Grand Siècle Africain, et les élections en Rdc (8)

Toutes proportions gardées, une campagne électorale ressemble bien à un test d’embauche.

A son époque, l’ancien Président américain Bill Clinton (1992-2000) comparait une campagne électorale à un test d’embauche qu’un Patron, ou qu’un Employeur faisait passer à son futur – ou sa future – Employé(e).
Le Patron ou l’Employeur, c’était en fait le Peuple.
Le futur – ou la future – Employé(e), c’était le Candidat ou la Candidate qui était à la recherche d’un boulot.

Voici le peuple de la Rdc subitement devenu Examinateur, Scrutateur et Pourvoyeur d’emploi. En tant que tel, il est en droit de faire passer à ses futurs Dirigeants un « test d’embauche » avant de leur confier du boulot, c’est-à-dire un mandat.

Ce test consiste à présenter un projet, une vision ou un programme politique, mais aussi à répondre à un questionnement y relatif .C’est un jeu de questions-réponses, un face-à-face entre le Patron et son futur Employé. Le Patron doit au travers de cet entretien, s’assurer de la valeur de la personne avec qui il va signer un contrat et à qui il va confier la gestion de ses affaires pendant un certain nombre d’années.

A quoi a ressemblé le « test d’embauche » pour les « Présidentielles » et les « Législatives » en Rdc ?

Mis à part quelques cadeaux, quelque saupoudrage humanitaire, et quelques promesses et baratins lancés en vrac et à la volée, en direction des électeurs ;

Mis à part les affiches en petit et grand format sur la place publique, affiches en couleurs ou en noir et blanc portant l’effigie du Candidat : sourire aux lèvres, regard oblique, geste mesuré ;

Mis à part le bruit, le tintamarre, les sirènes hurlantes, les bains de foule, le carnaval incessant dans les rues abîmées de la Rdc ;

Mis à part le périple à travers le pays - d’est en ouest, du nord au sud - effectué par les Candidats ayant la capacité de financer le budget de campagne aussi bien présidentielle que législative ;

Mis à part, tout cela, à quoi a ressemblé le « test d’embauche » pour les « Présidentielles » et les « Législatives » en Rdc ?

A ceci près.

Au lieu de fournir des réponses en rapport avec le « test d’embauche » c’est-à-dire des réponses claires et nettes se rapportant aux attentes les plus immédiates du peuple de la Rdc, à leurs aspirations les plus profondes, à leurs besoins jamais satisfaits, à leurs problèmes les plus pressants, à leurs déficits jamais comblés, à leurs paradoxes jamais résolus, à leurs micro-salaires jamais libellés, ni payés en dollars comme c’est le cas pour les macro-salaires.

Au lieu de préciser les actions concrètes qu’ils envisagent de mener contre le chômage généralisé, la pauvreté généralisée, la corruption généralisée, l’émigration généralisée, le sauve-qui-peut généralisé, l’affairisme généralisé, la mauvaise gouvernance généralisée ;

Ayant tous la prétention de posséder une claire vision du futur, et celle de gérer les affaires publiques, c’est-à-dire de gérer des dossiers, au lieu de préciser les objectifs à atteindre qu’ils se sont fixés, les chiffres qu’ils se sont proposés d’atteindre, les pourcentages qu’ils se sont promis d’atteindre durant leur mandat, et les délais qu’ils se sont fixés pour tel ou tel programme ;

Au lieu de cela, en Rdc, le « test d’embauche » des « Présidentielles » et des « Législatives » prévues pour le dimanche 30 juillet 2006, a été :

- une période de division, d’intox, de zizanie, d’éveil des démons de l’intolérance et de la perversité ;
- une période de vive tension aggravée par l’absence de consensus préalable à la deuxième prolongation de l’actuelle « Transition » ;
- une période de disputes et de querelles entre Candidats, et entre supporters ;
- Presque une guerre fratricide durant laquelle les gens s’envoyaient des boulets, des pamphlets, des invectives, des diatribes.

Au point que même le « festin républicain » auquel le Souverain primaire avait droit, n’a pratiquement pas eu lieu. Rappelons que le dernier « festin » durant lequel le peuple de la Rdc a été convié pour avoir l’estomac à l’aise durant les élections, ce dernier « festin » remonte à 1984, c’est-à-dire depuis vingt-deux ans.

Et, nous y voilà ! La campagne électorale va se terminer sans que les Futurs Dirigeants aient été sérieusement mis à l’épreuve par le Souverain primaire.

Ainsi donc, l’Employeur va confier ses affaires à quelqu’un sans l’avoir au préalable soumis à un test approfondi ;
L’Examinateur va faire embaucher quelqu’un sans l’avoir au préalable soumis à un examen approfondi ;
Le Scrutateur va porter son choix sur quelqu’un qu’il n’a pas du tout scruté.

Pourtant ce « test » était celui durant lequel le « Candidat » devait se mettre volontiers à la disposition de ses questionneurs pour :
- préciser ses visions, ses utopies, ses actions concrètes, ses objectifs.
- préciser certains aspects des programmes qu’il se promettait de mettre en oeuvre dans l’hypothèse où il serait élu.
- préciser notamment les niveaux des urgences ou priorités attachées aux programmes du Candidat.
- préciser l’impact des programmes à réaliser et leur réel intérêt.
- préciser en quoi tel programme est mieux qu’un autre ?
- préciser avec quel argent tel programme sera réalisé ?
- préciser surtout les délais d’exécution, car au 21e siècle le temps s’écoule plus vite. Il n’y a pas longtemps on était en 2001, nous voici déjà en 2006. Et bientôt, ce sera 2011, puis 2016, et ainsi de suite.

Non, le test d’embauche n’est pas le test de popularité. Si la popularité était le critère primordial, alors, les célébrités musicales ou sportives de la Rdc qui drainent des foules immenses dans les lieux de polarisation sociale jusqu’à créer des émeutes, seraient les Candidats les plus compétents aux hautes charges politiques de la Rdc.

Face à la crise multiforme, aux déficits de tous genres, aux retards, aux paradoxes en Rdc ;
Face aux multiples tâches de reconstruction, de réhabilitation, de réinvention de la Rdc ;
Face à l’éternel recommencement de l’histoire en Rdc ;
Et devant l’impérieux besoin de l’instauration d’un nouvel ordre dans ce pays,

Le « test d’embauche » du nouveau personnel politique en Rdc, devait être plus sérieux, plus approfondi, et moins brouillon.

Oui, la lutte contre la pauvreté, la lutte contre la corruption, la transparence dans la gestion de la chose publique, la bonne gouvernance, l’économie ultra-libérale, etc.… ce sont là des injonctions de la Banque Mondiale, et autres Bailleurs de fonds, et non une invention, ou une volonté clairement affirmée des Dirigeants ou Partis politiques de la Rdc.

Quoi qu’il en soit, pour beaucoup, 2006 prépare déjà 2011.