LA GESTION DU POUVOIR, DU SAVOIR, DES AVOIRS ET DU VOULOIR: UN DEFI AUX ANIMATEURS ET AUTRES ACTEURS DE LA TRANSITION EN RDC
Introduction
Depuis la signature de l’Accord global et inclusif de la transition, l’entérinement de celui-ci à Sun City en avril 2003 ainsi que du projet de la constitution de la transition et du mémorandum sur l’armée par les composantes et entités au Dialogue inter-congolais, le peuple congolais a salué la fin de la guerre et le début de la paix devant passer par la connaissance de la vérité, la réconciliation et l’impunité des différents crimes de guerre, crimes contre humanité, crimes d’agression, crimes de génocide et crimes économiques, la réunification du territoire national, l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques et, enfin, la reconstruction du Pays. Cet Accord ainsi que la Constitution définissent les devoirs et les droits des toutes les parties impliquées, de près ou de loin, dans la gestion de la transition en RDC. A ce jour, la RDC se trouve à la croisée des chemins entre, d’une part, la gestion consensuelle de la transition conformément aux objectifs ci-haut cités, appelés « gestion des devoirs », et d’autre part, le risque de balkanisation du Pays.
Dans ses études pour l’efficacité opérationnelle et allocationnelle des coopératives, le professeur français Henri Desroches a mis sur pied un quadrilatère de gestion intégrant la combinaison des quatre facteurs suivants : le pouvoir, le savoir, les avoirs, et le vouloir. Beaucoup de commentateurs et analystes indépendants sur la crise congolaise n’hésitent pas à comparer le sort futur de la RDC à celui de la Yougoslavie si rien n’est fait pour arrêter la gangrène qui risque de l’écrouler. Certes, depuis l’accession de ce beau et grand Pays à son indépendance en 1960, de beaux discours politiques, coiffés de plans fantômes de reconstruction nationale, élaborés dans des salons climatisés de Kinshasa sans aucune consultation ou participation de la population bénéficiaire, ont caractérisé les politiciens congolais. Et la question consisterait à savoir combien parmi les animateurs et membres des différentes institutions de la transition sont - ils aujourd’hui, capables, de rompre avec leurs habitudes prédatrices du passé en faisant du quadrilatère de gestion de Henri Desroches la fondation pour la bonne gouvernance de la transition en cours en RDC ? Par gestion des devoirs, il faudrait intégrer le quadrilatère de gestion de Henri Desroches. Et combien parmi les animateurs et autres acteurs de la transition souhaiteraient-ils voir s’organiser réellement des élections en RDC?
Le CEAPACGL voudrait inviter, toutes les Congolaises et Congolais ainsi que les partenaires extérieurs intéressés au processus de Paix en RDC, à partager ensemble la présente analyse. La culture de l’excellence et du valoir fait presque totalement défaut dans le chef des politiciens congolais. Le Président sénégalais Abdoulaye Wade, alors chef de file de l’opposition politique contre le régime d’Abdou Diouf, n’avait-t-il pas déclaré en 1992 lors des négociations du Palais de marbre1 entre le Président Mobutu et l’opposition radicale dirigée par Monsieur Etienne Tshisekedi que les politiciens congolais n’avaient pas de culture politique? Combien parmi les politiciens congolais se soucient de leur réputation ou respectent leur parole donnée ? Tous les moyens sont bons, disent-ils, pourvu de conduire au résultat escompté. La preuve en est que le massacre de plus de 4 millions de congolais et le pillage systématique des ressources naturelles et autres richesses du Pays ont eu pour mérite de constitutionnaliser et d’honorer la terreur et les violations graves des droits de l’homme comme l’une des voies par excellence pour accéder au pouvoir, pourvu que cela ne gène pas les intérêts des grandes puissances. Devant cette situation, la question est de savoir combien de congolais tiennent à leur valoir en vertu de la bonne gestion de leurs devoirs ? Quelles seraient les conséquences prévisibles en cas de mauvaise gestion de la transition en RDC ?
