Rapport sur la Situation des Droits de l'Homme a l'Est de la R D Congo:L’armée de la R D Congo peut –elle encore continuer à compter sur les enfants -soldats ?

L’armée de la R D Congo peut –elle encore continuer à compter sur les enfants -soldats ?
Malgré les discours ,ces derniers ne sont jamais libérés.

La R D Congo est actuellement dans une phase décisive pour faire réussir sa transition longtemps attendue par la population. D’une part, l’on note les efforts déployés par les acteurs politiques, de la société civile et des autorités militaires au niveau des politiques, et la résistance et /ou le blocage des autres acteurs sur terrain à faire capoter ce processus de l’autre.
Ceci étant visible à l’Est du pays par la présence sur le terrain des éléments des anciens forces belligérantes.
Les enfants qui ont constitués le gros des effectifs et la force de certains ont pensé être libérés par ces derniers en signant les accords de cessez le feu et la fin des hostilités, mais en vain.
La Démobilisation et autres actions de réinsertion des enfants ex- soldats réalisées depuis plusieurs années, mais sans succès ne fait qu’exposer davantage les enfants au re- enrôlement réguliers, faute d’un programme efficace de réinsertion socio- professionnelle et scolaire au sein de leurs familles et communautés.
Or la transition avance, les décrets sont signés, le plan de Désarmement, Démobilisation et de Réinsertion lancé par le Président de la République après une année de la mise en place des institutions d’union nationale et une année avant la tenue des premières élections libres et démocratiques. Cela pour libérer les enfants de l’enfer qui est l’armée.
Le manque de volonté des certains responsables militaires et politiques sur terrain pour exécuter la décision est manifeste. Des efforts supplémentaires sont à redéployer pour lutter contre l’enrôlement, l’utilisation des enfants dans l’armée.
Les enfants de l’Est de la R D Congo ne bénéficient plus d’une éducation adéquate, tel qu’il est connu de tous « le droit à l’ éducation ». L’éducation perturbée à chaque fois que des nouveaux conflits réapparaissent. Quel héritage ?
Il est grand temps que le Gouvernement renonce à l’utilisation des enfants dans l’armée et pour la vie civile, et le placement à l’école.

« Ils ont besoin des stylos à la place des fusils, des ballons au lieu des grenades, des cris de joie à la place des détonations d’armes ».

Des rapports en provenance des territoires de la Province du Sud –Kivu, Est de la R D Congo, sont alarmantes. Les enfants continuent à être présent dans l’armée, récupérés par les commandants militaires pour exercer ce travail macabre qui les expose à la mort.
Plusieurs organisations de Droits de l’Homme au niveau local, national et international ont dénoncé ces actes, mais rien ne s’observe concrètement sur terrain en terme de changement.
Projet GRAM – Kivu continue à renforcer son action de monitoring et de reporting sur la situation des enfants victimes en dénonçant ces exactions.
Pendant combien de temps les autorités et commandants militaires continueront – ils à compter sur l’apport des enfants pour leur maintien au pouvoir, pour résister, assurer leur propre sécurité, et ainsi exécuter leur agenda caché, pendant que les droits de ces derniers sont bafoués ( Droit à la Survie, Droit à l’éducation, Droit à la Paix et à un Environnement sain) ?

LE RE- ENROLEMENT DES ENFANTS CONTINUE

A chaque fois qu’il ya un évènement provoquant les affrontements dans un coin de la Province, ce sont les ex- enfants associés aux groupes armés qui payent le lourd tribut. Ils sont récupérés pour aider et intervenir. D’autres parviennent à s’échapper.
L’on ne tienne plus compte de leur situation familiale, l’état sanitaire ni de leur état de vulnérabilité. C’est ainsi qu’un enfant soldat mal nourri âgé de 13 ans est obligé de porter deux fusils AK 47 sur ses épaules courrant derrière son commandant qui marche à pas de géant , escaladant les montagnes dans une opération de chasse aux Interahamwe. Les élèves continuent aussi récupérés sur la route de l’école pour rejoindre les forces combattantes.

Le territoire de Walungu : Le refus de démobiliser les enfants par certains commandants en désobéissant aux ordres de leurs supérieurs.

