Déclaration consécutive à l'impasse socio-politique prévalant à la veille des premières élections générales en RDCongo

Les organisations, mouvements et associations des jeunes de la République Démocratique du Congo oeuvrant au sein du Collectif des Organisations des Jeunes Solidaires du Congo-Kinshasa (COJESKI – RDC) sont profondément préoccupés par les dérives que prend actuellement la transition politique en République Démocratique du
Congo.
Animés par le souci d’une issue heureuse de la transition politique en République Démocratique du Congo, caractérisée par 15 ans de pourparlers et des négociations politiques interminables, une longue transition couronnée par le détournement des deniers publics, la crise de légitimité ainsi que la corruption à grande échelle et le pillage des ressources naturelles du Pays.
Engagés à mettre fin à sept années des conflits armés internationalisés qui ont été à la base des crimes économiques, des crimes de guerre et autres crimes imprescriptibles en République Démocratique du Congo, avec pour corollaires le noyautage des attributs fondamentaux de la République ainsi que l’aliénation de la souveraineté internationale du pays et la violation flagrante du droit à l’autodétermination du Peuple Congolais.
Conscient que cette dernière transition politique en République Démocratique du Congo est animée à 70 % par des acteurs politiques endogènes et exogènes présumés auteurs des crimes graves contre l’humanité, qui ne peuvent en aucune manière garantir la bonne Gouvernance post-électorale dans notre Pays.

Considérant que l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes dans le délai constitutionnel était l’unique voie de sortie heureuse de cette crise profonde qui ronge notre pays depuis une décennie.
Constatant que le calendrier électoral publié par la Commission Electorale Indépendante fixe les scrutins électoraux au 30 juillet 2006 et donc au delà du 30 juin 2006, date conventionnelle de la fin de la transition selon l’esprit de l’article 196 de la constitution de transition.
Considérant que l’article 222 de la constitution de la transition ne peut être interprété dans le sens de la prolongation de la transition, car son application ne modifie en rien le délai de la transition.
Considérant que l’article 228 de la Constitution de la 3è République entrée en vigueur le 18 février 2006 le jour de sa promulgation a automatiquement abrogé la constitution de la transition du 04 avril 2003 sans préjudice des dispositions de l’article 222 alinéa 1.

Considérant que l’abrogation de la Constitution de la transition équivaut automatiquement à l’abrogation de l’Accord Global et inclusif signé à Pretoria en Afrique du Sud.

Réaffirmant notre position exprimée dans le code de conduite de la jeunesse congolaise durant le processus électoral en R.D.Congo, lors du colloque national des jeunes sur la paix et la cohabitation pacifique durant le processus électoral en RDCongo tenu à Kinshasa du 18 au 21 mai 2005 ; qui consistait à œuvrer en sorte que cette transition soit la toute dernière et ne plus assister à des prolongations de transition et à des reports des échéances électorales au delà du délai constitutionnel.
Constatant que le calendrier électoral est désavoué par une bonne partie de la classe politique congolaise qui prétend que l’organisateur des élections (CEI) prolonge unilatéralement la transition alors qu’il n’en a pas la compétence constitutionnelle.
Convaincus qu’il est matériellement et techniquement impossible que les élections puissent être organisées avant le 30 juin 2006.
Souhaitant que les élections organisées en R.D.Congo puissent arriver à doter à celle –ci des institutions gouvernementales stables, fiables et fortes pour rendre le pays viable et vivable, condition sine qua none pour le décollage du processus de développement intégral du pays.

Exprimons nos craintes et préoccupations suivantes :

1.L’accentuation d’un climat conflictuel au sein de la classe politique congolaise risque de perturber l’atterrissage apaisé de la transition qui est conditionné par la participation massive des uns et des autres comme électeurs et éligibles.

2.La persistance des arrestations arbitraires ainsi que le muselage des organes de presse pour les opinions politiques continuent à décaler la confiance entre les acteurs de la classe politique au pouvoir et ceux en dehors du pouvoir.

3. L’absence continue de la cohésion et de la solidarité au sein du gouvernement, caractérisée par l’irrégularité des réunions du Conseil des ministres et les interventions télévisées des membres des composantes formant le gouvernement de transition dans lesquelles ils multiplient les accusations mutuelles, accentuent le climat de méfiance entre acteurs politiques, climat qui risque d’avoir des répercussions négatives au sein de la base partisane.

