Les évêques adressent un mémorandum au Secrétaire général des Nations Unies.
ADIA n°147 du 24 février 2004
L’Eglise catholique
L’Unité nationale, l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Rdc ne sont pas négociables
Le comité permanent de la conférence épiscopale nationale du Congo a adressé le 14 Février 2004, un mémorandum au Secrétaire général des Nations Unies.
C’était à l’issue de sa réunion tenue au centre interdiocésain de Kinshasa du 9 au 14 février dernier. Les évêques, solidaires de la souffrance qu’endure le peuple congolais depuis le déclenchement en 1996 d’une longue guerre, expriment au Secrétaire général de l’Onu toute la reconnaissance du peuple envers le système des nations Unies et présentent ensuite le triste bilan de la guerre, leurs préoccupations au sujet de la paix et de la justice en Rdc ainsi que dans la sous-région des grands lacs. Ils font enfin quelques suggestions pour une paix durable.
Reconnaissance
Les évêques commencent par évoquer le concours des Nations Unies à travers leurs agences spécialisés dans les secteurs de la santé, de l’alimentation et de l’éducation : « Cette assistance a permis de maintenir l’espoir aux moments les plus sombres de l’histoire de notre pays ».
Ils évoquent aussi la résolution 1339 du 9 avril 1999 établissant l’agression de la Rdc par le Rwanda, l’Ouganda, et le Burundi ; la résolution 1291 du 24 février 2000 créant la Mission d’Observation des Nations Unies au Congo (Monuc), la lettre du Secrétaire général du 15 octobre 2002 instituant la Commission d’enquête sur les pillages et l’exploitation illégale des ressources naturelles de la Rdc et la résolution 1493 du 28 juillet 2003 modifiant le mandat de la Monuc en renforçant ses pouvoirs d’action sur le terrain au profit de la population congolaise. Dans le même ordre d’idées, ils saluent les efforts du secrétaire général et soulignent que le peuple congolais n’a jamais voulu de la guerre ni de la balkanisation du pays.
Méfaits de la guerre
La guerre avec son train de malheur a « engendré des fissures graves dans les cœurs des fils et filles du pays, tentant ainsi de briser l’édifice construit en un siècle d’histoire commune…Et pourtant les richesses pour lesquelles on se bat en Rdc, certes propriété inaliénable du peuple congolais, appartiennent également au patrimoine africain.
L’exploitation rationnelle de ces richesses permettrait sans nul doute de résoudre beaucoup de problèmes à travers le continent. Le coup porté contre la Rdc l’est inéluctablement contre les peuples d’Afrique et contre l’humanité entière ».
Mais en dépit de ce passé sombre, les combats et les pillages persistent sur terrain à l’Est de la Rdc. Ici, les évêques dénoncent le soutien des puissances étrangères aux pays agresseurs, la circulation des quantités impressionnantes d’armes, l’exploitation fraudu-leuses du bois, du café ainsi que des mines de diamant, d’or et de coltan. Dans cette énumération figure le fait que les pays agresseurs ne semblent pas s’attaquer sérieusement aux causes de leurs conflits internes. Ceux-ci débordent toujours et atteignent la Rdc.
Points de vue
Hamuli Kabaruza
Coordonnateur national du Comité préparatoire
La conférence internationale va se tenir sous les auspices des Nations Unies et de l’union africaine …
« Le gouvernement de transition a reçu instruction du Dic à Sun City, à travers une des ses résolutions, pour relancer la Cepgl et de l’ouvrir à d’autres pays de la région. Je suis heureux de constater que les délégués au Dic ont compris que la Cepgl dans sa forme de la IIème République ne pouvait pas garantir seule la défense des intérêts majeurs de la Rdc, ni la stabilité régionale.
D’ailleurs, cette Cepgl n’a pas empêché le génocide rwandais de 1994, ni l’assassinat du président démocratiquement élu du Burundi, pas plus qu’elle n’a prévenu l’agression de la Rdc par deux de ses membres en violation de la législation internationale.
Les délégués au Dic ont cependant reconnu que les peuples congolais, rwandais et burundais sont historiquement et culturellement liés et que de ce fait il faut aller au-delà…Nous n’avons pas combattu et résisté en vue de sauver l’intégrité de notre territoire et notre souveraineté pour aller les brader dans une conférence internationale. Je ne crois pas qu’il y ait une intelligence supérieure dans ce monde capable de dépasser nos capacités et nous le faire accepter au cours d’un débat d’une conférence, fut-elle internationale.
Donc cela n’est pas possible. Par ailleurs, cette conférence internationale va se tenir sous les auspices des Nations Unies et de l’union africaine qui, comme vous le savez, ont l’obligation de faire respecter la législation et le droit internationaux en la matière. S’agissant des frontières, vous savez bien que l’Union africaine est bâtie sur le principe du respect des frontières héritées de la colonisation. Toutes les supputations sur la question des frontières aujourd’hui sont à virer sur le compte des élucubrations ».(Tiré de Numerica n° 567 du 20/2/2-04)
Roger Muyumba Amuri
Journaliste
Les multiples contradictions qu’on relève dans le fonctionnement des institutions soulèvent de nombreuses inquiétudes
« Cahin-caha, à travers ses contradictions, ses tâtonnements et ses crises à répétition, la transition congolaise poursuit son petit bonhomme de chemin. L’objectif à terme étant l’organisation des élections générales, libres, transparentes et démocratiques qui consacreraient la naissance de la troisième République pour la Rdc. A entendre les décla-rations des uns et des autres animateurs des institutions de la Transition, cet objectif semble intériorisé par chacun. Tout le monde prend l’engagement formel pour faire aboutir sans faute la Transition dans les délais prévus en 2005. Mais dans les faits et gestes, rien n’est cependant très rassurant. Les multiples contradictions qu’on relève dans le fonctionnement des institutions soulèvent de nombreuses inquiétudes et interrogations dans les esprits des observateurs. Il y a pour commencer, ces crises dues aux relations conflictuelles entre animateurs des institutions.
