Situation des droits de l’homme au Maniema
Les femmes au Maniema ont le plus souffert des affres de la guerre qui a sévi en Rdc depuis 1998 et même quelques années auparavant. Autant de la part de l’autorité de facto, le Rassemblement congolais pour la démocratie (Rcd), des alliés rwandais que de la part des forces de résistance appelées Maï-Maï. Les femmes du Maniema ont été victimes de toutes sortes de tracasseries, d’exactions et de viols avant de connaître les massacres et les assassinats les plus odieux. Les violences sexuelles semblent s’adjuger le gros lot de violations des droits de l’homme dans cette partie de la Rdc.
Dans les lignes qui suivent, l’Association des jeunes femmes du Maniema (Ajfma), une ong de défense des droits de l’homme basée à Kindu, livre des clichés de quelques violations dont les femmes du Maniema ont été victimes. Leur monitoring reprend des cas enregistrés même après la signature de l’Accord global et inclusif et la promulgation de la Constitution de transition.
Le 11 janvier 2003, trois filles d’environ 12 ans sont violées par un policier du Rcd du nom de Tabu ley alors que ces dernières se rendaient en brousse à la recherche du bois de chauffage. Cela s’est passé dans le quartier Mangobo. Quatre jours plus tard, soit le 15 janvier 2003, M. Milambo et son épouse, Mme Mauwa Mpala, se sont rendus en forêt pour couper les noix de palme. Les Maï-Maï surgiront devant eux pour s’emparer de la femme pendant que son mari prenait la fuite. Rendue captive, elle a été violée et torturée trois jours durant avant de fuir à la faveur d’une sortie pour aller chercher l’eau à la source. Elle réussira à rentrer chez elle après un jour de marche, mais depuis alors elle se plaint des complications de son cycle menstruel. Le 4 février 2003, une femme vendeuse au petit marché de Brazza n’a pas pu échapper à un viol de la part des militaires du Rcd qui ont réussi leur forfait en brandissant leurs armes. Huit jours plus tard, une maîtresse de l’Ecole primaire Katulama, sur la route de Kasongo fut assassinée à 18 km de Kindu, dans le cadre de l’opération « Effacez le tableau ».
Au mois de mars de la même année, dans la commune d’Alunguli, située de l’autre côté du fleuve, deux éléments Maï-Maï se sont rués sur un groupe de jeunes filles et en ont attrapé deux qu’ils ont violées et gardées pendant quelques jours. Tous les biens des infortunées, notamment la nourriture, ont été confisqués par les ravisseurs. Les victimes, Bora et Mwamidi, étaient âgées de moins de 15 ans. Elles ont réussi à fuir suite à l’inadvertance de leurs bourreaux. Au cours de la même période, Mme Mwavita, résidant sur l’avenue Loseke, sera violée par Cinq Maï-Maï sur la route menant vers Misenge, tandis que de leur côté les militaires du Rcd violeront successivement Mmes Fundi et Machozi. En plus, ils tueront Mme Henriette, âgée de 30 ans ; Mme Fatuma et son fils à 75 km sur la route de Kasongo. Par contre, Mme Mwayuma, vendeuse de viande boucanée au marché central de Kindu sera torturée au même moment que son mari par les militaires du Rcd avant d’être dépossédés de tous leurs biens. Ils ont passé dix jours en prison et ont dû payer une forte amende pour être libérés. Quant à M. Djunga âgé de 18 ans, il a été embrigadé de force par les Maï-Maï dans la commune d’Alunguli. En avril, la femme d’un chef de bloc résidentiel sur l’avenue Kihembwe. Elle a été fortement torturée à une barrière militaire sur l’axe routier Kasuku par les militaires du Rcd. Motif : la victime s’était opposée au viol de sa jeune sœur.
Plusieurs cas ont été enregistrés au mois de mai. Dans la commune d’Alunguli, un policier a successivement violé trois fillettes âgées respectivement de 8,7 et 5 ans. Les victimes jouaient, insouciantes, au bord du fleuve Congo lorsque le bourreau les a prises par traîtrise. Informées, les autorités ont appréhendé le policier incivique mais pour le relaxer quelques jours seulement plus tard. Le 2 mai 2003, une jeune étudiante de l’Institut supérieur médical de Kindu (Istm), résidant dans la commune d’Alunguli (rive droite), se rend à la brousse en compagnie de ses cinq amies pour aller chercher du bois de chauffage, lorsqu’elles sont prises au dépourvu par six miliciens Mai-Mai. Sans ménagement, elles ont été violées et torturées par leurs ravisseurs qui les ont ensuite séquestrées. Seule l’étudiante réussira à s’échapper deux jours plus tard en abandonnant ses compagnes d’infortune. Celles –ci n’ont jamais été retrouvées jusqu’à ce jour. Il en est de même de l’épouse de M. Etienne Beya, Mme Wiket, laquelle a été « capturée » par les Maï-Maï alors qu’elle s’adonnait à son petit commerce de l’autre côté du fleuve Congo. Son mari ne l’a jamais revue.
Le 10 mai 2003, Mme Générose, épouse du chef du village nommé Kamimbi (34 km de Kindu) en amont du fleuve Congo, dans la commune de Mikelenge, et sa compagne sont capturées au marché Kambelembele par des éléments Maï-Maï. Motif : elles sont soupçonnées d’être des espionnes au service du Rcd. Elles seront déportées de Kambelembele à Kampene où elles passeront 18 jours en prison avant d’être relâchées. Toujours à Kampene, un jeune étudiant de l’Isdr/ Kindu âgé d’environ 28 ans, a été emprisonné pendant dix jours par les Maï-Maï sur base d’une simple calomnie. Il a été torturé et dépossédé de tous ses biens. Il a même dû payer une amende exorbitante. Il sera libéré à l’issue d’une enquête dont les conclusions l’ont révélé innocent. Il est resté jusqu’à ce jour sans le sou et sans soutien. Ses études en ont ressenti le contrecoup.
Au mois de juin 2003, il est fait mention du cas de Mlle Mamy, élève en 6ème secondaire à l’institut Tuungane, qui a été battue à mort par son promoteur d’école. Le 22 juin 2003, dix militaires du Rcd accompagnés de leurs épouses se sont introduits dans le jardin de Mme Régine où ils se sont mis à récolter à souhait manioc et feuilles de manioc.
Quelle ne fut pas la déception pour la dame Régine qui, absente de sa résidence, a constaté le forfait après le départ des pilleurs.
