RD Congo, Angola : Phénomène "Bana-Lunda «
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
DEMOCRATIE ET CIVISME
POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL
DECIDI
« Réseau des Associations pour la Culture Démocratique et Civique »
Statuts notariés à Kinshasa, le 02 juillet 2004, sous le numéro 149-722, Folio 87-93, Volume DCLX
Autorisation Provisoire de Fonctionnement N° 023/CAB/MDH/KNT/NM008/2004, du 29 novembre 2004
RD Congo, Angola : Phénomène "Bana-Lunda «
Dernièrement l'Angola avait chassé plusieurs Congolais résidant irrégulièrement sur son sol ou travaillant clandestinement dans ce pays. Ces compatriotes, en majorité de la Province frontalière de Bandundu sont rentrés au pays, pour la plupart, sans effets personnels, sans argent, donc démunis de tout. D'autres ont même péri dans des combats contre la Police et l'Armée Angolaises qui les avaient expulsés. Connu sous le Phénomène Bana-Lunda, la DECIDI a approché certaines personnes de cette Province pour en savoir plus.
Le Lunda, considéré comme Nouvel Eldorado par les habitants de Bandundu, est une riche localité située en Angola entre 600 et 1000 Km de Kikwit, où ils pouvaient exploiter d'une façon artisanale, diamant et autres minerais en vue de résoudre certains de leurs problèmes auxquels ils ne pouvaient trouver solution localement, tels que : chômage, logement, dot pour le mariage, scolarisation des enfants, autres charges familiales.
Plusieurs facteurs internes en République Démocratique du Congo avaient poussé ces compatriotes à s’exiler et à aller accepter n’importe quel job, même si on pouvait le trouver sur place. Parmi ces motifs obligeants, on peut en citer quelques-uns, qui sont :
- La rébellion muléliste de 1963-1965 et la faillite des Plantations Lever au Kwilu, avec comme conséquences, augmentation du nombre des chômeurs dans la région ;
- Les mesures de zaïrinisation de 1973 ; d’assainissement de 1983, de démonétisation de 1979 et de 1995 ;
- Les effets SECOPEP (Services de Contrôle de la Paie des Enseignants en Province) ;
- Les pillages de septembre 1991 et de janvier 1993 ;
- Les mesures de libéralisation des matières premières de 1982 ;
- La taille de la famille suivie de leurs enfants ;
- Les échecs scolaires et le paiement d’un maigre salaire de la Fonction Publique ;
- Et enfin, les facilités politiques à l’époque entre le Gouvernement de la rébellion angolaise et celui de la 2ème République au Zaïre, aussi cette guerre-là, se déroulait au grand bénéficie des pêcheurs en eau trouble.
Selon une enquête menée par le Chef des Travaux Jacques SIMA en 2001, les personnes qui se rendaient au Lunda, en Angola, étaient de toutes catégories . Il y avait des élèves, des étudiants, des chômeurs, des agents de l’Etat, des pasteurs, des chasseurs, des tireurs de vin, des pousse-pousseurs, des vendeurs, des joueurs, des cireurs des souliers, des chauffeurs, des cultivateurs, des infirmiers, des briquetiers, des bouchers, des commerçants, des forgerons, des coiffeurs, des taximen, des couturiers, des mécaniciens, musiciens, des photographes, des travailleurs ; des boulangers, …
A travers cette longue liste et multidisciplinaire de la catégorisation des personnes, nous pouvons nous rendre compte du travail que ces Congolais sont capables de faire en Angola. Si certains métiers précis y peuvent être exercés (photographes, infirmiers, …), d’autres catégories des personnes (élèves, étudiants,…), ne peuvent être utilisés que dans l’exploitation de diamant de la guerre ou du sang, comme militaires dans l’Armée de Savimbi de l’époque et ainsi de suite.
A la fin du règne de Kinshasa (de Mobutu), suivi de la mort de Savimi en Angola, et de la fin des hostilités dans ce pays voisin, il était normal que les autorités angolaises, voulant mettre de l’ordre dans leur Etat-Nation, commencent par balayer tout ce qui est sale. Et dans la composition de cette ordure, se trouvaient des Congolais irréguliers, considérés comme qui dirait, « qui veut noyer son chien, l’accuse de rage ».
Mais, quelles étaient les incidences (positives et négatives) pour le Bandundu ?
Se basant encore sur l’enquête dont question ci-dessus, le phénomène Bana-Lunda a remporté jusqu’à 2001, environ 2 millions usd comme investissements, qu’on peut classer ainsi : immeubles : 500.000 usd, capital commercial : 500.000 usd, matériels roulants : 500.000 usd, biens domestiques 400.000 usd et dépenses fiscales : 150.000 usd.
Dans la série des points positifs, on peut encore citer l’exode urbain. Attirée par les aventures du diamant, une partie de la population a abandonné momentanément ou définitivement la ville, l’acquisition ou la conquête du pouvoir sociologique et social était effective.
Négativement, le phénomène Bana-Lunda a occasionné la déstabilisation de certains foyers, le prosélytisme, la prostitution, la délinquance avec ses conséquences comme les avortements, les maladies sexuellement transmissibles, dont le SIDA, la crise de l’éducation, l’abandon de la jeunesse à son propre sort et à son exposition à des pratiques, telles que la pornographie, la drogue, l’escroquerie, le mensonge.
L’exemple de Bana-Lunda de Bandundu n’est pas unique. Partout dans nos frontières avec certains pays voisins, les Congolais ont tendance à s’exiler pour y aller travailler, peut-être parce que là les salaires sont plus avantageux qu’en RD Congo.
Après l’expulsion des Congolais de l’Angola, ceux de l’Ouganda étaient également jetés dans la rue dans les Territoires d’Aru, Mahagi, Djugu, Irumu et Mambasa, en Ituri, dans la Province Orientale. Et chaque fois, la réaction des autorités de la RD Congo a été soit timide, soit en retard ou même insignifiante, parfois nulle.
Pour la DECIDI, la situation qui prévaut en République Démocratique du Congo ne permet pas de protéger les compatriotes Congolais, où qu’ils se trouvent. Espérons que la Nouvelle Constitution de la Troisième République s’y penchera très en détail. Le débat étant ouvert, vos suggestions sont attendues aux adresses ci-dessous.
Fait à Kinshasa, le 23 avril 2005
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir
Député et Directeur général
Adresse :
Siège social : Av. des Constructions n° 48bis, Q/Kauka I, C/Kalamu, Kinshasa / RD Congo
tél : 98 910 874 B.P. 1376 Kinshasa 1 RD Congo
e.mail : democratieetcivisme@hotmail.com bhamichel@yahoo.fr
Sites internet : http://www.societecivile.cd/membre/decidi
http://www.societecivile.cd
