Rentrée scolaire sur fond de crise

Réunis en assemblée générale par le Syndicat des enseignants du Congo «Syeco», les enseignants du secteur public de l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel (Epsp) ont analysé, sans aucune complaisance et avec une pointe d'amertume facilement perceptible dans la voix, leurs difficiles conditions socio-professionnelles.
Cette rencontre a eu lieu le samedi 20 août 2005, dans la grande salle de réunions de la paroisse catholique Saint Alphonse, à Matete. Pour les dirigeants de Syeco, le moment choisi traduit bien leur souci: celui de garantir une bonne rentrée scolaire 2005-2006 aussi bien pour les élèves que pour les enseignants.
C'est ainsi que le secrétaire général de Syeco, Jean-Pierre Kimbuya, n'a pas oublié de préciser que cette bonne rentrée scolaire dépend de leur employeur qui n'est autre que le gouvernement de la Transition. Après des débats très animés, l'assemblée générale a exigé de ce gouvernement deux préalables à remplir au plus tard avant le 31 août 2005: d'abord le paiement des salaires du mois de juillet 2005 et l'application sans faille du 3ème palier des accords de Mbudi, allouant 208 dollars américains au huissier et 2080 dollars au secrétaire général de l'Administration publique à la paie du mois d'août 2005; ensuite la transposition des grades des enseignants et personnel de l'Epsp, non encore concrétisée à ce jour. Cette transposition de grade fera que l'enseignant sera officiellement engagé comme tout autre fonctionnaire et mettra fin au statut de «journalier» dans lequel l'enseignant congolais travaille depuis que le système «Secope» a été mis en place pour le payer.
Le réseau catholique interpellé
Pendant le débat, certains enseignants ont souhaité que certains syndicats aussi bien du secteur conventionné que non conventionné qui ont l'habitude de torpiller les grèves des enseignants pour des raisons individuelles puissent s'aligner sur la noble cause que Syeco défend et qui vise l'amélioration des conditions sociales et professionnelles des enseignants en RD Congo. A ce sujet, le mauvais exemple donné lors de la grève de février 2005 par le réseau des écoles catholiques a été évoqué, de même que l'exemple des écoles protestantes qui ont refusé le débrayage à cause des primes de prise en charge des enseignants par les parents.
Le souhait de l'assemblée est qu'il y ait une meilleure coordination des actions à la rentrée scolaire au niveau de tous les réseaux publics de l'Epsp pour garantir la réussite. En outre, les participants ont invité les enseignants à rester vigilants pour que le mauvais système de la prise en charge des enseignants par les parents ne revienne pas sous d'autres formes, telles qu'un sac de ciment réclamé aux élèves par la direction ou des frais exorbitants pour la location des livres à l'école.
Toutefois, dans la déclaration finale de cette assemblée, lue par J.P. Kimbuya, le Syeco a salué la décision du gouvernement consistant à supprimer la prise en charge des enseignants par les parents d'élèves, mesure qu'il a qualifiée de salutaire pour toute la population congolaise. Il a souhaité que la même suppression intervienne également à l'Enseignement supérieur et universitaire.
Allocation des frais de fonctionnement: bonne mais insuffisante Examinant l'allocation des frais de fonctionnement que vient de donner le Secope à chaque chef d'établissement de l'Epsp - soit 87.600 fc par école et par trimestre - la déclaration du Syeco note que cette allocation est bien accueillie mais elle devra tenir compte des besoins réels de chaque école pour une éducation publique de qualité en faveur de tous les jeunes congolais.
Le Phare (Kinshasa)
Publié sur le web le 22 Août 2005
Sakaz