SOS pour les Rhinocéros Blancs du Nord du Parc National de la Garamba

SOS pour les Rhinocéros Blancs du Nord du Parc National de la Garamba

Qui sauvera ces bêtes de l’appétit glouton des autorités de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature? En effet, dans nos précédents articles intitutlés, “Ituri: Pour se payer la fin de la guerre, les groupes armés font le braconnage...” du 22 juilet 2004, “ Génocide au Parc National de la Garamba. Auteurs: les Soudanais de SPLA de John Garang et leurs complices Congolais”, du 12 août 2004, et finalement “Lettre ouverte à l’ADG de l’ICCN (Madame Eulalie Bashige Baliruhya): Bradage du Parc National de la Garamba”, nous avions dénoncé la destruction de l’environnement et la menace qui pèse sur les Rhinocéros Blancs de Garamba d’être déloqués pour un pays étranger. Aujourd’hui, cette menace est devenue une réalité, car Madame Bashige en a décidé ainsi.

Etant donné que la situation est grave, et que Madame Eulalie Bashige Baliruhya, ADG de l’ICCN a décidé seule la translocation des Rhinocéros Blancs du Nord du parc National de la Garamba au Kenya dans les prochains jours, nous vous reproduisons in-extenso notre dernier article pour que les responsables de la RD Congo puissent interpeller l’ADG de l’ICCN. Nous confirmons que le Parc National de la Garamba est un patrimoine non seulement congolais, mais aussi mondial. Et en tant que tel, il est une partie du “res publica” congolais. Il serait donc malvenu à l’ICCN d’en décider sans le Parlement, encore moins sans une décision du Conseil des Ministres.

Si aujourd’hui ces bêtes enrichissent le patrimoine touristique kenyan, quelle sera la part de la RD Congo? N’y a-t-il pas eu des gros sous et des espèces sonnantes et trébuchantes qui ont motivé la décision courageuse de l’ADG de l’ICCN? Pourquoi, après voir rendu visite à son Excellence Monsieur le Vice-Président chargé de la Reconstruction, l’ICCN a annoncé la translocation immédiate de ces bêtes? Pour que le peuple le sache, nous tenons Madame Bashige seule responsable de toutes les conséquences qui peuvent découler de cette translocation irrégulière, et voici l’intégralité de notre article dont copies ont été déposées en date du 15 décembre 2004 aux autorités de l’ICCN et au Ministre de l’Environnement, par lequel nous avions attiré l’attention de l’ICCN sur le danger d’une telle mesure:

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
DEMOCRATIE ET CIVISME
POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL
DECIDI

« Réseau des Associations pour la Culture Démocratique et Civique »
Statuts notariés à Kinshasa, le 02 juillet 2004, sous le numéro 149-722, Folio 87-93, Volume DCLX

Lettre ouverte à l’ADG de l’ICCN : Bradage du Parc National de la Garamba

L’Institut Congolais pour la Conservation de la nature (ICCN) par son Administrateur Directeur Général (ADG) est en train d’agir comme un organe irresponsable en proposant au Gouvernement de la Transition, la translocation des Rhinocéros Blancs du Nord et des Girafes du Parc National de la Garamba, dans la Province Orientale au profit, entendez-le bien, des Etats-Unis d’Amérique, et ceci, sans frais.

En effet, ayant participé à une réunion à Naïrobi, au Kenya vers le début de l’année en cours, l’ADG de l’ICCN sera l’auteur d’une option levée, celle de transloquer les Rhinocéros Blancs et les Girafes du Parc National Congolais de la Garamba aux Etats-Unis d’Amérique, sous l’égide, semble-t-il, de l’International Rhino Foundation (IRF). Le motif avancé par la Fondation américaine est que cette espèce est en train d’être exterminée par le braconnage (sic) .
Où a-t-on déjà vu de telles choses dans le monde moderne.

Au cours de la réunion du Comité de Direction élargi à la Délégation Syndicale et aux autres partenaires internationaux du jeudi 09 septembre 2004 ù l’ICCN, il ressort ce qui suit : « Les participants ont examiné la proposition consensuelle de la réunion des partenaires pour la Garamba consistant au déplacement d’un noyau des Rhinocéros Blanc du Nord pour en garantir la pérennité. Au terme des échanges, la majorité s’est inscrite en faveur de la translocation non seulement des Rhinos Blancs, mais aussi des Girafes dont la population est tombée en deçà par rapport à l’effectif de 1983. Cependant, il a été noté que l’Institut présente au Gouvernement ladite proposition, mais aussi prépare un certain nombre des préalables que l’Etat congolais, propriétaire de cette faune, pourrait faire observer à la International Rhino Foundoution (IRF) qui se propose d’effectuer l’opération de la translocation ».

