UN HOMME AMENDE POUR UN CONGO NOUVEAU
Moraliste et juriste en formation, Isaac KATSUVA MUTANGA est né le 02 février 1983 à OICHA (BENI, NORD-KIVU). Il fit ses études primaires à l’école anglicane (Beni) et à l’école MASIKILIZANO (BUTEMBO) de 1989 à 1995. Il obtient son diplôme d’Etat au Collège KAMBALI (BUTEMBO) en option Latin-Philosophie en 2002. Il est cette année étudiant en Ière licence Droit à l’Université de Kisangani.
En fin 2002, il a écrit Sapientia Afra, qui est un recueil de 200 proverbes suivis d’interprétation.
En 2003, il écrit Valeurs éthiques, remède fondamental à la crise congolaise.
En 2004, il écrit Expressio sapientiae qui est un recueil de 100 proverbes interprétés mais aussi commentés.
Il a plusieurs fois publié ses réflexions dans le feuillet de l’ASBL CPN « La voix des patriotes ».
Il est l’initiateur et co-fondateur du Cercle des patriotes nationalistes pour le développement intégral, dont il assume la présidence depuis sa création en 2003.
Dans le présent ouvrage, l’auteur combat les antivaleurs en essayant de tracer une ligne de conduite préalable à l’amélioration des conditions de vie en RD Congo en particulier, et dans la plupart des pays sous-développés en général.
J’écris en bon citoyen, persuadé que je ne suis pas fait pour moi seul, le bonheur de mon pays m’intéresse. Celui du dernier de ses habitants ne m’est pas indifférent.» (Novilos de Saint Cyr ., « Tableau du siècle » in Morale et vertu au siècle des lumières, EUB, 1986).
« La grande honte n’est pas d’avoir mal géré notre pays, mais de ne pas reconnaître notre megestion ou de nous en satisfaire. Il est grand temps de redonner espoir à notre peuple et d’assurer les générations futures » (Isaac KATSUVA MUTANGA M.).
TABLE DES MATIERES
PREFACE
O. INTRODUCTION
CHAPITRE I. UN SALAIRE HUMAIN ET EQUITABLE
CHAPITRE II. UNE GESTION POUR LE PEUPLE CONGOLAIS
CHAPITRE III. : LEVE-TOI
CONCLUSION
PREFACE
Monsieur ISAAC KATSUVA me fait un grand honneur en me demandant de préfacer l’ouvrage qui porte au monde « un homme amendé pour un Congo nouveau ». C’est encore pour moi une très grande marque de sympathie qui me lie à cet excellent collègue et qui, petit à petit, s’intègre dans le monde de plume.
En bon observateur de la société, l’auteur dénonce les antivaleurs qui maintiennent ou enfoncent la R.D.Congo dans le sous-développement. Il pense selon lui et démontre que la qualité morale des dirigeants est une condition prioritaire pour la réalisation du bien-être social.
L’admirable connaissance de l’auteur sur la morale, ses dons, son intelligence, ses expériences d’une éducation chrétienne débordent un peu le domaine du droit, de la politique dont on peut lui reconnaître une certaine maîtrise, en tant que brillant juriste en formation. Certes, ses études de belles lettres aux humanités, surtout la philosophie socratique, mais aussi sa solide éducation de base ont largement contribué à la formation de sa personnalité, au point qu’il se porte aujourd’hui devant le monde comme un fervent défenseur de la morale.
« Un homme amendé pour un Congo nouveau » est un ouvrage qui non seulement informe, mais éveille la conscience et peut également servir d’un instrument d’exhortation populaire à la culture du respect de la chose publique.
Comme la lecture de bréviaire, l’écoute d’une bande cassette, cet ouvrage est naturellement à lire et à relire , il est pour tous ; élève et enseignant, étudiant et professeur, croyant et non croyant, religieux et laïcs, chercheurs et fonctionnaires de l’Etat, dirigeant et dirigé, congolais et congolaise.
