"Kadogo, enfant des guerres d'Afrique Centrale"

Ce magnifique titre, je l'emprunte de l'écrivain Hervé Cheuzeville, de son livre qui vient de paraître dans les Editions l'Harmattan.
Dans ce livre, l'auteur raconte, comment ces enfants, enrôlés de force pour composer la majorité des milices ethniques impliquées dans les massacres qui se déroulent depuis des années en Afrique Centrale, se comportent pendant et après leur service forcé. Pour lui, les "Kadogo", qui signifie "petite chose sans importance" en Swaheli, sont presque toujours des enfants. Ayant vécu plusieurs mois à l'Est de l'Afrique, notamment en Ituri, en République Démocratique du Congo, Patrick Cheuzeville a côtoyé un grand nombre de ces enfants traumatisés, mutilés, rescapés, fugitifs ou "déserteurs de leur armée".
Invité par Radio France Internationale, RFI, à une de ses émissions "A l'école des savoirs" , animée par Madame Emmanuelle Bastride, l'écrivain s'est fait accompagner d'un enfant-soldat déserteur au sobriquet de "Simba", originaire de l'ethnie Hema, du District de l'Ituri.
A la question de savoir, pourquoi l'enfant rescapé n'a pas voulu donner son vrai nom, ce dernier a répondu que c'était pour garder l'anonymat et éviter des représailles dont ses membres de famille pourraient faire l'objet.
Si, en tant que membre de DECIDI, nous revenons sur ce chapitre, c'est parce que nous avons déjà publié deux articles sur ce sujet dans le Portail Internet de la Société Civile Congolaise. Aussi, à l'époque, nous avions écrit au Secrétaire Général des Nations Unies, son Excellence Monsieur Koffi Anan, pour qu'il intervienne, afin que les 165 enfants démobilisés en Ouganda, dont 164 réunifiés en Ituri, soient bien encadrés de peur de les voir recruter de nouveau par les Mouvements rebelles et les milices ethniques.
A ce moment précis nous avions été très mal compris et même pourchassé.
Aujourd'hui les déclarations du jeune "Simba" confirment notre inquiétude et nous donnent raison, car tous ont été recrutés de nouveau dans la machine des guerres des rebelles et des milices militaro-ethniques.
Nos préoccupations concernaient notamment:
1) de laisser l'encadrement de ces enfants aux autorités coutumières, c.à.d., aux Chefs des Collectivités, de groupements et des localités, et non à leurs parents qui ne pouvaient rien leur dicter avant leur enrôlement , étant souvent incapables ou complices.
2) de confier la gestion des fonds et autres ressources aux organisations caritatives et/ou humanitaires de la place qui ont déjà prouvé leur capacité de gestion et d’encadrement ; et non importer une main-d’œuvre d'autres cieux, qui pour le cas présent a coûté trop cher pour rien.
3) de voir l'UNICEF prendre la situation en main en tant qu'organisme et non laisser le traitement du dossier entre les mains d'un seul cadre (individu), qui d'ailleurs s'est montré incompétent sur terrain.
Toujours selon les déclarations de l'enfant-soldat "Simba", qui s'était identifié de l'ethnie hema de l'Ituri, le groupe dans lequel il était recruté de force était acheminé en Ouganda pour une formation militaire de base afin de libérer le Congo. A leur retour en Ituri, le jeune Simba s'est inscrit dans une école de la place et était même à l'internat. Un jour, le Commandant de l'UPC est allé le chercher à l'école pour qu'il regagne l'armée. Il ne pouvait pas résister, car ce serait sa mort.
Pour le DECIDI, ce qui est arrivé à ce jeune garçon, d’être recruté une fois, démobilisé, et de nouveau recruté, n'est pas un cas isolé, plusieurs autres jeunes ont connu la même situation, qui certainement les traumatise aujourd’hui.
Le DECIDI pense que pour éviter à ces enfants des conséquences graves après avoir tué des personnes innocentes, violées leurs sœurs, leurs mères sous les effets des drogues, il faut qu'ils soient amenés, après leur démobilisation, loin de leurs villages pour être rééduqués. Dans tous les cas, les laisser en Ituri, ne peut les arranger.
En résumé, et pour mieux comprendre les inquiétudes de notre Réseau, nous demandons à nos lecteurs de se référer à nos précédents articles dans les sites suivants: http://www.societecivile.cd/membre/decidi et surtout lire les deux articles sur les enfants-soldats. Il est également possible de nous contacter par l'e.mail: democratieetcivisme@hotmail.com
Enfin, pour que justice soit faite, les auteurs recruteurs des enfants-soldats devront subir la rigueur de la loi.

Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir,

Coordinateur.-


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