Résumé de discussion en ligne n°01/2004 du Projet Réseau sida en Afrique

Débutée le : 23 avril 2004
Terminée le : 15 juin 2004
Participants : 38
Le thème de la première discussion du projet Réseau Sida Afrique : la prévention contre le VIH/SIDA : échec ou réalité a été inspiré par l'ONG Agape Amour Universel de la Côte d'Ivoire qui avait présenté son projet de prévention en milieu scolaire. Les principales questions d’orientation de la discussion étaient :
- Est ce que l'abstinence est possible, vu l'évolution des mœurs dans nos sociétés, les relations sexuelles précoces, la prostitution ? Est-ce que les fidèles des Eglises qui prônent la chasteté y adhèrent par les paroles ou par les actes ? Quels cas concrets de projets ou de propositions de projets qui se basent sur l'abstinence ont marché ou peuvent marcher en Afrique et comment ?
- Les jeunes sont-ils fidèles ? La prostitution prend de l'ampleur dans certains pays, surtout en post conflit car les conditions de vie se détériorent. Est-ce le fait d'être marié implique qu’on est fidèle? Y a-t-il des ONGs qui ont travaillé sur des groupes cibles sur la fidélité et qui peuvent en dégager les leçons apprises ? Quelles leçons peut-on tirer des coutumes ou croyances africaines qui aideraient à encourager la fidélité?
- Le préservatif est-il la solution ultime ? Est-il accessible à tous et en tout lieu? Comment briser les tabous sur le préservatif?
A ces questions, les participants ont répondu en relevant les causes possibles d’échec de prévention et les stratégies à adopter pour une éventuelle action positive avec des résultats encourageants.
1. Les causes de l’échec de la prévention contre le VIH/SIDA en Afrique
Selon les participants, les causes de l’éventuel échec d’un programme de prévention est dû à :
- la persistance des rumeurs faisant croire que le SIDA est un mythe qui n’existerait que de nom ; ce qui encourage les comportements à risque.
- les tabous liés à l’utilisation du préservatif : certains hommes d’église mènent des campagnes anti-préservatif réduisant du coup l’impact du travail des ONGs et Associations sur terrain en matière de conseil pour un changement de comportement durable.
- la pauvreté qui pousse les jeunes filles à la prostitution sans usage du préservatif.
- l’insuffisance des financements des programmes de lutte contre le SIDA par la mauvaise volonté des décideurs politiques qui préfèrent investir dans l’armement et l’organisation des festivités.
Il faudrait relever que les conflits armés en Afrique contribuent à l’accroissement des infections à VIH en Afrique. La situation des déplacés de guerre, les violences sexuelles sur les femmes et jeunes filles ont empiré une situation qui était déjà désastreuse.
De ce qui précède, les participants ont conclu que la lutte contre le SIDA en Afrique est intimement liée à la lutte contre la pauvreté. Lutter contre la pauvreté permet de réduire le nombre des séropositifs.
Toutefois pour certains, il est encore tôt pour parler d’échec ou de réussite de la prévention en Afrique.
2. Les stratégies pour une réussite de la prévention contre le VIH/SIDA en Afrique
Bien que les statistiques ne cessent de croître, il est encore possible de renverser la tendance. Plusieurs actions prioritaires ont été soulevées pour réussir à freiner la propagation du VIH/SIDA en Afrique.
Pour l’ONG d’Alioune Ngueye leur réponse communautaire à ce fléau prend en compte l'utilisation dans la stratégie de lutte contre les us et coutumes.
A propos du changement de comportement, la stratégie doit tenir compte du milieu social, religieux et économique et il faudrait adapter les messages en fonction de ces milieux.
Parlant du cas du Mali, Paulin Messan de l’ONG AJAAH a déclaré qu’à la fin des années 1992-1993, le Mali avait une séroprévalence de 3 à 4%. Aujourd'hui, la séroprévalence nationale tourne autour de 1,7%. Ce résultat est le fruit de l'établissement d'une alliance stratégique nationale impliquant l'état (donc la volonté politique), la société civile (les jeunes, les femmes, les associations, les ONG) et les partenaires au développement.
Les participants ont insisté sur la nécessité de mener une action de prévention contre le VIH/SIDA de manière permanente.
Par contre, certains ont relevé que la lutte contre le sida ne se fait pas uniquement dans des hôtels à l'occasion des colloques, séminaires et autres multiples ateliers dont les résultats ne concourent en rien à barrer la route au fléau, qui, lui, continue sa progression. Ainsi, il faudrait également mener des actions quotidiennes de communication pour le changement de comportement. Et alors éviter de faire des colloques, rencontres nationales et internationales ainsi que des ateliers une mode à laquelle on accorde tellement d'importance.
Par ailleurs, de nombreuses initiatives de prévention sont réalisées dans les pays africains, ce qui démontre un engagement et une certaine créativité avec laquelle les Africains adressent la question du SIDA. Cependant, la prévention doit commencer dans notre environnement immédiat. Le changement de comportement des acteurs de lutte contre le SIDA influencera certainement les parents, les amis, les collègues, et autres.