B.P. Pépé KUDA BOSALE
Coordonnateur des Affaires Intérieures du CPN
O. INTRODUCTION
Le minimum que puissent souhaiter tout congolais et toute congolaise est de voir les conditions de vie s’améliorer au Congo, la chose publique être gérée dans la transparence en tout respect.
La réalité est aux antipodes de ce souhait. Les gens détournent des millions de dollars et nul ne lève son petit doigt pour leur demander des comptes, les uns jouissent en toute aisance des salaires faramineux alors que les autres avec des coups de soudures travaillent pour l’Etat à peu de frais. Un bon nombre veut accéder aux hautes fonctions non pour détruire le mécanisme d’exploitation et d’oppression du peuple mais plutôt pour s’en servir à leur tour contre leur peuple.
Cet ouvrage traite de la ligne de conduite préalable à l’amélioration des conditions de vie en R D Congo .Ceux qui pensent bien et ceux qui pensent moins savent que l’avenir d’une société qui se recherche et qui a besoin du renouveau ne peut se préparer dans la complaisance .
Pour ce , nous nous sommes efforcés de nous exprimer à travers ces lignes libéré de toute pudeur intellectualiste ou de tout fanatisme pour ne pas dissimiler le vrai.
Il est vrai que les hommes du pouvoir veulent toujours qu’on leur chante des éloges ; et même quand ils commettent des bavures ,ils s’attendent à être caressés lorsque même ils les ont commises sciemment .
On ne peut regarder passivement celui qui vole dans les caisses de l’Etat ,celui qui clochardise son peuple en s’octroyant la part du lion dans le budget de l’Etat ,celui qui se livre à la corruption pour mener une vie non seulement d’abondance mais aussi de gaspillage, et dire d’une conscience tranquille qu’il puise dans ses propres poches, qu’il convient, qu’il est un vrai homme d’Etat …Ca serait péché contre la foi du peuple et même contre le bon sens.
En tout état de cause, C’est une sotte gloire pour un homme du pouvoir , de pouvoir sur l’argent du pays s’acheter en profusion des voitures luxueuses , se construire des villas monumentales , envoyés ses enfants étudier en Europe ; alors qu’il y a insuffisance d’écoles au pays, alors que les routes sont quasi impraticables, alors que les mouvements de grève se multiplient,alors que se sent partout la misère …
En effet « l’homme assurément, malgré toutes ses erreurs, tout son aveuglement, toutes ses turpitudes, l’homme est un animal moral. » .En tant qu’êtres doués de conscience examinons nous nous même … Etant auteurs de notre malheur c’est à nous d’y mettre fin .Le changement ne viendra pas du ciel mais de nous même, car notre misère vient de nos cœurs corrompus.
Dans le présent ouvrage, trois chapitres sont développés :
Dans le premier nous insistons sur l’importance du salaire non seulement comme garantie pour la survie du fonctionnaire, mais aussi en tant qu’avoir qui anoblit son service. Le deuxième chapitre plaide pour une gestion pour le peuple. Une gestion ayant pour finalité, pour terme le peuple. Une gestion où le service n’est pas perçu comme un simple moyen d’élever son standing personnel dans l’égoïsme.
Le troisième chapitre est un appel vibrant à tout membre de la famille congolaise de se faire moteur du changement et du renouveau quelque soit son rang ou sa fonction.
En peu de mot le présent ouvrage traite de la bonne gouvernance.
CHAPITRE I. UN SALAIRE HUMAIN ET EQUITABLE.
Nul n’ignore comment des milliers de vies se sont empirés faute de non paiement de salaire suffisant aux fonctionnaires et agents de l’Etat : Pour la plupart, l’habillement des fonctionnaires reflète la misère ; chaque jour menacés par les agents de la REDIDESO et de la SNEL pour insolvabilité, Dieu seul sait comment ils trouvent de quoi subvenir à leurs besoins élémentaires et comment ils font étudier leurs enfants. Au cour de l’année 2005 à Kisangani les familles des fonctionnaires décédés s’étaient vues éructer des maisons de l’Etat. Ces familles, n’ayant pas accédé aux moyens de se construire des maisons du vivant des fonctionnaires suite à l’insuffisance de salaire, avaient été chassées d’une manière la plus ridicule des maisons de l’Etat, par la police sur ordre du gouvernorat.
