Des chiffres qui dérangent! Les Tutsi, Combien sont-ils enfin?
Les événements de Bukavu et de Kamanyola ont le mérite de rappeler aux décideurs la question - présentée comme fondamentale pour la paix dans les Grands-Lacs, protection de la minorité tutsi aussi bien en RDC qu’au Rwanda, et donc forcément au Burundi et en Ouganda.
En se repliant à Kigali après avoir mis à feu et à sang " son pays " sous prétexte de protéger les « Banyamulenge » d’un génocide que la Communauté internationale a, heureusement, refusé d’admettre pour la 1ère fois depuis 10 ans, Jules Mutebusi vient de démontrer le caractère sacré de l’union des Tutsi, une union qui se fait cependant au seul profit de Paul Kagame.
Combien sont-ils, ces contemporains ? A force de manipuler les chiffres, leurs leaders aiguisent la curiosité des chercheurs et commencent à susciter le doute sur les concepts « minorité, haine ethnique, génocide ».
Tenez ! Peut-être sans le vouloir ou le savoir, Moïse Nyarugabo a rendu lundi 21 juin dernier un service immense aux chercheurs en déclarant sur « Voa » que toute sa communauté a été exclue du pays ! Etant basée dans le Sud-Kivu, il a précisé qu’à ce jour, « il n’y a aucun munyamulenge à Bukavu, munyamulenge à Uvira... »
Où sont-ils alors partis, ces compatriotes ? Certainement au Rwanda et au Burundi.
Sans probablement s’en rendre compte non plus, il vient de donner aux Nations Unies - par l’entremise du Hcr – l’occassion de recenser la majorité Banyamulenge, aujourd’hui réfugiée dans ces deux pays; la minorité étant représentée par ceux des Tutsi qui sont restés en RDC dans les Institutions services publics (acteurs politiques, militaires, policiers, etc..)
Du dimanche 4 au mercredi 13 avril le Rwanda a commémoré l’An l0 de son génocide. Trouvables sur les sites « http//:perso.wanadoo.fr/rwanda94/ » et WWW.Assemblée-nat.fr », des chiffres ont été publiés, situant à 1.074.000 le nombre de personnes tuées dont 90 % de Tutsi. Ces chiffres ont fait l’objet de deux articles parus dans DIc » n°891 du 6 et 892 du 14 avril 2004 repris ci-dessous, le premier sous le titre « Génocide rwandais : Le refus de Kagame de recenser les survivants reste suspect », le second sous le titre corrigé « Des chiffres qui dérangent : De 1.185.000 qu’ils étaient avant le génocide, les Tutsi n’étaient restés que 118.000 après ».
Y a-t-il harcèlement dans le chef de « Demain le Congo » ? Pas du tout! Au contraire, « DIc » est l’un des rares journaux Congolais à plaider d’abord pour une identification réelle des « Banyamulenge » en tant que Tutsi de la RDC, exactement comme ceux du Rwanda sont les Tutsi du Rwanda et non les « Banyacyangugu » et ceux du Burundi sont les Tutsi du Burundi et non les « Banyashibitoke ». « DIc » a averti l’opinion de la difficulté qui apparaîtra à l’application de l’article 14 de la Constitution. S’il est vrai que les Tutsi du Congo peuvent se réclamer de l’un ou l’autre des groupes ethniques ou de l’une ou l’autre des nationalités « dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance » pour pouvoir « bénéficier de l’égalité des droits et de la protection aux termes de la loi en tant que citoyens » il est tout aussi vrai que l’inexistence de l’ethnie ou de la tribu « Banyamulenge » dans la nomenclature des ethnies et tribus recensées par l’autorité coloniale belge ne plaidera nullement pour eux. D’où le conseil prodigué par « Dic » à Ruberwa et Cie de renoncer à l’appellation « Banyamulenge » pour redevenir et rester Tutsi.
« Dlc » plaide ensuite la transplantation des Tutsi du Congo, de façon à les déplacer du Kivu et du Rwanda où ils sont en proie à des conflits récurrents pour le reste des provinces Congolaises comme l’Equateur, le Kasaï Oriental. le Kasaï Occidental, le Bandundu, Kinshasa et le Bas-Congo.
Dès lors qu’ils réclament une protection spéciale, « Dlc » estime plutôt de se limiter à une commission d’enquête, « Nkunda devra exiger le recensement des Banyamulenge ! » (Dlc n°906). Cette proposition est dans l’intérêt premier de cette communauté objet d’une instrumentalisation odieuse de la part de Kigali, ce à l’analyse de « 6 attitudes bizarres de Kagame à la portée de Louis Michel » (Dlc n°906).