1. De la gestion du pouvoir
Dans mon entendement, le pouvoir se définit comme étant la capacité constitutionnelle en vue de l’administration et de la conduite des affaires publiques. Sur le plan classique, il existe trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Pendant la transition, la RDC compte quatre pouvoirs à savoir les trois pouvoirs classiques ci-haut cités plus les Institutions d’appui à la démocratie. Ces dernières sont subdivisées en cinq à savoir La Commission Electorale Indépendante, L’Observatoire des Droits de l’Homme, la Commission Vérité et Réconciliation, la Haute Autorité des Médias, et enfin, la Commission Ethique et Lutte contre la Corruption.
D’une manière générale, tous ces quatre pouvoirs sont appelés à une complémentarité dans leurs missions pour une meilleure gestion de la chose publique pendant la transition. Pour atteindre les objectifs assignés à chacun de quatre pouvoirs susmentionnés, la gestion du pouvoir en appelle à la responsabilité de ses gestionnaires. La constitution définit les compétences, le fonctionnement et l’organisation de chaque pouvoir. Combien parmi les autorités congolaises gèrent le pouvoir pour le bien de la Communauté ? Il est très facile de se prévaloir d’une base populaire, mais en réalité combien parmi les acteurs de la transition placent ce peuple congolais au centre de leurs préoccupations?
En 1998, la RDC a été victime d’un complot international orchestré visiblement par trois Pays agresseurs à savoir le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda dans le but de renverser le pouvoir en place et d’avoir la main mise sur ses ressources naturelles et ses autres richesses. Tel que connu de tout le monde, certains fils et filles du Pays s’étaient « mercenarisés » pour couvrir cette agression en se faisant accréditer le grade de rebelles alors qu’en réalité ils n’étaient que de véritables mercenaires et traîtres contre leur propre pays. Pendant que ces derniers clamaient haut et fort de combattre pour la démocratisation du Pays, ils ont plutôt plongé le Pays à sang et à feu, participé et contribué au pillage des ressources naturelles du pays évaluées à plus ou moins 15 milliards des dollars américains, érigeant ainsi l’Est de la RDC en un vaste territoire, sans loi, devenu une nouvelle source d’autofinancement des activités terroristes dans le monde. Toutes ces rébellions pluri-nationales ont été responsables directs et indirects des pertes en vies humaines évaluées à plus ou moins 4 millions de morts.
En faisant l’analyse de gestion des pouvoirs pendant la transition en RDC, il ressort de prime abord que les composantes et entités ont préféré se servir au lieu de servir le peuple, comme pour dire que la charité bien ordonnée commence par soi - même. Eu égard à l’organisation des pouvoirs en RDC, il se dégage les réalités ci -dessous :
Le Gouvernement est placé en préséance par rapport au Parlement. Cette situation se justifie tout simplement parce que tous les Chefs des Composantes et Entités étant au Gouvernement, il ne fallait plus donner la possibilité à leurs subalternes se trouvant au Parlement d’avoir préséance sur eux. Cette situation place en mauvaise posture ce Parlement dont le rôle serait de « parler et mentir » , puisque dépourvu de pouvoir réel de contrôle et d’actions. Il est bien connu de tous que les responsables des Composantes et Entités belligérantes ont la latitude de remplacer qui ils veulent et à tout moment sans aucun procès.
De même, au sein du Parlement, l’Assemblée Nationale a préséance sur le Sénat. C’est du jamais vu sous d’autres cieux. A s’en tenir au cinquième alinéa de l’article 104 de la Constitution de la transition, il est stipulé ce qui suit : « En cas de désaccord entre l’Assemblée Nationale et le Sénat ou en cas d’urgence déclarée par le Gouvernement, une commission mixte paritaire est mise en place pour proposer par consensus un texte unique à adopter simultanément par les deux chambres parlementaires. Si le désaccord persiste, l’Assemblée Nationale statue définitivement ». Au sein même du Parlement, la chambre basse, parce que présidée par un belligérant, a de manière incongrue préséance sur le Sénat dirigé par la Société Civile, et que l’on continue à appeler impudiquement chambre haute.
