KINSHASA, UNE VILLE MINEE
Introduction
Ce rapport d’investigation et d’analyse sous le titre “ Kinshasa, une Capitale minée », révèle certaines stratégies du RCD ou du MLC en vue de la conquête du pouvoir.
I.Etat sécuritaire du Pays depuis la signature de l’Accord global et inclusif de Pretoria le 17 décembre 2002.
Persistance de l’insécurité à l’Est du Pays plus particulièrement dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le District d’Ituri ;
Infiltration intense et régulière des éléments de l’APR déguisés, par la suite, en interahamwe et ex-FAR ;
Infiltration massive dans le territoire de l’Ouest d’éléments APR et des soldats du RCD pour une action de grande envergure à temps opportun ;
Présence des soldats rwandais et ceux du RCD à Bunia pour semer la terreur et faire échec aux opérations de maintien de la paix dans cette partie du Pays ;
II.Présentation des faits.
En date du 30 octobre, j’ai eu un entretien avec deux éléments de la police nationale congolaise après la révolution du 17 mai, anciens étudiants à l’Université de Kisangani et formés au centre d’instruction en criminologie et sciences policières à l’école des officiers de Kapalata, puis enrôlés au sein de la Police RCD lors de l’occupation de la Province Orientale ;
Ces deux compatriotes furent sélectionnés par la MONUC parmi les formateurs de la Police civile intégrée ;
Les éléments de police formés à Kisangani provenaient de toutes les Provinces, alors sous-administration du RCD et d’autres venaient de services de sécurités rwandaises et une infime minorité était recrutée sur place à Kisangani parmi la population civile ;
Pour le RCD, ces éléments formés par la MONUC feraient partie du premier convoi de l’unité de Police intégrée chargée de la sécurité des institutions de la Transition ainsi que des corps de protection rapprochée des autorités politiques dans la Vile de Kinshasa ;
Pour des raisons évidentes, ces deux policiers furent contraints de quitter Kisangani pour se rendre à Kinshasa où ils s’étaient présentés en vain au Ministère de la Défense et à la DEMIAP en vue de leur intégration.
Existence d’un réseau pour des actions RCD de sabotage du processus de paix en cours ;
Plan d’empoisonnement des certaines autorités ciblées. Au niveau de l’Assemblée Nationale, une députée, en collaboration un Secrétaire particulier seraient chargés de cette opération ;
Une personnalité bien identifiée serait chargée de coordonner la section féminine de l’opération dont la plupart seraient des filles congolaises venues du Sud et Nord-Kivu ;
A Bunia, des éléments de l’APR et du RCD, combattant aux cotés de l’UPC de Thomas Lubanga, se seraient infiltrés au sein de la police intégrée ;
Il semblerait que les infiltrés arrivent de Kisangani à bord des pirogues comme pécheurs pour accoster vers Maluku à Ngamanza où une équipe d’accueil les attend;
A Kinshasa, ils seraient encadrés par un commandant bien identifié également.
Ces éléments infiltrés seraient positionnés à divers endroits stratégiques en attendant le mot d’ordre ;
III.Quelques stratégies d’anéantissement de la capacité militaire de Kinshasa
3.1.Du coté RCD
Campagne de provocation de la population par la voix des médias pour l’inciter à la haine anti-RCD ;
Procéder à l’élimination sélectionnée des banyamulenge et autres personnalités du RCD, puis du MLC à inscrire à l’actif de la famille politique du Chef de l’Etat pour justifier l’insécurité grandissante dans la Ville ;
Exiger, par la suite, de la Communauté internationale la démilitarisation de la Ville de Kinshasa au risque de voir les autorités du RCD évacuées de Kinshasa pour ne revenir que lorsque leurs revendications d’ordre sécuritaire seraient prises en compt
Déploiement de la Police intégrée pour la sécurité de la Ville de Kinshasa dont la moitié d’éléments déjà formée dans le territoire anciennement sous-contrôle du RCD seraient des escadrons de la mort issus du RCD et de l’APR ;
Déclenchement des opérations de déstabilisation des institutions de la transition pour justifier l’échec de la réconciliation et de la réunification du territoire national ;
3.2. Du coté MLC
Il semblerait que le MLC envisagerait un coup le 24 novembre 2003. Les préparatifs seraient en cours avec l’appui de certaines personnalités de l’ancien régime. Cependant, cette date que nous dénonçons peut être différée.
Compte tenu de la popularité du Président Joseph Kabila, le MLC écarte toute possibilité de conquérir le pouvoir par la voie démocratique.
Une campagne de diabolisation du Président de la République serait en préparation à l’instar de celle orchestrée contre Mgr Mosengho, alors Président du haut-Conseil de la République, pour ternir son image au sein de la population et de la Communauté internationale ;
Il est prévu de faire endosser au Président de la République, Le Général-Major Joseph Kabila, l’assassinat de Mr Nyembo par le Colonel Alamba. D’après les laborantins du MLC, le coup manqué d’Etienne Kabila à Sun City était conçu par des amateurs ;
Cependant, il semblerait que l’entourage de J.P.Bemba serait aussi sérieusement miné par des divisions internes.
