IMPLICATION DE LA JEUNESSE CONGOLAISE DANS LE PROCESSUS ELECTORAL AU CONGO-KINSHASA

Une jeunesse bien informée étant à la base des grands changements dans l’histoire des empires et des nations modernes, la CONAJECO (Consultation Collective Nationale des ONG de Jeunesse du Congo) voudrait par cet article, contribuer au renforcement de la capacité de perception et d’analyse objective des enjeux électoraux par la jeunesse au Congo-Kinshasa.
Compte tenu du poids démographique que représente la jeunesse dans notre au Congo-Kinshasa, il est indispensable de faire des jeunes des véritables apôtres et partisans des élections libres, démocratiques et transparentes pour la naissance d’un véritable Etat de droit.
Pour de raisons commodités pédagogiques, après l’introduction, nous allons parler de la nécessité de la construction d’une société civile d’en bas et du rôle citoyen à jouer par la jeunesse dans le processus électoral. Une conclusion est prévue et clôturera notre exposé.
1.INTRODUCTION
Après 80 ans la colonisation, 32 ans de dictature perfectionnée de MOBUTU et 15 ans de transition à tendance dictatoriale, le constat d’abandon et d’exploitation de la jeunesse au Congo-Kinshasa a été établi par tous les observateurs avertis. Les animateurs politiques ont échoué en matière d’encadrement de la jeunesse et, ont inculpé à cette manière, la mentalité de loisirs et non de développement. Cette mentalité a bloqué davantage la jeunesse dans l’état de la pauvreté.
Suite à cette pauvreté, les jeunes sont placés dans une situation de reproduction les mécanismes de la pauvreté intergénérationnelle : mentalité forcée, flatterie, garçons de courses etc. Ces mécanismes de reproduction de la pauvreté ont pour conséquence la fragilisation des jeunes des pauvres issus des familles pauvres dans leurs rapports de force avec les jeunes issus des familles des dirigeants politiques. Point n’est besoin d’évoquer ici, l’entrée dans la scène politique actuelle au Congo-Kinshasa par les enfants des anciens dignitaires de la République.
Notre pays traverse une crise de légitimité politique depuis 1980 jusqu’à ce jour suite à la non-organisation des élections libres et démocratiques. Nos dirigeants politiques parlent toujours de l’organisations des élections dans le délai constitutionnel et leurs actes posés au quotidien est en inadéquation avec leurs discours. Depuis le discours de 24 avril 1990 jusqu’à ce jour, notre classe politique a démontré ses insuffisances et ses limites dans l’organisation des élections. Les scénarios sont toujours montés pour la prolongation de la transition.
Les élections constituant dans tout pays moderne, un moyen d’alternance politique démocratique. Les jeunes congolais doivent s’impliquer totalement dans le processus électoral en cours et leur rôle citoyen doit être exercé pendant et après ce processus électoral.
Avant de parler de ce rôle citoyen à jouer par les jeunes, il est nécessaire de parler de la structure d’accompagnement et de canalisation des aspirations des jeunes.
2.DE LA NECESSITE DE LA CONSTRUCTION D’UNE SOCIETE CIVILE D’EN BAS
La Société civile est un ensemble de pouvoirs organisés (Syndicats, Associations, Eglise, …) qui agissent comme des contre-pouvoir pour limiter celui de l’Etat.
L’une des caractéristiques fondamentales de tout système démocratique, c’est l’existence de la société civile. Partout où elle existe et elle est dynamique, la société civile constitue un instrument que les citoyens utilisant d’une double manière. Il s’agit notamment le résoudre par le biais de l’association certains problèmes qu’ils rencontrent collectivement. Il s’agit également de faire entendre leur voix, d’amener les instances politiques et administration, voire de cas forcer à prendre en considération les intérêts des groupes concernés dans l’élaboration des politiques publiques, la prise des décisions économiques et l’élaboration de la politique sociale.
Si la société civile constitue un instrument déterminant dans l’exercice des libertés fondamentales au sein de formations sociales démocratiques, un instrument de stabilité et même de contrepoids au pouvoir et à la suprématie des acteurs économiques classiques, dans les pays en voie de développement, elle apparaît surtout comme la planche de salut sans laquelle une large position de la population demeurerait en marge du jeu politique, en marge de l’activité économique et en marge de la réparation équitable du revenu et de l’amélioration de lieu bien être matériel.
L’importance de la société civile dans le développement économique et l’épanouissement de la démocratie au Congo-Kinshasa, ne plus à démonter. En effet, face à la conjoncture nationale incertaine, face même à la perte de la souveraineté nationale et à la considération de notre pays comme une sorte de non-état aux lendemains incertains, bref, face à la démission caractérisée de l’Etat à l’égard de ses responsabilités et à l’intrusion profonde et prolongée de la spéculation dans le système économique congolais, la société civile demeure le dernier rempart auquel le peuple se confie et se fie.