Poursuivant son chemin à vouloir liquider coûte que coûte les Rhinos et Girafes de la Garamba, l’ICCN s’est encore réuni le vendredi 22 octobre 2004 pour traiter du même problème et sous le point 2 de l’ordre du jour, ils ont traité de ceci : « De l’examen de la note technique à l’adresse de Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Environnement en rapport avec le dossier – Translocation Rhino Blanc du Nord -. Pré-requis : la situation plus que préoccupante des effectifs du Rhino Blanc du Nord du Parc National de la Garamba qui ne font que baisser suite à un type de braconnage inédit (d’une trentaine d’individus à près de 15 à ce jour), interpelle le Comité de gestion qui se prononce pour une démarche salvatrice impliquant la translocation hors RD Congo d’un noyau de cette espèce pour sa survie. D’où l’impérieuse nécessité d’informer l’Etat propriétaire pour en décider en conséquence, par le biais de cette note technique de présentation de la situation. Décision du Comité de gestion - Le Comité de gestion, après examen, débats, amendements et adoption, a décidé de la transmission de ladite note technique à Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Environnement pour sensibilisation du Gouvernement de la République et mesures urgentes à prendre - ».

Au vu de tout ce qui précède, notre Association la DECIDI constate qu’il y a une volonté manifeste et délibérée de l’ICCN à brader le patrimoine mondial du Parc de la Garamba. Qui peut ne pas se souvenir de nos objets d’art transférés en Belgique à l’époque coloniale, parce que c’était des objets maléfiques et qu’il fallait les brûler ? Aussi, le feu Maréchal Mobutu n’a-t-il pas été trompé de transloquer les okapis d’Epulu parce qu’ils étaient menacés. Curieusement, on lui donnera par okapi, huit vaches de race européenne. Et, ni les okapis, ni les vaches ne se sont acclimatées dans leur nouveau pays, et tous avaient succombé. Quelle blague encore au 21ème siècle ?

Pour la DECIDI , il y a légèreté dans le traitement de ce dossier de la part des responsables de l’ICCN. Au moment où l’ICCN et ses partenaires extérieurs ne peuvent même pas prouver la bonne utilisation des moyens mis à leur disposition, ou qu’ils avaient un réseau bien organisé d’information pour soutenir la surveillance au Parc, et que les communautés locales de base étaient intégrées dans le processus de la conservation, la décision de translocation tombe , à notre avis, comme une pluie dans le désert. Tout homme averti peut conclure que la mauvaise gestion de ce Parc a été faite sciemment en vue d’aboutir au résultat décrit ci-dessus.

Ayant comme l’un des objectifs la protection du patrimoine de l’Erat congolais, la DECIDI demande ce qui suit :

1) Que rien ne soit décidé au niveau du Gouvernement de la Transition dans le sens de la translocation des Rhino et Girafes du Parc de la Garamba avant que les parlementaires de la Province Orientale et la population environnante ne se soient prononcés ;
2) Qu’au cas où cette décision était prise en l’encontre du point 1 ci-dessus, le Gouvernement sera seul responsable de tout ce qui peut arriver ;
3) Que les Députés et Sénateurs de la Province Orientale se concertent d’urgence et voient le Ministre de l’Environnement pour qu’il n’émette pas un avis favorable à ce dossier, du reste qui n’honore pas la République.

D’ores et déjà, les autorités doivent savoir qu’aucun Rhino Blanc ne quittera le Parc de la Garamba dans le cadre de ce programme honteux sans que la population ne soit encore une fois tuée inutilement. Elle se défendra par tous les moyens.

Copies de cette lettre ouverte seront remises aux Honorables Présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale, à leurs Excellences Messieurs les Ministres de l’Environnement, de la Justice, ainsi qu’à tous les parlementaires de la Province Orientale.

Tout en prodiguant des sages conseils pour la bonne gestion de nos patrimoines, la DECIDI salue tous les hommes de bonne volonté et demande au peuple congolais d’être vigilant. Nos révérences à toutes les autorités qui nous liront.

Pour la DECIDI

Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir
Député et Directeur Général

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