L’une d’elles défraie la chronique depuis plusieurs semaines. C’est l’affaire politico-médiatique qui oppose le vice-président de la République Jean-Pierre Bemba au ministre des Transports et Communications Joseph Olenghankoy. Ce conflit qui a tout l’air d’être une arnaque politicienne ne trouve toujours pas de solution en dépit de l’implication de plusieurs médiateurs de poids…
Au niveau du gouvernement, c’est depuis le 09 février que la solution sur la grève des agents et fonctionnaires de l’Etat tarde à être trouvée. Les premiers accords conclus entre les syndicats et le gouvernement ont été rejetés par les travailleurs qui ont radicalisé leur mouvement de débrayage...
D’autres sujets d’inquiétude : ces découvertes de caches d’armes de guerre qui se succèdent. Avant-hier, c’était à Bukavu dans le Sud-Kivu, hier c’était le tour de Kisangani dans la Province Orientale et de Kasangulu dans le Bas-Congo… Cela n’est pas très intéressant pour un pays à la recherche de ses équilibres fondamentaux ».
(Tiré de Demain le Congo n° 78)
La Revue de presse du mardi 24 février 2004
L’actualité de ce mardi 24 février 2004 s’articule essentiellement autour du conflit Bemba –Olenghankoy ainsi qu’autour de la démarche des membres de la Société civile au sujet de la distribution des postes dans la territoriale, la diplomatie et dans le portefeuille de l’Etat, le projet de loi organique sur l’armée et la nécessité de la maximisation des recettes par les régies financières défraient aussi la chronique
Le Palmarès titre à la une : « Hier à la réunion de l’espace présidentiel, J.P. Bemba rejette les avis de J.Kabila et A.Z’Ahidi ! Ainsi, il campe sur sa position : avec Olenghankoy dans la salle, pas de ministres Mlc ni lui-même. Il s’inscrit ainsi en faux contre J.Kabila et Z’Ahidi qui avaient estimé l’affaire close. Toutefois, J.Olenghankoy est encouragé par les chefs de délégations de l’Opposition ; 19 sur 20 participants ont dit non au diktat du Mlc. Avec cette prise de position, la réunion du gouvernement qui se tiendra aujourd’hui à la Cité de l’Union africaine promet des étincelles. A moins que le leader des Fonus accepte de s’humilier en quittant la salle comme ce fut le cas lors d’une des dernières réunions de l’Exécutif. Son entourage a fait savoir au Palmarès que « le ministre va bel et bien participer à la réunion du gouvernement d’aujourd’hui ». C’est aussi la position des chefs des délégations qui se sont réunis jusque vers 3 heures du matin hier chez Z’Ahidi Ngoma.
La Référence Plus nous informe que la Société civile obtient l’appui de me Azarias Ruberwa au sujet du partage des responsabilités au sein de la territoriale, de la diplomatie et du portefeuille. C’est ce qui ressort de l’audience que Me Ruberwa a accordée à une délégation de la Société civile qui craint de se faire flouer par les politiques et particulièrement par certaines composantes. Selon le professeur Bahati, porte-parole de la délégation, Me Ruberwa a eu une oreille attentive et il connaît, en sa qualité de négociateur de l’Accord global et inclusif, l’esprit et la lettre de ce texte. La Société civile, bien que absente de l’espace présidentiel, sera traité au même titre que les quatre autres composantes lors du partage ; elle ne sera jamais lésée. Autrement dit, cette composante qui compte un nombre égal de députés et sénateurs que les quatre autres ex-gouvernement, Rcd, Mlc et Opposition politique doit avoir le même quota au sein de la territoriale, de la diplomatie et des entreprises publiques que les autres composantes.
La Tempête des tropiques rapporte qu’au cours d’une séance de travail hier au grand Hôtel de Kinshasa, le vice président J.P.Bemba a annoncé les stratégies susceptibles de mobiliser les recettes. Il a fustigé l’attitude qui consiste à considérer le minimum prescrit dans la loi comme l’idéal à atteindre, alors qu’il s’agit du plancher en deçà duquel il est interdit de descendre. Les stratégies englobent à la fois le suivi de la performance des régies financières à travers les contrats de performance à signer entre celles-ci et le gouvernement par le biais du ministère des finances, et les sanctions positives et négatives, en passant par le versement obligatoire des recettes publiques au compte général du trésor. Quant aux prévisions, elles seront réparties par province au regard des potentialités économiques de chacune. En situation normale, a-t-il indiqué, l’Etat congolais devait se suffire à lui-même tandis que l’aide extérieure devrait venir à titre vraiment supplétif.
Le Révélateur nous signale que le projet de loi portant organisation générale de la défense et des forces armées a été présenté la semaine dernière à la Commission Défense nationale et sécurité de l’Assemblée nationale par le Vice-ministre de la défense nationale, Mohamed BULE Gbangolo Basabe. Ce texte comporte 109 articles répartis en trois titres : l’organisation générale de la défense, l’organisation et la mission des forces armées, les dispositions finales et abrogatoires.
