique de la région, révèle que les bandes armées de l'Ituri, notamment l'UPC (Union des Patriotes Congolais), le FNI (Front Nationaliste et Intégrationniste), les FAPC (Forces Armées du Peuple Congolais), le FPDC (Force Populaire pour la Démocratie au Congo) et le PUSIC (Parti pour l'Unité et la Sauvegarde de l'Intégrité du Congo) ne veulent pas du tout désarmer, mais continuent plutôt à s'armer et à gérer le District de l'Ituri comme à l'époque léopoldienne. La population de cette contrée appelle au secours!
De tous les Districts en République Démocratique du Congo, celui de l'Ituri a la malchance d'avoir des fils et filles qui tuent et pillent chez eux, détruisent tout et se font des roitelets ou princes. Ils créent des partis politiques pour le seul objectif de s'entretuer mutuellement, ethnie contre ethnie. Leurs prêtres et pasteurs n'ont rien de divin, car à côté de leur livre appelé "Bible", ils la machette pour faire entrer la parole de Dieu directement dans les cerveaux crevés.
Le District est constitué de cinq Territoires comme les cinq continents de la Planète Terre. Il y en a qui sont au Nord, d'autres au Sud,d'autres encore au centre, à l'Est et à l'Ouest. Ce sont Aru, Mambasa, Mahagi, Djugu et Irumu. Pour être beaucoup plus précis, voici quelques cas par Territoire:
1) Cas du Territoire de Mahagi:
- L'antenne FM du Mont Aboro de la Radio CANDIP/ISP Bunia a été enlevée par les Ougandais et transportée chez eux;
- Le 10 juin 2003, des personnes ont été tuées à l'intérieur de l'Eglise et du Centre de Santé à Nioka;
- Le Centre de Recherche INERA (Institut national d'Etudes et de Recherche Agronomique) de Nioka et l'entreprise SOCONOKI (Société Commerciale du Nord-Kivu et de l'Ituri) ont été détruits. L'entreprise de coton, CODNOR à Djegu, qui approvisionnait la SOTEXKI à Kisangani a fermé. Le coton produit est aujourd'hui transféré en Ouganda o^une usine de grainage a été créée à Panrombo, à 5 Km de Djegu. Après fermeture de SOCONOKI, le café produit est vendu aux opérateurs économiques ougandais, qui l'achètent à des tarifs imposés par les bandes armées. L'entreprise de café, propriété de Constantin Bitsakis, qui a été totalement pillée, a fermé. La Coopération allemande PACA (GTZ) à Nioka, qui encadrait les paysans cultivateurs de café, a aussi arrêté ses activités;
- Des dizaines d'écoles ont été brûlées, onze Centres de Santé ont été pillés entre décembre 2003 et février 2004 et la Paroisse Catholique de Luma le 06 mars 2004.
Surtout à Djalusene, Mokambo, Nioka, katanga, Rona et Djalasiga, des écoles ont été totalement rasées.
- Les miliciens se font soigner dans les Centres de Santé sans rétribution aucune. Une autre sale habitude des miliciens est de battre sauvagement les personnes qu'ils arrêtent avant de les jeter dans les Centres Médicaux. Après avoir violé des femmes et des filles, les miliciens obligent les Hôpitaux et Centres de santé à les soigner gratuitement et à les prendre totalement en charge.
- Les Services Publics en déliquescence. Les Services de l'Etat ne sont pas tous opérationnels, tels que le Service de Transports et Communications. D'autres Services, tel l'OCC ou les branches du Service des Douanes n'existent plus comme tels: leurs fonctionnaires exécutent les mêmes tâches, mais sur le territoire ougandais. Les finances publiques sont dans des mains privées. Elles n'entrent pas dans les caisses du Trésor Public.
- L'arbre, le sapin est actuellement exploité par des coupes à blanc (systématiquement). La Société Thaïlando-Ougandaise DARA-FOREST exploite ainsi depuis 1998 plus ou moins 40 espèces de bois et exporte le produit via Mombasa au Kenya. Cette fameuse entreprise ne songe nullement au reboisement;
- Etc.