Ceci étant, il convient de s’arrêter un moment pour s’interroger sur la capacité réelle et potentielle de la société civile congolaise de relever les défis qui sont actuellement placés en elle. De la Conférence Nationale Souveraine aux travaux du Dialogue Politique intercongolais en Afrique du Sud en 2002, la société civile congolaise a démontré son faible d’organisation et de communion avec les Communauté de base.
Nous aurons aujourd’hui une société civile divisée ayant des intérêts divergents : la société civile pro-pouvoir, la société civile pro-ex rébellions, la société civile pro-opposition modéré et la société civile pro-opposition radicale. Cette situation a eu pour conséquence logique, la constitution des animateurs de la société civile en vue d’obtenir les postes de responsabilité dans la gestion de la transition. Ce primat des intérêts personnels des animateurs a coupé le pont. Il y a maintenant la société civile d’en haut et d’en bas.
Dans le cadre du développement participatif local, la société civile d’en bas est restée proche de communautés de base. Elle contribue avec le moyen de bord à la résolution de problèmes assaillant les communautés de base par le micro-réalisations : lutte anti-érosive biologique, cours d’alphabétisation, activités génératrices des revenus, etc. Les organisations de jeunesse au Congo-Kinshasa doivent davantage s’organiser en unités de services et de production en vue d’avoir un ancrage sociétal dans cette nouvelle dynamique.
Avec la société civile d’en bas, véritable laboratoire de propositions et d’actions citoyens, il est possible d’avoir un changement de culture politique à la base. Les communautés de base unies et soudées par rapport à leurs problèmes sociaux communs sont difficilement manipulables par les opérateurs politiques.
3.DU ROLE CITOYEN DES JEUNES DANS LE PROCESSUS
ELECTORAL
La vrai démocratie, a écrit la fondation allemande Friedrich Naumann dans sa revue ‘’la liberté par imagination en 1992, a besoin des citoyens qui s’engagent en toute conscience pour leur propre liberté.
Le cas de l’Argentine est édifiant à ce sujet. En Argentine, tout commence véritablement en 1983, année où les Argentins ont montré leur nette volonté de revenir à un Régime démocratique, après sept ans de dictature militaire et plusieurs décennies d’instabilité.
En effet en 1976, la junte militaire avait poussé la violence à son extrême en emprisonnant et en assassinant les leaders de la gauche surtout marxiste et le mouvement péroniste. On comptait des milliers de morts et de ‘’disparus’’. Les parents de ces derniers, essentiellement leurs mères et leurs femmes appelées ‘’les folles de la place de mai’’, réclamaient justice chaque semaine. Le sentiment antimilitariste va donc gagner presque toute la société Argentine et jouer ainsi un rôle essentiel dans le changement de la culture politique des Argentine. C’est ce mouvement qui porte au pouvoir, le 10 décembre 1983, par la voie des urnes, Monsieur RAUL ALFONSIN et marque le début de l’ère de la démocratie.
A l’instar de cette détermination du peuple Argentin, la jeunesse au Congo-Kinshasa est appelée à devenir partisans des élections libres, transparentes et démocratiques. Elle doit réclamer de manière pacifique l’organisation de ces élections dans le délai constitutionnel prévu par l’accord global et inclusif et la constitution de transition. En plus de cette réclamation, elle régulièrement s’informer sur l’évolution du processus électoral pour bien faire le contrôle du monitoring des opérations pré-électorales et électorales par rapport aux objectifs fixés et résultats attendus. Elle doit enfin, jouer le rôle d’instructrice sur les enjeux électoraux pour le choix des hommes des changements par les communautés de base.
4.CONCLUSION
Les élections sont un moment important. Il faut bien se préparer pour tenir tête haute pendant ce moment. Il y a lieu d’exploiter ces principes afin de maîtriser les données des élections en vue de servir de promotion à la culture électorale et démocratique des citoyens. Les élections font partie des piliers de la démocratie et contribuent au respect des droits de l’homme.
L’implication de la jeunesse congolaise dans le processus électoral est un grand défi à relever par tous les animateurs de la société civile d’en bas. Cette implication permettra à la jeunesse de peser de tout son poids démographique dans la naissance d’un véritable Etat de droit par le choix des hommes de changement soucieux du bien-être de tous et de l’épanouissement des jeunes.
Les organisations de jeunesse quelles que soient leurs tailles, doivent jouer le rôle d’une lampe placée dans les ténèbres pour sensibiliser les jeunes sur l’importance des élections et le vote utile des futurs dirigeants politiques de la troisième République.
Contact : CONAJECO asbl, Email : conajeco@cooperation.net,
B.P. 3.584 Kinshasa/Gombe, Congo-Kinshasa.
Par Marcel TSHIBOLA
Secrétaire Exécutif National de la CONAJECO asbl
Tél : 00243/99 3 55 77