RAPPORT SUR LES DROITS HUMAINS DANS LA PROVINCE DU SUD - KIVU, Est de la R D Congo

Introduction

Depuis l'évolution du processus de paix en R D Congo en passant par les signatures des accords de paix et la mise sur pied de la commission de suivi du dialogue intercongolais, la population se trouvant dans les territoires sous contrôle du RCD - Goma a l'Est du pays a recommence a vivre des atrocités.
Notons qu'après la déclaration officielle de la fin de la guerre par les autorités du RCD - Goma devant l'opinion tant locale , nationale qu'internationale, c'était la déclaration de la reprise des hostilités dans certains territoires . Ainsi les territoires d'Uvira, de Shabunda, de Bunyakiri ont entendu encore une fois les bruits de bottes.
Depuis le vendredi 2 mai 2003, quelques semaines après les affrontements dans la ville de Bukavu entre les forces de Mudundu 40 et celle du RCD - Goma et leurs poursuites dans les territoires de Walungu, la collectivité - Chefferies de Kalonge fut la cible des militaires du RCD.
Cette partie du territoire de Bunyakiri située a 64 km de la ville de Bukavu était sous occupation des milices Mai Mai du Général Padiri depuis octobre 2002 après le retrait des troupes rwandaises de la RDC.
Des situations désastreuses et dramatiques ont été vécues par la population qui commençait déjà a reconstituer son petit élevage, jadis pilles, l'agriculture et la reprise de certaines activités génératrices de revenu.
Deux éléments importants a retenir lors de ces actes : Pillage de haut niveau et viols systématique et méthodique des filles et femmes.
Un observateur conclurait que ce sont les deux objectifs qu'il fallait a tout prix atteindre, afin de mettre a genoux cette population jadis meurtrie et victime de tous les affrontements depuis le début des hostilités en 1996.
En effet, avec l'arrivée de l' AFDL en 1996, une force de résistance naquit dans le milieu sous le nom de " Katuku'', afin de contrecarrer l'agresseur. Celle - ci changea de dénomination en passant par les ''Walinda Amani'''ou '' Gardiens de paix '' et Mai Mai pour enfin devenir ce qu'on appelle Force Armée Congolaise ( FAC) .
Il est a noter que depuis 1996, Kalonge vient de subir sa ''19me libération'' réalisée successivement par l'armée du RCD et celle des Mai Mai .
Cette dernière est du jamais vu par cette population, car étant habituée a des affrontements incessants, mais avec moins des actes de vandalisme qu'elle vient de subir.
Apres le retrait des milices Mai Mai de Kalonge, l'armée du RCD a reconquis la collectivité , selon le souhait des autorités du RCD de récupérer tous les territoires qui étaient sous son occupation avant les accords de Lusaka et cela avant la mise en place du gouvernement de transition.
Presque toutes les maisons, huttes, cases ont été pilles systématiquement, ustensiles de cuisine, le petit élevage et autres biens des habitants emportes. Les bureaux des Ongs : Volontaires Autochtones Solidaires, Projet GRAM - Kivu ont été pilles et détruits ainsi que les écoles qui ont perdu toutes les fournitures de bureau et scolaires.
Les hommes et les enfants ont servi de porteurs de biens pilles chez eux jusqu'à Mudaka ou a Kabare via la route Biega. Les vaches et autres biens pilles ont été vendus au marche de Mudaka.
Ainsi les hommes se cachaient dans les forets, afin d'échapper à cette tache. Certaines ont eu refuge au centre de santé de Cifunzi et d' autres dans les forets et villages voisins. Profitant de l'absence des hommes dans les villages, les militaires ont donne l'ordre aux femmes et enfants de ne pas quitter leurs habitations. C'est alors que commença la deuxième action qui est celle de viols des femmes et filles. Certaines ont été amenées au camp et d'autres violées sur place ou en brousse. Elles sont plus nombreuses qui n'ont pas encore dévoilé ni avoué comme certaines qui s'amenaient au niveau du camp de la Monuc basée a Chishenyi a Kalonge.