Les récents affrontements entre les éléments de FARDC et les Interahamwe dans le territoire de Walungu ont provoqué les déplacements des populations de Kaniola, Izege et Ibona, la prise des élèves par les militaires de la FARDC pour les travaux domestiques pendant qu’ils vont à l’école ; et ce malgré les efforts et / ou la résistance des parents, l’état de santé médiocre des enfants., les ex- enfants soldats du territoire de Walungu sont l’objet des tracasseries des militaires des 104eme, 121eme à Kamisimbi, Kalole, Nduba, Mulamba, Irongo, 113eme brigades à Mushweshwe qui tentent de les récupérer pour les intégrer dans l’armée.
Certains commandants de la 10eme région militaire, anciens Mai Mai refusent de libérer les enfants sous leur commandement, le nombre étant estimé à 646 enfants soldats, tel est le cas du Commandant CHIBA de la 104eme brigade et estiment qu’il faut récupérer par contre tous les enfants soldats démobilisés se trouvant dans le territoire; et ne veulent pas entendre parler des injonctions en provenance de leurs supérieurs au sein de la 10eme région militaire qui fournit les efforts d’identification de tous les enfants soldats se trouvant dans les unités respectives depuis le mois d’avril 2004.

Le territoire de KALEHE : Insécurité et inquiétude

Dans le territoire de Kalehe, avec les affrontements réguliers entre les troupes de FARDC et celles de Laurent NKUNDABATWARE, les ex- enfants associés aux groupes armés sont dans l’insécurité. L’intense activité militaire signalée dans le territoire est à la base de recrutement des jeunes y compris les enfants.
Et comme les nouvelles circulant faisant état d’un éventuel retour des éléments du Général Laurent NKUNDABATWARE de retourner en force avant les fêtes de fin d’année( Décembre 2004) dans le territoire après leur mise en déroute par les éléments de la 10eme région militaire, les enfants se sentent en insécurité.
C’est ainsi que nombreux d’entre eux se réfugient dans la ville de Bukavu et ailleurs. Et ce malgré la rencontre qui a eu lieu entre les commandants des 8eme et 10eme régions militaires sous l’autorité des chef d’Etat major des FARDC, le Lieutenant Général KISEMPIA SUNGI LANGA et le Général Sylvain BUKI.

Le territoire d’UVIRA : « Un enfant, une arme », « une famille, une arme »
dans le Sud de la Province du Sud - Kivu, principalement dans les collectivités de Lemera, Luberizi, Lubarika (Uvira), et Makobola( Fizi).

Il a 15 ans , ne sait ni lire , ni écrire un enfant soldat démobilisé avec 100 autres à Uvira avec le grade de lieutenant colonel. Ils sont nombreux à se faire enrôler par promesse de grades.
Les enfants armés ne sont pas dans les camps , mais dans les familles pour assurer la sécurité de leurs familles. L’on a signalé le cas de 13 enfants soldats âgés de 13 à 17 ans, tous élèves en provenance d’Uvira et qui auraient été recrutés par Monsieur BIZIMA KARAHA pour le compte de FLEC ( Front de Libération de l’Est du Congo).

Le territoire de BUNYAKIRI : Les commandants militaires serment la terreur et en profitent pour gonfler leurs effectifs des enfants.

La présence des enfants dans l’armée au sein de la 1012eme bataillon de la 10eme région militaire à Kalonge dans le territoire de Bunyakiri inquiète plus d’un. Les enfants sont maintenus par force dans l’armée et n’ont pas de moyen de quitter. Les familles n’ont rien à revendiquer, ni a manifester une quelconque résistance.
Beaucoup d’enfants se sont vu re- enrolés de force par le Major Safari KATEYATEYA, commandant de ce bataillon qui, d’ailleurs a causé de l’insécurité à l’animateur du Projet GRAM – Kivu, chargé de la réinsertion socio- économique, professionnelle et scolaire des enfants démobilisés de l’armée dans leurs communautés et familles à Kalonge. Le menaçant de mort s’il continue a se présenter devant lui pour demander la démobilisation des enfants soldats, cherchant des alibis pour le mettre en insécurité.
Ces actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès de ce commandant et ses collègues constituent un gêne. Ainsi ils accusent les animateurs de connivence avec les ennemies par le fait de demander la démobilisation des enfants de moins de 18 ans, et de vouloir dégonfler leur effectif militaire. Plusieurs enfants auto- démobilisés, réinsérés dans leurs familles se retrouvent parfois sans document de démobilisation délivré par la 10eme région militaire, les exposant ainsi à d’éventuelle récupération et re- enrôlement.

