RD Congo : JPDH déplore des cas des disparitions forcées ou involontaires et d’intimidations dans le pays

Journaliste pour la promotion & la défense des droits de l’homme (JPDH), organisation indépendance et non partisane de lutte contre l’impunité, de développement démocratique et Membre de la Coalition pour la Cour pénale internationale (CCPI) est régulièrement saisi de cas de tortures, disparitions forcées ou involontaires, détentions illégales et arrestations arbitraires en République démocratique du Congo (RDC). Pour des cas des tortures, des informations qui parviennent à JPDH affirment qu’elles sont généralement l’œuvre des éléments et responsables commis aux différents services des renseignements dans le pays. Ces pratiques violent la Constitution de la République, spécialement en son titre II, article 16, literas 3, qui dispose que « nul ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain et dégradant… ; ne peut être astreint à un travail forcé ou obligatoire ».S’agissant des cas de disparition, JPDH rappelle que la Constitution dispose, en article 30, alinéa 2 que « aucun Congolais ne peut être ni expulsé du territoire de la République, ni être contraint à l’exil, ni être forcé à habiter hors de sa résidence habituelle ». Des cas d’arrestations arbitraires et détentions illégales ont été signalées, tant à Kinshasa que dans le reste du pays. Ces actes violent la loi fondamentale en ce qu’elle stipule que « toute personne accusée d’une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été établie par un jugement définitif ». JPDH/Bunia (Nord-Est) a enregistré le cas de Bernard NDEBO, né le 14 mars 1982, forcé à la disparition depuis le 03 septembre 2003 au fort du conflit ethnique entre les Lendu et les Hema, deux tribus majoritaires dans ce coin de la République. NDEBO – dont la mère et une sœur ont été tuées à la machette – a été l’objet des traitements dégradants, inhumains et cruels pour avoir accusé les hommes du chef de la milice de l’Union des patriotes congolais (UPC-une redoutable milice), Thomas LUBANGA, d’ethnie Hema, d’avoir perpétré des massacres sur des ressortissants de l’ethnie Lendu. NDEBO a pu gagner, selon des témoignages recueillis sur place à Bunia, la frontière avec l’Ouganda avant d’atteindre le Kenya, aidé par une dame dont l’identité n’a pas été révélée à JPDH.
M. LUBANGA DYILO est aujourd’hui traduit devant la Cour pénale internationale (CPI) et dont le procès est attendu dans les jours qui viennent après la mise en place d’une Chambre de première instance, à La Haye, aux Pays-Bas. L’habitation familiale a été incendiée tandis que le bétail a été emporté. JPDH exprime la crainte pour la vie du jeune NDEBO, traumatisé et dont le retour au bercail pose problème quant à sa sécurité au regard du schisme qui déchire encore les deux ethnies, pourtant condamnées à cohabiter. La sécurité n’ayant pas été totalement rétablie sur l’ensemble du territoire de la République en dépit de l’organisation des élections dans le pays, JPDH invité le pays d’accueil de Bernard NDEBO a lui assurer protection et sécurité, conformément aux standards internationaux relatifs aux droits de l’homme. Cette disparition involontaire porte gravement atteinte à l’ensemble de règles minima consacrées par la Déclaration universelle des droits de l’homme et énoncées dans les deux Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme. Outre la situation de NDEBO, JPDH est également saisi d’une situation aussi grave. Il s’agit du cas de Louison SOKI LUMBU, ayant résidé sur l’avenue Lukandu n°100, commune de Kasa-vubu (centre Kinshasa, capitale de la RD Congo). Selon les données fournies par la famille sur l’infortuné à JPDH, M. SOKI était, à la veille de son sort actuel, étudiant à l’Université de Kinshasa à la faculté de médecin et membre de l’Union socialiste congolaise (USC-parti politique de l’opposition) où il assumait les fonctions de chargé de la mobilisation sur le campus universitaire. Selon des témoignages faits à JPDH, lors de l’historique marche de protestation organisée le 30 juin 2005 par l’opposition politique en vue de la « requalification du processus électoral », SOKI, compté parmi les manifestants, a été arrêté par des hommes en tenue civile avec d’autres jeunes militants des partis comme l’UDPS, principale formation politique de l’opposition au régime de Kinshasa. Des membres de sa famille qui ont indiqué être l’objet des suspectes visites de personnes non autrement identifiées ont déclaré que SOKI n’est pas, jusqu’à ce jour, rentré à la maison en dépit de l’élargissement de certains de ses collègues de l’opposition. Ce cri d’alarme intervient après que Eugène DIOMI, un leader de l’opposition, candidat malheureux à l’élection présidentielle en 2006 et président de la Démocratie chrétienne (DC-opposition) ait été invité, le 21 juillet 2007, à se présenter au Tribunal de paix de Kinshasa-Ngaliema pour des propos qu’il avait tenus lors d’un meeting qu’il avait organisé en janvier 2005 au Stade des Martyrs à Kinshasa. Les Ong de défense des droits de l’homme, dont JPDH, ont protesté estimant qu’il s’agit là d’un règlement des comptes politique. S’agissant de SOKI, JPDH sollicite une enquête sérieuse devant éclairer la lanterne de l’opinion sur le sort de ce jeune militant de l’opposition. Dans la foulée de sa requête, JPDH exige également que des éclaircissement soient donnés au sujet du sort réservé à des adeptes de « Club de 12 », un groupe de réflexion basé à Ngaba – l’une des communes de Kinshasa – qui poursuivait le but de conscientiser la jeunesse à la lutte contre la délinquance juvénile. Des membres de ce groupe ont déclaré qu’au second tour de l’élection présidentielle, ils avaient déclaré en public leur attachement à l’Union pour la Nation (UN-une plate-forme électorale) que coordonnait Jean-Pierre BEMBA, arrivé deuxième au second tour du scrutin présidentiel. M. BEMBA était contraint à l’exil par le pouvoir de Kinshasa après un affrontement armé, en mars 2007 à Kinshasa, entre sa garde rapprochée et la Garde républicaine, commise à la sécurité présidentielle.
Au lendemain de l’annonce publique de cette décision, des membres de ce groupe ont été forcés à la clandestinité. Début janvier 2006, Muanamboka Iyanga Norbertine, chargée de la propagande au sein de « Club de 12 » a été soudainement portée disparue, selon un membre de sa famille qui s’est plaint à JPDH. Autant de cas disparition que l’opinion a encore en mémoire, la disparition, de M. KAMBALE, président du parti des résistants Maï-Maï, arrêté, début juillet 2007, à Goma (province du Nord Kivu-Est) par des hommes armés et conduit à une destination inconnue. Fortement consterné par ces disparitions et intimidations, JPDH rappelle qu’une disparition est une épreuve doublement paralysante : pour les victimes souvent torturées et dont la vie est constamment menacée, et pour les membres de la famille qui, dans l’ignorance du sort de leurs proches, passent de l’espoir au désespoir, dans l’expectative et dans l’attente, parfois des années, de nouvelles qu’ils ne recevront peut-être jamais. La pratique des disparitions forcées des personnes porte gravement atteinte à l’ensemble de règles minima pour le traitement des détenus, approuvé par le Conseil économique et social de l’ONU en 1957, ainsi qu’au Code de conduite pour les responsables de l’application des lois et l’Ensemble de principes pour la protection des personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, adoptés par l’Assemblée générale en 1979 et 1988.
Fait à Kinshasa, le 24 juillet 2007
Journaliste pour la promotion & la défense des droits de l’homme (JPDH)