Selon le rapport en provenance du terrain plusieurs enfants sans habits, des milliers de familles sans literie, assiettes et casseroles pilles, houes et machettes pillées, des maisons ont été détruites et tout ce qui était immobiliers cassées ou brûlées, plus centaines de vaches, des chèvres, porcs, poules, lapins, postes récepteurs, lampes tempêtes. Plusieurs autres objets du genre cuillères, gobelets, portes, fenêtres et meubles servant de bois de chauffe pour les militaires.

1. Viols des filles et femmes.

Ces cas présentés ne sont que des échantillons de cas commis par les militaires du RCD - Goma ,depuis le 02 mai 2003 , car d'autres ne sont pas encore mis a notre disposition:

- En Date du 02 mai 2003 , les demoiselles Heri Badoge , 16 ans , habitant Kakonzi dans
la localité de Rambo et Kusimwa Mirindi , 17 ans ont été violée par les militaires du
RCD.
- Madame M' Shobora kahoro veuve de son état, âgée d'une cinquantaine d'année,
habitant Mushema dans la localité de Rambo a été violée par les militaires du RCD en
date du 03 mai 2003.
- Madame M' Tonde , la femme de Monsieur Richard Nabweyo a avorte suite aux viols a
deux reprises par les militaires du RCD depuis le 03 mai 2003.
- Mademoiselle Jeannine, la fille de Norbert, habitant Buhwiza dans la localité de Rambo a été violée en date du 03 mai 2003 par les militaires du RCD ,alors qu'elle préparait son mariage au niveau de la paroisse Saint Christophe de Rambo.
- En date du 03 mai 2003, Madame M' Izuba Nchingo, d'une trentaine d'année, a été violée étant enceinte par sept militaires, elle a ensuite avorte.
- En date du 04 mai 2003, M' Katula , épouse de Monsieur Chirimba, habitant Lusenyi dans la localité de Chifunzi a été attrapée par les militaires du RCD , alors qu'elle venait du refuge pour aller chercher la nourriture pour ses enfants. Elle a ensuite été violée.
- Le 04 mai 2003 une fille du nom de Furaha Martine, âgée de 16 ans, fille de Buhendwa Chamunani, habitant Rambo a mushema a été violée par les militaires du RCD.
- Madame Nakakesa Baliwabo d'une trentaine d'année détraquée de son état a été violée par les militaires du RCD en date du 04 mai 2003.
- Le 04 mai 2003, Passy kabazirwa , 21 ans, fille de kabazirwa Mugerereza a été violée par les militaires du RCD pendant qu'elle était alitée ; celle - ci a été retenue pendant deux jours .
- Mademoiselle Cikuru Espérance, fille de Cikuru Jérôme, âgée de 22 ans habitant le groupement de Rambo a Mushema a été violée par ces mêmes militaires, en date du 04 mai 2003.
- En date du 04 mai 2003, Madame Sifa M' Chamunani , mariée a Monsieur John , fils de kalolo , habitant a Chinaliraga a été violée par les militaires du RCD en date du 04 mai 2003.
- Mademoiselle Bahati Birhafanwa , habitant Chifunzi a été violée en date du 04 mai 2003.
- En date du 04 mai 2003, deux filles : Adella Mugaruka et Mwamini Chihomboshi ,15 ans, habitant Mushema dans la localité de Rambo.
- Madame M' Kashoka âgée d'une vingtaine d'année, mariée a Monsieur Kalolo ,a été violée par les militaires du RCD en date du 04 mai 2003.
- Madame Florida M' Mundurha enceinte de son état, épouse a Monsieur Chikuru, habitant Lwajanga dans la localité de Rambo a été violée en date du 05 mai 2003.
- Une fille répondant au nom de Isabelle , l'enfant de Celestin de Bisika a Chifunzi a été violée par ces mêmes militaires en date du 05 mai 2003 .
- Mademoiselle Kabego ,19 ans ,fille de Kabego habitant Chifunzi a été violée par les militaires du RCD en date du 05 mai 2003.
- Madame Juliette Tabu M'Kere épouse de Monsieur Mabikane Tibuga , habitant Mishamba dans la localité de Rambo a été violée par 2 militaires du RCD en date du 05 mai 2003.
- Madame Sifa M'Cimanuka âgée d'une vingtaine d'année épouse de Monsieur Theobald a été violée par deux militaires du RCD alors qu'elle est enceinte en date du 05 mai 2003.
- Mademoiselle Neema d'une vingtaine d'année, la fille du pasteur Sauti Kabamba habitant la localité de Chifunzi a Bweramvula a été violée par les militaires du RCD en date du 06 mai 2003.
- M ' Kampanda , épouse a Monsieur Ndagano Buhinge a été violée par trois militaires du RCD en date du 06 mai 2003 pendant qu'elle s'occupait de la cuisine chez elle .
- En date du 06 mai 2003, Mademoiselle Furaha Gustave , habitant la localité de Cifunzi a Bisika a été violée par ces mêmes militaires après avoir été battue a plusieurs reprises
- Mademoiselle Shukuru Safari, la fille de Monsieur Safari,12 ans par les militaires du RCD en date du 07 mai 2003.
- Madame M''Chidurha , épouse de Monsieur Rwikeka Kadegende, habitant Misinga a Chifunzi a été violée en date du 07 mai 2003.
- Une fillette âgée de 11 ans du nom de Henriette Chimanuka a été violée en date 07 mai 2003.
- M' Koya mariée a Bihirwe , habitant Chinaliraga dans la localité de Rambo a été violée en date du 08 mai 2003.
- La veuve M' Mugukuma , d'une soixantaine d'année. habitant Lwajanga dans la localité de Rambo a été violée en date du 09 mai 2003 .
- En date du 09 mai 2003, madame M' Mujerwanda Elmeride, habitant Lwajanga dans la localité de Rambo a été également violée par les militaires du RCD