Dans les territoires de Kabare, Idjwi, Mwenga et Shabunda, la situation est catastrophique. Les enfants sont utilisés sur des barrières pour faire payer les taxes de péages route, s’adonnent à des actions de criminalité et exercent des patrouilles nocturnes accompagnant les militaires, rapportent les Ongs intervenant dans les milieux.

L’IMPUNITE PERSISTANTE : Une politique conservée en R D Congo

« Tant que les crimes ne seraient pas punis, il ne pourrait pas avoir la paix en R D Congo », soutient M. Frédéric TITINGA PACERE, expert indépendant de l’ONU pour les Droits de l’Homme en R D Congo.

Ces actes de violations de droits des enfants sont sous la responsabilité des autorités politico- militaires, aujourd’hui au pouvoir qui les ont commis et qui ne veulent pas de la Paix en R D Congo.
Ce pays a signé et ratifié la Convention relative aux Droits de l’enfant et ses protocoles additionnels interdisant l’enrôlement et l’utilisation des enfants dans les conflits armés, la nouvelle Constitution nationale du pays l’interdit et tant d’autres traités internationaux et décrets, mais un manque de volonté ferme des acteurs politico- militaire est manifeste, le non respect des droits des enfants et ne constitue en aucun cas une priorité .
Ce qui montre à suffisance que l’objectif final de mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants soldats sera difficilement atteint.
Même la Charte africaine des Droits et du bien être de l’enfant que la R D Congo a ratifié qualifie d’inacceptable la participation des enfants dans les conflits et d’intolérable par la communauté internationale.
Il est temps alors pour la R D Congo de s’appliquer à traduire les principes de ce texte dans les faits, en vue de mette un terme au recrutement et à l’utilisation d’enfants soldats.
Depuis longtemps, ces actes de crime de guerre, de torture et de crime contre l’humanité sont commis par les personnes bien connues, et « seule une poignée de responsables ont été déferrés à la justice en se reférant aux poursuites qui ont eu lieu contre les auteurs de crimes commis durant la seconde guerre mondiale et, plus récemment en ex- Yougoslavie et au Rwanda ».
Les responsables de ces actes en R D Congo se donnent à cœur joie dans ce travail d’enrôlement et d’utilisation des enfants dans l’armée sachant qu’ils ne seront l’objet d’aucune poursuite. Cela parce que l’impunité est une politique conservée et appliquée depuis l’avènement des mouvements armés en 1996.

Le Tribunal Pénal International pour la R D Congo est indispensable :
Ceci demande une action concertée pour que les responsables ne jouissent plus de l’impunité.

Beaucoup d’actions devront mettre menées au sein de la société civile pour que les auteurs de ces actes soient déférés devant la justice et qu’ils répondent de leurs actes.
Car le risque pour que ces crimes restent impunis persiste si l’on se remettait seulement à la Cour Pénale Internationale ( CPI ) qui malheureusement ne prend en considération que les crimes commis après le 1er juillet 2002, laissant ceux commis entre 1997 et 2002. Or selon le rapport de l’ONU, il ya eu 300.000 personnes, victimes de viols, vols et autres exactions comme l’utilisation des enfants dans l’armée en R D Congo durant les eux guerres de 1996 a 1997 et de 1998 à 2003.
D’aucun pouvait penser que la mise en place de la Cour Pénale Internationale apportera sans doute une solution et la mise en arrêt des actions menées par les violateurs des droits humains en R D Congo, mais cela continue.
Mais il est à souligner que la mise en place de la CPI ne doit pas constituer l ‘issue ou une garantie pour espérer des sanctions exemplaires pour les criminels et autres violateurs des droits humains.
Projet GRAM- Kivu pense par contre qu’il incombe à tous de soutenir toute action ou initiative tendant à soutenir la mise en place d’un Tribunal Pénal International pour la R D Congo afin de prendre en considération tous les crimes de guerre, de génocide et de crimes contre l’humanité commis depuis l’avènement des guerres en 1996.