2) Cas du Territoire d'Aru:
- Jérôme Kakwavu, Commandant en Chef des FAPC s'est installé à Ariwara, à quelques Km d'Aru pour superviser la construction de son hôtel et mieux contrôler les ressources de ce centre de négoces. Les populations d'Aru sont saignées à blanc pour supporter les frais de construction;
- Toutes les recettes des Douanes et d'autres Services Publics sont entre les mains des FAPC. Tous les Services étatiques et para-étatiques installés dans le Territoire d'Aru sont paralysés à cause du trafic d'influence des Officiers des FAPC;
- Les FAPC à Aru continuent à recruter des enfants-soldats dont la présence est visible dans leurs rangs, notamment sur l'axe Kusu - Ndama - Ameri - Katanga;
- Entre le 28/2/ et le 03/07/2004, plus de dix camions chargés d'armes sont entrés par Aru en provenance de l'Ouganda et du Soudan. Quelques dates peuvent être énumérées, dont:les 28/02, 06/03, 09/03, 15/05, 16/06, 19/06, 21/06, 24/06, 28/06, 03/07, etc. Les principales armées importées et qui ont été identifiées sont les Licos 705, mortiers 80, lance-roquettes, mortiers 12 tubes et des milliers d'armes légères;
- L'Usine de Tabac, BAT, a été et continue à être saignée à blanc. Tous ceux qui viennent de Kinshasa, de Kisangani ou de Bunia vont s'y abreuver afin que Jérôme conserve son pouvoir dans cette contrée. Les FAPC en ont fait leur grenier et vache à lait. Beaucoup de prélèvements devraient être justifiés plus tard pour ne pas subir la loi des dettes extérieures ou intérieures;
- Plusieurs cas de viols ont été signalés. Sur 14 cas recensés dernièrement, on a cité les noms de Jérôme Kakwavu, Commandant Salumu, soldat Madhira, etc. Plusieurs arrestations arbitraires ont été commises, et même des exécutions sommaires. Dernièrement les miliciens de Jérôme, sur ordre de ce dernier ont arrêté 25 paisibles citoyens de la Collectivité des Kaliko-Omi, les ont déportés vers Ariwara, l'Etat-Major des FAPC, en ont fusillé trois, trois autres ont succombé de suite des tortures et 19 hospitaliés. Pour avoir intervenu en faveur des paysans, qui sont du reste ses sujets, le Chef de Collectivité des Kaliko-Omi, Monsieur Djamba Aloma Auzi allait être tuer par Jérôme. Heureusement qu'il a dû quitter son domicile et vivre en clandestinité jusqu'à ce jour.
Que ce soit les autorités du District ou de la Province, personne ne s'en occupe;
- Etc.
3) Cas des Territoires de Djugu, Irumu, Mambasa et du reste de l'Ituri (y compris la Ville de Bunia)
- Les vols de bétails, les extorsions, les meurtres, les violences sexuelles, les destructions méchantes sont depuis longtemps monnaie courante dans l'ensemble du District de l'Ituri;
- Pas de représentation politique civile effective sur toute l'étendue du District. Les débats d'idées sont quasi inexistants. Il est d'autre part difficile d'imaginer que des projets de société puissent émerger des partis politiques actuellement créés par les bandes armées susmentionnées. De l'avis de tous, il ne s'agit que d'une stratégie visant seulement à obtenir une représentation dans les structures de l'Etat au niveau national;
- la Police n'est pas républicaine, mais subit les ordres des bandes armées. Comme les policiers ne respectent pas la loi, la population ne porte pas à leur connaissance les exactions commises par les miliciens. D'ailleurs eux aussi sont également indexés. Les produits des amendes transactionnelles n'entrent pas dans la caisse du Trésor Public;
- Les problèmes de sécurité aux frontières et la perméabilité de celles-ci avec l'Ouganda et le Soudan commandent l'urgence du déploiement d'une police chargée de la surveillance des frontières pour lutter contre la circulation des armes, le détournement des taxes et rassurer les opérateurs économiques. Il serait souhaitable que les futurs agents d’immigration et les futurs policiers conjuguent leurs efforts pour travailler ensemble. A moyen terme, il faudrait que les Services compétents trouvent un mécanisme de fusion et crée une police d’immigration et de surveillance des frontières en combinant les missions de la DGI et de la PNC :
- Une économie détournée au profit des chefs de guerre et l’Ouganda. La majeure partie des échanges commerciaux a été détournée vers ce pays voisin, l’Ouganda de West-Nile et les caisses publiques ne sont plus approvisionnées. Les produits de la vente des marchandises congolaises ou de celles transitant par les bureaux de douane ne bénéficie plus à la République Démocratique du Congo, mais enrichit, comme nous venons de le dire, les quelques chefs de guerre (bandes armées) et leurs soutiens tant nationaux qu’étrangers. On a ainsi assisté à une recrudescence de l’insécurité, des taxations abusives et au départ des grossistes import/export. Beaucoup se trouvent avec leurs véhicules, bétails et autres biens en Ouganda ou ailleurs, de là ils continuent leurs activités. Ce départ a enrayé les activités économiques en redynamisant les circuits ougandais. Toutes les transactions dans les Territoires frontaliers se font en shilling ougandais. Les grands commerçants sont contraints de payer des avances sur les taxes douanières avant toutes transactions. Ce système est appelé « Préfinancement ». Il (système) démontre que toute la branche financière de la région est sous le contrôle des bandes armées.
Les antennes de l’ACOOPELI (Coopérative d’Encadrement des Eleveurs en Ituri) ont fermé.
