L’Abattoir Industriel de Bunia n’est plus !

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO DEMOCRATIE ET CIVISME POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL DECIDI
« Réseau des Associations pour la Culture Démocratique et Civique » Personnalité Juridique accordée par l’Arrêté Ministériel N° 841/CAB/MIN/J/2005 du 15 août 2005, de Son Excellence le Bâtonnier Honorius Kisimba Ngoy, Ministre de la Justice.

L’Abattoir Industriel de Bunia n’est plus !

Construit vers les années 1946 par le Gouvernement belge de l’époque coloniale, et modernisé en 1974 par la Coopération canadienne, l’Abattoir Industriel de Bunia d’une capacité initiale d’abattage journalier de 100 vaches n’est devenu qu’une des ruines que compte l’Ituri après des années de guerres fratricides, ethniques et sauvages. Avec l’accord du Gouvernement congolais, la Coopération canadienne avait initié un stage de six mois au Canada en faveur de trois responsables de l’ACOOPELI, dont le Chef Kawa Muzora Mugisa Amoti et le Chef Keleya Avo Oka Etsedre, respectivement pour le Territoire d’Irumu et d’Aru.

Au départ l’Abattoir était géré par l’OPAS (Office des Produits Agricoles de Stanleyville) auquel succéda l’OPAEK (Office des Produits Agricoles et Elevage du Kivu). Comme c’était juteux, plusieurs offices et autres vont se disputer la succession, non pas pour bien gérer, mais pris en titre de biens mal acquis, leurs familles les gérer comme leurs propres poches. C’est ainsi que l’ONDE (Office National de Développement d’Elevage) va se voir attribuer l’Abattoir pour gestion. Ce ne fut pas pour longtemps, et sous l’ONC (Office National de Café), la maison Otmaber (belle maison en langue alur) de Zamundu se verra confier la gestion de cet édifice.
Après des gestions chaotiques et intéressées, cet Etablissement sera presque liquidé d’abord, puis modernisé et mis à la disposition de l’ACOOPELI (Association Coopérative des Eleveurs de l’Ituri) pour gestion jusqu’à sa destruction totale et méchante par les rébellions et autres inciviques du District de l’Ituri.
Si on l’appelle « Abattoir Industriel », c’est à cause de ses matériels modernes et de l’abondance des matières premières dans la région, nous avons cité des vaches, porcs, moutons, chèvres… Aussi, ses six compartiments de chambre froide pouvaient contenir jusqu’à 200 to de viande, appelée « Bunia Viande » à la belle époque. Plus loin, nous avions affirmé que la capacité d’abattage était de 100 vaches par jour, sans compter d’autres bêtes qu’on peut également abattre au même moment, mais dans d’autres lieux.
Pour les vaches, l’opération se divise en deux parties. Il y en a des ante mortem , cest-à-dire avant la mort et post mortem, après la mort de la bête. Les opérations ante mortem passent par :
- le Kraal de rassemblement (enclos pour le bétail) – le couloir d’entrée et de sortie – la bascule de pesage (Il faut noter que le liquide obtenu d’une vache vaut la moitié de son poids sur pied). – le rail, où la bête est retournée tête en-bas – le pistolet (ou revolver), le jugulage (jugement dernier – égorger, étouffer).
Quant aux opérations dites post mortem, elles se composent de : - l’habillement (préparation d’une volaille, une pièce de gibier, etc) - l’éviscération (avec scie électrique, sortie des viscères hors de l’abdomen, 1ère scie) - la deuxième scie pour découpage de carcasse en 2 quartiers (squelette d’un animal, corps d’un animal sans les abats ni les issues, destiné à la consommation, corps d’une volaille sans les cuisses, ni les ailes – issues : parties non consommables des animaux : cornes, cuir, suif,… suif : graisse des ruminants – abats : celles des parties comestibles des animaux de boucherie qui ne consistent pas en chair, en muscles ( rognons, foie, mou, langue, pieds,…))
- le palan, découpage des quartiers en 4, ou ½ quartier (appareil de levage comportant un mécanisme de multiplicateur (poulies, moufles, train d’engrainages, tambour, …) qui permet de soulever des charges avec un effort moteur relativement faible) - la triperie (lieu où l’on vend des tripes, des abats, suivie de l’inspection vétérinaire (foie, poumon, rate, intestin) – inspection spéciale de la tête - inspection de carcasse - l’estampillage (cachet pour attester que la viande est consommable : action d’estampiller, appliquer une marque sur un objet d’art en guise de signature ou sur un produit industriel comme garantie d’authenticité) - la 2ème bascule de pesage carcasse.
Comme nous l’avons dit tantôt, souvent le poids de la carcasse est égal à 50% du poids de la vache sur pied. Ce qui fait qu’une vache égale à 50% liquide et 50% viande. Ce calcul trouble parfois les bouchers.
Nous avions dit également que la matière première, soit les vaches, étaient abondantes dans la région de l’Ituri. Cela pouvait se justifier avant les multiples guerres sauvages de l’Ituri. Mais aujourd’hui, les 450.000 têtes de vaches dont se réjouissait le District, ne sont plus qu’une légende. Car maintenant ce chiffre a fortement baissé et va même en-dessous de la moitié. Ainsi, après avoir causé avec un spécialiste en la matière et responsable de l’ACOOPELI, on nous a confirmé le chiffre de 204.000 têtes de vaches en Ituri actuellement, réparties par Territoire comme suit : Territoire de Djugu : 5.000 ; Trritoire de Mahagi : 27.000 ; Territoire d’Irumu : 70.000 et Territoire d’Aru 102.000, (soit un total de 204.000 pour tout le District).
A ce jour, l’Abattoir Industriel de Bunia est encore occupé aux alentours par des militaires des FARDC. Comme qui dirait, l’Ituri a la malchance d’avoir des richesses naturelles très abondantes. Après que les Centres de l’INERA Mont Awa et géophysique de Rwampara aient été occupés par des militaires à l’époque de Mobutu, maintenant c’est le tour de l’Abattoir Industriel de Bunia. Ajouter à cette macabre liste, la destruction de la laiterie de Libi à Djugu, l’INERA Nioka à Mahagi, le BPI – Bureau du Projet Ituri - à Bunia, l’Office des Mines d’Or de Kilo-Moto,… la liste est tellement longue, qu’il faut une conférence sur la problématique du développement de l’Ituri pour l’analyser.
A qui peut-on attribuer cette destruction ? Pour nous, c’est d’abord l’Iturien lui-même, car il n’a pas su protéger les biens lui confiés. L’unique souhait de la population pour le moment est de voir tout ce qui est en faillite en Ituri, être liquidé, afin d’obtenir de nouveaux investissements. Après un audit bien sûr, qui réservera une réponse aux bons et aux mauvais gestionnaires d‘antan, c’est-à-dire la prison pour ces derniers.

Fait à Kinshasa, le 10 septembre 2005
Pour la DECIDI
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir Député et Directeur Général

Adresse :
Siège social : Av. des Constructions n° 48bis, Q/Kauka I, C/Kalamu, Kinshasa / RD Congo
tél : 081 501 2933 / 98 910 874 B.P. 1376 Kinshasa 1 RD Congo
e.mail : democratieetcivisme@hotmail.com decidirdcongo2002@yahoo.fr bhamichel@yahoo.fr
Sites internet : http://www.societecivile.cd/membre/decidi http://www.societecivile.cd