LA CRISE AMERICANO-IRAKIENNE, ANALYSE DES FAITS ET QUELQUES PISTES DE SOLUTION (2e version)
Introduction
Il est extrêmement difficile de réfléchir objectivement sur un sujet brûlant et sensible comme celui de la crise américano-iraquienne. Certes, il y a beaucoup de contraintes q’un flatteur serait tenté à se pencher du coté du camp bénéfique, du coté du plus fort ou du plus faible, du plus riche ou du plus pauvre, pour s’attirer sa sympathie. Mais, en flattant l’un ou l’autre, l’analyste perd son indépendance d’esprit, la qualité de « consultant », d’artisan de la paix, de scientifique pour se constituer en simple avocat, activiste des droits de l’Homme ou en syndicaliste appelé, à tout prix, à sauver son client. Certes, en réfléchissant sur cette question, mieux desservie dans des salons huppés des décideurs des puissances politico-militaires de ce monde, il y aurait de hauts risques de s’attirer la colère de l’une ou l’autre partie concernée à la recherche d’un appui, n’importe lequel, à sa lutte ; Mais, il est difficile de soigner un malade sans identifier la maladie et lui montrer les conséquences possibles à défaut de refuser la prescription médicale. Certes, il est également très difficile de suggérer telle ou telle autre alternative de solution sans blesser l’une des parties en conflit dans ses considérations les plus chères, mais c’est en remettant la balle sur le terrain de jeu que les deux équipes adversaires se livrent au jeu dans le respect des règles. Certes, la crise américano-iraquienne préoccupe au plus au point les grands de ce Monde, mais elle ne laisse pas insensible leurs petits. Cette analyse se veut certainement impartiale, mais non exhaustive. Ma modeste contribution s’inscrit dans mon apostolat pour la paix et la sécurité internationale,d’une part, et, d’autre part, la lutte contre la pauvreté et l’injustice. Beaucoup de « certes » suivis de « mais », telle est la problématique de la crise américano-iraquienne. Aux uns et aux autres, je présente toutes mes excuses pour mon opinion qui, à certains niveaux, serait diamétralement vos attentes et considérations.
I. Présentation des faits
§ 11 Septembre 2001, l’Al khaida de Ben Laden frappe au cœur des USA en écroulant le building du World Trade Centre à New York. Le régime de Saddam Hussein fut pointé comme sponsor du terrorisme dans le Monde;
§ Comme il fallait attaquer l’IRAK, les USA soutenu par la Grande Bretagne, son fidèle allié, ont cherché des prétextes pour convaincre la Communauté Internationale à voter une résolution par le conseil de sécurité des Nations Unies autorisant la guerre contre le régime terroriste de Saddam Hussein pour détention d’armes à destruction massive ;
§ Le Conseil de sécurité des Nations Unies a pris la résolution d’envoyer une équipe d’experts de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) pour enquêter sur terrain les allégations contre l’Iraq et lui faire rapport ;
§ Au lieu d’attendre la fin de l’enquête dont le résultat préliminaire ne présentait aucune trace d’arme à destruction massive, ces deux pays ont unilatéralement décidé de déclencher la guerre sans l’aval des Nations Unies.
§ Devant cette situation, l’ONU ainsi que des Pays comme la France, l’Allemagne, la Russie, le Canada, la Belgique et l’Afrique du Sud vont exiger la fin de l’enquête pour une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies;
§ Moins de deux mois après le déclenchement de la guerre, ce fut la chute du régime de Saddam Hussein;
§ Nomination par les USA d’un Administrateur Civil ainsi que la mise en place d’un gouvernement consultatif multiethnique sans aucun pouvoir réel ;
§ Du coup, les troupes américaines sont qualifiées des Forces d’occupation et non de libération des iraquiens. C’est le début du cauchemar américain en IRAK ;
§ Se considérant avoir été trahi par certains de ses Généraux, Saddam Hussein, déchu du pouvoir, recourt à la guérilla et aux opérations kamikaze pour continuer la résistance contre les Forces d’occupation;
§ Un appel des USA à la Communauté Internationale pour le financement de la reconstruction de l’IRAK fut lancé, sans transférer la responsabilité de la coordination à l’ONU.
§ Conditionnalité des Pays comme la France, l’Allemagne, la Russie de participer à la reconstruction de l’IRAK en contrepartie du transfert de compétence à l’ONU au nom du principe de partager ensembles les responsabilités et les risques d’une telle opération ;
§ Devant l’insistance des USA et son refus de transférer les compétences à l’ONU, le Conseil de sécurité des Nations Unies a laissé faire les USA et, pour éviter une deuxième crise entre les deux, en votant à l’unanimité la résolution autorisant le financement international pour la reconstruction de l’IRAK sous l’égide des USA. Les USA avaient, à mon avis, raté l’opportunité offerte par la Communauté internationale pour décharger le lourd fardeau iraquien sur le dos des Nations Unies, devenu très humiliant.
