Conférence préliminaire aux journées de réflexion sur la société civile de la RD Congo, à l’Université catholique de Louvain.

La conférence à eu lieu le 15 mai 2004 au Centre International Placet, au site de l’Université catholique de Louvain (plus précisément au site de Louvain-la-Neuve) en Belgique, sous la modération de Bertin Salumu.
Le thème débattu, « La société civile socialement engagée et la transition politique en RD Congo », a eu comme centre d’intérêt le concept «société civile socialement engagée » que deux orateurs se sont évertués à expliquer.
Dans le premier exposé présenté par Albert Kasanda Lumembu, Docteur en Philosophie et chercheur dans le secteur des mouvements sociaux, sous le thème « Quid de l’essence du concept «société civile socialement engagée ? », l’orateur a tenu à faire une mise au point sur l’apparent « barbarisme » que constitue ledit concept et à son caractère novateur dans un environnement où la terminologie est sujette à caution de par les différentes connotations dont il est affublé. Mais, a-t-il souligné, ce barbarisme est nécessaire pour marquer la différence qui existe entre la société à la solde du pouvoir et celle engagée totalement du côté du peuple.
Ensuite il a évoqué la façon dont le concept « société civile » a été défini à travers l’histoire, de l’antiquité grecque jusqu’à nos jours. Il est apparu clairement que cette notion a connu plusieurs perceptions au fil des siècles.
Actuellement ce concept est défini différemment selon que l’on se situe soit du côté du pouvoir soit du côté du peuple. D’où les différentes visions de la société civile. L’intervenant en a dénombré trois : à savoir les visions élitiste, angélique et analytique qui se dégagent des analyses déjà faites à ce sujet.
L’orateur a expliqué que la société civile élitiste concerne la classe des entrepreneurs qui évoluent en dehors du secteur politique. Cette vision est en vogue dans les milieux de la Banque Mondiale. Concernant la vison angélique, il l’a présentée comme l’ensemble des initiatives volontaristes visant à apporter de l’aide aux catégories sociales défavorisées et marginalisées. Mais elle ne prend pas en compte les diversités d’intérêts au sein de la société civile et ne voit qu’une seule contradiction entre les organismes privés et l’Etat. Quant à la vison analytique, elle représente les lieux des luttes sociales qui permettent à ceux d’en bas de défendre leur cause sans être instrumentalisés par des intérêts de ceux d’en haut. C’est dans cette dernière vision qu’Albert Kasanda Lumembu situe la « société civile socialement engagée ».
Notion récente en Afrique, la société civile est considérée de plus en plus comme un partenaire plus crédible que les institutions de l’Etat qui ont démontré leurs limites dans la gestion des moyens destinés au social et à l’essor économique. En ce qui concerne la RDC, Albert Kasanda Lumembu s’est posé un certain nombre de questions sur l’identité de la société civile. La confusion y est telle qu’on ne saurait dire qui fait quoi et pourquoi les acteurs s’y engagent.
Concernant les possibilités à la portée de la société civile socialement engagée en RDC, l’orateur a fait état des alliances possibles que celle-ci peut réaliser avec d’autres forces sociales et politiques, sans s’aliéner, pour la paix et la promotion des droits humains, particulièrement les droits sociaux et économiques.
Enfin, il a clôturé ses propos en déplorant le fait que certains acteurs profitent de l’espace des luttes sociales pour la conquête de la promotion politique personnelle.
En ce qui concerne le deuxième exposé sous le thème «La société civile socialement engagée de la RD Congo et la transition démocratique», vous trouverez en annexe l’entièreté du texte présenté par Jean-Jacques Luambua, ancien secrétaire exécutif de la FOLECO et actuel directeur exécutif du COECA (Collectif des Ong pour l’Essor des Communautés de base en Afrique).


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