Selon les informations de dernières minutes, ces militaires sont en train de réveiller la population dans leurs maisons la nuit pour récupérer les filles et les femmes afin de les violer. Ce qui pousse les femmes et les filles de quitter les villages.

2. Tueries

Lors des affrontements entre les militaires Mai Mai et ceux du RCD vers karhuba a Kabona dans la collectivité chefferie de Kalonge, des tirs aux armes lourdes se sont faits entende et ont provoques des dégâts tant humains que matériels.
En date du 12 mai 2003, une bombe a explosé et a atteint une femme au niveau de l'épaule , du nom de Nabintu M' Kabego , épouse a Monsieur Zihalirwa Rubanga qui a aussi été atteint au niveau de la jambe droite et le bébé qu'elle portait au dos âgée d'une année est morte en ayant la tête coupée.
Cette même date , la dite bombe a tue deux autres personnes malades hypertendues ,dont Mademoselle Muhindo, la fille de Deo Chihasha, habitant cinaliraga dans le groupement de Rambo et Madame M'Kabwasa, épouse de Monsieur Corneille , habitant Bugarama dans la localité de Mule.

3. Autres actes de vandalisme

Avant l'arrivée des militaires du RCD a Kalonge, les militaires Mai Mai ont commis des actes de vandalisme avec leurs allies Interahamwe qui opéraient dans les forets .Des arrestations arbitraires exigeant des amendes des sommes d'argent parfois difficile a trouver par les victimes, et après avoir été battu sérieusement.
Les militaires du RCD sont venus a Kalonge pour rendre le tableau sombre dans les actes de pillage commis dans presque toutes les maisons en emportant tout ce qui peut l'être et en détruisant et brûlant tout ce qui ne peut l'être.
Les cahiers des enfants ont été brûlés et autres emportes, les bulletins scolaires, les livres et autres. Les objets de bureaux de notre association Projet GRAM- Kivu et de VAS( volontaires Autochtones solidaires ) ont été emportes et autres mobiliers casses.
Les autorités administratives nouvelles du RCD basées a Kalonge nient même les actes commis par les militaires, comme il est de coutume pour se maintenir a leurs postes et ainsi plaire a leur hiérarchie.
Certaines personnes sont poursuivies et d'autres arrêtées par le chef de poste, Monsieur Bama Bagalwa et par le charge militaire de renseignement les accusant de complice avec les Mai Mai .

