Manifestations au Palais du peuple: le Parlement sous pression populaire!
Hier, un groupe de manifestants s’est pointé au Palais du peuple pour faire pression sur l’Assemblée nationale dont une Commission examine les projets de lois organiques sur la Commission électorale indépendante et le processus électoral proprement dit. Les manifestants accusent le bureau de la Cei de marcher sur la souveraineté du peuple. Depuis quasiment deux semaines, les différentes institutions de transition se pointent du doigt, chacune se déchargeant sur l’autre afin de justifier la lenteur qui caractérise le processus de transition en cours au pays.
A cet effet, les institutions citoyennes ont accusée l’Assemblé Nationale de ne pas faire vite pour voter les lois organiques les concernant. A ce propos, l’Assemblée Nationale a renvoyé la balle au Gouvernement de transition qui a terminé mercredi dernier à faire ses propositions. Mais voilà que la population entre en danse.
En effet, alors que le Gouvernement de transition n’avait pas encore fait ses amendements, l’Assemblée Nationale a pris la mesure de la crise en mettant en place une Commission ad hoc afin de se pencher sur ses différents projets de lois.
Entre-temps le Gouvernement de transition a finalisé son examen ainsi que l’a attesté le compte rendu de la réunion extraordinaire de mercredi dernier. Mais cela n’a pas empêché les Commissions de l’Assemblée nationale de poursuivre son travail.
Voilà qu’un groupe de manifestants qui savait que la Commission précitée devrait adopter les textes au courant de la journée d’hier, a préféré simplement faire pression à sa façon. Pour ce faire, les manifestants ont fait le déplacement du Palais du peuple munis de calicots de fortune sur lesquels ils exprimaient leur désapprobation par rapport au processus électoral tel que conçu par le bureau de la Commission électorale indépendante. Comme il fallait s’y attendre, les manifestants n’ont pas pu aller jusqu’au bout de leur logique parce que les forces de l’ordre sont intervenues pour les disperser.
Dans cette interposition, il est fait état d’une certaine brutalité consécutive à la résistance opposée par les manifestants. Evidemment, l’intervention de la police se justifie par le fait que cette manifestation n’a pas été organisée selon les normes requises. C’est-à-dire, à cause de son caractère spontané, l’autorisation préalable n’a pas été obtenue.
Quant au fond de la manifestation, il nous revient que ces compatriotes sont soucieux de la réussite du processus de transition devant déboucher sur les élections. Cet objectif ne peut être correctement atteint que si toutes les batteries sont mises en marche pour que les principes directeurs soient respectés. Or, les manifestants estiment qu’il y a des germes de tricherie dans les propositions de lois organiques préparées par la Cei et déposées à l’Assemblée nationale pour examiner et adoption.
Au stade actuel les grandes lignes de ce que les manifestants reprochent aux initiateurs de ces projets de lois méritent d’être élucidées. Mais l’on croit savoir que cela a trait aux opérations préélectorales ainsi qu’au reste du processus. Car, les élections seront ce qui en aura été préparé.
Et, en cette matière, les opérations préélectorales méritent d’être suivies à la loupe pour ne pas cautionner des irrégularités qui seront lourdes de conséquences après. A propos des opérations préélectorales, il y a lieu de relever les opérations de recensement de la population, d’identification des nationaux et d’enrôlement ou inscription au rôle.
Les experts de la question électorale représentent ces trois opérations par le sigle R-I-E (recensement identification, enrôlement). Il s’agit au départ de dénombrer la population globale, d’identifier un sein de cette population la catégorie habilitée à voter (les nationaux ayant atteint l’âge électoral et qui, en plus, ne sont pas sous le coup d’une décision de justice restreignant la liberté des intéressés, notamment le droit de vote). C’est cette catégorie qui devra se faire enrôler pour obtenir la carte d’électeur. Ce faisant, la population globale est supérieure à la population élective qui, et le même est supérieur au corps électoral. Une autre opération qu’il ne faudrait pas négliger, c’est le découpage électoral, c’est-à-dire la répartition des circonscriptions électorales. Les spécialistes en la matière savent qu’une tricherie peut aussi être opérée à ce stade dans ce sens que l’on peut à dessein fragmenter l’électoral d’un candidat dont on craint influence sur terrain. Et tutti quanti.
La démonstration fait hier, dépit- de ce qu’elle a de négatif (car ce n’était pas la voie appropriée pour se faire entendre), permet de comprendre que le processus électoral s’annonce houleux. La population qui a plusieurs fois été prise en otage par les politiciens de tous bords ne s’avoue pas vaincue ni naïve. Cet élan de prise de conscience ne fait que se consolider. Pour que des acteurs politiques astucieux ne tuent pas les ficelles dans l’ombre.
Valentin M. | L’Avenir
Kinshasa , 29.11.2003