En définitive, quand bien même le devoir impose aux Tutsi des Grands Lacs une solidarité prônant un « leadership nécessaire et exemplaire », les leaders civils et militaires « Banyamulenge » doivent faire preuve de réalisme en ne reliant pas forcement leur sort à ceux des Tutsi du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda. Ils ont des problèmes tout a fait différents.
En voulant alors trop gagner, ils risquent de tout perdre. Depuis dix ans, Kagame a voulu tout gagner; aujourd’hui, il est en train de perdre toutes les dividendes engrangées. Simplement parce que les chiffres qu’il s’amusait à aligner pour émouvoir l’Occident se défont un à un, mieux se retournent un à un contre lui.
Un certain Senghor disait du sentiment, qu’il est nègre et la raison hellène. A Moïse Nyarugabo d’en tirer la substance indiquée.
Le refus de Kagame de recenser les survivants reste suspect.
Il faut dire que le génocide rwandais est effectivement un génocide dans le sens classique du terme. Il ressemble à celui perpétré contre les Juifs et contre les Arméniens.
Seulement voilà: au-delà du « marketing » diplomatique et politique auquel ce génocide est réduit (devoir de réparation pour la Communauté internationale et refus d’ouverture démocratique réelle pour la classe politique), il y a cette épine qui est le nombre exact des Tutsi tués.
Les chiffres « officiels » avancés jusque-là situent les victimes entre 800 mille et 1 million des Tutsi et Hutu modérés, c’est-à-dire 800 mille et 1 million des Tutsi, le qualificatif modéré ne s’appliquant qu’aux Hutu.
Combien étaient-ils, les Rwandais, avant le génocide ? Sur le site web du gouvernement rwandais, il est indiqué qu’ils étaient 7.900.000 dont plus ou moins 15% des Tutsi pour plus ou moins 85 % des Hutu.
Ainsi, il y avait au Rwanda 1.185.000 Tutsi et 6.715000 Hutu. Si on applique les 800 mille ou 1million des Tutsi tués pendant le génocide, il ne reste que 385 ou 185 mille Tutsi après le génocide de 1994!
Si l’on considère plutôt que les Tutsi et Hutu modérés sont pour moitié pour chaque communauté, c’est-à-dire entre 400 ou 500 milles, cela signifie que dès 1994, le Rwanda n’avait plus que 785 ou 685 milles Tutsi.
Paradoxe : le pouvoir Kagame - qui n’a jamais cherché à savoir comment Juvénal Habyarimana est mort – n’a jamais non plus fait faire un recensement qui permette de connaître le nombre exact de victimes. Pourtant, c’est une opération facile dans la mesure où, après le génocide, et grâce à la victoire du Fpr, chaque famille Tutsi est rentrée dans sa rue, sa parcelle. Et chacune peut au moins dire qui elle a perdu !
En s’abstenant de le faire, Paul Kagame n’a sûrement pas envie d’être rattrapé par la vérité. Il sait au moins que la Vérité finit toujours par triompher.
Ceci n’a rien de négationnisme, ni de révisionnisme.
De 1.185.000 qu’ils étaient avant le génocide, les Tutsi n’étaient restés que 118.000 après (Site Internet recommandé. http// :perso.wanadoo.fr/rwanda94/.).
Il y est dit que c’est le 18 décembre 2001 que le gouvernement rwandais avait publié le recensement des victimes du génocide perpétré par les hutu extrémistes contre les Hutu modérés et les Tutsi.
Ce recensement indique qu’il y a eu 1074.000 morts dont 66% d’hommes, 90% de Tutsi et 951 victimes ont été identifiées par leurs noms.
Ainsi, le nombre exact des Tutsi tués est de 1.066.000, femmes et enfants.
Le même site relève aussi qu’en 1994, le Rwanda comptait 7.900000 âmes. Avant le génocide, bien entendu.
Quand on considère que les Tutsi représentent plus ou moins 15% de la population alors que les Hutu sont plus ou moins 85%, c’est que les premiers cités étaient 1.185.000 avant le génocide.
Par voie de conséquence, le génocide aura causé un énorme ravage dans la communauté tutsi en n’y laissant que 118.000 survivants.
En termes clairs, les Tutsi ne représentaient plus que 1,5 de la population rwandaise en 1994 !
Il est entendu qu’il n’y a pas dans cette démonstration ni négationnisme, ni révisionnisme. Il y a eu bel et bien génocide puisque les critères définissant ce crime ont été réunis.