Dans nos sociétés en développement, ceux qui gèrent veulent d’habitude transformer à leur profit leur personnel en héros. Dans un discours le 4 septembre 2005 à l’occasion du lancement officiel de la rentrée scolaire 2005-2006, une notabilité du pays avait félicité pour le compte de son gouvernement les parents et surtout les enseignants pour leurs sacrifices et leur avait ainsi exhorté de ne pas se lasser.
C’est comme qui dirait aux enseignants : « Continuez à travailler sans salaire comme vous en êtes habitués ».
Avant la signature des accords de MBUDI, une notabilité du pays s’était portée aux excès lors d’un débat à la radio OKAPI sur le salaire des fonctionnaires. Celle-ci est allée jusqu’à dire que le problème de non paiement de salaire ne datait pas de ce temps-là et que ce n’était pas le moment de réclamer le salaire. Certes, la situation salariale des fonctionnaires en R.D. Congo est mauvaise depuis toujours, mais cela ne fournit aucunement la raison de la garder mauvaise pour toujours.
En septembre 2005, alors que les enseignants réclamaient l’application des accords de MBUDI, des cas de grève se sont multipliés ; celui des infirmiers, celui des agents de la fonction publique…, durant le même mois arrivèrent en provenance de l’Europe 650 voitures des parlementaires dont l’une coûtait 35000dollars.
L’impasse est que l’Etat a des moyens pour payer les rémunérations colossales des animateurs des grandes institutions et n’en a pas pour les petits fonctionnaires. Il est inconcevable que l’on paie en dépit de la grandeur de la tâche et de la fonction occupée à un serviteur de l’Etat des centaines de milliers de dollars, alors qu’un autre en gagne à peine une vingtaine. Le courrier d’Afrique déplora en ces termes le comportement des Ministres et parlementaires de la 1ère République :
« A peine élus, nos parlementaires et nos ministres discutent indemnités…lors de la première séance, ils parlent de porter leurs indemnités de 100.000 à 500.000 FC par an »
Juste après l’installation des institutions de la transition issus de l’Accord Global et Inclusif, les parlementaires ont réclamé préalablement la hausse de leur rémunération. Il va de soi que la misère budgétisée des fonctionnaires n’inquiète en rien nos hommes d’Etat, au lieu de réclamer le réajustement budgétaire dans le cadre de la juste répartition du revenu national ; le gouvernant congolais se laisse fourvoyer par la fringale de l’opulence. Alors les hommes d’Etat appellent chaque jour le peuple au dévouement, au sacrifice, au patriotisme, ce que eux-mêmes n’en reflètent même pas l’ombre par leurs actions. Il en va de même chaque fois qu’ils veulent manipuler le peuple.
Sans salaire juste et équitable, les services publics sont plus instruments de tourments plutôt que de soulagement, tous ces beaux palais de justice sont des outils où se sacrifient inutilement la liberté et la dignité, les agents de l’ordre sont des agents de tracasserie, … toutes ces maisons qui hébergent les services publics sont des tombes en devenir.
Quelques soient les intérêts en jeu, il y a des valeurs pour lesquelles le respect s’impose de lui-même. Le salaire du travailleur en est une. Faire travailler un être humain sans scrupule dans la gratuite comme une machine, ne diffère en essence en rien de décimer une population comme on le ferait pour une fourmilière.
Le travailleur n’a jamais été réduit dans son être que quand on le prive injustement de son salaire, car c’est par ce dernier que le travail est lavé de son caractère roturier de réduction du travailleur à la manière d’une machine ou d’un esclave. « Toujours l’homme est aliéné lors qu’il n’est traité et employé que comme un moyen de production » . Mais comme en contre partie de son service il perçoit son salaire, il vend ce fait son service à la différence des machines et des esclaves qui n’exercent du travail rien que pour le compte de celui qui les utilise .Aussi que le salaire est médiocre par rapport à son rendement ou aux nécessités morales qui s’imposent, aussi on rapproche la condition du travailleur de celle d’une machine ou d’un esclave.
