Non à la maltraitance des enfants de la rue par des sportifs de Kinshasa

Un mouvement d’hostilité entre sportifs et enfants de la rue est particulièrement observé, cette semaine (du lundi 16 au jeudi 19 février 2004), entre 22 heures et 1 h du matin sur le boulevard Lumumba, précisément entre l’arrêt de bus Masina III et la place communément appelée «Pascal», à Kinshasa.
Des sportifs munis de couteaux, de chaînes et d’autres objets de défense, selon les témoignages des habitants de ce coin de Kinshasa, s’attaquent aux shegués qu’ils trouvent sur leur passage.
Estimés à une centaine, ces pratiquants de divers sports de combat coalisés fouillent dans des hangars, des étals de petits marchés dont Wenze ya Kabako de Pascal (du côté de Kimbanseke) et d’autres endroits suspectés d’abriter des enfants de la rue.
Ces derniers, une fois repérés, sont copieusement torturés et obligés de jurer tout haut qu’ils regagneront leurs familles. Cruelles, inhumaines et dégradantes, ces scènes se déroulent sous le regard des policiers commis à la patrouille qui ne s’y mêlent pas, témoigne un photographe résidant dans la commune de Masina.
A la question de savoir comment les shegués envisagent-ils d’échapper à ces attaques, notre source a observé que les enfants de la rue tentent, avec difficulté, de résister à leurs assaillants et s’organisent pour faire appel à leurs camarades costauds qui généralement se regroupent dans les écalyptus de N’djili/quartier 1, sur le boulevard Lumumba.

Le noeud du problème
L’insécurité créée par des shegués aux alentours du boulevard Lumumba notamment sur le tronçon «Pascal» - Masina III serait à la base de la bataille initiée par des sportifs de ce coin. On rapporte que les enfants de la rue s’attaquaient, avant L’opération de leur ratissage, aux paisibles citoyens noctambules. Munis de couteaux et d’autres instruments d’autodéfense, ces enfants qui opéraient souvent en groupes, avec la complicité de certains policiers véreux, arrachaient des objets de valeur (téléphones portables, sommes d’argent, bijoux, etc) aux passants. On a compté des victimes dans certaines familles des sportifs. D’où, la coalition de ces derniers contre les enfants de la rue accusés de plonger la ville de Kinshasa dans un état d’insécurité.
Certes, chaque citoyen doit contribuer à la lutte contre l’insécurité par sa vigilance; mais il n’est pas acceptable qu’un groupe des civils adultes s’attaque à un autre groupe composé de surcroît des enfants. Au contraire, les adultes ont le devoir de protéger les enfants, à la lumière de la convention relative aux droits de l’enfant qui a été adoptée le 20 novembre 1989 par l’assemblée générale des Nations Unies.
Si un individu ou un groupe des personnes qui se sent lésé, d’une manière ou d’une autre, peut se faire justice au mépris de la loi et de ses exécutants, Kinshasa risque de se métamorphoser en une jungle. La coalition des sportifs kinois contre les Shegués, si on n’y prend pas garde, risque de créer des incidents aux conséquences malheureuses.

Halte à la violence contre les enfants
Il est certain que les actes commis parfois par des enfants de la rue sont répréhensibles mais il n’est pas de la compétence d’un individu ou d’un groupe des personnes de régler les comptes aux shegués. C’est l’affaire de l’Etat à travers ses services de sécurité et ses organes judiciaires. La démarche acceptable que les habitants de Masina et de Kimbanseke qui s’estiment lésés par le mauvais comportement des shegués
devraient mener consisterait à sensibiliser l’Etat à prendre ses responsabilités dont la sécurisation des personnes et de leurs biens.
La coalition des pratiquants des arts martiaux contre les shegués relance donc la problématique de l’encadrement des enfants de la rue en République démocratique du Congo et plus particulièrement à Kinshasa.