Il reste maintenant à prouver l’exactitude des chiffres fournis par le gouvernement Kagame et mis sur Internet, chiffres que n’importe quel esprit peut analyser.
Des chiffres qui dérangent.
In « Dic n°892 du 14 avril 2004
Kagame coincé par ses propres chiffres.
Au regard des chiffres fournis dans les deux textes ci-dessus, il se révèle dans le chef du président rwandais une attitude bizarre: Il fait recenser les Tutsi tués à la suite du génocide mais refuse de recenser les survivants! Au contraire, il va plutôt supprimer l’identification des Rwandais à partir de leur tribu ou ethnie. Autant l’intention est bonne quand elle s’insère dans le cadre de la réconc1iation nationale, autant elle devient suspecte puisqu’elle occulte la vérité sur le nombre exact des victimes. Ainsi, il y a maquillage délibéré des chiffres.
Manifestement, Paul Kagame fait des émules dans les rangs des « Banyamulenge » en RDC. Une communauté qui réclame une protection spéciale mais qui rejette toute tentative de recensement. Conséquence: Moise Nyarugabo est rattrapé lui aussi par les chiffres déduits de ses propres propos.
Moïse Nyarugabo les déclare tous en dehors du pays !
Cofondateur du Rcd et président de son groupe parlementaire, Moïse Nyarugabo s’est déballé sur « Voa » hier. Répondant, en effet, aux questions en rapport avec la communauté « Banyamulenge », il a commencé par faire observer que « Le Rcd n’est pas un parti des Banyamulenge. Les Banyamulenge, il y en a, moi même j’en suis un. » Ce qui est vrai.
S’agissant cependant des revendications émises par cette communauté à la suite des événements de Bukavu, il a déclaré, citation : « Ils ont présenté un cahier des charges; ils ont demandé au gouvernement de faire un certain nombre de choses, en notant qu’à ce jour, il n’y a aucun munyamulenge à Bukavu, aucun munyamulenge à Uvira... ». Fin de citation.
Pour se faire bien entendre et comprendre, il a ajouté : « Si le gouvernement ne peut pas condamner, ne peut pas dénoncer, ne peut pas montrer un peu de compassion à l’égard d’une communauté qui, en ce moment, a été exclue du pays, ça crée une situation d’insécurité ».
L’affirmation de l’exclusion des « Banyamulenge » venant d’une si haute autorité de l’Etat, cela signifie concrètement que dans la foulée des événements de Bukavu, ces compatriotes ont donc été renvoyés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu !
Combien alors sont-ils ? Certaines sources soutiennent qu’ils sont dans les 100.000, d’autres dans les 50.000. Il se fait qu’en comptabilisant les 2.000 Banyamulenge qui se sont réfugiés au Rwanda (l’affirmation est de l’ambassadeur du Rwanda en France) et la moitié des Congolais aujourd’hui réfugiés au Burundi, ils sont moins de 20.000 âmes. En comptant ceux versés dans les Fardc et ceux répartis dans les Institutions de la Transition, on atteint difficilement 35.000.
La conséquence logique est qu’aux législatives, le vote ethnotribal auquel Nkunda et Mutebusi incitent les Congolais ne conduirait pas un seul munyamulenge député à l’Assemblée nationale si pour chaque circonscription, on prévoyait 50.000 voix par candidat !
Ce sont des données à prendre au sérieux pour comprendre certaines attitudes apparemment inexplicables comme celles, bizarres! par lesquelles Nkunda et Mutebusi sont en train de se rappeler au bon souvenir de la communauté nationale et internationale.
Dans la même interview, le député national Moïse Nyarugabo a fait constater l’échec de la réconciliation nationale. D’où, de manière générale, poursuit-il, les différents incidents, les différents affrontements qui se produisent notamment au Kivu. « Lorsque vous voyez le discours de division, les médias ce qu’ils enseignent, ça n’aide pas le peuple à vivre ensemble et ça crée des divisions, des collusions. Pourtant, la réconciliation nationale est un des objectifs de la Transition », s’est-il plaint.
C’est le même Nyarugabo qui, le 16 mars 2004 au journal de 19 H 00 sur Tropicana tv, a réservé à la deuxième question lui posée par Kibambi la réponse suivante : « Je parlais dernièrement avec quelqu’un qui m’a dit que les Tutsi ou les Rwandophones en général ne s’intègrent pas. Mais lorsqu’on parle de l’intégration, c’est dans le sens de l’absorption, de la disparition,...»
Quand on a une telle conception de l’intégration, quelle réconciliation nationale véritable peut-on promouvoir ?
Histoire à dormir debout!