4. La lenteur constatée dans les opérations de brassage de l’armée risque de perturber l’organisation des élections dans les contrées où sont cantonnées les milices non brassées.

5. La multiplicité des chaînes des télévisions et émetteurs radios parfois sans valeur ajoutée et dont la plupart appartiennent aux acteurs politiques, et religieux, rend la tâche difficile à la Haute Autorité des Médias, organe de régulation des médias en RDCongo ; d’où le risque de débordement par celle – ci.

6. L’irrégularité de paiement de salaire des agents de l’Etat et de solde des militaires et forces de l’ordre n’a pas été remédiée par le gouvernement, ce qui les rend une proie facile à la manipulation politicienne.

7. Les affrontements des étudiants et autres actes de vandalisme perpétrés par ces derniers dans les sites académiques et en dehors de ces sites risquent de constituer une goutte d’eau qui fera déborder le vase.

8. Le refus de la Banque Mondiale d’octroyer au Gouvernement de transition une nouvelle tranche de crédit allouée à la RDCongo est un signe apparent de la mauvaise gouvernance et de la perte progressive de la crédibilité du Gouvernement de transition vis – à – vis de la Communauté Internationale.

Exhortons à / aux :

1. La jeunesse congolaise en générale et aux étudiants congolais en particulier, à ne pas céder à la manipulation politicienne qui cherchera à les impliquer dans les actions purement subversives, partisanes et n’ayant aucun intérêt direct sur le bien être du peuple congolais moins encore sur l’avenir du pays.

2. La Société Civile Congolaise à demeurer indépendante et neutre par rapport aux opinions partisanes et à continuer à jouer son rôle de contre poids face au gouvernement et surtout à s’impliquer davantage dans la défense des aspirations de la population Congolaise auprès de toutes les instances (locales, nationales, régionales et internationales).

3. Au Gouvernement Congolais :

- L’accélération des opérations de brassage des troupes ;
- L’accélération de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, des militaires et services de sécurités ;
- La cessation des actes d’arrestations illégales des personnes qui expriment leurs visions par rapport aux enjeux politiques ;
- La libération des prisonniers politiques sur toute l’étendue de la RDCongo.

4. Partis politiques et autres regroupements sociaux de cesser de s’appuyer sur les discours incendiaires et incitatifs à la haine ; car la quiétude du peuple Congolais vaut plus que la publicité des partis politiques.

5. A la presse congolaise de ne pas servir d’instruments de communication de message contra legem et surtout de rester indépendante par rapport à la vision politique des uns et des autres.

6. Aux institutions internationales oeuvrant en RDC, d’apporter un appui considérable à la société civile congolaise pour la vulgarisation des textes électoraux, la sensibilisation électorale à la base et à toute initiative dans le sens de faire respecter les droits de la personne humaine en RDCongo.

7. A la classe Politique Congolaise (Gouvernement et opposition extraparlementaire) à pouvoir mettre sur pied des mécanismes tendant à apaiser les tensions politiques actuelles sources potentielles des perturbations des élections.

8. Aux uns et aux autres à s’impliquer dans la recherche d’une issue heureuse du processus électoral afin que la R.D.Congo post électorale soit plus paisible et rassérénée.

Au vu de tout ce qui précède, les organisations, mouvements et associations des jeunes de la République Démocratique du Congo oeuvrant au sein du Collectif des organisations des Jeunes Solidaires du Congo-Kinshasa (COJESKI – RDC) estiment qu’il n’est nullement pas important ni opportun que soit organisé au stade actuel des négociations politiques en RDCongo, car celles-ci risquent fort d’embarquer le peuple exsangue de la RDCongo vers des rivages incertains et pour une énième aventure sans fin.

Ces négociations extra–constitutionnelles risqueraient d’amener le pays à faire une marche en arrière par rapport à l’évolution du processus électoral. L’histoire de notre pays nous renseigne que la classe politique Congolaise n’a jamais fait preuve de maturité dans le sens de trouver un concessus lors de différentes négociations qu’a connues le pays. Le dernier échec des pourparlers entre Congolais date de Sun City, où il a fallu l’imposition de la communauté internationale pour arriver à se mettre d’accord sur la formule 1+4 qui a privatisé la vie publique durant les trois années de transition.

Fait à Kinshasa, le 24 mai 2006

Pour le COJESKI-RDC,

Me USENI FATAKI MAKANO, Animateur National chargé du Programme Paix, Démocratie et Droits de l’homme.

Fernandez MURHOLA, Coordonnateur National


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