CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA PAIX, LA SECURITE, LA DEMOCRATIE ET LE DEVELOPPEMENT DES PAYS DES GRANDS LACS
Monsieur le Président du Sénat ;
Mesdames et Messieurs les Ministres et membres du Gouvernement de Transition ;
Honorables Sénateurs et Députés ;
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions diplomatiques ;
Mesdames et Messieurs les participants à l’Atelier préparatoire à l Conférence Internationale sur la paix , la sécurité, la démocratie et le développement dans la sous – région des grands lacs ;
Mesdames et Messieurs ;
Distingués invités ;
Point n’est besoin de rappeler qu’au crépuscule du 20ème siècle, l’Afrique de Grands lacs s’est installé dans un cycle des convulsions qui fit d’elle le théâtre de plus graves drames socio - humanitaires de notre époque, tels que le génocide, les massacres et viols systématiques , ainsi que la déshumanisation des peuples appauvris u delà de l’extrême.
Cet état de chose perdure à cause , notamment de la méfiance entre les peuples, de l’exclusion, de l’intolérance politique et éthique qui engendre des lois discriminatoires de la dictature, de la mauvaise gouvernance, du non respect des droits humains, des manipulations et hypocrisies politiciennes et de l’implication d’un nombre de plus en plus croissant des Etats belligérants . Exacerbés, les fléaux précités provoquent l’exportation de part et d’autre de la violence au point de frôler la banalisation des actes les plus ignobles et de conduire le continent tout entier vers un embrasement généralisé.
Cette situation insupportable fini par interpeller les consciences et l’idée d’une solution globale aux récurrentes crises dans la zone des grands lacs s’est imposée. C’est ainsi que l’organisation d’une Conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la Sous – Région des grands lacs a fini par être consacrée aussi bien par les résolution des organisations internationales notamment l’ONU et l’Union africaine, que par le dialogue inter - congolais .
Mesdames et Messieurs ;
Distingués invités ;
Le constat fait par les Coordonnateurs nationaux de la Conférence internationale sur la sous région des grands lacs réunis à Nairobi le 23 et 24 juin 2003 , ainsi que les résolutions du dialogue inter - congolais , spécialement aux points II.4 ,III.2 et 3 engagent la république démocratique du Congo à être la partie la plus diligente et la plus soucieuse de l’organisation et l’aboutissement heureux de l dite Conférence.
Il nous fut donc sans complaisance partisane ou négligence coupable identifier les causes du ml et en proposer les remèdes adéquats. Il ne nous est pas permis de garder le statu quo d’une situation plus que avilissante pour l’espèce humine.
Le présent Atelier préparatoire à la conférence internationale sur la paix , la sécurité, la démocratie et le développement dans l sous – région de grands lacs est organisé à cette fin .
La liste des thèmes retenus est fort riche : géopolitique de l sous région, paix et sécurité ; le programme DDRRR ; démocratie et bonne gouvernance, la nationalité citoyenne, le rôle des médis, l’apport de l femme, le drame socio – humanitaire, la coopération régionale dans le domine de l’économie et des échanges régionaux, les éléments de vision dans l république démocratique du Congo, le secteur privé, l’énergie et l méthodologie de travail…..
Sans procéder à l’exposé de tous les sujets, je vous livre aussi très sommairement ce que je crois comme éléments de vision sur quelques thèmes retenus. La géopolitique sous régionale dans le contexte de la mondialisation nous impose de considérer la logique des intérêts vitaux et communs pour toute la sous – région.
Ici , le défis à relever est qu’il ne nous fut pas rester la dernière des sous – régions par rapport au reste du monde.
Pour ce faire , il vous faudra considérer les questions sous examen dans tous leurs aspects en commençant par la contiguïté irréversible des peuples et des territoires pour en extraire les avantages à cultiver et les inconvénients à surmonter de telle sorte que dans le village planétaire l sous région des grands lacs puisse apporter autre chose qu’un chapelet des crimes insoutenables et des situations sociales infra – humines .
Il convient ici d’envisager comment faire de la géopolitique de la sous région un élément positif d’émancipation et de coexistence des peuples en vue d’un nivellement par le haut avec les peuples d’autres parties du monde. Voilà pourquoi notre sous région doit être compétitive. Car si elle est constituée essentiellement des Etats de l’Afrique centrale et certains Etats de l’Afrique de d’Est, il v s de soi que cette sous région soit comparée à d’autres régions comme celle du Sud, du Nord ou de l’Ouest.