§ A ce jour, les USA ont déjà perdu environ 200 soldats, 19 du coté italien et 1 pour les Polonais, une dizaine du coté britannique, etc…
§ Devant l’impasse et l’inefficacité de l’approche militaro-sécuritaire, Le Président Georges W Bush a rappelé en consultation son Administrateur civil en IRAK à l’issue de laquelle il a inscrit en priorité le transfert du pouvoir au Gouvernement provisoire iraquien d’ici le 30 juin 2004 et l’organisation des élections dans deux ans;
§ Washington vient de demander au Gouvernement consultatif iraquien d’élaborer le projet de constitution et de déterminer le calendrier pour les échéances électorales tout en se refusant de quitter l’IRAK avant l’installation d’un régime élu démocratiquement ;
§ Devant le progrès du Président Georges W. Bush dans le processus de transfert de pouvoir au Gouvernement Iraquien et par son souci profond d’éviter à tout prix, et avant qu’il ne soit tard,une catastrophe au Moyen- orient par l’enlisement des USA en IRAK et le triomphe du terrorisme sur la démocratie, la France a tendu la main aux USA, en prônant l’approche diplomatique à travers l’unité de la Communauté Internationale tout en proposant une assemblée consultative pour la formation d’un Gouvernement provisoire en Iraq;
§ Le Secrétaire d’Etat américain au Foreign Affairs vient d’effectuer ce mardi 18 novembre une visite à Bruxelles pour un appui substantiel de l‘Union Européenne ;
§ Par rapport au progrès réalisé par les USA pour le transfert de pouvoir au Gouvernement provisoire iraquien et suite à des multiples pressions, le Secrétaire Général des Nations Unies envisage de nommer prochainement un représentant spécial en Iraq ;
II. Acteurs de la résistance iraquienne
Quatre acteurs dans la résistance iraquienne seraient identifiables :
§ Les troupes de Saddam Hussein en premier lieu bien que les Forces de coalition cherchent à minimiser leur capacité au stade actuel ;
§ Des intégristes musulmans et des nationalistes arabes ;
§ Des xénophobes iraquiens à l’occupation par les Forces de la coalition ;
§ Des terroristes du Monde entier dont Al Khaida ;
§ (inventaire non exhaustif)
III. Forces de l’ONU
L’ONU regorge beaucoup d’atouts pour une solution négociée à la crise américano-iraquienne dont en voici certains parmi tant d’autres :
§ La neutralité qui a caractérisé du Conseil de sécurité, malgré les innombrables pressions des USA, et la détermination du Secrétaire Général des Nations Unies à s’impliquer pour une solution diplomatique devant l’impasse sur le terrain et faute pour les USA et alliés de trouver la moindre trace des armes de destruction massive ;
§ Son mandat de veiller à la sécurité internationale ;
§ Sa notoriété d’organiser la médiation pour des solutions négociées ;
§ Son statut d’organisation Inter-Etats.
(inventaire non exhaustif)
IV. Faiblesses de l’ONU par rapport à la crise américano-iraquienne
§ Les membres de l’ONU sont divisés sur la question de la crise américano-iraquienne ;
§ L’ONU est ballottée entre les intérêts des Puissances détentrices de droit de veto et sa mission ultime de veiller à la paix et la sécurité internationale et de protéger la souveraineté des Etats membres, de lutter contre l’injustice et surtout de protéger les droits de l’Homme;
§ L’ONU vit essentiellement au dépens des USA en particulier et des ses autres membres financièrement puissants en général pour échapper difficilement à leur diktat ;
§ (inventaire non exhaustif)
V. Obstacles de l’ONU par rapport à la résolution de la crise américano-iraquienne
§ Injustice et subjectivité caractérisée, si souvent, entretenues par le Conseil de sécurité des Nations Unies dans le traitement inégal des dossiers des membres au nom de la loi du plus fort. C’est le cas de la R.D.Congo dont les Nations Unies n’ont jamais reconnu le fait de son agression par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda puisque ces derniers agissant au nom de certaines puissances occidentales bien connues, ni de voter l’institution du tribunal pénal international sur la RDC exigé par l’accord de Lusaka et une recommandation du Dialogue inter-congolais, puisque les Pays consommateurs des richesses ensanglantées pillées en RDC sont ceux qui ont le dernier mot à dire au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les Nations Unies n’ont jamais déployé ses casques bleus le long des frontières avec les Pays agresseurs au risque de laisser croire que la MONUC serait à l’Ituri à cause de ses riches gisements miniers plutôt