L’exploitation des ressources minières a été affectée et profite aux seigneurs de guerre (saigneurs de la population) et aux opérateurs étrangers. Les premiers échantillons de coltan trouvés dans le territoire de Mahagi (plus précisément dans la localité d’Andri) ont été vendus en Ouganda.
La mine d’or de Zani a attiré l’attention des chefs de guerre et est exploitée aujourd’hui en complicité avec certaines autorités de Kinshasa, qui y ont envoyé des missions. Des Compagnies asiatiques seraient intéressées et sont même sur place pour l’exploitation.
Il y a possibilité que l’Ouganda exploite le pétrole du Lac Albert à partir des forages profonds faits du côté Est du lac, c’est-à-dire, du côté ougandais du lac.
L’exportation illicite et sans taxe de l’or, des pointes d’ivoire, des cornes de rhinocéros, des peaux d’okapi, de léopard, de boa et de lion, des caméléons de la forêt équatoriale, des serpents venimeux, des bois de différentes sortes,…
Toutes les bandes armées pillent copieusement tout dans les régions minières. Les mitrailles à cuivre n’y échappent pas. Ces mitrailles (câble électrique sec), sont également est une des sources de financement d’achat d’armes. Il semble même que c’est la matière première pour fabriquer des munitions et la tonne revient à 1000 USD en Ouganda. Ces matières sont vendues principalement aux usines de fabrication d’armes des noms de « Eldoret » au Kenya et « Nakasongolo » en Ouganda.
NB : Une note triste : dans leur course étourdie vers les pouvoirs, les bandes armées ont non seulement traqué et accablé la population, mais aussi assassiné des chefs de collectivité (chefs coutumiers), obligé d’autres à s’exiler et d’autres encore à vivre en clandestinité loin de chez eux. Ce bilan très négatif des bandes armées devraient être sanctionnées par la population lors des élections. Car, trop c’est trop !
Propositions et recommandations
En relevant tout ceci et ce qui ne peut pas être étalé, comme qui dirait : « Je ne dirai que la vérité, mais pas toute la vérité », la population de l’Ituri, à travers celle de Mahagi principalement et qui nous a fait parvenir cette dépêche spéciale qui a été complétée par d’autres Associations, veut attirer l’a ttention des gouvernants et animateurs de la Transition que jusqu’aujourd’hui le District de l’Ituri n’appartient pas à la République Démocratique du Congo, car celles des bandes armées bien identifiées dans ce document continuent à le gérer comme leur propriété privée.
En conséquence, la population propose et recommande au Gouvernement de Transition ce qui suit :
1) De faire disparaître toutes ces bandes armées de l’Ituri, en développant une stratégie pour une sécurisation durable de la région par la facilitation de la formation immédiate et l’équipement de l’Armée nationale opérationnelle et effective sur toute l’étendue du District ;
2) D’assumer ses responsabilités en apportant des réponses précises et sérieuses aux bandes armées et d’accélérer la mise en œuvre du programme DR-C (Désarmement et Réinsertion Communautaires) ;
3) Economiquement, de faire en sorte que la région s’ouvre vers l’intérieur du pays afin de permettre le contrôle des finances publiques et d’assurer la réhabilitation des infrastructures pour que les opérateurs économiques puissent se réinstaller ;
4) A travers les Ministères compétents, de demander à la communauté internationale de financer prioritairement des projets de réhabilitation des infrastructures routières et maritimes, ainsi que des projets garantissant l’accès à l’électricité, à l’eau potable, aux services de santé, à l’éducation et à l’information, la vraie.
5) De convaincre le Rwanda et l’Ouganda à cesser d’instrumentaliser les bandes armées par toute pression à la hauteur des actes posés par ces pays voisins. John Garang du Soudan devra également être dissuadé ;
6) De renforcer et de motiver le Parquet de Grande Instance de l’Ituri à bunia pour arrêter tous les fauteurs des troubles et de les déférer devant le Tribunal. Aussi, de motiver les militaires congolais à prendre leur service en cœur.
7) D’organiser urgemment et impérativement un séminaire à l’intention des autorités territoriales et administratives afin de les intégrer dans la bonne gestion du la chose publique. Pour cela, l’expérience de notre Association, la DECIDI peut être sollicitée.
8) De diligenter un contrôle dans toutes les banques, caisses d’épargne et autres entreprises ou institutions financières, sans oublier les services générateurs des recettes afin de déceler la gestion catastrophique des bandes armées de l’Ituri avant de donner de hautes fonctions à leurs leaders qui n’ont aucun idéal politique, aucun projet de société, aucune stratégie politique.
En conclusion, la DECIDI demande au Gouvernement de Transition d’écouter pour une fois la population qui a trop souffert et qui demande une aide, peut-être pour la dernière fois.
A bientôt.
Pour la DECIDI
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir
Député
Directeur Général
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