DECLARATION DES ASSOCIATIONS, ONG ET COMITES D’INITIATIVES LOCALES DU COECA asbl
A la suite des événements malheureux qui ont secoué la Ville de Bukavu au courant de la semaine du 31 mai au 05 juin 2004 ainsi qu’à la montée perceptible des tensions dans la Région des Grands Lacs,
- Marquons notre indignation face à la recrudescence de la violence, utilisée comme moyen de revendication par des Congolais, pourtant jouissant des droits leurs reconnus par l’Accord global et inclusif pour ester en justice ou auprès de toute autre instance d’arbitrage reconnue compétente ;
- Condamnons énergiquement, l’abus du discours « politicien » séparatiste et d’exclusion des groupes de citoyens qui est utilisé pour justifier le forfait dont la seule finalité est ailleurs, à savoir : le besoin du positionnement personnel et l’assouvissement des intérêts particuliers ;
- En appelons à la responsabilité du Gouvernement de Transition, dont l’absence de capacité d’anticipation sur les événements, pourtant prévisibles, a constitué une complicité tacite avec les « insurgés » qui ont provoqué la désolation parmi la population civile ;
- Invitons la Communauté Internationale, par le truchement de la MONUC et du CIAT, à soutenir le processus de Transition en cours, dont le succès et le bon aboutissement sont tributaires de leur action sur le terrain,
- Encourageons la Jeunesse estudiantine congolaise pour sa prise de conscience d’appartenir à une seule et indivisible Nation et d’être un peuple dont la diversité identitaire et culturelle constituent le ferment de notre grandeur de demain.
De ce qui précède, nous exigeons :
1. De la Communauté Internationale :
- Le désarmement par tous les moyens et par la MONUC, ainsi que le casernement des « insurgés » dont les doléances devront être reçues par une Commission parlementaire ad hoc ;
- Le renforcement du mandat de la MONUC sur l’ensemble du territoire nationale, en vue de prévenir tout dérapage à l’approche des échéances électorales ;
- L’établissement d’un dialogue permanent et sincère entre les responsables de la MONUC et du CIAT en poste à Kinshasa avec les autorités de la Transition, susceptible de dissiper les malentendus inopportuns et les susceptibilités.
2. Du Gouvernement Congolais :
- L’ouverture d’une action disciplinaire à l’encontre des « meneurs » et des « instigateurs » des incidents de Bukavu, dont l’objectif n’est autre que de freiner la marche vers l’établissement d’un Etat de droit ;
- La « décartellisation » et la dépolitisation de l’Armée, de la Police Nationale et de l’Administration Publique, leurs animateurs se devant de répondre de leurs actes en tous temps et lieu où le devoir patriotique les enverrait devant le peuple congolais, plutôt que de se cantonner dans d’« apparentes propriétés féodales » ;
- L’accélération de la mise en place du cadre légal des autres Institutions citoyennes et la nomination à des postes de responsabilité au portefeuille de l’Etat des Cadres méritants « politiquement neutres », en vue d’éviter l’émiettement des ressources du Trésor Public.
3. Du Peuple Congolais :
- La vigilance tous azimuts pour qu’à l’issue de la Transition, des institutions viables soient mises en place par la sanction populaire des filles et fils du pays « méritants » ;
- L’exigence du respect du calendrier du processus de Transition, afin de permettre au pays de sortir du cadre de jurisprudence où il évolue depuis des lustres,
- De cultiver les valeurs républicaines, à l’encontre de celles partisanes qui sont véhiculées par les acteurs politiques de tous bords dans leurs parades propagandistes ;
- De constamment veiller et participer aux activités citoyennes, seuls foyers de la construction de la conscience nationale, arme éloquente à opposer aux « cultures régionalistes, tribalistes et ethniques ».
4. Des Pays voisins de la République Démocratique du Congo :
- De respecter scrupuleusement le principe de l’intangibilité des frontières nationales de chaque Etat régional pour la Paix et la Concorde dans les Grands Lacs ;
- De privilégier la voie de la négociation à toutes autres solutions, vecteurs des tensions cycliques qui secouent la Région et constituent un frein au processus de développement auquel toutes nos populations aspirent profondément.
Fait à Kinshasa, le 05 juin 2004.
POUR LE COECA asbl,
(avec l’accord de l’Administrateur directeur Exécutif)
Hylde-Mbuta SEKE L.
Modérateur
Marie-Védaste MINGA B.
Conseiller Technique