IV. Observations
Ces informations sont à prendre au sérieux. Il y a une année, j’avais encore fait une telle analyse qui, me semble-t-il, se consolider et se justifier davantage. Deux scénarios seraient possibles:
4.1. Pour le RCD,
Il serait question de créer des prétextes d’ordre sécuritaire ou autres chaque fois que cela s’avérerait possible pour justifier un éventuel retour à Goma des représentants du RCD dans les institutions de la transition et faire échec au processus de démocratisation et de réunification en cours au profit de la balkanisation de la R.D.Congo. Cela passerait par la déstabilisation de la Ville de Kinshasa. A ce niveau, tout commencerait par de brouilles au sein des institutions de la transition, suivi des attaques ciblées menées d’avance contre des personnalités non essentielles du RCD, puis contre celles du MLC avant d’attenter à une des autorités importantes du RCD en occurrence le Vice-Président pour justifier sa fuite en dehors du territoire national avant de regagner Goma.
En réalité, il n’existerait aucune contradiction entre l’équipe du RCD dans les territoires de l’Est et ses représentants au sein des institutions de la transition. De même, il n’existe pas non plus de contradiction entre le Rwanda et le RCD. Dans tous les cas, le moteur tourne dans le même sens et la machine de la balkanisation de la RDC poursuit sa route.
La démarche actuelle du RCD et du Rwanda serait, en bon stratège, de préparer psychologiquement la population à l’exécution du plan de balkanisation tout en évitant de s’attirer la disgrâce de la Communauté Internationale. Au fait, le RCD n’a changé que stratégies, mais l’objectif reste le même.
4.2. Pour le MLC,
Il s’agirait d’un plan de prise de pouvoir par tous les moyens autres que les élections;
Ainsi donc, si les éléments actuellement infiltrés à Kinshasa par le RCD auraient essentiellement pour mission d’exécuter la stratégie de balkanisation du Pays, ceux du MLC auraient, par contre, la mission de récupérer le pouvoir par les mobutistes ;
Possibilité de recomposition de nouvelles alliances entre acteurs politiques et même avec d’autres pays intéressés à la RDC notamment les pays limitrophes dans la mesure où les institutions de la transitions fondées sur l’Accord global et inclusif trop controversé n’inspireraient pas tellement confiance pour conduire le Peuple congolais aux élections libres, démocratiques et transparentes. D’où ; un plan B pour le RCD et le plan C pour le MLC.
Conclusion
En réalité, quatre objectifs concurrentiels caractérisent quatre groupes d’acteurs de la transition en R.D.Congo.
Le premier groupe sous la houlette du Chef de l’Etat congolais a pour objectif de militer pour l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques;
Le deuxième groupe, n’étant pas sur de gagner les élections, aurait pour objectif de neutraliser, le plus rapidement possible, le nouvel ordre politique issu de l’Accord global et inclusif en le taxant de conflictuel tout en promettant d’organiser les élections dans un bref délai. A ce stade le MLC seraient en train de négocier le quitus des grandes puissances.
Le troisième groupe s’emploierait à créer des conditions de déstabilisation de la Ville de Kinshasa pour justifier, même après le déploiement de la police intégrée, sa mise en insécurité et sa fuite jusqu’à Goma aux fins de s’y installer pour tenter de poursuivre son plan de balkanisation du Pays. Sans soutenir officiellement l’objectif du deuxième groupe, ce troisième l’encouragerait officieusement en attendant de s’en servir pour atteindre son objectif ultime.
Et le quatrième groupe est, celui dont les partisans font de la transition leur sujet de prière auprès des « dieux » de leurs ancêtres en vue de sa pérennité pour qu’ils restent le plus longtemps possible au pouvoir, n’étant pas sur d’y revenir après les élections.
Malgré les mérités de l’accord global et inclusif, celui-ci, comparable à une balance fausse, consacre l’inversion des valeurs constitutionnelles notamment l’hétérogénéité politique de quatre vice-présidents, du reste encombrants, la préséance du Gouvernement sur le Parlement, celle de l’Assemblée Nationale sur le Sénat, la constitutionnalité de la politisation de la Société Civile et de la diplomatie et la poursuite du pillage des ressources naturelles et autres richesses de la RDC par la répartition des Entreprises publiques entre les Composantes et Entités au Dialogue inter-congolais, la création des institutions d’appui à la démocratie réduite au rang de Ministère, le rendant subordonnées aux autorités de rang supérieur dans la mesure où comme dans l’Armée, un auditeur-militaire du grade de Colonel ne peut en aucun cas verbaliser un Général, etc.
Et la préoccupation majeure c’est de savoir si les élections pourraient vraiment avoir lieu dans les deux à trois ans ? Tout le monde étant déjà servi, qui pourrait encore faire pression pour les élections ? Des prétextes se succèderaient chaque fois pour que les les uns et les autres justifient le report de l’échéance de la transition en attendant une nouvelle révolution à l’instar de celle de l’AFDL. C’est à l’ONU qu’il reviendrait de jouer franc en soutenant le peuple congolais pour se choisir librement ses vrais dirigeants. Il est vrai que la Société Civile congolaise, appelée de par sa nature à faire des pressions en vue de la sauvegarde des intérêts du peuple a trahi en revendiquant son quota dans les institutions politiques dont la finalité est la conquête du pouvoir.
CAPBG