« REMPLACER L’ARME PAR LE CRAYON » :
le droit des enfants à l’éducation violé et volé

Les enfants de l’Est de la R D Congo sont victimes des situations de guerres depuis les guerres de 1996 , 1998 et jusqu'à ce jour. Les infrastructures étant détruites, les ruptures régulières des années scolaires suite aux affrontements à l’intérieur des territoires, la non re- ouverture de l’année scolaire dans certains coins de la Province, le déplacement des populations et des enfants en particulier vers d’autres endroits rompant ainsi le cours de l’année scolaire.
Comment un pays comme la R D Congo pense se reconstruire et se rebâtir avec toute une « génération perdue » qu’elle néglige et qui a vu son enfance volée, son droit à l’éducation violée et volée ?
Cette génération qui est détruite par ceux la même aujourd’hui au pouvoir qui sont censés les protéger et respecter leurs droits ?
Voilà qu’aujourd’hui ils ne sont plus comme d’autres enfants des autres pays qui commencent l’année scolaire avec la certitude de la terminer. Ces derniers évoluent jusqu'à terminer les études sans inquiétude. Leurs parents peuvent planifier et investir en eux avec la certitude de réaliser les projets.
Ce qui n’est pas le cas à l’Est de la RD Congo, seule partie du pays ou les enfants sont encore sous l’emprise des adultes en les maintenant dans leurs groupes armés.

Le danger reste grand et mérite qu’une attention particulière y soit accordée.

Les enfants qui ont connu et commis des atrocités dans leurs familles, communautés et villages ont des difficultés aujourd’hui à oublier. La culture de violence et de haine est ancrée dans leurs cœurs. Eux qui devraient être à l’école pendant leur temps passé dans l’armée.
Ils ont grandi dans l’armée perdant ainsi des années scolaires en forets, maquis, et fronts en train d’apprendre la violence, le mal pendant que d’autres sous d’autres cieux leurs collègues apprennent à lire et à écrire.
D’autres enfants à l’intérieur des provinces ont été obligés de quitter leur villages en abandonnant les études et se retrouvent actuellement en refuge suite aux affrontements réguliers entre groupes armés. Plusieurs d’entre eux se retrouvent dans les rues de la ville de Bukavu, d’autres s’adonnent à des travaux périlleux pour la survie, les filles n’hésitent pas à se faire exploiter sexuellement.
Malheureusement la souffrance de ces enfants n’interpelle en rien les politiciens et autorités militaires dans la lutte pour l’unité, la paix et la reconstruction du pays ; afin que ces derniers vivent dans un pays de paix et de respect de leurs droits.
Actuellement, ces enfants détruits constituent une dynamite à retardement qui explosera sur la tête des congolais. Quel jour ? Personne ne le sait, comme pensent certains.
Projet GRAM – Kivu estime que des actions dirigées vers la récupération de ces enfants doivent être menées par le pouvoir public, les associations des droits des enfants qui s’occupent des programmes d’éducation de base non formelle et d’apprentissage professionnelle avec le soutien des organisations internationales, humanitaires et des Nations Unies pour arriver à les sauver ainsi que leur pays.

Programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion ( DDR)
Une priorité accordée aux enfants soldats.

Il est inutile de réaliser un vaste programme de désarmement, de démobilisation, et de réinsertion sans tenir compte de la situation des enfants (comme priorité), qui ont été des véritables acteurs et victimes des conflits armés.
Si l’on ne tient pas compte de la présence des enfants dans les groupes armés, dans leurs familles et communautés après un long passage dans un service de violence, de la mort et de force, le risque est grand.
L’envie de se servir des enfants dans l’armée doit disparaître dans l’esprit des politiciens et militaires avides du pouvoir pour que le pays réalise ses projets de développement économique et de paix.
Démobiliser les enfants soldats et être incapable de réaliser un véritable programme de réinsertion en leur faveur, un coups de couteau dans l’eau.
L’on ne cesse de déplorer aussi la mauvaise action de certains acteurs qui maintiennent les enfants dans leurs armées ayant l’espoir de réclamer de l’argent avant leur démobilisation.
Plusieurs problèmes sont décelés dans les villages de réinsertion de ces enfants. Les infrastructures scolaires, sanitaires, et sociales étant toutes détruites ne sont plus en mesure de les prendre en charge. En plus des familles qui se retrouvent pauvres, parce que victimes des pillage, de vols, viols, de rafles par les groupes armés.
Entre temps, l’on retrouve les enfants du village tous affectés par ces conflits et qui les rendent de plus en plus vulnérables.

