Message de l’Ong Journalistes pour la Promotion des Droits de l’Homme à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse

Message de l’Ong Journalistes pour la Promotion des Droits de l’Homme à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse
Le monde entier célèbre le 03 mai de chaque année, la journée internationale de la liberté de la presse. Pour l’année 2005, le thème choisi est plus qu’interpellateur : « Médias et bonne gouvernance ». L’organisation non gouvernementale « Journalistes pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme », en sigle JPDH saisit cette occasion pour exprimer haut et fort les préoccupations qui sont siennes en cette journée où les médias congolais dans leur ensemble, comme le reste des secteurs vitaux de la communauté nationale, se trouvent confrontés aux énormes difficultés de survie, occasionnées, non seulement par le non respect des clauses qui engagent l’Etat congolais vis-à-vis de la profession journalistique à travers la loi 96-002 du 22 juin 1996 portant modalités de l’exercice de la liberté de la presse en République démocratique du Congo en ce qu’elle évoque le régime des facilités en faveur des médias, mais aussi, la presse, de manière globale, se trouve à la croisée de chemin face à la crise socio-économique que frappe de plein fouet le prolétaire, déclaré incapable de s’acheter une édition du journal. En tant qu’organisation non gouvernementale qui poursuit l’objectif noble de promouvoir et défense les droits de la personne, Jpdh, essentiellement composé des journalistes ayant accepté le risque sacerdoce de servir l’homme, en tant qu’être pourvu des droits qui doivent lui être reconnus en tout lieu et en toute circonstance, se voit à ce jour, interpellé à donner un contenu au thème qui, à se yeux, paraît adapté aux multiples interrogations des Congolais sur la gestion de la res publica mais aussi sur le rôle escompté de la presse en cette période où elle est fortement sollicitée par la communauté nationale. Nous ne saurons entrer dans la vif de notre rencontre de ce jour, sans remercier le Bureau de la Haute autorité des médias, d’avoir associé JPDH à la réunion préparatoire tenue jeudi 21 avril dernier pour, qu’ensemble avec les associations des médias et des droits de l’Homme, nous proposions un contenu à donner à la journée que nous commémorons ce jour.
Mesdames et messieurs,
La liberté de la presse, vous vous en doutez, - qui est du reste un droit : celui d’être informé pour le public et d’accéder aux sources d’information pour le journaliste - est l’émanation de liberté d’expression et d’opinion garantie par la Déclaration universelle des droits de l’Homme en son article 19 qui est en fait notre livret de chevet en attendant que la charte nationale congolais de Droits de l’homme et du peuple soit promulguée après avoir été adoptée par la conférence nationale sur les Droits de l’Homme. La même liberté d’expression est contenue dans le Pacte international relatif aux civils et politiques ainsi que dans la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples. Loin de nous, l’idée de présenter un bilan sur des cas d’atteinte de la liberté de la presse dans le monde à la lumière des éléments d’informations que nos partenaires extérieurs nous fournissent, nous pouvons néanmoins dire qu’au regard des données en notre possession, le journaliste congolais n’évolue toujours en toute quiétude.Le cas le plus récent, c’est la prise en otage des journalistes venus de Kinshasa et de Lubumbashi, en date du dimanche 24 mai 2005, par des Maï-Maï se réclamant du chef rebelle Chinja-Chinja, dans la localité de Kilumbe à 200 km de Bukama, au Nord-Katanga ; des menaces de mort en direction des animateurs de l’Ong « Journalistes en danger » ; des cas d’extorsion des biens à des journalistes de la RTNC/Goma, des menaces de fermeture des radios communautaires à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, des menaces d’arrestation contre les journalistes ayant séjourné, fin décembre 2004, à Kigali, capitale rwandaise à la quête de l’information ; la coupure du signal de la chaîne de télévision privée Canal Kin télévision ( Cktv) et de la Radio Liberté Kinshasa (Ralik) mardi 18 janvier 2005. La liste n’est exhaustive. Il y a lieu de rappeler, à ce stade, que Jpdh n’avait ménagé aucun effort pour dénoncer ces genres des pratiques qui ne concourent nullement à la construction d’un Etat de droit que tout un chacun de nous appelle de ses vœux.
