TORTURES ET EXÉCUTIONS SOMMAIRES DES PAYSANS A ARU / R.D.CONGO

DEMOCRATIE ET CIVISME POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL / DECIDI
« Réseau des Associations pour la Culture Démocratique et Civique » Statuts notariés à Kinshasa, le 02 juillet 2004, sous le numéro 149-722, Folio 87-93, Volume DCLX
Kinshasa, le 08 octobre 2004
TORTURES ET EXÉCUTIONS SOMMAIRES DES PAYSANS A ARU / R.D.CONGO
Le 10 octobre 2004, deux hommes armés de fusils ont apporté une femme blessée au centre de santé de la localité Angako, au groupement Oli, collectivité des Kaliko Omi, terriroire d’Aru, district de l’Ituri en Province Orientale pour des soins. Ladite femme était probablement blessée au cours d’un vol à mains armées que ces inciviques venaient d’opérer. N’ayant pas trouvé les infirmiers au centre de, ils se sont résolus d’aller les chercher chez un paisible citoyen qui venait de perdre son fils et dont les membres du clan (Odranyu) ainsi que de nombreux amis étaient au deuil.
Avant d’atteindre le lieu où le deuil était organisé, les deux hommes armés ont établi un barrage sur la route, à environ un kilomètre de là et se sont mis à ravir tout aux passants : argent et autres objets de valeur n’y ont pas échappé. Après que les rescapés aient donné l’alarme, la foule a accouru sur le lieu et a tenté de désarmer les deux hommes qui tiraient sur elle. Après avoir vidé tous leurs chargeurs, ils ont pris fuite, mais malheureusement pour eux, ils furent attraper par la foule et tabassé à mort.
Les conséquences tragiques de cet incident allaient confirmer ’appartenance de ceux-ci aux FAPC (Forces armées du peuple congolais), une milice soutenue par l’Ouganda et dirigée par un certain Jérôme Kakwavu, un ressortissant rwandais auto-proclamé général major qui sème la terreur à Mahagi et à Aru, deux territoires du district de l’Ituri situés dans le nord-est de la Province Orientale.
Le 11 octobre, les hommes du commandant Banakenge, chef de la police de Jérôme Kakwavu à Mado (chef lieu de la collectivité des Kaliko), sont descendus dans la localité Angako et ont procédé à l’arrestation des vingt-cinq hommes suivants: Nyati Olema, Otoma Adhukule, Enema Adhukule, Draza Matoa, Aliti Arapele, Meriko Arapele, Nyanya Anyako, Dramani Avoa, Efitre Dia, Edhako Aloma, Dradebho Etsako, Etumbu Dele, Obedri Draza, Bhayo Nguru, Avoa Nyako, Avo Ngenima, Madrondo Bhako, Edhako Nguru, Owiyo Atiku, Enyadria Nyati, Adibho Mudju, Munguni Angarani, Nyamua Bhayo, Trima Nyakua et Adiaku Amanio. Ils les ont emmenés à Mado.
Le 12 octobre 2004, MM. Mbamba et Zibera, respectivement chef et sous-chef de la police de Jérôme Kakwavu à Aru, ont organisé avec le commandant Banakenge et des miliciens des FAPC, l’enlèvement de ces vingt-cinq prévenus.