Il s’avère très clair que le Sénat risquerait de jouer le rôle de figurant pendant la transition. Dans les Pays de vielles démocraties, le Sénat a préséance sur l’Assemblée Nationale. Car, c’est le Sénat qui arbitre les différends entre les Institutions. En optant pour l’inverse, cette Constitution de la transition n’est-elle pas comparable à un arbre qui cache la forêt ?
S’agissant des Institutions d’appui à la démocratie, leur pouvoir n’a-t-il pas été réduit à sa simple expression dès leur conception? Selon la Constitution de la transition, ces institutions sont, théoriquement, indépendantes les unes des autres et par rapport aux trois pouvoirs classiques et des pressions extérieures. En nous penchant d’abord sur le statut de leurs Présidents, celui-ci a été intentionnellement réduit au rang de ministre, pendant que les Présidents des autres institutions, autres que le Président de la République, leur rang est assimilé à celui de Vice-Président de la République. Comment alors ces institutions d’appui à la démocratie pourraient-elles mener convenablement leurs actions dissuasives devant toute une panoplie de personnalités ayant le rang de Ministre ou de Vice-Président de la République si déjà leurs Présidents ont été assimilés au rang de Ministre? Il est bien connu qu’un Colonel, quelle que soit sa fonction, ne peut jamais interpeller un Général. Et de plus le Ministre a préséance sur toute autre personnalité ayant le même rang que lui. Cela va de soi que les institutions d’appui à la démocratie n’auront pas la tache facile d’instruire de dossiers en rapport avec les gouvernants dont la plupart d’entre eux sont présumée d’ailleurs criminels et donc des prévenus potentiels.
S’agissant de la Magistrature, le Procureur Général a été désigné à l’issue d’un vote par ses collègues magistrats alors qu’en réalité ce Haut Magistrat ne peut pas, de par la nature de ses fonctions, se soustraire des injonctions du Ministre de la Justice et a fortiori du Gouvernement. L’élection d’un Procureur Général de la République ne risquerait-elle pas de le placer en position d’insubordination vis-à-vis de son Ministre de tutelle ? Car, l’indépendance de la magistrature se situe au niveau des juges et non de magistrats de siège. Quel serait le mode de désignation des Procureurs de la République?
De plus, pour l’instruction des dossiers relatifs aux infractions imprescriptibles ou celles nécessitant le verdict d’un Tribunal compétent, les Institutions d’appui à la démocratie concernées par ces questions seront appelées à orienter des cas précis auprès des instances judiciaires compétentes. Le paradoxe est que les hommes de lois étant misérablement payés préfèrent ne plus dire la loi mais plutôt de la dédire en guise de stratégie de leur survie. C’est la corruption à outrance de la magistrature en RDC. Pour y remédier, la survie des magistrats congolais ainsi que de tous les fonctionnaires devraient être l’une des priorités du Gouvernement de transition avant de prétendre lutter contre la corruption ou de chercher à réconcilier les Congolais avec eux-mêmes. Sans la justice, la réconciliation en RDC et partout ailleurs est impossible. Il faut le reconnaître qu’en accordant des salaires de misère aux fonctionnaires et aux magistrats tout comme à nos militaires, le Gouvernement cautionne la corruption et le sous-développement du Pays par l’amenuisement du pouvoir d’achat de la population et la clochardisation de son peuple.
Quant à la Société Civile Congolaise, celle-ci au lieu de défendre le peuple s’est désintégrée devant le partage des pouvoirs. En revendiquant un quota au sein du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale, la Société Civile a perdu son identité en se substituant à un mouvement politique luttant pour la conquête du pouvoir. Compte tenu de son caractère apolitique, aujourd’hui démise, la Société Civile devrait gérer totalement les Institutions d’appui à la démocratie avec possibilité d’obtenir quelques sièges au Sénat. La politisation de la Société Civile est une entorse constitutionnelle dans la mesure où cette composante est juridiquement apolitique. Il s’avère important de souligner le fait qu’il n’est pas interdit à un membre de la Société Civile de faire partie, à titre individuel et compte tenu de son expertise, d’un Gouvernement ou du Parlement. Cependant, compte tenu de son caractère apolitique, la Société Civile n’est pas juridiquement éligible au sein Gouvernement ou de l’Assemblée Nationale. Il aurait fallu que la Cour Suprême de la Justice procède à l’invalidation du quota accordé à la Société Civile dans les deux Institutions pour éviter cette jurisprudence dangereuse à l’avenir.
