LES CRITERES POUR UN BON CHOIX D’UN CANDIDAT( A l’intention des mobilisateurs des jeunes à l’éducation électorale)
1.INTRODUCTION
En consultant l’historique des élections dans notre pays, nous avons noté que les élections ont été organisées respectivement en 1957, 1960, 1964, 1965, 1967, 1970, 1975, 1977, 1982, 1984, et 1987.
Les élections organisées en 1957 par le pouvoir colonial étaient libres et transparentes. Ces élections communales furent organisées dans les grandes villes telles que Léopoldville (Kinshasa), ElisabethVille ( Lubumbashi), Stanleyville (Kisangani) et Jadotville (Likasi).
Contrairement aux élections de 1957, celles de Mai et Juin 1960 furent organisées sur l’ensemble du territoire national et dans un contexte du multipartisme intégral. ( 40 partis politiques inscrits). Suite à l’analphabétisme, l’immaturité politique et la prédominance des tendances ethniques, ces élections ont connu un climat d’animosité et d’accrochages.
Après la référendum constitutionnel de 1964 et les élections générales d’Avril et Mai 1965, la RDC a connu des formes d’élections qui n’ont rien de concurrentiel, de libre et de démocratique. Pour tout dire, le peuple n’a plus utilisé son droit de vote pour le choix des dirigeants politiques.
Après quinze ans de transition politique ( 1990-2005), le peuple congolais aura à utiliser sa qualité de souverain primaire choisir pour les dirigeants politiques à tous les niveaux. Le présent module a été conçu à cette fin pour informer et éveiller la conscience des communautés de base sur les critères objectifs de choix d’un bon candidat.
A la fin de la formation, le participant sera capable de (d’) :
-Animer la dynamique à la base sur l’importance du vote démocratique du peuple
-Sensibiliser les communautés de base sur les critères objectifs d’un bon candidat.
2.OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
A la fin de la formation, le participant sera capable de (d’) :
-Animer la dynamique à la base sur l’importance du vote démocratique du peuple
-Sensibiliser les communautés de base sur les critères objectifs d’un bon candidat.
3.METHODOLOGIE
-Exposé du formateur puissant dans le vécu des participants et en rapport avec la situation du pays et les revendications locales et nationales
-Questions aux participants : dire ce qu’ils connaissent sur les critères de choix pour stimuler la réflexion
-Se référer, chaque fois, à la situation du pays : demander aux participants de réagir sur les critères dégagés, par rapport à ce qui se passe dans le pays
-Après exposé ( court de préférence) ou pendant celui-ci répondre aux questions des participants.
4.MATERIEL DE FORMATION
-Un tableau noir, avec vraies
-Affiches, préalablement préparées
-Un tableau ZOPP, avec fiches de différentes couleurs
-Des pièces de théâtre peuvent susciter des débats.
5.DEVELOPPEMENT DU MODULE DE FORMATION
5.1.Définition des concepts
Par tour de table, chaque participant est appelé à définir les concepts suivants : critère, bon, choix et candidat.
Pour moi ;
-Critère, c’est ce qui sert de base à un jugement, à une appréciation
-Bon, c’est ce qui a les qualités utiles qu’on attend
-Choix, c’est l’action de choisir, décision par laquelle on donne la préférence à une chose. Choisir, c’est se décider entre deux ou plusieurs partis ou solutions
-Candidat, c’est une personne qui postule une place, un poste, un titre.
5.2.Critères de choix
Le choix des dirigeants ou des animateurs politiques par le peuple doit s’opérer selon la conscience. Cette dernière est la voie intérieure qui nous enjoint, au moment opportun, d’accomplir le bien et d’éviter le mal.
Avant de parler des critères, arrêtons nous un instant pour faire rétrospective sur le choix des dirigeants politiques dans notre pays.
5.2.1.Rétrospective sur les choix des dirigeants dans notre pays
Pour cette rétrospective, nous aurons à considérer ici les deux périodes suivantes : deuxième République et le transition politique en cours.
5.2.1.1.Pendant la deuxième République
Pendant la deuxième République, les dirigeants politiques étaient choisis en tenant compte de leur militantisme et de leurs alliances avec les personnes influentes dans la sphère du pouvoir politique au sommet de l’Etat. Le clientélisme politique était la règle d’or.
Après les élections législatives de 1977, élections ayant amené un groupe de parlementaires a écrit une lettre au Chef de l’Etat pour mettre les doigts sur les déviations, le Parti-Etat avait pris les dispositions pour la sélection préalable des candidats avant le vote proprement-dit par le peuple. Le vote de ce dernier était subordonné par la nature des cadeaux reçus des candidats.
5.2.1.2.Pendant la transition politique en cours
Pendant cette transition politique en cours, les animateurs politiques sont désignés par les composantes et entités au dialogue inter-congolais. Cette pratique de désignation est basé sur le clientélisme politique.
5.2.2.Critères de choix
Les conditions posées dans 1 Timothée 3 : 2-10 et Deuteronne 17 : 14-20 pour choisir les diacres et le Roi, nous serviront de point de départ. Les saintes écritures recommandent que :
-La fonction de diacre ou ancien dans une église soit confiée à une personne irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, modérée, réglée dans sa conduite. Il ne doit pas être un nouveau converti. (1 Timothée 3 :2-10)
-« …je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m’entourent, tu mettras sur toi un Roi que choisira l’Eternel, ton Dieu, tu prendras un Roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger … » (Deuteronne 17 :14-20)
En faisant une analyse logique de ces deux passages bibliques, nous constatons qu’il est évoqué les critères sur le savoir, l’expérience et la morale. Avec la participation des participants, le Formateur est invité à faire un commentaire sur chaque mot contenu dans une phrase.