Le salaire du fonctionnaire est non seulement une source de survie mais aussi une nécessité pour la nation dans la mesure où comme le dit K Marx : « le fonctionnaire a la fonction publique pour vie et devoir » . Le salaire n’est pas un don, moins encore l’apanage du sentiment de pitié, mais plutôt un droit du travailleur, un droit du fonctionnaire.
Un salaire juste et humain, c’est celui qui accorde au petit fonctionnaire comme au grand fonctionnaire la garantie de sa subsistance actuelle mais aussi celle de sa subsistance future. Il est déplorable de voir les nôtres être traités à l’instar du bétail improductif pour en fin percevoir pendant la retraite une pension de moins de 5$ le mois, alors que nulle part au pays cela ne peut suffire pour les dépenses d’une semaine.
En effet, le gouvernement perd toute son essence lorsqu’il conduit vers la pauvreté plutôt que vers le bien-être.
De tout temps, quelque chose de grand que puisse attendre le travailleur de son travail c’est un salaire humain et équitable. Nul ne peut courageusement rendre service étant à chaque instant menacé par son bailleur, étant toujours à l’attente de ses enfants qui seront chassés de l’école, étant toujours le père des enfants les plus démunis, les mal nourris ; étant toujours menacés par les agents de la REGIDESO et de la SNEL pour non épuration des factures…
La misère dans la quelle vit le fonctionnaire congolais doit interpeller la conscience de tout citoyen et surtout de tout homme d’Etat.
Il est plus que jamais impérieux de réajuster le budget dans le cadre de la répartition juste et humain du revenu national de peur qu’il n’y ait ceux qui exploitent les services des autres pour mener une vie d’ abondance et de gaspillage .
De ce fait, une gestion de la chose publique pour le bien-être du peuple est primordiale à toute tentative de progrès.
CHAPITRE II. UNE GESTION POUR LE PEUPLE CONGOLAIS
Il est une ritournelle « pouvoir au peuple, pour le peuple, et par le peuple ».toute quintessence de cette formule d’A. Lincoln se trouve ruinée s’il ne s’exerce pas une gestion de la chose publique pour le peuple.
La situation du pays étant d’abord liée à la qualité des acteurs politiques ou au mieux des animateurs politiques, le type de dirigeant n’est pas à négliger dans l’amélioration des conditions politiques, juridiques, sociales et économiques dans la mesure où se sont eux qui orientent le destin du pays . Ainsi par leurs erreurs volontaires suite au manque du patriotisme ou par leurs erreurs involontaires suite à l’inexpérience ou à l’imprudence, ils peuvent ternir l’espoir et l’avenir de tout un peuple.
De plus en plus se dessine dans l’environnement politique congolais de mauvaises pratiques.
La moralité s’effrite pour donner place au détournement dégoûtant, à la corruption, au mépris de l’intérêt général, à l’injustice, à l’envie de s’enrichir vite et sans effort, quelque soit le moyen ; au trafic d’influence …Tout ceci motivé par la cupidité qui dévie le pouvoir politique de sa raison d’être qui est la cherche du bien-être collectif.
Avant notre ère ,les exigences de bonne gestion de la chose publique étaient mues par l’origine qu’accordaient les souverains et leurs peuples au pouvoir . celui-ci étant perçu comme l’émanation divine, ne pas bien gérer pouvait amener le souverain à répondre de sa megestion devant Dieu , « Le seul qui confiait cette mission de diriger à qui il voulait » Cependant avec l’avènement de la démocratie (depuis notre ère et long temps à Athènes ), le pouvoir est perçu autrement ainsi que la responsabilité qui en découle.
Si la conception antique du pouvoir persiste d’une manière ou d’une autre, dans la pratique, on semble ne plus croire à l’origine divine du pouvoir, moins encore à la responsabilité de celui qui l’exerce rien que devant Dieu.
