SITUATION SUR LA PRISE EN CHARGE ET LE TRAITEMENT DES MALADES DU SIDA DANS LES HOPITAUX PUBLICS EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

1. I N T R O D U C T I O N
Le traitement sous forme de médicaments est un outil essentiel pour lutter contre la morbidité et la mortalité imputables au VIH/SIDA. Cependant, ce n’est pas le seul, pour être à mesure de faire face avec succès au VIH/SIDA , les personnes vivant avec le virus doivent avoir accès à toute une série d’options de traitement, de prise en charge et de soutien, dans le cadre d’une filière continue. Cette filière des soins doit pouvoir couvrir les besoins des individus au fur et à mesure de l’évolution de leur état et de la progression vers les différents stades de l’infection au VIH. La prise en charge doit être accessible à différents points de la filière au niveau des services de santé (primaires, secondaires, et tertiaires) et des services sociaux jusqu’au soutien communautaire et aux soins à domicile. Les services de santé officiels peuvent orienter des clients vers des organisations de prise en charge communautaire qui, à leur tour, peuvent orienter leurs clients vers les services de santé, le cas échéant, une circonscription hospitalière, un système efficace d’orientation recourt entre les services de conseil et test volontaires (CTV), les hôpitaux de première ligne et les centres de santé, et les services de soins à domicile devraient être mis en place sous forme de partenaires entre les organisations et les institutions. Néanmoins, en République Démocratique du Congo, ce système n’est pas observé.
Ce-ci entraîne :
- l’inaccessibilité croissante au traitement des infections et des maladies liées au VIH dans les hôpitaux publics ;
- l’absence des soins palliatifs,
- la mauvaise alimentation des malades du SIDA,
- l’absence de soutien social, psychologique et des pairs,
- le manque de respect de la personne humaine,
- l’augmentation de la stigmatisation associée au VIH/SIDA au sein du personnel de santé.
La République Démocratique du Congo compte plus ou moins 76 hôpitaux publics. Dans les trois premières phases de la maladie, la plupart des malades du SIDA se font hospitaliser dans ces hôpitaux, qui sont des propriétés de l’Etat Congolais.
2. EVOLUTION DU VIH/SIDA EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Le résumé épidémiologique 2003 de l’organisme ONUSIDA stipule que les données concernant le VIH chez les femmes en consultations sont disponibles en République Démocratique du Congo depuis le milieu des années 1980. Au cours des 15 années, c’est-à-dire : de 1985 à 1980, la prévalence médiane du VIH parmi les femmes en consultations prénatales à Kinshasa, le principal centre urbain a fluctué entre 3% et 7%. En 1999, 4% des femmes testées en consultations prénatales étaient positives pour le VIH. La prévalence se situait entre 3% et 5%. Quelques études réalisées à Kananga, Likasi, Lubumbashi, Musoshi, Kimpese et Kasumbalesa ont montré que la prévalence du VIH chez les femmes testées en consultations prénatales était de 3 -4% entre 1988 et 1993. En 1997, des tests VIH ont été effectués dans 14 sites. Une étude réalisée dans la province orientale en 1991 a signalé que 25% des professionnel (les) du sexe testé (e) s étaient positifs (ves) pour le VIH.
En 1997, 29% des professionnels (les) du sexe testé (es) à Mbuji mayi étaient positifs (ves) pour le VIH. L’estimation du nombre des décès dus au SIDA est de 100.000. Les enfants ayant perdus leur mère ou leurs deux parents à causes du VIH/SIDA à l’âge de 14 ans ou avant, depuis le début de l’épidémie est estimé à 800.000. Quant au nombre des personnes vivant avec le SIDA (PVS) : Adultes et enfants, sont estimés à 1.500.000 dont 847.000 adultes (15 – 49), 600.000 femmes (15 – 49) et 53.000 enfants (0- 14).
L’impact économique du SIDA en République Démocratique du Congo correspond à la moyenne de l’Afrique Subsaharienne. L’impact sur la richesse des ménages est considérable. L’augmentation des coûts et les changements dans les schémas de production entraînent une baisse des revenus nets dans l’agriculture en raison du SIDA et que les entreprises ont déjà à faire face à des coûts accrus pour couvrir les dépenses de santé et d’obsèques liées au SIDA de leurs employés.