3. La prévention contre le VIH/SIDA en milieu jeune en Afrique
Jusqu’à ce jour les tabous sur le sexe dans certaines familles africaines demeurent. Les participants reconnaissent que par rapport aux coutumes, la sexualité est souvent difficile sinon honteuse à aborder avec les enfants. Souvent par crainte de manque de respect des enfants ou de pousser ces enfants à la débauche. Comment apprécier ce geste fait par un parent à son fils lui tendant un préservatif?
Pour Daniel Ngwanou, Coordonnateur de STEP Ministry en Côte d’Ivoire, il faut encourager l'enfant à savoir gérer ses pulsions sexuelles en lui montrant les conséquences d'un comportement irresponsable et à risque qui peut l'amener à hypothéquer son avenir. Parler des conséquences du SIDA dans leurs vies permet d’attirer l’attention des jeunes sur ce fléau.

Cette vision rejoint celle de l’Eglise qui est de promouvoir l’abstinence pour les jeunes. Leur message pour les jeunes c'est l'abstinence avant le mariage. Ils encouragent dans leurs actions le test volontaire pour le statut sérologique.

D’autres participants ont également insisté sur l’abstinence pour les adolescents. Il s’avère utile de montrer aux adolescents qu'ils sont la relève de demain. Pour Paulin Messan de l’ONG AJAAH, ils ne parlent du préservatif et de la fidélité qu’aux jeunes qui ont déjà commencé à avoir des rapports sexuels, pour les autres ils les encouragent à l’abstinence.

Par ailleurs, il est capital d’informer tous les jeunes sur les moyens de prévention : abstinence, fidélité et préservatif. Même s’ils n’ont pas encore eu de rapports sexuels.

A propos de l’usage du préservatif comme moyen de prévention, il a été reconnu efficace mais pas à 100%. Bien qu’il soit actuellement disponible et à moindre coût, son utilisation correcte et régulière pour les jeunes qui ont des rapports sexuels est encore un défi à relever.

En outre, le renforcement des capacités permet aussi d’aboutir à des résultats aux effets multiplicateurs. Certains participants ont souligné le rôle des pairs éducateurs dans la prévention contre le VIH/SIDA.
4. Action locale ou globale
Les actions au niveau local sont aussi importantes que celles qui sont globales. Ainsi, il faudrait des actions spécifiques pour des groupes spécifiques, ce qui d'ailleurs se fait déjà.
Il a été reconnu que les médias doivent jouer un rôle important dans la lutte contre le VIH/SIDA.
Il faudrait des actions concrètes comme ce réseau et d’autres sur d’autres domaines. La jeunesse africaine doit travailler ensemble pour un futur meilleur.

En résumé, les participants ont partagé leurs expériences sur la prévention contre le VIH/SIDA telle qu’ils la font dans leurs pays respectifs. Il est à noter que la lutte contre le SIDA doit être associée à la lutte contre la pauvreté qui est l’une des causes de la propagation du SIDA. La jeunesse africaine doit être clairement informée sur les conséquences d’une vie sexuelle irresponsable afin qu’elle fasse le bon choix car avec le SIDA il n’y a pas d’avenir. Et le changement de comportement commence par les acteurs de lutte contre le SIDA eux-mêmes.

Nos remerciements à tous les membres du Projet Réseau Sida pour leur continuelle contribution.

Nos remerciements particuliers à :
Alioune Ngueye, Président du Club Santé et Développement de Kati (CSDK); Coordinateur régional du Mouvement des Rélais du Mali
de lutte contre le Sida (MOREM), Mali.
Danielle Badji, Communication, ADIF France
Louis Pierre Billong
Daniel Ngwanou, Coordonnateur STEP Ministry, Cameroun
Comahoue Sewa, Secrétaire Général & Chargé de projet, ONG stratégies et développement, Benin
Adam Shemisi, Journaliste à Tropicana TV, RDC
Les ressources partagées lors de cette discussion :
PRÉVENTION : LE SIDA AU BOUT DE LA CRAIE (CAMEROUN)
Les enseignants se forment aux méthodes de sensibilisation à l'école
Source : actualités VIH/SIDA, le Crips.
GRÂCE À L'ÉDUCATION 7 MILLIONS DE CAS DE SIDA POURRAIENT ÊTRE ÉVITÉS
http://fr.news.yahoo.com

L’ABSTINENCE MIEUX QUE LE PRÉSERVATIF CHEZ LES ADOLESCENTS
http://www.lesoleil.sn

MME GBAGBO DÉVOILE LE TIMBRE 'ENSEMBLE CONTRE LE SIDA ( CÔTE D'IVOIRE)
http://fr.allafrica.com

AU MOINS 150.000 EXPOSITIONS AU SANG PAR AN CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT
http://www.tsr.ch

MARIE-LOUISE ABIA PUBLIE UN ROMAN SUR LE SIDA
http://www.brazzaville-adiac.com

POUR ÉVITER LA PROPAGATION DE MALADIES : LES MÉDECINS SOUMIS À UN NOUVEAU CODE

http://lcn.canoe.com

CROISADE CONTRE LE SIDA EN ZONE RURALE : LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES IMPLIQUÉES (SÉNÉGAL)
http://fr.allafrica.com
La règle d’or de l’abstinence, Paulin Messan Kangni


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