Le détenteur du pouvoir dès lors répond sa responsabilité devant le peuple qui dans la plupart de cas peut le sanctionner par le verdict des urnes ou par des peines prévues par des lois.
Si sur le plan sociale et juridique, la crainte de la sanction du peuple ou légal s’avère un leitmotiv pour le détenteur du pouvoir de bien gérer, néanmoins sur le plan moral, libérer de cette crainte, l’exigence de bien gérer s’impose par ce qu’il gère ce qui appartient à plusieurs ; ce qui n’est pas sien, d’où le devoir moral de gérer en bon père de famille plutôt qu’en petit seigneur.
Le plus souvent, les choix des actions des dirigeants congolais sont plus dictés par l’aubaine qui les guette plutôt que par une nécessité sociale.
En période préélectorale, au lieu de payer le salaire des fonctionnaires les dirigeants préfèrent s’octroyer des rémunérations faramineuses pour ensuite poser des actions d’emblée de bénévolat, distribuer des pagnes …enfin d’arrondir leur célébrité jusqu’à ce qu’à Kisangani , lors d’une cérémonie sanctionnant la réhabilitation du tronçon de chemin de fer Kisangani –Ubundu , un ministre s’est sans vergogne jeté les fleurs de cette action pourtant financée par une O.N.G. Le cas précité est un exemple parmi tant d’autres.
D’après les témoignages en notre possession, souvent dans des ministères, on laisse passer les projets facilement suivant le pourcentage de commission que va toucher le ministre. On ne parlerait pas des certaines autorités décentralisées qui, pour se payer des jolies voitures, qui pour se construire des belles maisons, engagent des petits projets dont ils gonflent les dépenses.
Ce qui est plus infâme, certains congolais veulent exploiter même des périodes de détresse nationale pour enfler leurs poches. Pendant l’opposition armée entre les FARDC envoyés en renfort dans le Nord – Kivu et les dissidents de l’ex ANC soutenus par l’armée rwandaise, certaines notabilités du pays avaient milité pour que les achats du haricot se fassent à Kinshasa, ou un sac coûtait facilement 200$ pour être en sus déplacé par avion alors que le même produit coûterait 25$ le sac dans les zones en conflit ; puisque ces notabilités trouvaient d’intérêt dans cette manœuvre .
Un détournement sans pareil se vit à tous les niveaux .Le salaire des fonctionnaires et agents de l’Etat, minime soit –il se trouvait souvent soustrait de certains billets .Et les préjudiciés ne trouvaient à qui s’adresser . Lors de la réhabilitation d’un tronçon routier en province , certains exécutants du projet se plaisaient de détourner du carburant .
Dans une école secondaire à Kisangani, un chef d’établissement s’était donné le luxe d’empocher les frais de participation à l’examen d’Etat de certains élèves de son école.
En 2004, un DG d’une institution au Kasaï avait cru trouver belle occasion de parfaire la construction de sa maison en y affectant l’argent destiné au salaire des enseignants de son institution.
En mi 2005 à Bunia, un major de la police nationale congolaise fut appréhendé alors qu’il tentait de s’évader avec 20.000$ destinés à la solde des policiers. Lors du processus d’enrôlement et d’identification des électeurs, dans la plupart de provinces ou bien ce sont les kits qui sont détournés, ou bien il y a grogne des agents recenseurs réclamant leur salaire, jusqu’à ce que dans une province l’enrôlement a été monnayé. D’après certains observateurs du processus, des centres fictifs ou aux agents fictifs ont été enregistrés. La pratique des fonctionnaires fictifs en RDC comme dans d’autres pays en développement ne cesse de s’imposer. En RCA, après le contrôle de Septembre 2005 on a répertorié 10 à 15% des fonctionnaires fictifs et morts dont le salaire était régulièrement versé. Cas qui s’est remarqué souvent en RD Congo comme lors du processus d’identification des militaires en 2005.
Il n’y a pas longtemps que 8 millions de dollars venus de l’extérieur destinés à la solde des militaires allaient régulièrement tout droit vers les poches des personnes qui ne peuvent que elles seules se connaître.