Le CEAPACGL voudrait rappeler que le recrutement dans les Institutions de la transition en RDC n’a pas tenu compte de compétence, mais plutôt d’autres paramètres difficiles à énumérer ici notamment le clientélisme politique. Ainsi donc, l’on comparerait les institutions de la transition à « un panier mêlé des oranges saines et pourries ». Les habitudes institutionnelles, le bon sens et les qualités d’homme d’Etat font de plus en plus défaut dans le chef de la plupart de nos politiciens. Un recyclage des acteurs politiques de la transition en RDC serait nécessaire pour placer tout le monde sur la même longueur d’ondes. Comment peut-on comprendre qu’un ministre ignore que pour une mission à l’extérieur tout comme à l’intérieur du Pays, il doit requérir l’autorisation préalable du Chef de l’Etat ? Cela est tout autant vrai pour toutes les autres personnalités de la transition y compris les Vice-Présidents de la République, Présidents de L’Assemblée Nationale et du Sénat, Premier Président de la Cour Suprême de la Justice, le Procureur Général de la République, Président des Institutions d’appui à la démocratie et tous les membres des bureaux de ces Institutions. Nul n’ignore que beaucoup de personnalités considèrent les missions des services comme une des sources des revenus. Des abus sont innombrables à ce niveau. La guerre étant terminée, nous devrions nous préoccuper à jeter les bases d’un Etat de droit. Que ceux-là qui ont prétexté avoir pris les armes pour défendre l’Etat de droit en RDC se comportent en conséquence en modèle et non de continuer à briller par leur négativisme bien illustratif à partir des territoires anciennement sous leur contrôle, si du moins ceux-ci étaient déjà libérés. Il faudrait retenir que les propos discourtois du Ministre Nimy du MLC à l’endroit du Chef de l’Etat n’étaient pas le fait du hasard. Si au niveau de la forme, Monsieur Nimy s’est compromis par son manque de courtoisie, mais sur le fonds, cette déclaration serait l’expression du MLC. Il faudrait que les autres composantes et entités en tiennent compte. Cette démarche s’inscrit dans un vaste plan de déstabilisation de la transition par la disqualification du Chef de l’Etat et le montage des prétextes de tout bord pour justifier par la suite un coup de force.
De même, Le CEAPACGL s’est interrogé sur la réaction du Président de l’Assemblée Nationale au message du Chef de l’Etat aux deux Chambres du Parlement pour fustiger leur lenteur dans le traitement des projets des lois leurs soumis pour le fonctionnement des autres Institutions de la République. Contrairement aux dispositions constitutionnelles qui reconnaît au Chef de l’Etat le pouvoir de s’adresser aux deux chambres du parlement soit directement soit par un message sans faire objet d’un quelconque débat, il a été surprenant d’apprendre que le Président du Parlement, à l’insu de la plénière et contre toute attente du Bureau, mais aussi au mépris de la Constitution, a adressé une réponse au Chef de l’Etat.
S’adressant à la Cour Suprême de la Justice, seule institution compétente pour interpréter la Constitution, pour avoir son avis sur l’article 76, la démarche du Chef de l’Etat a été qualifiée d’anti-constitutionnel par le RDC et le MLC, sans préciser une autre procédure à suivre. En effet, cet article stipule : « , conformément aux dispositions de l’Accord global et inclusif et ses annexes, le Président de la République nomme :
Les hauts fonctionnaires de l’Etat,
Les Gouverneurs et les Vice-Gouverneurs de Province,
Le Gouverneur et le Vice-Gouverneur de la Banque centrale,
Les Ambassadeurs et les Envoyés extraordinaires,
Les membres du Conseil supérieur de la magistrature, Les mandataires de l’Etat dans les établissements publics et para-étatiques.