Malgré un refus catégorique opposé par le chef de Collectivité des Kaliko-Omi, Monsieur Djamba Aloma-Auzi, ils les ont emmenés à Ariwara, ville dont Jérôme Kakwavu en a fait son quartier général.
Le 13 octobre 2004, le chef Djamba Aloma-Auzi a suivi jusqu’au cachot des FAPC à Ariwara les traces de ses vingt-cinq sujets enlevés et a demandé de les voir, mais les miliciens le lui ont refusé. Lorsqu’il y est revenu le lendemain, il a trouvé que les prévenus Nyati Olema, Otoma Adhukule et Enema Adhukule étaient déjà fusillés sur ordre de Jrôme Kakwavu le 12 octobre 2004. Un autre prévenu, Adiaku Amanio, sera porté disparu d’abord, ensuite retrouvé mort le 13 octobre. Le chef de la collectivité des Kaliko a ensuite fait libérer les vingt-et-un survivants et a loué un véhicule pour les emmener à l’hôpital de référence de Laybo situé dans sa chefferie. Ceux-ci ayant été sauvagement battus, torturés et drogués, Draza Matoa a rendu l’âme en cours de route et Aliti Arapele est mort à l’hôpital le jour suivant. Les dix-neuf autres survivants reposent entre la vie et la mort à l’hôpital de référence de Laybo. Donc six personnes tuées sommairement par Jérôme et ses hommes.
Après que les nouvelles de ces tristes événements furent diffusées sur les ondes de Radio Okapi (la radio de la MONUC, Mission des Nations Unies au Congo), les hommes de Jérôme Kakwavu ont exigé que le chef Djamba Aloma-Auzi signe un démenti pour accepter à deux seulement le nombre des détenus décédés. Celui-ci ayant refusé de cautionner leur crime de sang, pression fut faite sur lui avec menace de mort. On craint par ailleurs pour sa vie, car il est activement recherché par un tortionnaire malfamé des FAPC surnommé Scarpa et par leurs agents de renseignements, dont Clément Assea, Innocent Tandema, Mawa Enzorionzi, Commandants Alain et Théo, ainsi qu’un certain Django. Maintenant le chef est obligé de vivre en clandestinité.
Par ailleurs, il est déplorable que la réaction du gouvernement congolais se fasse attendre. Les média et les organisations humanitaires telles que Radio Okapi, et Human Rights Watch n’ont pas tardé à relayer le communiqué de presse émis à Kinshasa le 14 octobre 2004 par notre , la DECIDI en vue d’alerter l’opinion tant au Congo qu’à l’étranger. En revanche, la commissaire de district de l’Ituri a attendu jusqu’au 28 octobre pour se rendre à Ariwara avec les enquêteurs des organismes humanitaires accompagnés par un contingent des troupes onusiennes. Ils ont été distraits par les miliciens des FAPC, qui leur ont fait visiter un cachot contigu près du bureau de la localité d’Ariwara et non le leur où les détenus avaient été torturés. Les miliciens ont par ailleurs cherché à leur faire croire que les détenus qui sont décédés l’auraient été à la suite d’une bagarre entre eux, comme s’ils étaient des sauterelles enfermées dans une bouteille transparente.

À Mado, chef lieu de la collectivité des Kaliko Omi d’où les détenus avaient été enlevés et transférés à Ariwara, les enquêteurs ont encore été distraits par le commandant Banakenge de la police de Jérôme Kakwavu, qui leur a dit d’y attendre pour audition les survivants hospitalisés à Laybo et les habitants de la localité Angako. Cependant, craignant pour leur sécurité et ne voulant être entendus que par des enquêteurs neutres, ceux-ci ne se sont pas présentés au bureau du commandant Banakenge à Mado et les enquêteurs accompagnant le commissaire de district de l’Ituri n’ont pas pu les rencontrer. La DECIDI se pose cette question, « est-il normal que des enquêteurs formés puissent entendre des victimes devant leurs tortionnaires ? Un mise en scène des incompétents !
Le demande au gouvernement de la République Démocratique du Congo, précisément le Ministère des Droits Humains, d’envoyer aux localités Angako, Mado et Ariwara une mission d’enquête indépendante, tout en assurant la sécurité du chef de la collectivité des Kaliko et des habitants de la localité Angako. Il prie , en outre, les organisations non gouvernementales préoccupées par les violations des droits de l’homme en Ituri de faire pression sur le gouvernement de la République Démocratique du Congo afin que ses forces armées démantèlent la milice de Jérôme Kakwavu qui sème la terreur dans les territoires d’Aru et de Mahagi. Il leur est demandé de faire pression également sur le Conseil de Sécurité des Nations Unies et sur le Président Yoweri Kaguta Museveni de l’Ouganda, qui continue d’envoyer des armes à Jérôme Kakwavu Bekunde et qui, dans une lettre envoyée à M. Kofi Annan le 3 juillet 2004, voudrait que les Nations Unies accordent une immunité provisoire aux seigneurs de la guerre de l’Ituri et que le même Conseil de Sécurité demande au gouvernement congolais de suspendre les activités de la Cour internationale de justice les concernant.
Toute la population de l’Ituri a les yeux braqués sur vous, Messieurs et Mesdames les responsables de la sécurité de notre pays et de la défense des droits de l’homme.

La DECIDI
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