L’enfant et la délinquance juvénile
Dans notre pays on a beau crié et chanté que la jeunesse est l’avenir de demain. Et pourtant les jeunes de 1960 ne sont jamais devenus maîtres organisateurs de ce pays, ce qui nous laisse croire que pour eux le « demain » n’est toujours pas encore là. Aussi, l’histoire de ce pays nous apprend que les Congolais ne préparent ni l’avant-jeunesse, encore moins l’après-jeunesse. En cette même année de 1960, quand le Commandant de l’Armée belgico-congolaise du Congo-Belge et du Rwanda-Urundi dit aux militaires de la Force Publique à Léopoldville-Kinshasa que pour lui la période « avant-indépendance » équivaut à « l’après-indépendance », tout le monde s’est fâché, non pas parce qu’il avait menti, mais plutôt parce qu’il ne devait pas parler ainsi.
Dans le cas précis, le Congolais, qu’il soit enfant, jeune, adulte ou vieux du troisième age, se comporte de la même façon, ignorant son niveau d’études ou son rang social. Chaque étape, chaque période au Congo vit sa délinquance et étale son irresponsabilité en tout lieu.
A partir de ce thème, le DECIDI (Réseau Démocratie et Civisme pour le Développement Intégral en Ituri ) veut montrer aux adultes et cadres congolais qu’ils ne sont pas différents des enfants et qu’ils doivent changer, en commençant par se connaître personnellement. Le fait que notre pays soit la rusée du monde entier, même des petits pays voisins en dit beaucoup.
Si le Dictionnaire « Le Petit Larousse » décrit le mot « enfant » comme étant « garçon ou fille dans l’age de l’enfance », le psychologue lui va plus loin en répartissant les différents stades qui marquent l’évolution de l’enfant de la manière suivante :
- la phase infantile (0 – 12 mois) ou phase parasitaire du nourrisson. Elle est marquée par le sevrage et par l’acquisition de la marche ;
- la première enfance (entre la 1e et la 3e année). Elle est marquée par la recherche des plaisirs qu’apportent la sensation et le mouvement, auxquels correspondent les valeurs sensorielles et sensuelles ;
- la seconde enfance (entre la 3e et la 7e année). Elle est concrétisée par l’égocentrisme et la découverte de la réalité extérieure (l’enfant est en contact avec le nouveau milieu qui est l’école maternelle et primaire ;
- la troisième enfance (entre la 7e et la 12e année). Elle est marquée par la socialisation des intérêts mentaux et par la bonne intégration des caractéristiques du grand enfant. C’est vraiment le sommet de l’enfance, le moment du plein épanouissement ;
- la phase de la puberté ou pré-adolescence (entre 11 – 12 ans jusque 14 – 15 ans) ;
- la phase de l’adolescence proprement dite (entre 14 – 15 ans jusque 17 – 18 ans) ;
- la phase de la maturation (de 17 – 18 ans à 25 ans environ).
Malgré la diversité culturelle, linguistique et sociale, les enfants se ressemblent à plusieurs égards, car ils ont presque tous un fond commun. Pendant sa croissance, chaque enfant passe des périodes d’équilibre suivies de celles de déséquilibre. A titre d’exemple : Un enfant peut être turbulent à 4 ans, plus calme à cinq. De nouveau turbulent à 6 ans et redevenir plus calme à 8 ans.
Il y a des moments de l’affirmation de son « moi » et du refus de la règle imposée par la société. Son amour propre est sans cesse blessé.
Les parents doivent apprendre à connaître leurs enfants en vue de les corriger.
Quant à la délinquance juvénile, elle peut être définie de plusieurs façons :
- ensemble des infractions aux lois de la société ;
- une infraction pénale (crime, délit, contravention) punissable de peines correctionnelles ;
- une désadaptation exprimant le conflit qui oppose l’individu à la société ;
- ensemble des infractions pénales (vol chez les garçons, chez les filles, vagabondage chez les uns et les autres) commises par des mineurs de moins de 18 ans.
Quels sont les délits caractéristiques reconnus à l’enfant ? Ils sont plusieurs, mais on peut en citer quelques uns :
Vol : A part le vol direct du sucre, des bonbons, etc., l’enfant peut commettre d’autres délits par le mensonge : tromper autrui, une altération consciente de la vérité, fabuler ou embellir la réalité, falsification des bulletins,…
la fugue : une escapade, un départ de son domicile, une crise d’opposition, l’enfant prend position contre son milieu familial, il désobéit,…
l’école buissonnière : cela offre à l’enfant le moyen de se socialiser en établissant des liens de camaraderie et en se libérant progressivement de certaines attaches familiales
le vagabondage : absence de domicile fixe.
Alcoolisme et drogues : L’alcoolisme est un des plus graves fléaux dont souffre le monde entier. La drogue apporte pour quelques jeunes une satisfaction. Pendant cette période d’exaltation, l’enfant se voit grandi, le monde qui l’entoure prend un sens merveilleux, la réalité disparaît et se trouve remplacée par un monde idéal.
Sortes d’alcools et de drogues :
- Alcool : vin, cidre, bière, liqueurs,…
- Drogues : morphine, héroïne, cannabis, (marihuana, marijuana), éther, chloroforme, chanvre,…
Déchaînements juvéniles : Les délinquants sont souvent caractérisés par les chahuts, les tumultes et les scènes hystériques lors des spectacles ( concerts de musique, sports,…). Les bandes rivales s’affrontent régulièrement.
Coups et blessures : Les coups et blessures deviennent inquiétants quand ils proviennent des actes de violence.
Délits contre les mœurs : Souvent ce sont des atteintes à la pudeur, des délits mineurs dits de curiosité, de timidité, voire de précocité de l’enfant. Ici l’enfant peut être à la fois auteur et victime. Il participe aux délits sexuels en groupe et aux viols collectifs.
Etat de mendicité : Un enfant pauvre ou coupé de ses parents est prédisposé à la vie de mendiant, qui consiste à quémander, à faire appel à la charité.
En conclusion, il est à noter que la délinquance juvénile s’élabore durant la petite enfance. Ce sont des frustrations et des traumatismes subis qui troublent souvent l’affectivité et sont à la source des comportements détournés.
Pour y remédier, il vaut mieux améliorer le niveau de vie de la population, la santé, l’éducation, la formation professionnelle, les services sociaux, les loisirs et la moralité publique.
Comme nous l’avons dit plus haut, le DECIDI fera sienne la défense des intérêts des enfants et de la jeunesse pendant la Transition en République Démocratique du Congo, en intervenant auprès du législateur congolais en faveur de la création d’un organe efficace des juges des enfants, des psychosociologues, des médecins et des centres de rééducation, ainsi que de dénoncer tout abus contre la jeunesse. Le DECIDI souhaite ardemment collaborer avec les parents, les éducateurs et l’Etat congolais pour que chacun prenne conscience et aide à édicter des lois en vue de la protection de cette catégorie de la population non négligeable par son importance.
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir
Coordinateur DECIDI Kinshasa, 25.08.2003
