La Vsv dit non aux 115 peines capitales du Procom
L'Ong de défense des droits de l'homme dénommée "Vsv" a organisé hier un sit-in devant le ministère de la Défense nationale, à Gombe, sur l'avenue Kalemie, en face de la résidence de feu général Mahele Lieko Bokungu. Vingt quatre comités de base représentant les 24 communes de la capitale ont pris part à ce sit-in qui a commencé à 10H00 pour se terminer en début d'après-midi. La raison de cette manifestation pacifique devant le ministère de la Défense nationale, est de sensibiliser ce dernier, dont dépend la Cour d'Ordre Militaire (Com) de faire l'impossible pour que l'affaire Kabila ne connaisse pas un épilogue sanglant. Le verdict de cette affaire scabreuse est fixé à demain samedi 28 décembre par la COM. La VSV, comme d'habitude, craint de voir la Cour suivre les réquisitions du Procureur militaire (Procom) qui réclame 115 condamnations à mort sur les 130 prévenus présentés par l'Omp.
Tout le monde avait prévenu la dispersion de ce sit-in dans la brutalité par les forces du pouvoir de Kinshasa. Mais, pour une fois, le gouvernement a laissé faire. Le ministre délégué à la Défense qui était toujours calfeutré dans son bureau a envoyé un émissaire parlementer avec la direction de la Vsv que conduisait son Président, Floribert Chebeya. Par la suite, le Cabinet s'est réuni et a immédiatement produit une position officielle sur le sit-in dont les lignes maîtresses sont comme suit : " Le Ministère de la Défense reconnaît à l'Organisation non-gouvernementale dénommée " La Voix Sans Voix " le droit d'organiser les manifestations pacifiques conformément à la loi (...). Il salue les efforts déployés par cette organisation dans la promotion et la défense des droits (...) 3. La Cour d'Ordre Militaire dépend administrativement du Ministère de la Défense Nationale. Cependant, ce dernier ne peut interférer dans le fonctionnement normal de cette Cour en vertu du principe de l'indépendance des Cours et Tribunaux ".
Pour sa part, la Vsv a préparé un mémorandum approuvé par les 24 Comités de base et qui a été remis au ministre délégué à la Défense. Dans ce document, la Vsv met en exergue l'iniquité du procès Kabila qui n'a pas généré la manifestation de la vérité. Elle a dénoncé la politisation du Ministère public et le manque d'indépendance de la Cour avant de demander : " 1. La levée de la mesure gouvernementale suspendant le moratoire sur l'exécution de la peine de mort; 2. L'arrestation, par la justice congolaise, des présumés assassins qui seraient encore en liberté; 3. La révision du procès par un tribunal compétent et indépendant garantissant le droit de la défense et les voies de recours (...) ".
Inutile de dire que si ce voeu n'est pas respecté par le gouvernement, 107 hommes et 8 femmes épouses de prévenus évadés risquent d'être condamnés à mort et exécutés dans une affaire où le flou est total jusqu'à ce jour.
Le Phare (Kinshasa)
27 Décembre 2002
Publié sur le web le 2 Janvier 2003
Kandolo M.