Mesdames et messieurs,
S’agissant de la bonne gouvernance, c’est le souhait de tous est de voir le pays s’inscrire dans le concert des nations, créer des conditions susceptibles d’impulser le développement. Mais cet essor ne possible que si nos ressources sont parcimonieusement utilisées pour l’intérêt de tous. Nous ne cesserons de le dire. La République démocratique du Congo est un pays potentiellement riche. Une allégation vraie par essence, parce que mis à part, nos richesses douanières et autres fiscales, nous pouvons, avec nos richesses extraites de notre sous sol, faire du Congo un beau et grand pays. Cependant , le Congo ne peut donc le devenir que si nos richesses minières, intellectuelles, matérielles sont bien gérées. Ici, l’accent devra être mis sur la gestion rigoureuse de nos ressources financières, condition sine qua non pour que les institutions financières internationales viennent à la rescousse de l’économie nationale. Bref, on attend de nos dirigeants, des preuves de bonne gouvernance. D’où cette interrogation : Au Congo, les dirigeants font-ils preuve de bonne gouvernance ? Sans doute que c’est la question que chacun de se pose et à laquelle, nous tous, sommes appelés à répondre. Nul n’est besoin d’affirmer les indicateurs économiques sont au rouge : la monnaie nationale s’est dangereusement affaiblie face à la devise américaine, avec comme effet d’entraînement une perte sensible du pouvoir d’achat. Que s’est-il réellement passé ? La Vice-présidence de la république en charge de la Commission économique et financière avance deux raisons pour justifier la descente aux enfers du franc congolais face au dollar :
1.la Banque centrale dépense plus qu’elle produit ; (entraînant l’emballement du taux de change qui a dégénéré sur la surchauffe du prix des biens de première nécessite) .
2.le fonds engagés pour mater les deux « rebellions » à l’Est du pays en 2004. Ici, des observateurs lucides notent que nos dirigeants ont toujours eu recours à des pareils prétextes pour saigner le Trésor. Vrai ou faux, Jpdh recommande aux dirigeants que la bonne gouvernance soit de mise. Dans la foulée des réactions de la population, l’opinion n’arrête de commenter, en divers sens, le dernier périple du président de la République au japon, en Chine et en Corée du Sud. D’aucuns ont même supputé pour lier l’emballement du taux de change à une quantité importante de francs congolais versée sur le marché et ayant servi des devises pour couvrir les frais de voyage de la délégation présidentielle en Asie. Au tant, l’opinion s’interroge sur la provenance des fonds de mission ayant couvert le séjour du vice-président Jean-Pierre Bemba en Asie et en Europe. A ces interrogations, le ministre du budget faisait savoir qu’aucune de ces deux personnalités n’a puisé dans le Trésor public. Dans ce volet, il y a lieu de rappeler la suspension puis la révocation des Administrateurs délégués généraux (Adg) de certaines entreprises du portefeuille de l’Etat et des ministres accusés de megestion et dont la mise en accusation tarde, entraînant du coup, une tendance à l’impunité.
En conséquence, des interrogations fusent donc de partout pour réclamer plus de transparence dans la gestion du Trésor public, condition indispensable pour une gouvernance voulue bonne, efficace et profitable à tous.
Eu égard à ce qui précède, Jpdh recommande, en ce qui concerne la presse :
-la mise en application des dispositions relatives au régime des facilités à la presse en perspective des échéances électorales.
-la dépénalisation des délits de presse, (d’autant que la presse a, en son sein, un Observatoire ayant valeur de juridiction pour les journalistes) ;
-la garantie de sécurité aux journalistes en plein exercice de leur métier ;
-la bonne gouvernance au gouvernement de la République ;
-la mise en accusation des Adg et ministres indexés
-le respect de la procédure dictée par la chaîne de dépense ;
Fait à Kinshasa, le 29 avril 2005
Journalistes pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (JPDH)
Organisation non gouvernementale des droits de la personne etde développement démocratique
E-mail : Jpdhcongo@yahoo.fr
Web : www.societecivile.cd/membre/jpdh
Immeuble du 29 juin, Kinshasa-Gombe
République démocratique du Congo