Aujourd’hui, nous sommes interpellés par l’Afrique entière pour le retard que nous avons accumulé dans les domaines de la défense et de la sécurité, de la libre circulation des personnes et des biens , du respect des droits humains, de promotion de la dignité de la personne humaine, de l’égalité de tous , de la politique du genre, de la bonne gouvernance , du développement , de l’assainissement des finances publiques, de la prise en charge des questions socio – humanitaires ainsi que du niveau d’intégration régionale .
Aussi par voie de conséquence , du fait de ce retard que nous causons à l’Afrique et au monde , nous devons nous révolter et changer cet état de chose si nous voulons peser et nous faire davantage respecter.
Notre discours doit changer, nos analyses aussi et même nos préférences. Nous devons dire à nos dirigeants de faire ce qui est juste, correct et ce qui nous rapproche entre nous – mêmes et le reste du monde.
Nos peuples doivent dire non aux dirigeants qui les divisent , qui les utilisent à des mauvaises fins ou qui les trompent .
La région du monde qui s’appelle la sous – région des grands lacs doit être compétitives ; répétons – le et concurrencer les autres régions du monde sur les bonnes valeurs et refuser de garder la réputation des antivaleurs telles que les conflits, l’insécurité, le génocide, les viols…
Notre défis mesdames et messieurs est à ce point là. Nous devons réussir ce pari car nous avons les potentialités d’être l’un des coins paradisiaque de la planète terre. Puisse notre pays, la République démocratique du Congo être le moteur de cette volonté de relever le niveau de vie et les défis de la sous - région des grands lacs que nous voulons en paix et sécurisée. Il n’y pas de paix sans sécurité et il n’y pas de sécurité sans paix. Aucun Etat de la sous région ni du monde d’ailleurs ne peut prétendre faire la paix ni réaliser la sécurité seul, il faudra faire la paix et réaliser la sécurité avec d’autres Etats.
Tout ceci est d’autant plus vrai que notre pays est encadré ou quadrillé par neuf frontières, cas raricime au monde . Aussi la République démocratique du Congo se doit de prendre en compte ses propres problèmes, de considérer sérieusement ceux des autres et de souligner des interactions entre ceux – ci dans le but d’établir un constat sincère et objectif qui éviter de nier ou de minimiser les problèmes posés par sa propre population ainsi que par les Etats voisins . Car il s’agira in fine, pour chaque Etat, non seulement de faciliter la résolution des problèmes des autres Etats, mais aussi de garantir la recherche de l’élimination systématique de ses propres contradictions, pour pérenniser l’équilibre sous régionale qui doit être restauré.
En effet , notre dimension continentale nous impose la psychologie et la déontologie d’être les promoteurs de la paix et de la sécurité dans la sous région. Tout en consolidant notre propre système de défense, nous devons développer une coopération militaire transfrontalière et transnationale capable de protéger chacun et nous tous à la fois . C’est du reste la question d’actualité de toute l’Afrique aujourd’hui avec la dernière réunion des Chefs d’Etats – Major généraux et des Ministres de la défense de toute l’Afrique à Addis Abeba le mois passé et le prochain sommet des Chefs d’Etats en Libye. Mais avant de prétendre au succès continental dans ce domine, nous devons être capables de nous sécuriser mutuellement dans la sous région. Ceci suppose que dans le cadre de la sécurisation de nos différents espaces transnationaux , l’épine dorsale q’est la question des groupes armés doit être enlevée. Ici il ne faut pas tergiverser ni remettre à demain ce qui peut être fait aujourd’hui. A titre d’exemple, notre récente mission de la commission politique , défense et sécurité témoigne encore de l’existence des milliers des groupes armés étrangers qui nous maltraitent sur notre sol et dont nous n’avons pas besoin. Dns ce contexte, la question de DDRRR appelle une mise en œuvre urgente ou mieux immédiate sinon la catastrophe prévisible qui en résulterait engagerait notre responsabilité .
La paix n’ a pas des prix dit – on, il fut assumer de la promouvoir et il fut assumer de la faire .
Un autre problème majeur de la sous région reste sans conteste celui de la démocratie et de la bonne gouvernance substitué par les régimes de dictatures de mauvaise gestion . En effet, nos peuples de la sous région des grands lacs ne sont ni les plus mauvais, ni les plus paresseux mais ce sont les systèmes de gouvernance ; mieux les gouvernants eux mêmes qui depuis des décennies n’ont pas réussi à relever le défis de la pauvreté et des conflits de tout genre . C’est aussi par manque de démocratie et de la bonne gouvernance que le conflit sur la nationalité est devenu l’un des plus persistants dans nos pays. Faut – il croire que la nationalité a cessé d’être le lien d’allégeance entre un citoyen et sa patrie pour devenir une affaire de couleur de la peau, de la dimension du nez, de la taille physique des ethnies des minorités de la majorité , bref une véritable confusion.