Dans les secteurs publics, une étude portant sur les systèmes d’éducation montre que les taux croissants de la mortalité imputable au SIDA entraînent des discontinuités dans l’enseignement, nombreux étant les élèves qui perdent leurs maîtres ou doivent en changer.
Le secteur de la santé doit faire face à des hôpitaux où les patients présentant une maladie liée au SIDA occupent plus de 50 % de lits.Trop souvent 2 malades partagent un même lit, alors qu’il faudrait encore, pour élargir les programmes de SIDA, des investissements importants de l’ordre de 1 à 2 dollars par habitant et de 1,7 % du PIB. Une enquête portant sur 33 familles a révélé que le coût moyen d’une hospitalisation est de 90 dollars pour un enfant atteint du SIDA (le revenu mensuel moyen étant de 30 dollars). Le coût du SIDA pour un adulte avant son hospitalisation et le coût des funérailles sont respectivement de 109 dollars et 320 dollars. En ce qui concerne la lutte contre le VIH/SIDA, il existe en République Démocratique du Congo :
-Une politique nationale sur le VIH/SIDA (document écrit ou partie de document écrit) : « politique nationale de lutte contre le SIDA et les MST, 1999-2008 » ;
-Les structures de haut niveau pour soutenir la riposte nationale. Il existe à ce niveau, un organe multisectoriel appelé « comité national de lutte contre le SIDA », présidé par le Ministère de la santé ;
-Un plan stratégique national contre le VIH/SIDA et une stratégie globale triennale ;
-Un budget pour la mise en œuvre du plan stratégique national. Notons que ce budget est largement sous-estimé.
Cependant, le plan stratégique national contre le VIH/SIDA ne comporte pas des priorités clairement définies. Ensuite, la politique nationale sur le VIH/SIDA n’est appliqué que dans le secteur de la santé, tandis que les secteurs tels que : l’agriculture, le système d’éducation, l’armée et la police, le lieu de travail, le sport, et autres sont complètement ignorés. En fin, il n’existe pas en République Démocratique du Congo, une législation spécifique contre la discrimination pour cause du VIH.
3. SITUATION SUR LA PRISE EN CHARGE ET LE TRAITEMENT DES MALADES DU SIDA DANS LES HOPITAUX PUBLICS EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.
1°. CAS DE SOUTIEN PSYCHOSOCIAL :
Le conseil, le soutien spirituel permanent, un appui pour se sentir prêt à divulguer sa séropositivité et pour adopter une sexualité à moindre risque ou l’abstinence, l’observance des traitements médicaux, le soutien en fin de vie et lors d’un deuil ainsi qu’une assistance économique concrète sont autant d’éléments du soutien psychologique aux personnes infectées ou affectées par le VIH/SIDA. Tous ces éléments ne sont pas tenus en compte par les differents services de santé des hôpitaux publics en République Démocratique du Congo. Pourtant, le soutien psychosocial est également crucial pour le succès d’un traitement médical. Par ailleurs, les hôpitaux doivent encourager la participation des personnes vivant avec le VIH/SIDA (GIPA) et pour apporter ce type de soutien psychosocial et cette initiative, ils doivent faire partie intégrante des programmes de prise en charge et de soutien. Les programmes de soutien par les pairs séropositifs au VIH ont démontré avec succès, partout dans le monde et à peu de frais pour les systèmes de soins de santé, leurs capacités à fournir un appui psychosocial aux personnes vivant avec le VIH/SIDA. L’organisation Ougandaise d’Aide aux malades du SIDA (TASO) incorporée dans les hôpitaux officiels est devenue un leader mondial dans le domaine. Son club de jeunesse « Défi au SIDA » est un projet de prévention et de prise en charge du SIDA par les pairs qui fournissent des conseils et d’autres services de soutien aux personnes vivant avec le VIH/SIDA de façon régulière.
2°. CAS DE NUTRITION.