Respect des droits des enfants pour une Paix durable :
Ils sont un danger en R D Congo

Une armée de « réservistes » formée qu’ont constitué les groupes armés et qui les servent et les serviront en cas d’une opération immédiate ou future.

Mettre fin au recrutement et à l’utilisation des enfants dans l’armée, réhabiliter ces villages et communautés détruits par les guerres est d’une importance capitale pour espérer arriver à une paix durable en RD Congo tout tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Des actions de réintégration et la réinsertion des enfants dites de « saupoudrage » doivent disparaître et arriver à des actions de grande envergure pour amener les enfants à réparer les dégâts qu’ils ont commis pendant le service militaire et aux responsables militaires et politiques de les réhabiliter dans leurs droits.
Des mesures adéquates doivent être prises pour mettre fin à l’utilisation des enfants dans l’armée en faisant respecter et appliquer les résolutions, décrets et décisions afin d’éviter des retombées très graves, durables et profondes sur ces enfants qui ont été acteurs et victimes de violence.
Ne pas le faire, c’est exposer le pays devant les aigris qui à la longue risqueraient de se constituer en une armée apte à bloquer le développement et le processus de paix, car ayant une expérience et les capacités dans l’armée. En fait, c’est une armée de « réservistes » qu’ont formés les groupes armés et qui les servent et s’en serviront toujours en cas d’une opération immédiate ou future.
Seul l’avenir nous en dira plus, car plus d’un observateurs voient en ces derniers ( Responsables d’anciens groupes armés) l’attachement aux actions militaires. Ils sont au sein du Gouvernement avec méfiance et dans une crise de confiance entre eux.
Maintenir la population dans la pauvreté, dans les exactions et actes de violence est un danger pour que ces enfants retournent dans l’armée. C’est une initiative à prendre pendant cette période avant les élections pour que les enfants se retrouvent réhabilités dans leurs droits et ainsi prévenir d’éventuel enrôlement ou re- enrôlement.

CONCLUSION et RECOMMANDATIONS

Depuis les guerres de 1996 jusqu'à cette année 2004, l’on ne cesse de déplorer, et de dénoncer les cas de violations dont sont victimes les enfants en R D Congo et plus particulièrement à l’Est ou les rebellions ont toujours commencées.
Si ce rapport insiste sur le recrutement et re- enrôlement des enfants soldats, cela ne signifie pas l’omission des autres cas de violation des droits de l’homme. Ces actes ont provoqué la mort de beaucoup d’entre eux et la destruction de l’avenir des survivants.
A l’Est de la R D Congo, le re- enrôlement des enfants de l’armée continue et ne fait la préoccupation des autorités politiques et militaires qu’en théorie et en discours.
Projet GRAM -Kivu dénonce avec la dernière énergie cette attitude des autorités militaires qui ne tiennent pas compte de l’avenir de ces enfants.
Les familles par contre se retrouvent dans l’incapacité de retenir et de protéger leurs enfants contre leur enrôlement et re- enrôlement, car aucune situation n’a changé.
En plus de la pauvreté, elles sont menacées en cas de résistance.
Les animateurs et défenseurs des droits humains quant à eux sont aussi victimes de poursuites de la part des militaires au cas ou ils s’opposent et plaident pour le non – recrutement. Ainsi ils sont traités de traître ou de connivence avec l’ennemi.
Les anciens belligérants, responsables des groupes armés n’étaient pas d’accord quand ils étaient accusés d’utiliser les enfants, même s’ils sont parvenus à accepter sous la pression de la communauté tant nationale qu’internationale( ( le cas du RCD- Goma). Mais jusqu'à présent rien de significatif n’a été fait pour sanctionner les auteurs présumés de ce recrutement considérés comme crime de guerre , crime contre l’humanité par les textes juridiques internationaux.
Ces exactions ont été commises par tous les groupes armés ayant des soutiens ou non des alliés étrangers depuis les guerres de 1996 et de 1998.
Actuellement la pays est réunifiée après des accords signés pour mettre aux hostilités ; mais le constat est que les enfants continuent à être présent sous le drapeau et d’autres sont enrôlés et re- enrôlés.
Une armée unifiée aura à remédier ce problème, à cause d’un seul commandement. Mais il est à noter que certains responsables militaires ne cherchent pas à obéir aux ordres de supérieurs si ce n’est ceux en provenance de leurs chefs basés dans la capitale au sein du Gouvernement ou de leurs alliés à l’extérieur.
Le cas de la Province du Sud – Kivu nous édifie davantage. En avril 2004, les autorités de la 10eme région militaires ont pris l’initiative de signer l’ordre de recenser tous les enfants soldats dans toutes les unités. Mais l’on remarque la désobéissance aux ordres de la hiérarchie de la part de certains commandants qui maintiennent encore les enfants .
Une action concertée et conjointe doit être menée : la sensibilisation impliquant le pouvoir public, la société civile et les autorités militaires. Ceci pour que cesse l’utilisation des enfants dans l’armée par les commandants militaires.
Devant ces actes de violations flagrantes des Droits de l’Homme, Projet GRAM - Kivu estime qu’il est temps de mettre fin au recrutement des enfants dans l’armée et de penser à reconstruire le pays tout en réhabilitant tous les enfants associés aux forces et groupes armés dans leurs droits; et la mise en application du système de justice internationale pour mettre fin à l’impunité. Car ces actes et leurs auteurs présumés qui ont toléré ou ordonné doivent être condamnés.
La RD Congo, en particulier l’Est du pays, reste instable et constitue un problème à la nation congolaise si la communauté internationale n’intervient pas pour la Paix et pour la mise en application des textes juridiques internationaux en vue de condamner les auteurs et la disponibilisation des moyens financiers pour l’exécution des programmes de réinsertion socio- économiques et scolaires des enfants associés aux groupes armés.

