Trois activistes de Droits de l'homme portés disparus à Goma en RDC
Trois activistes de droits de l’homme de l’Est de la RDC sont portés disparus depuis 5 avril 2014. Jean de Dieu BAHATI HERI, Bruno MAPENDANO MATABARO et Aimable PALUKU étaient en train de préparer une lettre ouverte à adresser aux Nations Unies via sa mission en République démocratique du Congo, MONUSCO pour dénoncer les entraves dont sont victimes les enquêteurs de l'assassinat du colonel Mamadou Ndala. Loin de la version officielle de départ, qui attribuait l'attaque à la roquette ayant tué l'officier aux rebelles ougandais de l'ADF, la piste d'un règlement de comptes au sein de l'armée paraît désormais la plus "sérieuse".
"Nous sommes sur une piste sérieuse." avait ainsi affirmé Richard Muyej, le ministre congolais en charge notamment de la Sécurité. Comme lui, la plupart des responsables congolais restent discrets sur l'avancée de l'enquête ouverte à la suite de l'attaque à la roquette, le 2 janvier, contre la jeep du colonel Mamadou Ndala, à quelque 10 km de la ville de Beni, dans l'est de la RDC.
Quelle est la "piste sérieuse" dont parle le ministre ? Une chose semble acquise : il ne s'agit plus de celle qui accusait les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) de la mort de l'officier, auréolé du renouveau des Forces armées de la RDC (FARDC). Une source proche de l'enquête avait confié à BAHATI et son groupe que les vrais commanditaires de cette attaque sont à rechercher au sein de l’Armée congolaise avec la complicité des pays voisins. "L'hypothèse des ADF, annoncée par Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais, est en train d'être abandonnée car jugée hâtive et peu convaincante." Cette même source avait confié à BAHATI HERI et son groupe que : "La zone [où a lieu l'attaque] était suffisamment occupée par les militaires des FARDC et les assaillants auraient été aperçus portant l'ancienne tenue de couleur verte de l'armée."
Il convient de souligner que Mamadou Ndala craignait d'être trahi par ses propres frères d'armes.
Cette crainte était-elle légitime ? Les premiers éléments de l'enquête semblent le démontrer. Des officiers de l'armée sont en effet soupçonnés d'avoir commandité l'attaque. Après qu'on ai retrouvé le téléphone portable de son garde du corps sur le lieu de l'attaque, le colonel Tito Bizuru, numéro un des FARDC dans la ville de Beni, a été mis aux arrêts. Cet officier est un ancien rebelle du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple). Il avait réintégré l'armée en 2009 après la signature de l'accord du 23 mars qui avait mis fin à la rébellion de Laurent Nkunda. Selon les dernières nouvelles, ce suspect de première main a été relâché faute de preuve, mais BAHATI et son équipe sont convaincus que les enquêteurs ont subi de fortes pressions de leur hiérarchie à Kinshasa. Un autre officier de la Garde Républicaine, le général Muhindo, alias Mundos, commandant du secteur opérationnel à Beni, proche du Président de la République qui était en résidence surveillée a été aussi relâché faute de preuve. A l’allure où vont les choses, cette enquête risque d’accoucher d’une souris.
Est-elle une affaire de sous ?
Entretemps, d'autres arrestations et interpellations qui ont eu lieu n’ont rien donné à en croire cette lettre ouverte qui devrait être adressée aux Nations Unies. Un autre officier congolais, Lieutenant Kelvin, chef des services de renseignements militaires à Beni, aurait déclaré "avoir des informations sur les personnes qui ont planifié l'assassinat de Mamadou Ndala ainsi que sur la provenance de 300 000 dollars qui auraient été versés pour motiver certains soldats à exécuter ce plan". Une piste que les enquêteurs semblent désormais abandonner selon Jean de Dieu BAHATI et son groupe d’activistes.
S'agirait-il donc d'une simple affaire de sous ? Un élu local estime que les officiers militaires de Beni n'ont pas vu d'un bon œil l'arrivée sur leur territoire du colonel Mamadou Ndala et de ses hommes. "Pour eux, Mamadou Ndala venait faire un job qu'ils n'ont pas pu faire : neutraliser l'ADF". "Depuis 2009 (date de leur affectation), ils ont transformé la zone d'opération de Ruwenzori - où se cachent les rebelles ougandais - en zone de commerce", affirme-t-il, dénonçant des "arrangements" entre le commandement militaire de Beni et les chefs rebelles de l'ADF.
Lorsque l’ANR (agence congolaise de renseignement) aurait appris ce projet de rédaction d’une lettre ouverte à adresser aux Nations Unies à Goma et à Kinshasa, Jean de Dieu BAHATI HERI, Bruno MAPENDANO MATABARO et Aimable PALUKU ont été menacés de mort par un Officier de l’ANR accompagné d’un officier de renseignement militaire. Depuis le 05 avril 2014 ces trois personnes sont portées disparues. Leurs épouses ont lancé un cri d’alarme pour tenter de retrouver leurs maris. C’est pour cette raison que l’ONG de Droits de l’Homme JEUNESSE DU MONDE interpelle le Gouvernement de la République Démocratique du Congo sur son Rolle de protéger les citoyens et leurs biens ; de garantir la liberté d’opinion et de pensée,…
JEUNESSE DU MONDE demande à toute personne qui détiendrait une information quelconque sur les personnes précitées à en informer l’ONG JEUNESSE DU CONGO au +2438145055254 ou écrire à jeunessedumonde.dh@yahoo.fr
ONG-D JEUNESSE DU MONDE RDC