Ce tableau sombre prouve en suffisance qu’en grande partie la misère du peuple congolais est entretenue par ses propres fils.
Le mépris de l’intérêt général et la course effrénée derrière le lucre, telles sont les qualités qui en premier lieu caractérisent la plupart des autorités congolaises.
Nul n’ignore les voies du salut pour notre peuple, et les hommes d’Etat le savent mieux que tous ; leurs discours, les projets de société qu’ils brandissent, les promesses avec lesquelles ils droguent chaque jour le peuple le prouvent en suffisance. Mais, il n’est pas facile de comprendre comment ces hommes si érudits, ces hommes aux beaux et bons discours, ces hommes aux bonnes promesses, ces hommes aux bons projets de société arrivent à clochardiser leur propre peuple…
Au lieu de fournir d’efforts pour améliorer leur talent d’émouvoir les masses et de convaincre, il serait préférable que le gouvernant congolais se fasse soigner la tête pour diminuer l’écart entre ses bons discours, ses sages projets de société et ses bavures. La théorie et la pratique sont aux extrêmes antipodes. Peu d’hommes d’Etats reflètent la lueur d’espoir et de confiance pour leur peuple.
Rien ne peut refondre la nation congolaise, rien ne peut rétablir le tissu social, si ce n’est une gestion pour le peuple. Une gestion pour le peuple est celle qui a pour terme, pour but, le bien-être social. « La responsabilité pour la prospérité d’autrui ou de la nation- n’envisage pas seulement des projets d’actions données du point de vue de leur acceptabilité morale, mais elle oblige à entreprendre des actions qui ne poursuivent pas d’autre fin »
Une gestion pour le peuple est celle qui n’interdira pas les mauvaises pratiques en les arrosant. Il est absurde et insoluble combattre la fraude et la corruption du petit fonctionnaire en le privant de son salaire, de se doter d’ une Armée discipline et efficiente avec des soldats mal nourris, mal équipés et mal habillés ; de restaurer la souveraineté du pays quand ses propres fils ne veulent pas le servir dans la droiture sans le verge de la communauté internationale et quand ils sont près à comploter contre leur pays ; d’installer un Etat de droit alors qu’on s’en fout du magistrat et du policier ; de former une jeunesse pleine d’avenir sans salaire suffisant à l’ enseignant .
La gestion que nous voulons c’est celle où chaque action du politique est un pas vers le progrès, vers le bien-être de tous. « Le jeux politique ainsi que l’action qui s’en suit deviennent efficace seulement lors que l’homme est pris pour la mesure, la finalité, le terme » . Certes notre nature nous incline vers la recherche de l’intérêt personnel, mais comme l’a dit le Biologiste Hamburger « L’événement moral est un événement contre nature, un évènement admirable d’audace puisqu’il ose braver le jeux de la nature. » .
Il est évident que le renouveau ne peut être célébré par des Gouvernants immatures qui se comportent encore devant les deniers publics comme des petits enfants devant des bombons .La droiture ne pas l’apanage de l’homme moyen surtout dans un environnement aussi en régression des mœurs comme le nôtre, la bonne pratique exige toujours du courage, de la détermination et du sacrifice. Plus que jamais la RDC a besoin des hommes prêts et déterminés à être moteur du changement, des hommes qui n’attendent pas que les autres changent d’abord pour les suivre, mais des hommes enclins au renouveau quelque soit l’adhésion ou la non adhésion des autres.
Un des malheurs de notre pays et que lorsqu’on fustige les mauvaises pratiques, chacun de Congolais se croit le dernier à être concerné et commence par évaluer les erreurs des autres avant d’évaluer d’abord ses erreurs commises ou potentielles.
En effet ; tout celui qui occupe une portion du pouvoir doit mettre au centre de son action la recherche du bien-être social. Ce que le peuple peut attendre du pouvoir et qui donne au pouvoir sa raison d’être, c’est de prendre le citoyen comme mobile et finalité de toute son action. En dehors de cela, le peuple ne pourra se reconnaître dans ses dirigeants.