Conclusion et Recommandations

Il est regrettable de voir la population souffrir de cette manière alors qu'elle y est pour rien. Les droits des enfants sont violes par ceux qui devraient les protéger. Les militaires du RCD se sont pris a la population pour la faire payer leur parfaite collaboration avec les Mai Mai , disaient - ils .Beaucoup d'objets pilles par les militaires du RCD arrivent a Bukavu le soir dans des véhicules couverts des bâches. Ces objets pour aller nourrir et vêtir leurs enfants. Ils sont e train de déshabiller les enfants de Kalonge pour habiller leurs enfants.
Les enfants de Kalonge ont connu le pire et continuent a les subir, car jusqu'à présent ils n' ont reçu aucune assistance de la part des humanitaires. Actuellement, ils ne savent plus continuer avec les cours d'autant plus que tous les objets classiques et des bureaux de leurs écoles ont été emportes ou brûlés. Ils sont en préparation des examens d' Etat et la fermeture de l'année scolaire en cours, pendant que d'autres de la ville se concentrent pour cela. Eux par contre, croupissent dans le désespoir, la souffrance dans le refuge avec toutes les conditions de froid en forets.
Les femmes et les filles ont maintenant peur de rester aux villages, d'autres violées subissent la stigmatisation, le traumatisme et parfois la honte du fait des viols qu'elles ont subi. Elles ne sont pas sures de leur état de santé et de l'assurance qu'elles vont rester dans leurs foyers
Les enfants soldats sont en insécurité et se cachent par peur des poursuites de la part militaires du RCD, ainsi certains ont décidé de partir avec les militaires Mai Mai en forets.
A Kalonge, comme dans tous les territoires c'est l'incertitude, a cause de la prolifération des armes cachées par les enfants soldats et autres combattants, la peur des représailles de la part des Mai Mai , les actes de vandalisme perpétrés par les Interahamwe; et le retardement du processus DDRRR entrepris par la Monuc sur terrain.
Beaucoup d'appels et de dénonciations sont faits par les associations de droits de l'Homme et de droits de l'enfant auprès des autorités du RCD, a la communauté tant locale nationale qu'internationale, mais rien ne change.

Devant cet état de choses, Projet GRAM - Kivu condamne énergiquement ces actes de violence et de vandalisme perpétrés par les groupes armes a Kalonge et particulièrement les militaires du RCD aux populations de Kalonge.
Projet GRAM - Kivu reste préoccupée par la situation précaire que subissent les enfants de cette partie du territoire de Bunyakiri et sur leur sort, par le fait de perturber leur année scolaire, surtout par cette violation grave de l'article 29 de la Convention relative aux droits de l'enfant ( CDE) qui met l'accent sur le droit des enfants a l'éducation.
Projet GRAM- Kivu lance un appel aux autorités militaires et politiques du RCD - Goma de cesser avec ces genres de violations de droits de l'Homme qui continuent a décimer la population en général et les enfants en particulier, et de veiller a la sécurité de ces derniers ainsi que des organisations de défense de droits de l' Homme parce qu'en fait, il est leur premier protecteur.
Projet GRAM- Kivu les invite a arrêter des mesures qui s'imposent et mette la main sur les militaires qui sont auteurs de ces actes de vandalisme, de pillage, a éduquer leurs troupes dans le respect de Droit International Humanitaire dans des situations de conflits armes, ainsi qu'au droit et a la protection des enfants.
Projet GRAM - Kivu demande aux organisations humanitaires en place de venir au secours de cette population qui est dans une situation humanitaire grave, et a la communauté internationale de faire pression aux autorités du RCD - Goma pour qu'elles cessent avec ces reconquêtes de territoires en cette période ou le processus de réunification du pays est en cours. Ceci pour éviter l'extermination de la population qui aspire déjà a la paix, et a la reconstruction du pays.
Que la mission de la Monuc change de mandat en devenant mission d'imposition de paix et que l'intervention de la communauté internationale ne s'arrêtent pas seulement en Ituri ,mais aussi dans ces parties du pays en vue de sauver la vie des enfants.
Projet GRAM - Kivu invite la population a l'esprit de solidarité en vue d'assister cette population déplacée jusqu'aux périphéries, et la ville de Bukavu et de travailler en synergie pour la protection communautaire des enfants.
" Si ces enfants sont l'avenir et qu'ils continuent a souffrir, il n'y a plus d'avenir "

Bukavu le 02 juin 2003
Projet GRAM - KIVU