La nutrition est un élément vital de tout ensemble de prise en charge du VIH. La nutrition et le SIDA avancent en tandem au niveau de l’individu comme de la société. Pour les individus, les carences nutritionnelles rendent les personnes infectées par le VIH plus vulnérables aux maladies et infections de toutes sortes. Et la malnutrition est l’une des manifestations cliniques majeures de l’infection à VIH. La nutrition est également liée au traitement. Avec l’amélioration de l’accès aux médicaments, il faut offrir un approvisionnement en eau potable et une alimentation suffisante dans le cadre d’un ensemble global de traitement, de prise en charge et soutien. Pour une grande partie de la population mondiale vivant avec le VIH, les besoins alimentaires demeurent la priorité dominante. Depuis plusieurs années, différentes Eglises comme l’Eglise catholique, l’Eglise du christ au Congo (ECC) et l’armée du salut, les organisations humanitaires telles que PAM, UNICEF, OMS, MSF, COOPERATION TECHNIQUE BELGE, CARRITAS BELGIQUE,… et certaines ONGs, distribuent la nourriture dans des hôpitaux publics dans le cadre d’une action extra institutionnelle et communautaire en ce qui concerne la prise en charge des malades du SIDA en République Démocratique du Congo. Cette assistance alimentaire se révèle un moyen efficace pour encourager les malades à accepter d’autres services liés au VIH, y compris le conseil et le test volontaire. Cependant, cette forme d’assistance a considérablement facilité et continue à faciliter la plupart de responsables de ces hôpitaux ainsi que leurs proches collaborateurs à s’enrichir. En effet, l’aide alimentaire essentiellement sous forme de farine de maïs, de petits pois (haricots) et l’huile végétale, stoquée dans les cantines au sein de l’hôpital est vendue localement aux commerçants des produits vivriers à un prix bas. Sur le marché, la marque ou l’étiquette de l’emballage du produit est remarquable. Résultat, les bénéficiaires (malades du SIDA) ne profitent pas de l’assistance qui leur est assignée. Les Eglises confessionnelles, les ONGs et les Organisations humanitaires devraient constituer des équipes d’assistances sociales (EAS) en vue d’acheminer l’aide alimentaire à main propre auprès des malades du SIDA dans les hôpitaux en République Démocratique du Congo.
3°.CAS DE TRAITEMENT ET DE LA PRISE EN CHARGE :
Les personnes vivant avec le VIH/SIDA et des gens qui les soutiennent demandent l’accès à des traitements, à une prise en charge et à un soutien efficace au sein des hôpitaux publics.
Une grande partie d’obstacles existants qui s’opposent à l’amélioration des systèmes de santé et à l’amélioration de l’accès à la prise en charge du VIH en République Démocratique du Congo, sont : le niveau faible des dépenses de santé, le nombre insuffisant de personnels de santé qualifiés, la faiblesse des infrastructures et l’insuffisance de l’approvisionnement en médicament peuvent être surmonter par une augmentation des ressources. Il est crucial d’augmenter les fonds pour assurer le succès des programmes de traitement, de prise en charge et de soutien en matière de VIH/SIDA en République Démocratique du Congo. Au fur et à mesure de l’augmentation des ressources destinées à améliorer le traitement, la prise en charge et le soutien, les dépenses devront être étroitement associées à des preuves de bonne gouvernance, y compris le respect des droits et conflits armés figurant parmi les plus importants obstacles au transfert des ressources vers ceux qui en ont besoin. L’élaboration de plans d’action sur le traitement, la prise en charge et le soutien par les organes de coordination, ainsi que les efforts déployés par les organisations non gouvernementales, contribuent à améliorer la riposte au VIH/SIDA. L’augmentation interrompue du nombre des décès de la tâche, une tâche qui exige une action simultanée dans les domaines du conseil technique, du soutien politique, de la mobilisation des ressources, du renforcement des infrastructures et du développement des capacités humaines.
4°. CONCLUSION.