5.2.2.1.Profil de dirigeants
En 1997, les Evêques catholiques avaient tracé le profil de dirigeants pour notre société. Ce profil peut guider le vote de nos communautés de base. Il s’agit de :
-Dirigeants qui aiment notre peuple et s’occupent avant tout des intérêts de la nation et du bien-être de notre peuple
-Sens patriotique élevé
-Compétents
-Honnêtes
-Dirigeants nouveaux ( esprit de vérité et de dialogue sincère)
-Dirigeants pacifiques qui privilégient les négociations à la guerre.
5.2.2.2.Qualités d’un bon électeur
Après ce profil des dirigeants, nous allons parler des qualités à remplir par le bon électeur. A ce sujet précis, le formateur est invité à engager un débat attrayant avec les participants en vue de faire un commentaire sur les tenants et les aboutissants des qualités d’un bon électeur.
Toutes proportions bien gardées, un bon électeur doit avoir des qualités suivantes :
1.Homme libre de son ethnie, de sa famille, de son entourage, même de son parti politique
2.Intègre, ne trahissant pas son idéal ou son pays
3.Educateur de son entourage sur les vrais enjeux électoraux
4.incorruptible, qui ne vend pas son choix au plus offrant.
5.2.2.3.Critères
Pour opérer le bon choix des dirigeants politiques lors des élections, le bon électeur doit tenir compte des critères suivants :
1.Son savoir ou son instruction par rapport au poste de responsabilité
2.Son savoir faire ou son expérience dans la conduite des affaires, des hommes, de la famille, …. ( L’expérience antérieure est nécessaire pour tout candidat).
3.Son savoir être ou ses qualités morales (qui prend le pouvoir par la corruption, le gardera par davantage de corruption, il en est de même pour celui qui le prend par le mensonge ou la force).
5.3.Obstacles au choix d’un bon candidat
Les obstacles majeurs au choix d’un bon candidat peuvent être catégorisés de la manière suivante :
-Obstacles d’ordre politique : insuffisance de culture politiques et fraudes électorales
-Obstacles d’ordre économique : pauvreté
-Obstacles d’ordre culturel : analphabétisme et tribalisme.
5.4.Actions possibles à mener
Face à ces obstacles, les actions suivantes peuvent être menées par les mobilisateurs des jeunes à l’éducation électorale à la base. Il s’agit de :
-Utilisation de la boite à image pour l’éducation électorale des analphabètes
-Exigence d’un plan complet et détaillé pour un monde meilleur par les communautés de base, à chaque candidat à un poste politique au niveau local, provincial et national.
-Exigence d’un engagement écrit à chaque candidat sur la réalisation de son plan, une fois élu.
6.CONCLUSION
Après les élections de 1960 jusqu’à ce jour, la République Démocratique du Congo se trouve dans une situation de crise de légitimité au motif que les élections démocratiques, libres et transparentes n’ont jamais été organisées. Cette situation a conduit à l’auto proclamation des dirigeants politiques dans notre pays avec comme conséquence la privation au peuple de son droit de se choisir ses dirigeants.
Les conséquences de cet état des choses, a été mieux rendu dans notre hymne national ( Débout congolais), hymne dans lequel nous chantons « …dressons nos fronts longtemps courbés et pour de bon prenons le plus bel élan… » Avec l’organisation des élections dans notre pays, l’heure a sonné pour amener les jeunes à redresser leurs fronts courbés en votant utile les personnes crédibles et soucieuses de la satisfaction des besoins de la patrie et de faire de notre pays, la locomotive du développement et de la paix pour les pays de l’Afrique Centrale.
Pour faire ce bon choix, nous vous invitons à ne pas aller chercher loin des hypothétiques ‘’ sauveurs du peuple’’. Prenez en main votre propre destinée et regardez autour de vous, dans vos rues, vos villages, vos quartiers, vos groupements, vos secteurs, vos communes/territoires, vos villes, vos districts et vos provinces, les personnes que vous connaissez pour leur compétence et leur sens du bien commun et choisissez-les.
Méfiez-vous des pêcheurs des voix dont vous ignorez le passé, car leurs discours démagogiques cachent très souvent une nature égocentrique et une compétence douteuse. Ne vous faites pas de nouveau avoir par ceux-là mêmes qui ont contribué en tant que prédateurs à détruire l’économie du pays, se sont enrichis sur votre dos et vous ont ravalés au rang de sous – hommes. Comme dit un autre proverbe tiré de la sagesse de nos ancêtres, ‘’ on ne met la main qu’une seule fois dans la besace de l’idiot’’. Inspirez –vous à cet effet de l’exemple de nos mamans qui, en cas d’absence, ne laissent la clé du garde-manger qu’à ceux de leurs enfants connus pour leur sens de l’intérêt général et qui ne feront donc pas mourir leurs frères et sœurs de faim au profit de quelques délinquants du quartier.
Abstenez-vous surtout de donner vos voix aux corrupteurs de tous genres spécialistes de la politique des dons. Sachez que des dons auront été financés essentiellement avec l’argent volé à l’Etat et donc à vous-mêmes. Demandez-leur pourquoi leur soudaine générosité ne se manifeste qu’à l’approche des échéances électorales et si leurs dons pourront résoudre tous les problèmes auxquelles vous devez faire face chaque jour. Sachez aussi qu’en acceptant leurs dons, votre comportement n’est en rien différent de celui d’Esaü qui vendit et perdit son droit d’aînesse au profit de son jeune frère Jacob juste pour un plat de nourriture.
