RDCongo : Les indicateurs sont au rouge
LE CARNET DE COLETTE BRAECKMAN
Les indicateurs sont au rouge
Pour la Mission des Nations unies au Congo, dans le Nord Kivu, «tous les indicateurs sont au rouge»: violences à l’encontre des civils, tensions intercommunautaires, exactions commises par les forces armées. Très préoccupée par les mouvements de miliciens dans la province, la Monuc va envoyer 800 hommes renforcer les 3500 Casques bleus déjà déployés.
A la racine de cette insécurité, le processus de «mixage» entamé depuis le début de cette année, où des hommes armés sous les ordres du général Laurent Nkunda ont commencé à se «mixer» aux militaires des Forces armées congolaises. Alors que Kinshasa aurait souhaité réduire par la force ce groupe rebelle soutenu par le Rwanda et auteur de nombreuses violations des droits de l’homme, des pressions internationales furent exercées en faveur d’une solution négociée, entre autres parce que la capacité militaire de l’armée congolaise était mise en cause.
Les populations locales dénoncèrent ce processus de mixage comme une manière détournée d’introduire des ressortissants rwandais, militaires ou soldats démobilisés, au sein des forces armées congolaises et donc de perpétuer la présence rwandaise dans les régions frontalières. Mais surtout, les 7000 hommes de Nkunda sont à l’origine d’une grande insécurité: au sein des brigades mixées, ils se plaignent de ne recevoir ni solde ni nourriture et multiplient les exactions contre les civils tandis que leur chef menace de reprendre les hostilités. En outre, les miliciens hutus multiplient également engagements militaires et exactions.
L’insécurité qui règne dans cette région éprouvée par dix ans de guerre a fortement érodé la popularité du président Kabila et suscité une véritable fronde des élus locaux. Selon le Ministre des Affaires étrangères Antippas Nyamwisi, «neuf ministres se sont rendus à Goma le week end dernier, dans le but de relancer une grande négociation intercommunautaire.»
En plus du Nord Kivu, la situation est également tendue dans le nord de la province de l’Equateur, où, selon M. Nyamwisi, «treize mille Peuls Bororos armés sont arrivés avec leurs troupeaux dans les territoires de Ango, Aketi et Bondo. Ces nomades sont originaires du Tchad et de Centrafrique et leurs armes pourraient avoir été fournies par la Libye». Or le 19 avril dernier, Jean-Pierre Bemba, officiellement toujours au Portugal, aurait été vu à Tripoli…
