Les violences faites aux femmes du territoire de WALUNGU, sont cautionnées par certains agents de l'ordre de la police nationale, basés sur place.

RESEAU DES FEMMES POUR
LA DEFENSE DES DROITS ET
LA PAIX
R.F.D.P

N° 015 Décembre 2003

Feuillet occasionnel de dénonciation des violations des droits humains et des violences à l’égard des femmes.

Les violences faites aux femmes du territoire de WALUNGU, sont
cautionnées par certains agents de l’ordre de la police nationale, basés sur place.

Le processus de paix en République Démocratique du Congo, commencé en 1999 et qui avait abouti à la signature le 17/décembre 2002, de l’Accord Global et Inclusif, par toutes les parties au dialogue inter-congolais, en vue de l’avènement d’un Etat de droit, est malheureusement torpillé en territoire de WALUNGU, Province du Sud-Kivu, par certains agents de l’ordre de la police nationale. Ces derniers continuent à perpétuer le règne de l’impunité en se faisant corrompre par les auteurs des violences faites aux femmes dans leur entité, en devenant par le fait même, leur complice.
A cause d’une somme de 100 $ US, le commandant second de la police de WALUNGU, Monsieur NGUNZI, s’était employé à couvrir les coup et blessures infligés à M’MPAVA Jeanne par Monsieur MUBALAMA ADEWARD la Guerre, vendeur des cigarettes au marché de WALUNGU.

En effet, le 2 novembre 2003, M’MPAVA Jeanne, domiciliée à KAHYA, localité BUDODO, Groupement KANIOLA en Territoire de WALUNGU, s’était rendue au marché de WALUNGU / Centre (distante de 12km) pour vendre son panier de manioc. Etant détaillante d’articles, elle acheta une farde de cigarette auprès de Monsieur MUBALAMA ADEWARD la Guerre, moyennant 1700FC. C’est pendant qu’elle faisait d’autres achats qu’elle s’était vue arracher brusquement sa farde de cigarette par le même vendeur qui la taxa de voleuse. Comme elle tentait de récupérer son bien, Monsieur MUBALAMA lui administra plusieurs coups sur tout le corps. Elle en perdra connaissance. Elle était enceinte de 3 mois et sur place elle commença à saigner. Elle fut secourue par la responsable de la condition féminine et le commandant second de la police, Monsieur NGUNZI. Après l’audition des deux parties, le commandant expédia le dossier en procédant au partage égal de l’objet du litige sans tenir compte des revendications de M’MPAVA Jeanne.
Le lendemain de l’incident, la victime connut un avortement avec forte hémorragie. Elle fut internée d’abord au centre de santé de BUDODO/groupement KANIOLA, puis transférée à l’hôpital de WALUNGU, le 6/novembre 2003.
Informé de l’état désespéré de M’MPAVA, le commandant second de la police, NGUNZI contacta l’auteur des violences infligés à M’MPAVA chez qui il aurait obtenu 100 Dollars américains pour le disculper de tout soupçon et pour lui faciliter la fuite.
Aujourd’hui, M’MPAVA Jeanne, vient de passer un mois et 10 jours entre la vie et la mort à l’hôpital de WALUNGU suite aux coups et blessures dont les sanctions sont prévues par l’article 47 du code pénal congolais, au terme duquel il est dit que si les coups et blessures ont entrainé des conséquences telle que la maladie…etc, le coupable est puni d’une servitude pénale de deux à cinq ans et d’une amende qui ne pourra pas excéder 1000 Zaïres.
En cautionnant les violences faites aux femmes, violences que les Nations Unies définissent comme tous les actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte etc…., les agents de l’ordre se rendent coupables des violations des droits humains et plus spécialement des droits des femmes.
Ainsi, pour ne pas consacrer le culte de l’impunité qui avait constitué l’un des piliers du chaos qu’a connu notre pays, le Réseau des femmes pour la défense des droits et la Paix « RFDP » interpelle :
1) les responsables de la police nationale :
- d’instruire leurs éléments sur la mission de la police Républicaine et de prendre des mesures disciplinaires à l’endroit de tout agent qui se rend coupable de violation des droits humains et dans le cas précis, le commandant second de la police à walungu.
2) aux responsables judiciaires :
- d’examiner avec bienveillance la plainte que M’MPAVA compte déposer devant les instances judiciaires afin que justice lui soit rendue.

Dénoncer toute violation des droits humains = contribuer à la lutte contre l’impunité.