que par rapport à son vrai mandat ; que l’ONU serait,d’une manière ou d’une autre, complice de l’invasion de la RDC ; que le plan de dépeuplement de l’Est de la RDC, élaboré par les Pays agresseurs dans les couloirs des Nations-Unies, en s’en tenir aux dénonciations faites en 1998 par Monsieur Kamanda wa Kamanda, aujourd’hui Ministre de la Recherche Scientifique, et Ministre Honoraires des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale sous le régime Mobutu, envisagerait l’élimination systématique de plus ou moins 12 millions de congolais au profit d’une colonie de peuplement rwandais sur cette partie de la RDC et expliquerait, peut-être, l’indifférence et l’injustice coupable de l’ONU devant le génocide de plus de 4 millions des innocents ;
§ Difficultés pour les Nations Unies de négocier un accord de paix entre l’IRAQ et les Forces d’occupation à l’instar de la démarche préconisée en Afrique dans la résolution de la crise en RDC, en Cote d’Ivoire et au Burundi pour éviter le pire , dans la mesure où jusqu’à ce jour, personne n’aurait encore gagné la guerre;
§ A défaut de victoire militaire des uns sur les autres et de comprendre qu’il serait utopique de restaurer la paix en Iraq sans un compromis politique entre les protagonistes ( les Pro-Forces de coalition et les Forces de résistance);
§ Difficile mission de Nations Unies ou des USA de mettre en place un Gouvernement légitime en Iraq sans négociations politiques internationales sur l’Iraq , comprenant l’hypothétique gouvernement consultatif, les forces de résistance iraquienne, la Société Civile, les Forces de coalition ou d’occupation, les Pays du camp de la paix, les Pays de la région, etc, au cas où il serait établi que le noyau de résistance s’organise autour de Saddam Hussein et pour autant que les prétextes de l’invasion de l’IRAQ n’auraient pas été vérifiés par les 1400 experts des Forces de coalition ;
§ Difficulté pour l’ONU d’instaurer un nouvel ordre politique en IRAQ à défaut de commencer par l’identification des forces de résistance avec lesquelles négocier ;
§ Eventualité pour les Forces iraquiennes de résistance de refuser la médiation de l’ONU en lui reprochant de n’avoir rien fait pour empêcher l’invasion de leur Pays par les Forces de coalition ;
§ Manque de crédibilité de l’ONU aux yeux des résistants iraquiens et des Nations arabes ;
§ Haut risque pour l’humanité en cas de la déroute des Forces de coalition, d’abord, et celles de l’ONU par la suite ;
§ Risque pour l’ONU de subir le même sort réservé par les iraquiens aux Forces de coalition en cas de son intervention en Iraq avant le retrait de ces dernières ;
§ Problème de légitimité du Gouvernement imposés par les Forces de coalition ou par les Nations Unies en dehors de réconciliation entre Iraquiens ;
§ Reconnaître également que selon les nouvelles évolutions sur le terrain, les Forces de coalition semblent avoir perdues le moral et que les déclarations politiques à partir de Washington ou de Londres ou encore de Rome ne suffiraient pas pour renverser la situation en Iraq ;
§ Eventualité qu’à l’échéance du 30 juin 2004 prévue pour le transfert du pouvoir au Gouvernement provisoire iraquien par les USA, les Forces de coalition auraient déjà perdu des centaines ou des milliers parmi leurs éléments de combat sans aucun progrès notable sur le terrain ;
§ Inefficacité de la solution militaire à la crise américano-iraquienne ;
§ Nécessité pour les USA de voir la France comme un allié réaliste et pragmatique plutôt qu’un un anti-américain, car à mon avis le bonheur des Français ne se trouve pas dans l’échec des USA. Tout comme , le bonheur de l’Occident ne se trouve pas dans la misère de l’Afrique et la propension du terrorisme international ;
§ (inventaire non exhaustif)
VI. Opportunités à saisir par l’ONU
Il existerait un éventail d’opportunités à saisir par l’ONU, parmi lesquelles peuvent être rangées :
§ Le changement de stratégie par les USA en inscrivant dans ses priorités à court et à moyen terme respectivement la remise du pouvoir au Gouvernement provisoire iraquien et l’organisation des élections dans les deux ans ;
§ La position soutenue par des Etats comme la France, la Russie, l’Allemagne, le Canada, la Belgique, l’Afrique du Sud en tant qu’alternative des solutions ;
§ (inventaire non exhaustif)
VII. Opportunités à saisir par l’ONU
Il existerait un éventail d’opportunités à saisir par l’ONU, parmi lesquelles peuvent être rangées :
