POINTS DE PRESSE DE LA DYNAMIQUE DE LA SOCIETE CIVILE DE LA R.D.CONGO POUR LES GRANDS LACS AFRICAINS

I. Du constat
La Dynamique de la Société civile de la République démocratique du Congo s’est réunie le lundi 4, le mercredi 6 et le jeudi 7 avril 2005 pour prendre connaissance et approfondir le draft du plan de la Campagne Nationale d’Education Civique et Electorale élaboré par les experts du PNUD, ceux de la MONUC et dans une certaine mesure ceux de la Commission Electorale Indépendante (CEI).
Après trois jours d’échange sur le contenu de ce document, les organisations de la Société civile de la RD-Congo qui travaillent depuis plusieurs années avec la population sur la marche de la Transition vers un Etat de droit notent que depuis des décennies la République démocratique du Congo a traversé plusieurs épisodes des crises dues au manque des dirigeants légitimes et capables de conduire nos populations vers un Congo uni et prospère, respectueux des valeurs républicaines.
Cela explique la détermination de toutes les couches de la population d’aller vite aux élections. Une telle population assoiffée de la liberté et du bien être social mérite d’être encadrée, sensibilisée davantage pour éviter des dérapages, des taux élevés d’abstention ainsi que la fraude électorale. Il serait malvenu que des aspects importants d’un processus aussi sensible soient laissés aux seuls bailleurs de fonds sans implication de la Société civile de la RD-Congo dont l’expertise forgée dans ce domaine depuis plusieurs années est bien connue.
La Dynamique de la Société civile de la République démocratique du Congo est sérieusement inquiète de ce que les espoirs de nos populations ne se volatilisent du fait d’un mauvais encadrement à la base et de la prise en otage de la Commission Electorale Indépendante par les donateurs.
En examinant le document cité ci-haut, la Dynamique de la Société civile de la RDC y a relevé des faiblesses, notamment :
II. Des f aiblesses du document de la CEI :
1.Ce document a été élaboré dans les bureaux climatisés du PNUD et de la MONUC sans implication effective de la population à la base encore moins de la Société civile congolaise dans son ensemble.
2.Sur vingt six millions des dollars, plus de la moitié du budget prévu pour l’éducation civique et électorale sur l’ensemble du pays est affecté à la production des dépliants, brochures, calicots et autres bandes dessinées alors que les moyens affectés à la formation des formateurs, aux séminaires ateliers et de sensibilisation, à l’animation à la base et aux manifestations culturelles et sportives représente à peine un cinquième du budget global.
3.Tel qu’élaboré, ce document dépouille la Commission Electorale Indépendante de toute sa substance et hypothèque toute son autonomie par rapport aux bailleurs de fonds et organisations internationales.
4.Les bailleurs de fonds risquent de faire seuls le travail sur terrain jusqu’à l’impression des drapelets, ce qui laisse penser que ce programme est une occasion de passation des marchés et fait craindre à la Société civile la pratique des opérations retours.
5.La jeunesse congolaise qui constitue plus de la moitié des vingt huit millions d’électeurs estimés et la couche la plus manipulable de la population congolaise a été purement et simplement ignorée dans le programme d’éducation civique et électorale, il en est de même des milieux universitaires.
6.Le document d’éducation civique et électorale n’intègre pas parmi les groupes cibles les officiers de police judiciaire, des magistrats , la police nationale des agents de sécurité alors que le moment venu ce sont eux qui risquent de s’affronter avec la population, nous estimons qu’eux aussi ont besoins d’être sensibilisés aux notions de base du déroulement d’un scrutin crédible.
7.La femme qui représente l’électorat le plus significatif et le plus manipulable n’a pas une place de choix dans le plan d’éducation civique et électorale proposé par la CEI, nous estimons qu’elle devrait être impliquée à l’ensemble du processus.
8.Au moment où l’électorat le plus important est fait des villageois, près de quatre millions des dollars sont affectés aux conférences débats qui risquent de dérouler seulement dans les chefs lieux des provinces et des territoires avec un public cible sélectif.
9.Trois millions et demi des dollars sont affectés à la production des dépliants alors que les manifestations culturelles et sportives qui touchent les jeunes ne représentent à peine que cinquante mille dollars américains sur l’ensemble du pays à raison de cent dollars la manifestation.