« Tant que cette partie fragile du pays est exposée à des menaces d’agressions des pays voisins, d’insécurité à l’intérieur, et des violations des droits humains, la vie des enfants est en danger ».

Recommandations

- Projet GRAM – Kivu recommande aux autorités de la R D Congo et de la 10eme région militaire en particulier de mettre fin au recrutement des enfants de moins de 18 ans qui se trouvent encore sous le drapeau dans les unités combattantes dans la Province du Sud – Kivu , de sensibiliser et de punir sévèrement les commandants qui continueraient à enrôler et à re – enrôler les enfants et qui désobéissent aux ordres des supérieurs.
- Rappelle aux autorités politiques , administratives et militaires de la R D Congo qu’il est temps de mettre en application les décrets et décisions signés par le chef de l’Etat pour la démobilisation des enfants de moins de 18 ans et de les réinsérer dans leur communautés.
Dans ce cas précis , le Gouvernement de la R D Congo doit mobiliser les moyens
permettant de fournir un soutien aux enfants démobilisés de l’armée ainsi qu’ à
leurs familles. Ces ressources doivent permettre la réhabilitation des
infrastructures sociales et médicales des communautés.
- Recommande aux autorités militaires, politiques de collaborer étroitement avec la société civile pour faciliter la démobilisation des enfants de moins de 18 ans et faciliter leur réintégration et assurer leur protection contre d’éventuel re- enrôlement.
- Se ralliant à toute idée de créer un Tribunal Pénal International pour la R D Congo, Projet GRAM - Kivu exhorte le Gouvernement congolais à adopter une loi permettant une coopération efficace avec les tribunaux pénaux internationaux pour l’ex- Yougoslavie et le Rwanda pour juger les auteurs de ces actes commis depuis les deux guerres (1996- 1998).
- Demande à la communauté internationale d’inciter le Gouvernement Congolais à protéger les droits des enfants et d’user de son influence pour qu’aucune personne poursuivie en justice pour atteinte aux droits humains tel l’utilisation des enfants dans l’armée ne bénéficie d’une impunité.
- Sollicite l’appui financier de la communauté internationale dans le vaste programme de réintégration des enfants affectés par les conflits armés afin de rompre avec le cycle enrôlement- re-enrôlement en vogue à l’Est de la R D Congo qui les rend de plus en plus vulnérables.

Novembre 2004

Pour le Projet GRAM- Kivu

Victor AMISSI SULUBIKA
Coordinateur
Tel : +256 78 46 46 35
Email : amsulvic@yahoo.fr

info_gram2000@yahoo.fr
Texte en ligne :www.societecivile.cd