JPDH plaide pour une approche de lutte contre la pauvreté fondée sur les droits de l’homme

La communauté mondiale célèbre le 10 décembre de chaque année, la journée des droits de l’homme. Cette année, la journée s’inscrit sous le thème de la lutte contre la pauvreté. En signe de commémoration de cette journée, Journaliste pour la promotion et la défense des droits de l’homme » (JPDH), une organisation indépendante de défense des droits de la personne, de lutte contre l’impunité et de développement a noté que l’on ne peut combattre la pauvreté sans s’attaquer à l’impunité. Dans les lignes qui suivent, le directeur de cette ONG basée en RD Congo, également membre de la Coalition pour la Cour pénale internationale, M. KAZADI, donne sa lecture de cette célèbre journée. Interview

Le monde entier a célébré la journée de la Déclaration universelle des droits de l’homme sous le signe de la lutte contre la pauvreté. Quelle lecture faites-vous de cette journée ?

La journée du 10 décembre, c’est notre journée, celle des militants des droits de la personne dans le monde. Les membres de notre ONG s’étaient réunis ce jour-là, des membres du comité exécutif aux membres d’autres structures de l’association, pour jeter un regard rétrospectif pour s’assurer que le gouvernement, censé garantir les droits de l’homme, a pu jouer son rôle régalien. Mais il nous revient, selon notre rapport annuel qui énumère des faits précis, que les violations des droits de l’homme ont été commises partout dans le pays. A Kinshasa comme à l’intérieur du pays, les rapports qui nous parvenaient et que nous prenions soin de rendre publics dans vos médias, sont plus que parlants sur des actes cruels et dégradants dont étaient victimes des citoyens : des journalistes tués, des citoyens arrêtés dans autre forme de procès, des décès enregistrés dans des prisons dus à l’extrême promiscuité, au manque des soins de santé en faveur des détenus malades, à la sous alimentation. Bref, des arrestations arbitraires à des détentions illégales qui débouchent, pour la plupart des fois sur des cas de décès.

Il faut donc lutter contre la pauvreté, thème retenu pour cette année.

A JPDH, nous estimons que la lutte contre la pauvreté va de pair avec celle contre l’impunité. Donc, avant de s’attaquer à la pauvreté, il va falloir lutter contre l’impunité. Donc les deux luttes sont indissociables. La façon de lutter contre la pauvreté, c’est notamment améliorer les conditions de travail de la masse ouvrière, notamment celles de ceux qui sont censés dire la loi. Ici, particulièrement les conditions de l’ensemble du corps judiciaire qui passent par la mise en application de la loi portant statut du magistrat. Vous savez que le magistrat congolais est mal rétribué aujourd’hui et le travail fourni dans des conditions d’extrême précarité extériorise l’extrême pauvreté pendant que nous avons de bons magistrats. De même, le gouvernement est appelé à concevoir une politique beaucoup plus réaliste de l’emploi dans l’optique de résorber le chômage, donc de donner du travail à la majorité des citoyens. Par ailleurs, tous les actes de criminalité répertoriés tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays sont une conséquence du chômage notamment. Le taux est assez élevé des « sans emploi ». Ceux qui travaillent, pour certains, sont mal payés. Comment voulez-vous que disparaisse l’insécurité ? Cette situation de pauvreté engendre beaucoup d’autres antivaleurs telle la corruption, le meurtre etc. Vous êtes sans ignorer que la RD Congo bat le record dans la pratique de la corruption. Elle est classée 6ème pays le plus corrompu de la planète, selon un rapport rendu public par une ONG internationale soeur. Bref, pour créer un environnement sain, il faut mettre sur pied des mécanismes efficaces de lutte contre l’impunité. Dans le cadre d’une justice réparatrice, les victimes de différents crimes dans notre pays ne sont jamais réhabilitées. Souvenez-vous des différents conflits armés signalés à l’Est de notre pays : des maisons ont été incendiées, suivi des tueries. Jamais de procès. Les survivants n’ont été jamais été réhabilités. Pour le procès de Kilwa, dans le Katanga, il a fallu que les ONG des droits de l’homme fassent grand bruit pour la justice fasse enfin son boulot. Mais nous avons l’œil sur le déroulement du procès que nous voulons équitable et juste. La plupart des auteurs de crimes se recrutent fort malheureusement dans les rangs des Forces armées de la RD Congo, censés pourtant assurer la protection des citoyens. Là aussi il y a un problème. Tout gravite autour des conditions de vie.

Concrètement, que propose JPDH au gouvernement pour lutter contre la pauvreté et l’impunité que vous estimez comme deux facteurs indissociables ?

Comme le reste de Congolais, nous avons analysé le discours d’investiture du nouveau président de la république. Il a pris un engagement ferme de combattre l’impunité qu’il a reconnu s’être enracinée dans le pays. De même que dans les 100 propositions publiées dans les médias attribuées au nouveau président, il s’engage à chasser le chômage, et donc la pauvreté. Comme vous le savez, l’histoire récente nous renseigne que longtemps tourné en bourrique, le peuple congolais d’aujourd’hui entend juger le nouveau gouvernement aux actes.

Que proposez-vous exactement à la communauté nationale pour mettre fin à l’impunité ?

Que l’Etat congolais se montre respectueux des droits de la personne en ayant à l’esprit l’existence de l’article 11 de la constitution qui dispose que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Cette disposition a été même retenue comme thème de la journée des droits de l’homme en 2004. Plus question d’une justice à double vitesse profitable au puissant au détriment du moins nanti. Toutes vos préoccupations sont bien satisfaites dans la constitution au point relatif aux droits humains, aux libertés fondamentales et aux devoirs du citoyen et de l’Etat.

Le mot de la fin

Comme pour paraphraser Madame Louise Arbour, le Haut commissaire des nations unies aux droits de l’homme dans son message à la communauté internationale, JPDH estime la RD Congo à intérêt à prendre des mesures immédiates pour combattre la pauvreté avec une approche intégrée des droits de l’homme. C’est seulement de cette manière que les citoyens seront bénéficiaires d’un vrai et réel développement de leurs richesses.

Propos recueillis par "La prospérité", un quotidien paraissant à Kinshasa-RD Congo, Voir www.laprosperiteonline.com
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