FEMME EN ITURI : SOUFFRES, MAIS SURTOUT TAIS-TOI !
Avec l’exacerbation ces 7 dernières années des guerres civiles et des conflits inter ethniques qui déchirent l’est du pays en général et l’Ituri en particulier, les violences subies par les femmes vont crescendo. Ce phénomène a pour conséquence non seulement l’affaiblissement et l’anéantissement des personnes déjà vulnérables, mais surtout la réduction de la femme à l’état d’esclave, voire d’objet … sexuel. Et pourtant, la violence sexuelle est un crime, et parfois même un crime de guerre. Un certain nombre d’articles ont été rédigés à ce sujet, des voix ont retenti, en vain.
Ayons toujours à l’esprit que la population congolaise est en train d’émerger d’une guerre qui lui a causé beaucoup de souffrances. Les femmes et les filles ont été particulièrement affectées puisqu’en plus des souffrances de la population civile en général, elles ont été victimes de violence sexuelle généralisée, voire dans certains cas systématiques.
AVIE joint ainsi sa voix à celles, minoritaires, qui se sont élevées ici ou ailleurs, dans un plaidoyer pour un encadrement et une réintégration des femmes victimes des conflits inter ethniques en Ituri. Même le Conseil de Sécurité des Nations Unies reconnaît la nécessité de prêter attention et d’aborder les problèmes de violations des droits de l’homme commises contre les femmes et les filles, et de s’assurer que la prise de conscience de ces violations sera un facteur dans la planification et l’exécution des opérations de soutien de la paix (Résolution 1325 intitulée « Les femmes, la paix et la sécurité » citée par MONUC Magazine n° 17).
Nous en appelons aux acteurs politiques, aux ONG et à toute personne de bonne volonté : unissons-nous dans un effort pour récupérer la femme victime des atrocités depuis le début des hostilités jusqu’à ce jour. En effet, la réintégration des femmes de l’Ituri constitue un des préalables au succès de la reconstruction nationale et de la transition vers une démocratie pacifique et productive.
Un projet sur la réintégration des femmes de l’Ituri engloberait les points ci-après (la liste n’est pas exhaustive) :
- Recenser les victimes ;
- Prendre en charge les femmes vulnérables par :
* L’assistance psychologique et morale ;
* La construction des camps de récupération ;
* La recherche des familles d’accueil ;
* La couverture sanitaire ;
* L’encadrement des filles mères ;
* L’encadrement des femmes porteuses du VIH/SIDA.
- Organiser des cours d’alphabétisation pour les femmes et les filles ;
- Mettre sur pied des séminaires ateliers au cours desquels on apprendrait aux femmes un métier ;
- Regrouper les femmes en coopératives ;
- Organiser régulièrement des missions de suivi moral et psychologique, de suivi civique et politique, suivi technique et professionnel.
Nous attendons vos avis et considérations sur la question. Levons-nous pour crier au nom de cette femme, de cette fille qui souffre mais ne peut parler par crainte de représailles ou pour cacher son opprobre aux yeux de son entourage. En effet, qui peut encore accorder de la considération à une femme qui a été violée ? Qui peut comprendre qu’à la suite des violences sexuelles subies, cette femme se retrouve enceinte ou pire atteinte de VIH/SIDA ? Mais, surtout, qui peut mesurer le préjudice moral et psychologique subi par une telle femme, en silence ?
Levons-nous tous ensemble pour crier au nom de cette femme qui souffre mais qui est obligée de se taire.
