Grand Siècle Africain, et les élections en Rdc (5)
En Politique, il est reconnu que la « Transition » ne permet ni la stabilité des pouvoirs, ni le fonctionnement normal d’une République ou d’une Société, ni l’attraction des Investisseurs sérieux.
En Physique, il est également démontré que la caractéristique souhaitable d’un phénomène « transitoire » est celle d’être brève, fugitive, de courte durée, car il ne permet pas le fonctionnement normal d’un système.
En général, il est admis que le concept « Transition » est le passage :
- d’un équilibre instable à un équilibre stable.
- D’un lieu provisoire à un lieu définitif.
- D’une situation ponctuelle, non fonctionnelle à la situation normale et fonctionnelle.
- D’un système non opérationnel à un système opérationnel.
Ce passage peut être occasionné par une mutation, un transfert, un mouvement, un changement d’un état, d’une situation, d’une position, d’un objet, d’une grandeur….
Mais il est généralement souhaitable que ce passage soit de durée relativement courte.
Quelle est la durée de la « Transition » de la Rdc ? En d’autres termes, depuis combien d’années la Rdc est-elle engagée dans ce qu’on peut appeler « Transition » ? Même sur ce point, les acteurs politiques congolais ne s’accordent pas. Certains disent 3 ans c’est-à-dire depuis Juillet 2003, d’autres parlent de 16 ans c’est-à-dire depuis Avril 1990, les plus nerveux vont jusqu’à parler de 46 ans, autrement dit depuis Septembre 1960.
Quelque soit la durée considérée
- peut-on encore s’étonner de l’instabilité des pouvoirs en Rdc, qui sans doute, bat le record des « Gouvernements de transition » en Afrique ;
- Peut-on encore s’étonner du mauvais fonctionnement des Institutions de ce pays ;
- Peut-on encore s’étonner de l’état désastreux de ses finances, et de son économie ;
- Peut-on encore s’étonner de l’absence des programmes de développement humain, de développement des quartiers urbains et du monde rural ;
- Peut-on encore s’étonner de ce que l’histoire postcoloniale de ce pays n’est qu’un éternel recommencement des choses ?
Peut-on encore s’étonner de tout cela sachant qu’une « Transition » qui tire en longueur ne peut qu’être néfaste au bon fonctionnement d’un système dynamique ?
Ce qui est curieux, c’est que malgré tout cela, les acteurs politiques congolais ne semblent toujours pas fatigués de chercher maints prétextes pour prolonger indéfiniment ces « Transitions » déstabilisatrices, improductives et appauvrissantes pour le public le plus large.
Connaissant le rythme de travail du dernier «Gouvernement de transition », rythme qui ne pouvait être bon malgré toutes les relances, les appuis et autres impulsions extérieurs, et convaincu que les mœurs politiques acquises au gré des « Transitions » successives en Rdc, ne pouvaient pas s’effacer du jour au lendemain, certains Observateurs et Analystes Indépendants ne pouvaient que prédire une deuxième prolongation supplémentaire à celle qu’on pourrait appeler la dernière « Transition » en Rdc.
Tel a été le cas de « Grand Siècle Africain » qui, depuis avril 2006, a souhaité qu’un consensus soit dégagé afin d’accélérer –et, non précipiter- les processus en cours pour mettre un terme définitif à la « Transition kilométrique » de l’Histoire.
Oui, la Rdc est en retard sur plusieurs plans. Oui, la Rdc est engagé dans un processus électoral irréversible. Oui, seules les élections constituent la solution magistrale à la crise d’autorité et de légitimité en Rdc. Oui, les élections en Rdc vont coûter la bagatelle de presque 0.5 milliards de dollars us.
Oui, d’accord, d’accord ! mais cela justifie-t-il que l’on précipite soudainement les choses dans un pays qui a cruellement besoin d’une réconciliation nationale, d’une paix des braves, d’une démocratie athénienne, et d’un large consensus qui permettraient l’arrêt définitif d’une « Transition » apparemment impossible à extirper des mœurs politiques de la Rdc ?
Si le peuple congolais s’est accommodé volontiers d’une « Transition » de 16 ans, voire de 46 ans, assaisonnée de plusieurs prolongations, est-il exagéré de lui solliciter encore un petit délai supplémentaire ? Par exemple, deux fois trois mois ! Juste le temps de parachever de façon consensuelle les travaux de finition et de tout boucler –et, non de tout bâcler- en fin 2006 ? Quitte à prendre le ferme engagement devant Dieu et devant l’Histoire qu’après cela, plus-plus jamais on parlera de « Transition » en Rdc !
L’art de la discussion sereine débouchant sur un consensus même minimal, l’élégance, la sportivité, le fait de se savoir embarqués dans un même bateau, d’être liés par le même destin, le fait de savoir que, « si le bateau coule, tout le monde coule », « si le bateau arrive à bon port, tout le monde arrive à bon port », voilà les qualités qui font cruellement défaut dans les rangs des acteurs politiques qui occupent l’arène politique de la Rdc.
Des discussions stériles, des querelles des mots, des arguties juridiques qui débouchent sur des interminables imbroglios, sur des perpétuels enlisements, sur des éternels blocages, conséquences logiques de petites phrases comme « Qui t’a mis là ! », « Qui t’a fait roi ! » « Otes-toi de là, que je m’y mette ! », « J’y suis, j’y reste ! », « De qui es-tu le fils » voilà des spectacles, des petites phrases, des faux débats auxquels les acteurs politiques, esquivant les vrais problèmes, ont habitué le public.
Ah, que faire maintenant ! Comment sortir de cette nouvelle impasse ?
Que faire maintenant que le calendrier des élections place à tort ou à raison les scrutins au delà du 30 juin 2006 ? Que faire maintenant que les uns réclament à tort ou à raison des concertations politiques ? Que faire maintenant que les autres refusent à tort ou à raison ces concertations ?
La sagesse et le bon sens recommandent à l’élite politique congolaise de s’inspirer des règlements de grandes finales des championnats de football, qui accordent aux deux finalistes, qui se disputent la coupe, trois possibilités de se départager en cas d’égalité à l’issue du temps règlementaire :
- D’abord une 1ère prolongation, durant laquelle les deux équipes jouent deux fois quinze minutes. Si au terme de ce délai, l’équilibre persiste,
- Vient alors la 2e prolongation, durant laquelle les deux équipes jouent les tirs au but. Si au terme de cette séance, aucune équipe ne s’impose,
- Survient alors la 3e et dernière prolongation, durant laquelle tout s’arrête au premier but marqué. Ce qui signifie mort subite du retardataire, et arrêt brusque et brutal du match. Ce qui signifie aussi que le perdant n’a qu’à s’en prendre à lui-même, car il y a, à chaque prolongation, égalité des chances.
L’explosion de joie dans le camp des gagnants, les larmes dans le camp des perdants, avant même la proclamation des résultats et la remise des médailles et de la coupe, signifient acceptation et consensus sur les résultats à l’issue de ces prolongations. Tout cela, dans la sportivité, l’élégance et le respect des règlements malgré leur apparente sévérité.
Henry Kissinger trouve que la démocratie est mieux pratiquée en football qu’en politique.
Evidemment, Grand Siècle Africain ne peut en aucun cas souhaiter un arrêt brusque et brutal de la « Transition » en Rdc avec tout ce qu’on peut imaginer en cas de vide institutionnel. Il est donc favorable à une deuxième et dernière prolongation qui garantit un atterrissage en douceur moyennant consensus.
Après quoi, plus jamais de « Transition » en Rdc.