Le Président de la République traite avec les Vice-Présidents des matières mentionnées aux premier et quatrième tirets du présent article. Le Président consulte le Gouvernement dans la mise en œuvre des matières mentionnées aux premier et quatrième tirets du présent article. »
En quoi la démarche du Chef de l’Etat était-elle anti-constitutionnelle ? Autrement dit, quelle est la disposition constitutionnelle violée, selon le RCD et le MLC, par le Chef de l’Etat ? Le CEAPACGL invite les dirigeants de la transition à l’humilité et à la sagesse à l’instar du Chef de l’Etat pour la gestion responsable de la transition.
Le CEAPACGL s’est largement penché sur cette question dans sa publication précédente de novembre 2003 intitulée : « Kinshasa, une ville minée ».. Si pendant la transition, les uns visent l’organisation des élections, les autres cherchent, par contre, à renverser le pouvoir par la force en brandissant toute sorte des prétextes pour démontrer l’ingouvernabilité de la RDC à base de 1+4 pendant la transition. D’autres encore poursuivent leur plan de balkanisation du Pays et, à défaut, souhaiteraient voir la transition perdurer jusqu’à son pourrissement total.
Le CEAPACGL voudrait rappeler toutes les différentes personnalités au sein des institutions de la transition qu’elles ne sont pas au pouvoir pour nuire au peuple congolais ni pour en jouir à leur guise, mais plutôt pour servir le Congo et garantir la sécurité de tous les étrangers ayant choisi la RDC comme leur seconde patrie. Sachez donc gérer vos prérogatives pour permettre à notre peuple de jouer pleinement son rôle en Afrique Centrale en tant que puissance régionale à l’instar de la République Sud-Africaine pour l’Afrique Australe et du Brésil pour l’Amérique Latine. Les autres facteurs du quadrilatère de gestion de Henri Desroches conditionneraient une bonne gestion du pourvoir. Sachez également qu’aucun ange n’était descendu du ciel pour construire l’Europe, les USA, la Chine, la République Sud-Africaine et d’autres pays avancés ou en développement. C’est aux congolais qu’il revient de construire la RDC avec, bien sur le concours de la Communauté Internationale.
2. De la gestion du savoir.
Le but de l’éducation consiste à former une personne utile à elle-même et à la Communauté. Cette éducation commence dès la naissance et se poursuit pendant toute la vie. Jean Amos Comenius n’avait -il pas dit : « Toute la vie est une école, du berceau à la tombe ?”. L’éducation s’apprend à partir de la famille, de l’église, et d’autres structures complémentaires. L’éducation se complète par l’instruction reçue de l’école. Une personne peut être bien ou mal éduquée quand bien même elle pourrait être respectivement mal ou bien instruite. Le mieux serait d’être bien éduqué et instruit. Et le pire de tout serait d’être bien instruit et mal éduqué. Car, il vaut mieux être bien éduqué et moins instruit que d’être bien instruit et mal éduqué.
La mère est le premier agent de l’éducation de son enfant, suivi du père avant de parler de toute la famille. Si donc, les parents sont mal éduqués, il va s’en dire que l’enfant ne vaut que ce que valent ses parents. Tel père, tel fils, telle mère, telle fille, dit-on. Ne demandez donc pas à un enfant d’un voleur s’il sait voler. Et à celui d’un politicien congolais, s’il sait mentir, tout comme à celui d’un douanier ou taxateur d’impôt s’il sait demander la corruption. Que dire de la fille d’une femme prostituée? Un enfant d’un militaire tout en étant civil a l’esprit militaire. Et celui d’un médecin a le réflexe d’un agent de santé.
