Journée de sensibilisation contre la violence faite aux femmes à la Mosquée

Rapport sur la journée de sensibilisation contre la violence faite aux femmes à la Mosquée
Campagne annuelle du RAF

Depuis huit ans, le RAF organise en RDC la campagne contre la violence faite aux femmes et aux petites filles, reprenant et contextualisant le thème mondial des 16 journées d'activisme. Cette année, les organisatrices ont souhaité que soit évoqué les violences sexuelles dont sont victimes les femmes congolaises, notamment en temps de guerre.

Dans cette quête de solutions qui interpelle toutes les femmes de la République, les ONG «Les Anges du Ciel» et «ANSAR» se sont pleinement impliquées en menant une action de sensibilisation dans la commune de Barumbu, ce samedi 6 décembre 2003, à 11h.

Ce texte transcrit les échanges qui ont eu lieu dans la salle de la mosquée et veut traduire les stratégies et les recommandations qui ont été formulées par les femmes musulmanes réunies à l'invitaion d'ANSAR.

L'intervenante, Maman Amina, a tout d'abord demandé puis donné une définition de l'expression «violence sexuelle» : il s'agit de tout tentative pour prendre une femme sans son consentement, en usant de la force. Ont ensuite été évoquées et commentées différentes formes de violence, les femmes rassemblées ne se privant pas de compléter l'exposé de Maman Amina.

Il a ainsi été question des violences sexuelles qui menacent les femmes aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre.

Au sein même du couple :
- Quand la nuit, le papa force la maman à faire l'amour, indifférent à sa fatigue, voire à ses indispositions, répétant l'acte 3 à 4 fois dans la nuit. Il n'est pas question de parler et si la femme dit qu'elle n'est pas consentante, elle reçoit des giffles.
- D'autres maris ne disent rien. Ils se présentent et arrachent le slip de la femme, la prennent et commencent leur «travail» sans prendre le temps de préparer la maman, sans qu'un mot ne soit même échangé. «L'essentiel, c'est qu'il fasse son travail, même si le lendemain, vous devenez des ennemis».

Dans la famille :
- À la mort de son époux, une femme peut être obligée par la famille d'épouser le frère du défunt.
- Le père abuse parfois de sa petite fille, ou encore l'inceste est commis entre les enfants.
Ces derniers exemples ont permis de pointer du doigt la pauvreté dont sont victimes les femmes, qui les exposent à la promiscuité et aux abus que cette dernière favorise.

Dans le milieu du travail :
- On constate trop souvent que des enseignants utilisent leur statut pour abuser de leurs élèves. Ils favorisent celles qui acceptent de se prêter à leur chantage odieux et menacent les autres de les faire échouer aux examens.
- Ainsi, les élèves de 6 année des Humanités passent par le lit du professeur pour obtenir à l'avance le questionnaire de test.
- À l'Université, pour réussir son année, il faut souvent encore en passer par là.

Dans la société :
- Les filles sont exposées à la violence des Sheges, ou, en temps de guerre, à celle des militaires pour qui le viol est devenu une arme de guerre. Ainsi, certaines femmes, victimes de viols collectifs, ont conçu sans jamais connaître l'auteur de leur grossesse.

L'ensemble de ces violences ont pour conséquence d'exposer les femmes non seulement à une grossesse précoce, ou non-désirée, mais aussi aux infections et maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH-SIDA, et souvent à une mort prématurée.

Les Mamans réunies ce jour-là à la Mosquée ont arrêté certaines recommandations :

- Que la femme se sente aimer par les hommes ;
- Qu'elle retrouve sa dignité ;
- Que le gouvernement applique toutes les lois internationales qui protègent les femmes ;
- Qu'il réforme les lois nationales existantes qui restent discriminatoires envers les femmes ;
- Qu'il sanctionne les violeurs ;
- Qu'il prenne en charge les femmes victimes de viol ;
- Que la paix revienne totalement afin de mettre fin à toutes les violences ;
- Que le gouvernement augmente les salaires des fonctionnaires afin de restaurer les foyers.

Le débat houleux qui a accompagné l'intervention de Maman Amina a fait la démonstration que les femmes présentes avaient pleinement pris conscience de la nécessité de s'opposer à toutes ces violences.

Fait à Kinshasa, le 6/12/03,
Modératrice et rapporteur du jour: Philomène MUKENDI, coordinatrice de l'ONG «Les Anges du Ciel»
Intervenante: Amina YUMA, secrétaire de l'ONG «ANSAR»


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