La conférence des grands lacs est une occasion de tirer au clair le contenu des notions de nationalité et de citoyenneté pour ne pas déshumaniser et rendre apatride. En effet , le problème n’est pas d’attribuer ou de distribuer la nationalité à quiconque ou à tout venant . Mais le problème c’est de la reconnaître d’abord à tout ayant droit , et ensuite de mettre sur pied des législations modernes , avantageuses et surtout sans discrimination.
Nous ne pouvons plus tolérer , sans nous faire discréditer au niveau planétaire, des conflits liés à la morphologie, au clan, aux ancêtres, au village et j’en passe.
Sans nous confondre , nous pouvons garder chacun son identité mais dans la réconciliation. Nous n’avons pas besoin de nous détester ou de nous faire la guerre à cause de nos différences naturelles , car elles ne changeront pas. Nous devons nous accepter malgré celles – ci, car elles sont aussi notre richesse sublime.
Mesdames et Messieurs,
La réussite de la Conférence Internationale dont les préparatifs nous intéressent à ce jour, implique la normalisation et la consolidation des relations bilatérales entre la République démocratique du Congo et ses voisins d’une part et entre ces derniers d’autres part. Il en résulte dès lors , l’impérieuse nécessité d’œuvrer sans passion au rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats en rupture et d’évaluer les accords conclus ainsi que des recommandations formulées, notamment dans le cadre de Sun City et des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies .
Il y a donc lieu d’opter pour une méthodologie qui privilégie l’analyse des questions de la sous – région aussi bien dans leurs donne propre, causes et effets , que dans leurs interactions. L’objectif poursuivi étant une solution globalisante intra et inter – Etats.
Mesdames et Messieurs,
La crise dans l’Afrique des Grands lacs a engendré des situations qui choquent la raison tant par leur atrocité que par leur inutilité. Les actes les plus cruels ont été souvent planifiés et commis plus par automatisme ou mimétisme plutôt que pour influencer quoi que ce soit dans le cours des événements.
Ces actes ont malheureusement provoqués des situations socio – humanitaires douloureuses dont le souvenir doit être gardé en mémoire afin que nos contemporains et les générations futures disent plus jamais ça.
Pour y parvenir, et pour l’élaboration d’une politique à long terme, les femmes notamment premières victimes et éducatrices, ont un rôle important à jouer par leurs expériences de victimes qui devraient avoir un effet dissuasif tandis que l’éducation qu’elles dispensent devrait être préventive. De même les médias qui ont vocation d’atteindre le plus grand nombre doivent bannir le soutien à l’intolérance et à l’extrémisme pour promouvoir la culture de la paix , de la démocratie, de l’acceptation mutuelle et du développement de la sous région .
En définitive cette Conférence n’est pas une affaire des intellectuels seulement , des technocrates seulement, des savants seulement, c’est aussi et ça devrait être une affaire de nos bases, de nos populations . Il faudra recueillir auprès d’elles ce qu’elles pensent réellement .
Mesdames et Messieurs,
S’agissant du développement , il nous faut ensemble combattre la pauvreté par des mécanismes d’intégration régionale, économique notamment . La sous – région des grands lacs dispose d’énormes ressources susceptibles de générer des activités économiques d’envergure, entre autres dans le domaine du commerce, de l’énergie, des mines, de l’agriculture et du tourisme. Les entrepreneurs rassurés et incités par des volontés politiques concrètes et fermes pourront y trouver des opportunités d’affaires intéressantes avec comme conséquence le relèvement du niveau de vie des populations .
Mesdames et Messieurs les participants ,
La Nation attend de vous des réflexions et des analyses les mieux fouillées pour lui permettre de contribuer de façon significative au rétablissement de la paix et de la sécurité dans le sous – région des grands lacs et d’en être le moteur du développement.
Mesdames et Messieurs,
Je ne puis terminer ce mot sans remercier la Communauté internationale qui s’est mobilisée pour la réussite de cette Conférence ; nous attendons d’elle une assistance continue . Puisse cette lueur de paix se transformer en un soleil de sérénité et de bien être pour tous et pour chacun .
Sur ce , Monseigneur le Président du Sénat , mesdames et messieurs les Ministres du Gouvernement de Transition, Honorables Sénateurs et Députés, mesdames et messieurs les Ambassadeurs et Chefs des missions diplomatiques , mesdames et messieurs les participants, mesdames et messieurs , distingués invités, je déclare ouverts les travaux de l’Atelier Préparatoire à la Conférence Internationale sur la paix, la sécurité,la démocratie et le développement dans la sous – région des grands lacs et vous souhaite plein succès dans vos réflexions .
Je vous remercie.