Notre Pays compte des millions d’intellectuels. C’est d’ailleurs le deuxième pays francophone du Monde. Qu’est ce qui fait que le Congolais soit toujours compétitif à l’extérieur, pendant qu’il s’illustre négativement à l’intérieur de son pays? Plusieurs paramètres peuvent influencer la bonne gestion de savoir. Sans être exhaustif, en voici quelques-uns: éducation de base, environnement, conditions de vie et la satisfaction ou non de besoins primaires, qualité ou état des lieux de la justice dans le Pays, bonne gouvernance de l’Etat, niveau de corruption, etc…
En effet, combien de Congolais mettent - ils leur savoir au profit de la société? Qui peut prétendre, aujourd’hui, gagner un procès devant un juge congolais s’il ne l’a pas corrompu ? Si tel est réellement le cas, en quoi le savoir des magistrats congolais profite – t – il à la Nation ? Cette assertion ne peut- t- elle se vérifier en évaluant le nombre de procès que l’Etat congolais a gagné ou perdu depuis dix ans ? Les pertes de procès par l’Etat congolais sont dues au fait que l’Etat n’arrive pas à corrompre ni les juges, ni les greffiers ni les avocats de son adversaire ou de l’autre partie, ni de payer convenablement son propre avocat. Dans les différents services étatiques et mêmes dans les Sociétés privées et para-étatiques, rares sont ceux qui rendent services à des tiers sans exiger de l’argent. Et lorsque quelqu’un est nommé à un poste de responsabilité, sa famille clame en disant : « C’est notre tour de nous enrichir ». Il suffit de faire le sociogramme des effectifs de membres de tous les cabinets des différentes institutions publiques pour vous rendre compte de : « qui est qui par rapport à qui » ? Un Pays ne peut pas se construire sur la base du clientélisme, tribalisme, régionalisme, mais, entre autres, sur les valeurs positives et républicaines dans le recrutement de personnes ressources. Il me semble que c’est à ce niveau que le savoir-être et le savoir-faire des Congolais devraient être mis à profit. Et s’il faut aider un frère, faudrait-il encore qu’il soit compétitif et méritant.
Alors qu’en Occident, les intellectuels s’intéressent à la recherche scientifique, dans notre Pays, après les études, la plupart de nos intellectuels comptent sur les fétiches pour réussir dans la vie. Au lieu d’avancer, ils se condamnent eux-mêmes, en se faisant lier par des pouvoirs sataniques. Il est connu de tous que tout pouvoir vient de Dieu. Il ne sert donc à rien de recourir à l’occultisme pour s’affirmer dans la société. Quel est le sort de tous ceux qui ont servi la prima curia sous le deuxième régime? En se livrant aux forces occultes dans le but de chercher une promotion en grade ou de sauvegarder son poste, on devient l’esclave de Satan avec des malédictions étendues sur toute la famille. Et lorsque, cet intellectuel sataniste devient responsable d’une institution ou d’une société privée ou para-étatique, il finit par bloquer la prospérité de son entreprise ou de son institution par ses puissances maléfiques et démoniaques. Le savoir mélangé avec l’occultisme est un poison, un malheur aussi bien pour l’utilisateur, sa famille que sa nation. Un Pays ne se développe que par la recherche scientifique, le travail bien fait et non par l’occultisme. Lorsque j’étais Vice-Ministre aux Affaires Etrangères, l’une de mes collaboratrices, pourtant très bien instruite et issue d’une famille chrétienne, était très avancée dans l’occultisme. Une fois surprise, elle avait perdu son travail. A quoi auraient servi alors ses fétiches ?
Si les uns se contentent des fétiches, d’autres- et ils sont nombreux – par contre attendent des miracles que promettent, à longueurs des sermons euphoriques, des sectes religieuses ou certaines églises de réveil. Les frères et sœurs en Christ attendent tout de Dieu sans travailler : mari ou épouse idéale, visa pour l’étranger, réussite à l’école sans étudier, guérison miraculeuse sans prendre de médicaments, etc. Si donc un pays devait se développer à coup des miracles et des prières, la RDC dépasserait aujourd’hui le niveau des USA.