Tout gouvernant doit comprendre désormais que le peuple n’est pas un petit enfant à flatter mais plutôt un maître à servir ; qu’accéder aux institutions du pays n’est pas une occasion de mettre en évidence son égoïsme pour s’enrichir en clin d’œil, mais plutôt un moment d’ouvrir ses bras envers toute la famille congolaise pour la servir en bon père de famille ; que « l’Etat n’est pas une vache à lait, mais un édifice à construire »
Dans ce chapitre nous avons d’abord mis en relief les mauvaises pratiques qui émaillent notre environnement politique : détournement, corruption…, pour ensuite plaider pour une gestion qui mettra le bien-être de tous en aval et en amont de ses démarches.
Ce chapitre nous envoie au dernier qui est un appel général au renouveau.
CHAPITRE III. : LEVE-TOI…
Le présent chapitre est un appel destiné à tout membre de la famille congolaise. Comme ce paralytique qui ne pouvait se mettre débout, qui avec la ferme conviction au pouvoir miraculeux de Jésus s’était vu guérir ; ainsi, prenant conscience qu’il appartient à nous et à nous seuls de basculer dans la médiocrité, il est grand temps de nous lever pour l’édification d’une société fondée sur des valeurs devant promouvoir le bien-être et le progrès de tous.
L’histoire de notre pays montre jusqu’où peut amener le mépris des valeurs morales dans les affaires publiques que privées.
Certes, nous voulons tous que les choses aillent bien, malheureusement, nous attendons préalablement le changement des autres. Néanmoins, il appartient à chacun de pouvoir de prime abord mettre en pratique des valeurs devant permettre l’instauration d’une société juste où l’homme est pris pour la mesure et la finalité de l’action politique ou sociale.
Ce changement est attendu de tout le monde : enseignant, fonctionnaire, agent de l’Etat, travailleur, entrepreneur, magistrat, gouvernant,… tous ceux-ci doivent se mettre débout pour une révolution mentale réussie.
L’enseignement est parmi les secteurs clés pour la refondation morale dans la société. C’est dans ce secteur où tout peut commencer. C’est pourquoi ce secteur doit être d’abord épuré des mauvaises pratiques telles que la corruption, la trahison de la conscience professionnelle, le favoritisme … car, si au lieu d’une formation intellectuelle et morale, on détruit le peu de moralité qu’avait l’apprenant, le milieu éducatif dévie de sa trajectoire pour devenir d’initiation à la corruption des mœurs.
Un briguant non instruit quelque soit le niveau de sa barbarie reste potentiellement moins destructeur qu’un savant dépravé. Le terrorisme l’exemplifie éloquemment. Les terroristes de notre siècle , accédant de plus en plus à un savoir de qualité et diversifié, leur manière de semer la terreur est devenue horrible comme la mort . Il est aussi non déplacé de vouloir savoir pourquoi, aussi que le nombre d’Intellectuels augmente, les problèmes de notre société deviennent de plus en plus complexe.
Les sages ont déjà compris que les enfants et même les grandes personnes écoutent mieux des yeux que des oreilles .Le brocard fais ce que je dis et non ce que je fais, ne doit plus avoir droit de cité dans le milieu éducatif.
L’éducateur doit être le vivant symbole, l’incarnation des valeurs morales positives dans chaque action de sa vie de tous les jours.
L’éducateur n’est pas seulement l’enseignant à l’école ou à la faculté, mais tout celui qui par devoir, par métier ou par situation, peut influence le comportement des autres. Ainsi, des prêtres ou pasteurs, des parents, des gouvernants, des aînés, on attend un comportement qui puisse rendre concrets les conseils ou les directives qu’ils fournissent aux autres.
Ceux qui gouvernent à tous les échelons doivent se sentir au service du peuple plutôt que dans une carrière de diamant où chacun s’empare en tout égoïsme de ce qu’il trouve. Ceux-ci doivent savoir que leur carrière sera réputée brillante non puisqu’ils se seront achetés des limousines ou qu’ils se seront construits de belles maisons, ou qu’ils auront passé des séjours en Europe … mais plutôt quand ils auront mis le peuple au centre de leur action.