§ Le changement de stratégie par les USA en inscrivant dans ses priorités à court et à moyen terme respectivement la remise du pouvoir au Gouvernement provisoire iraquien et l’organisation des élections dans les deux ans ;
§ La position soutenue par des Etats comme la France, la Russie, l’Allemagne, le Canada, la Belgique, l’Afrique du Sud en tant qu’alternative des solutions ;
§ (inventaire non exhaustif)
VIII. Alternatives des stratégies d’actions pour résoudre la crise
§ Inviter les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies à plus de Souplesse, de prudence et de sagesse au risque de recevoir des cartons rouges par les unes et les autres parties en conflits ;
§ Eviter que cette guerre ne se transforme en celle des musulmans contre les chrétiens ;
§ Eviter de faire de Saddam Hussein un héros, peu importe vivant ou mort, aux yeux des musulmans et des arabes ;
§ Prise de conscience par la plupart d’Arabes du fait que la guerre contre l’Iraq est une guerre d’affaires, une guerre pour des intérêts économiques plutôt que la lutte pure contre le terrorisme ;
§ Eviter le haut risque d’embrasement des intérêts des Forces de la coalition et surtout américano-britannique partout dans le monde ;
§ Recourir aux beaux offices des Pays non impliqués militairement dans la guerre pour assurer la médiation en Iraq notamment la France, la Russie, l’Allemagne, le Canada, la Belgique, l’Afrique du Sud, etc ;
§ Agir autrement en se mettant à l’écoute des résistants iraquiens et des mouvements terroristes pour un terrain d’entente et un début de solution à leurs frustrations et revendications en arrivant à des concessions de part et d’autres;
§ Conclure un pacte de non-agression entre les Forces de coalition et les résistants iraquiens aux fins d’éviter de surprises fâcheuses aux conséquences incalculables notamment le risque d’humiliation des Forces de coalition devant la « Coalition des Forces de résistance iraquienne» ( les terroristes), le triomphe du terrorisme sur la démocratie dans le Monde;
§ Impliquer des personnalités comme Nelson Mandela dans la médiation tout comme des Pays arabes non-pro américains ou non-pro britannique;
§ Décider de la levée de l’embargo contre l’Iraq et le financement d’un plan de type Marshall pour sa reconstruction ;
§ A défaut d’impliquer tous les Pays occidentaux cités ci-hauts pour éviter toute frustration, suggestion de donner aux USA et alliés l’opportunités d’une sortie honorable tout en leurs exigeant la passation aux Nations Unies de la coordination de la reconstruction de l’Iraq après la le Dialogue inter-iraquien et l’envoi, par exemples, des casques bleues issues des Pays musulmans d’Afrique avec la médiation de la République Sud-Africaine plus particulièrement le Prix Nobel de la paix Nelson Mandela tout en accordant à l’ONU les 86 milliards de dollars autorisés par le Congres américain pour la reconstruction de l’Iraq,d’une part, et, de l’autre part, de permettre aux iraquien de retrouver leur dignité ;
§ Après le Dialogue ou conférence international sur l’Iraq et l’installation des Institutions de transition pour des élections Démocratiques et transparentes, organiser une conférence internationale sur la démocratie et le terrorisme en vue d’un nouvel ordre politique mondial ;
§ (inventaire non exhaustif)
Observation
La sécurité internationale est sérieusement menacée. Il revient à tout un chacun de la défendre. Face à la résistance farouche des iraquiens, les Forces de coalition semblent être blessées dans leur fort intérieur. Elles ont besoin de la sympathie des autres, mais aussi des conseils pour éviter le pire, le recours à des solutions extrêmes. Et le monde entier leur serait reconnaissant pour leur humilité retrouvée. Seule la voie diplomatique permettrait de résoudre cette crise. Un nouvel ordre politique international s’impose. Le terrorisme est le résultat imprévisible de l’injustice par le plus fort. C’est l’échec de la « démocratie » au profit de la « démocratie mercantiliste ou affairiste » avec ses multiples conséquences notamment le terrorisme. Prétendre combattre le terrorisme par la force des armes , ce serait ajouter l’huile sur le feu pour brûler davantage la maison. Le terrorisme ne peut être attaqué qu’à la source, c’est-à-dire à partir de ses causes profondes notamment en luttant contre l’injustice dans l’application des instruments juridiques internationaux. « Vaut mieux tard que jamais,dit-on ».De même, il vaut mieux un mauvais arrangement ( diplomatie) qu’un bon procès ( le rapport de force).
CAPBG