3. De la gestion des avoirs
La gestion du pouvoir et du savoir en appelle à la gestion des avoirs. C’est ici que les romains se poignardèrent. L’on ne connaîtra une personne honnête qu’en lui confiant la gestion financière. C’est à ce niveau que certains Pasteurs, Prêtres et autres croyants charnels discréditent leur apostolat. -
Une fois investi de pouvoir, le détenteur dispose d’un minimum de moyens financiers pour sa politique, son programme d’activités. Et la première chose qu’il se précipite de faire, c’est de contrôler les finances, non pas pour l’intérêt de l’Institution, ou de l’Entreprise, mais pour son propre compte. A moins de quelques jours, la personne s’est physiquement métamorphosée par l’usage abusif de ressources financières au détriment de la communauté. Et lorsque les téléspectateurs connaissant bien ses mauvaises pratiques de gestion le suivent, ils sont surpris par son discours progressiste alors qu’en réalité cette personne n’est qu’un véritable prédateur.
Les avoirs de l ’Etat congolais ne sont pas toujours bien gérés. Des mécanismes de contrôles bien qu’existant comme la Cour des comptes ne sont pas opérationnels. Le management repose sur six piliers sans lesquels toute action menée est d’avance vouée à l’échec. Il s’agit de la coordination, de l’organisation, de la planification, du commandement, de la communication et du contrôle. La bonne gestion des avoirs implique la prise en charge de ces différents facteurs. Sans entrer dans le détail au cas par cas, je voudrais insister seulement sur le fait que le contrôle est indispensable en matière de gestion financière. La mobilisation des avoirs implique aussi l’élaboration d’un plan d’actions. Mais, le constat est que les plans d’actions de différentes Institutions sont toujours plus théoriques, politiques et moins réalistes puisque non participatifs. Et si donc nous ne pouvons pas être à mesure de couler nos priorités dans un plan, nous serions comparables aux passagers dans un paquebot en haute mer sans boussole ni carte de navigation. La gestion des avoirs devrait se faire par objectif.
Pendant la période de la transition, la Cour des comptes devrait opérer sans ambages. C’est la seule façon de veiller au respect des principes de bonne gestion. Comment l’espace présidentiel peut-il évaluer la gestion d’un Ministre? Suffirait-il pour ce dernier le fait de présenter son rapport en conseil du Gouvernement ? Quel est le service présidentiel qui fait le suivi et évalue le travail des Ministres ? Et comment la gestion des avoirs peut-elle être transparente faute de mécanisme de contrôle ? Ces préoccupations s’appliqueraient également aux autres institutions de la transition. Normalement, la Constitution aurait du prévoir un Commissariat général au plan , en lieu et place du Ministère du plan, en tant qu’outil de gestion ou tableau de bord pour le Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement de suivre minutieusement et d’évaluer les activités des Ministères. Car, le Ministère du Plan, à part ;a fonction d’élaboration des programmes du Gouvernement, ne peut pas évaluer les autres Ministères. Sans une évaluation objective, il est impossible d’apprécier les réalisations du Gouvernement dans le respect du budget voté et promulgué par le Chef de l’Etat.
S’agissant de la sécurité des investissements étrangers, il faudrait aplanir tous les malentendus, se comporter en hommes d’Etat au lieu de continuer à afficher des attitudes triomphalistes sans avoir gagner la guerre pour éviter de frustrer les bailleurs de fonds. Sinon, les financements accordés récemment par des partenaires multilatéraux et bilatéraux risqueraient de ne pas tomber dans les caisses de l’Etat congolais à cause de conflits de leadership, des querelles de palais. Il est probable que beaucoup parmi les animateurs de la transition pensent que le succès de ce processus profiterait au Président de la République. D’où la décision de chercher à contrecarrer les efforts déployés pour le succès de la transition.
L’Accord global et inclusif, source du pouvoir en RDC pendant la transition a prévu le partage des Entreprises de l’Etat entre les Composantes et Entités. Cette constitution consacre par ce fait même le pillage systématique des ressources naturelles et autres richesses de la RDC. C’est clair que ces Entreprises seront partagées dans le but de permettre aux uns et aux autres de se faire de l’argent pour les prochaines échéances électorales.