10.Ce draft fait référence, à la page 19, à la notion de minorités et les origines ethniques. La Société civile estime que c’est une précision de trop qui risque inutilement de diviser les électeurs et de perturber le processus électoral sur l’ensemble du pays .
11.Le volet presse écrite est un peu flou, plus de deux millions des dollars dont la répartition par rapport aux organes de presse n’est pas claire notamment par rapport à la presse écrite en provinces : 5 journaux à Kinshasa et dix journaux pour toutes les provinces ?
12.Quant au volet télévision et radio, il n’y a pas d’indicateurs objectivement vérifiables dans la répartition des fonds. Il est dit vaguement en cinq langues sur cent radios communautaires sans préciser comment on peut le vérifier. Ces deux rubriques représentent environ onze millions des dollars américains.
13.La part réservée au financement des micro-projets mis en œuvre par les acteurs non étatiques locaux qui travaillent avec la population est ventilée entre 1 $ US et 15.000 $ US alors que la part du financement des micro et des macro projets mis en œuvre par les ONG internationales varie entre 100.000 et 350.000 $ US et le critère de sélection n’est pas claire dans le draft proposé, heureusement qu’il est encore en étude.
14.Dans ce document, il n’y a pas un chronogramme bien défini pour l’exécution de cette importante activité ; cependant, tout y est réglé comme si la Campagne d’éducation civique électorale s’étendra sur douze mois alors que l’éventuelle prolongation de la période de la Transition n’est pas encore acquise et précisée. Quid si, à la demande de la CEI, le Parlement décidait de l’organisation des élections avant la fin de l’année 2005 ?
De ce qui précède, la Dynamique de la Société civile de la République démocratique du Congo, qui œuvre pour l’implication effective de la population congolaise à la base, recommande, toutes affaires cessantes :
-La convocation, en ce mois d’avril 2005, d’un atelier mixte réunissant la CEI, les bailleurs de fonds et les Acteurs Non Etatiques en vue de l’enrichissement, selon l’approche participative, de ce draft et son appropriation par toutes les provinces.
-La mise en place, en ce même mois d’avril 2005 au niveau national, d’un cadre de concertation entre la CEI et les acteurs non étatiques, qui traitera en toute responsabilité des questions stratégiques liées au processus électoral en cours.
-Le prise en compte dans toutes les étapes de ce processus de l’expertise nationale déjà disponible, notamment en impliqant effectivement les Acteurs Non Etatique dans le travail d’éducation civique électorale.
-Le renforcement de l’autonomie de la CEI dans la gestion du processus en cours.
Fait à Kinshasa, le 7 avril 2005
La Dynamique de la Société civile de la RD-Congo
Robert MABALA : Conseil National des Organisations non Gouvernementales de Développement, CNONGD en sigle
Ernest KUYENGILA : Programme Régional de Formation et d’Echange pour le Développement, PREFED en sigle
Elise MUHIMUZI : Comité Femme et Développement, CONAFED en sigle
Fabien MBAYO : Réseau d’Organisations des Droits Humains et d’Education Civique d’Inspiration Chrétienne, RODHECIC en sigle
Albert KABUYA MUYEBA : Centre National d’Appui au Développement et à la Participation populaire, CENADEP en sigle
Jean Marie KAJEMBA : Réseau d’Education Civique au Congo, RECIC NATIONAL
Gérard BISAMBU : Réseau d’Education Civique de Kinshasa, RECIC KIN
Albine IFULU : Secrétariat Permanent de la Dynamique de la Société civile de la République démocratique du Congo
Abbé Jean Bosco BAHALA : CEDICOS/Sud - Kivu
Claude KAPELE : Chaîne de Solidarité Agissante
Ahmed DILAYEN AMANI : Centre pour la Promotion Sociale et Communautaire, en sigle CEPROSOC/Kinshasa
Giselle BOLUMBU : Conseil Régional des Organisations non Gouvernementales de Développement, CRONGD/Kinshasa
Rév. KUYALA MULUDIKI : Coordination de la Société civile, Ville province Kinshasa
Henri LUKULA, Collectif des Organisations des Jeunes Solidaires du Congo-Kinshasa, COJESKI en sigle
Fernandez MURHOLA, Réseau National des ONG des Droits de l’Homme de la RDC, RENADHOC en sigle
Denis IMPITI, Conseil Régional des ONG de Développement, en sigle CRONGD/Bandundu.