La prise en charge du VIH/SIDA exige toute une série de médicaments essentiels. Lorsqu’ils sont disponibles, ces médicaments efficaces et relativement peu coûteux peuvent provenir ou traiter un grand nombre des maladies courantes associées au VIH qui sont responsables de la plus grande partie du fardeau de morbidité et de mortalité en République Démocratique du Congo. Environ un tiers des personnes vivant avec le VIH dans ce pays sont également infectées par la tuberculose. La Tuberculose est la principale cause de décès parmi les personnes infectées par le VIH et ce dernier est responsable d’une augmentation du nombre des cas de tuberculose active.
La thérapie antituberculeuse n’a pas d’effets à long terme sur la progression de la morbidité ou de la mortalité liées au VIH. Il est donc crucial que l’amélioration de la prise en charge et de la lutte contre la tuberculose aille de pair avec l’augmentation des autres traitements au sein d’un hôpital public. Le prix des médicaments n’est que l’un des nombreux obstacles à une amélioration de l’accès aux médicaments liés au VIH/SIDA. L’efficacité des traitements dépend de la capacité des services de santé généraux à se procurer, à stocker, à diagnostiquer, à sélectionner et à administrer les médicaments nécessaires et à fournir les traitements, la prise en charge et les services de diagnostic nécessaire pour contrôler l’état de santé et les réactions au traitement. Lorsque des centres de santé et des hôpitaux publics existent et sont accessibles, le diagnostic des infections et complications courantes liées au VIH/SIDA (tuberculose, pneumonie, diarrhées, candidose de la bouche et de la gorge) est généralement possible et ces infections peuvent être traitées ou atténuées avec des antibiotiques efficaces et coûteux et des soins infirmiers de base. Cependant, de nombreuses communautés n’ont accès à aucune installation sanitaire de ce type et la prise en charge clinique la plus élémentaire est impossible. Il faudra donc trouver des alternatives au système conventionnel de prestations de santé. Il est nécessaire d’apporter un soutien aux familles et hôpitaux qui supportent le fardeau de la prise en charge, afin d’éviter qu’elles ne se désintègrent et de donner aux soignants la possibilité de remplir d’autres tâches essentielles en plus des soins.
Selon les ressources disponibles et la prévalence du SIDA en République Démocratique du Congo, ce soutien peut être intégré dans les dispositifs de protection sociale existants ou il peut exiger la création des nouveaux mécanismes de financement. Dans le cas où la responsabilité de ces services est décentralisée au niveau communautaire, les exigences administratives liées à la répartition des fonds aux organisations communautaires ont souvent retardé la mise en œuvre. Plusieurs méthodes novatrices de financement sont maintenant appliquées pour surmonter ces problèmes. Au Zimbabwe, par exemple, pour accélérer la répartition des fonds et faire en sorte qu’ils atteignent les bénéficiaires voulus, les fonds du National Aids Trust Fund sont maintenant distribués aux comités SIDA des districts après que leurs plans ont été approuvés par le conseil national du SIDA. Les fonds sont alors transférés sur les comptes bancaires des comités SIDA de la circonscription. Toutes les circonscriptions ont ouvert des comptes bancaires lesquelles, trois des membres ont la signature ; le conseiller du district ou de la municipalité, le chef traditionnel et le directeur de l’école locale. Les Trois signataires ont des postes à responsabilité et, ils sont chargés de faire en sorte que les ressources du National Aids Trust Fund atteignent les personnes appropriées.
Si l’on veut qu’au niveau des hôpitaux publics, la prise en charge des malades du SIDA devienne un élément véritablement important des soins, il est essentiel de fournir davantage d’appui aux organisations non gouvernementales et communautaires qui offrent une prise en charge. Des approches telles que celles du programme en faveur des initiatives SIDA en Equateur « Programa de Initiativas frente al Sida » se sont révélées efficaces. Le programme relie et soutient des programmes communautaires de prévention et de prise en charge du VIH dans l’ensemble du pays. Il aide aussi les organisations non gouvernementales et communautaires qui collaborent avec des groupes féminins et dans le domaine du développement local à évaluer les besoins de leurs communautés dans le domaine de SIDA et à lancer ou à reprendre des activités dans ce domaine.