Au cours d’un entretien avec un agent de la Direction Générale des Impôts, celui-ci m’a laissé entendre que si les agents de l’Etat congolais sont corrompus, c’est parce que leurs tentations ne sont pas respectivement proportionnelles à leur foi. Il ajoutera en disant que si Job de la Bible a pu résister contre Satan, c’est tout simplement parce que Dieu n’avait pas autorisé qu’il soit tenté au-delà de sa foi. Il est vrai que la lutte contre la corruption implique d’abord l’humanisation des salaires et la conscientisation de toutes les forces vives de la nation à dénoncer toute tentative de corruption.
4. De la gestion de vouloir
Ce facteur est le plus déterminant pour le succès de la transition. D’après la constitution de la transition, la bonne foi des acteurs et animateurs des Institutions ainsi que des Composantes et des Entités signataires de cet accord a été fort recommandée. La gestion du vouloir en appelle à la responsabilité spirituelle et morale de la personne concernée. La gestion du vouloir commande le savoir, la manière de gérer le pouvoir et les avoirs disponibles. La bonne ou mauvaise volonté conditionne le résultat à atteindre. Si, après tous les jours sans noms subis par les soldats américains en Irak, le Président Georges W.Bush n’avait pas la ferme détermination ou la volonté de mettre la main sur Saddam Hussein, cette fameuse arme à destruction massive, la capacité de l’armée américaine et l’honneur des USA seraient mises en cause. Et si les mai-mai du Kivu n’auraient pas décidé de résister aux cotés du Gouvernement de Salut Public contre l’agression, la RDC serait aujourd’hui un protectorat du consortium rwando-ougando-burundais.
Ne dit-on pas que la science sans conscience n’est que ruine de l’âme ? Beaucoup de nos dirigeants ont perdu la conscience, l’amour de la patrie, l’amour du prochain. C’est suite à leurs liaisons avec les puissances occultes. Un esclave n’a ni conscience ni personnalité. Beaucoup d’autres dirigeants, sans être dans l’occultisme, ont bénéficié d’une mauvaise éducation depuis leurs familles respectives si bien qu’ils ont perdu le sens du bien et du mal. Un effort considérable devrait être fait prochainement par le peuple congolais dans le choix de ses représentants en réservant aux criminels leur sort et aux patriotes le leur.
Au cours de son séjour en Belgique, l’une de mes filles m’avait demandé pourquoi Kinshasa était plein de sachets en caoutchouc contrairement à ce qu’elle venait de voir dans la Métropole. En réponse, je lui avais dit que les sachets en caoutchouc qu’elle voyait à Kinshasa provenaient du trop plein de caoutchoucs qu’il y avait dans les cœurs et les cerveaux des congolais. Ce qui fait que le jour que les Congolais auront assaini leurs cœurs et cerveaux en les vidant de ces sachets impropres, il n’y aurait plus aussi de sachets en caoutchoucs éparpillés dans la Ville de Kinshasa.
Conclusion
La gestion responsable du quadrilatère de Henri Desroches, surnommé en 1990 dans mon travail de fin d’études supérieures, « gestion des devoirs » implique la gestion du valoir ou la gestion de son image aux yeux du public. Quelle image nos collaborateurs se font – ils de nous ? Après un mandat dans une Institution ou dans une entreprise quelconque, beaucoup sont ceux là qui ont de la peine à s’y rendre de peur de n’avoir personne pour les accueillir de suite de leur megestion pendant leur mandat. La gestion du valoir implique la gestion de la réputation. Celle-ci ne peut être appréciée positivement qu’à travers une évaluation sur base des termes de références qui est le quadrilatère de gestion de Henri Desroches.
CEAPACGL recommande aux politiciens et autres cadres congolais de rompre avec les habitudes du passé pour sauver la RDC dont les indicateurs allument les feux jaunes. La période de transition est comparable à celle de la guerre froide. C’est la période de convalescence. La vigilance tous azimuts est recommandée à tous les patriotes congolais. Si donc nous réussissons à conduire le pays aux élections, la transition procurerait bonheur au peuple congolais. Après la transition, le CEAPACGL prendra l’initiative et le leadership de présenter la demande d’un prix Nobel de la paix en faveur du tout Jeune Président du Monde, le Général-Major Joseph Kabila. Le CEAPACGL prie tous les acteurs politiques congolais d’être des procureurs de la paix.
CAPBG