Au lieu d’envisager aller se faire soigner en Europe pour chaque maux de tête, nos hommes d’Etat doivent militer pour doter nos hôpitaux des infrastructures sanitaires de qualité. Au lieu d’expatrier leurs familles, ils doivent contribuer à l’amélioration des conditions de vie au pays.
Des gouvernants on attend un sens profond du patriotisme, du respect du bien public et de la considération des autres. Le gouvernant ne doit pas être enchaîné par des considérations tribalistes, sécaristes. Comme Abraham avait quitté sa famille et son clan, pour être le père de la foi de toute l’humanité, ainsi le gouvernant congolais doit se libérer des tendances sécaristes pour ouvrir ses bras, prêt à servir en toute équité tout membre de la famille congolaise.
Du magistrat on attend une justice rendue sans discrimination motivée par des conflits antérieurs, par des largesses ou par des amitiés. C’est dans le même sens que le Philosophe Spinoza suggère : « Les magistrats sont tenus de n’avoir aucun égard aux personnes, mais de les tenir toutes pour égales et de maintenir le droit de chacun, de ne pas porter envie au riche ni mépris au pauvre ».
C’est son devoir de rendre sans état d’âmes concrètes les abstractions contenues dans les lois.
Du législateur on attend la production des lois justes, des lois qui mettent en charge des citoyens des devoirs à la hauteur des avantages qui les guettent. Il est impérieux qu’ils produisent des lois qui favorisent le progrès et le bien-être de tous.
Du patron on attend un traitement juste et humain du travailleur. Ce traitement revient à une rémunération au prorata du gain obtenu, de la lourdeur du travail, bref suivant le bon sens. Il lui faut d’attention pour la dignité et la personnalité du travailleur.
Du travailleur, on attend le dévouement et l’honnêteté. Ainsi doit-il éviter le détournement des biens destinés à son service et doit se garder d’abuser de son travail.
La révolution mentale est plus que jamais un préalable pour le progrès et le bien-être de tous, dans la mesure où c’est avec le renouveau de l’esprit que chaque homme apercevra en l’autre homme sa propre image pour le traiter dans sa chair. Dans une société où le plus fort se donne la part du lion, où le travailleur est réduit à un esclave, où le patron ne trouve plus en qui faire confiance, où le droit se paie que de se mériter, où le peuple est quotidiennement trahi ou trompé, où les lois sont injustes, où le militaire est nourri comme du bétail improductif, où le salaire fait aux fonctionnaires et agents de l’Etat est plus une insulte ; une société où les cœurs des hommes sont plus dictés par la cupidité que par les valeurs morales, on ne peut espérer au progrès et au bien-être.
Tout citoyen doit désormais chercher son bonheur dans l’ordre au pays, dans l’exacte administration de la justice, dans le respect des exigences de l’équité, dans le respect de tout homme et de la chose publique.
CONCLUSION
Des cœurs corrompus, des mains habiles à détourner et à recevoir la corruption, des consciences obnubilées par la fringale de l’intérêt personnel, des oreilles rebelles aux préceptes moraux, telle est la banque de tout notre malheur.
La dépravation publique est au comble. Les esprits sont plus penchés vers le mal que vers le bien. Rien ne nous sauvera du bourbier de la médiocrité si ce n’est le renouvellement de mentalité.
La recherche de l’intérêt général, le respect des droits d’autrui, le courage au travail, bref la probité morale, voilà ce qui doit être recherché par tout membre de la famille congolaise pour célébrer une nouvelle ère de prospérité.
Isaac KATSUVA MUTANGA Mike
Editions Cercle des patriotes nationalistes pour le développement intégral
(ECPNDI)
KISANGANI 2006
Edité par le cercle des patriote nationalistes pour le développement intégral (CPN/ASBL)
Siège social : RD CONGO, PROVINCE ORIENTALE,
AVENUE 8e ARMEE N°11, CONTACT : WOPPA
Tél. : 0998680800 ; 0997086145
E-mail : spnasbl@yahoo.fr
