Difficulté d’organiser des élections en Ituri

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
DEMOCRATIE ET CIVISME POUR LE
DEVELOPPEMENT INTEGRAL
DECIDI

« Réseau des Associations pour la Culture Démocratique et Civique »

Statuts notariés à Kinshasa, le 02 juillet 2004, sous le numéro 149-722, Folio 87-93, Volume DCLX
Autorisation Provisoire de Fonctionnement N° 023/CAB/MDH/KNT/NM008/2004, du 29 novembre 2004

Difficulté d’organiser des élections en Ituri

Dans ce District encore sauvage, tout est possible. Que n’a-t-on pas vu ce que les yeux des mortels craignent de voir ! des frigos contenant des vaccins volés et les vaccins éparpillés à même le sol, des objets sacrés des Eglises pillés et vendus en plein air, des lits d’hôpitaux et de centres de santé volés et vendus, … des têtes d’hommes coupées et promenées dans les rues de la ville de Bunia, sans que personne ne reproche quoi que ce soit. En bref, la situation sécuritaire en Ituri n’a pas évolué et, tel que cela se présente encore aujourd’hui, les urnes et les ordinateurs risquent d’être volés, pillés ou détournés, sans que les malfaiteurs ne soient attrapés….

Selon des informations qui nous proviennent du Territoire d’Aru, il est démontré que ce ne sera pas facile d’organiser des élections dans ce Territoire de plus de 7.000 Km2, si le Gouvernement de la République ne change pas son attitude de voir les choses en Ituri. Car, depuis longtemps les avertissements de la population n’ont pas convaincu les autorités politico-administratives de la République, qui continuent encore et toujours de choyer les chefs des groupes armés de la région.

En effet, dans son rapport intitulé « Dégradation de la situation sécuritaire en Ituri – proposition d’actions –« , et daté de février 2005, le CIAT (Comité International d’Accompagnement de la Transition en RD Congo) avait dénoncé plusieurs cas d’abus de la part des groupes armés dans le District de l’Ituri, ainsi que de la part de certains partis politiques installés à Kinshasa et oeuvrant à partir de Kisangani. Il leur a, entre autres, été reproché de détourner les recettes de l’Etat en faveur de leurs partis politiques, d’encourager l’impunité, de continuer à recruter des enfants-soldats, etc. Pour le CIAT, il fallait arrêter certains leaders rebelles cités nommément dans le rapport pour être jugés.

Jusqu’aujourd’hui quelques chefs des groupes armés ont été mis sous le verroux, mais beaucoup résident paisiblement, soit à Kinshasa dans des grands hôtels, ou sillonnent librement les forêts de l’Ituri, en train de chasser des gibiers humains. Ce qui fait que la situation sécuritaire aujourd’hui en Ituri est plus que précaire. Et à Aru, la population a peur que les élections ne se tiennent pas, pour cause :
Dans ce Territoire plus spécialement, la démobilisation n’a pas réussi et a laissé des effets aussi dévastateurs qu‘avant. Tenez : Il a été alloué à chaque démobilisé une somme de 50usd, une couverture, une paire des chaussures, un petit poste de radio, une bâche. Après la remise de ces effets, les enfants sont laissés libres et chacun pouvait aller là où il jugeait bon s’installer.

Tandis que ceux à réintégrer dans les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) sont gardés dans les Camps militaires.
Parmi les démobilisés, 10% environ, sont récupérés pour des travaux des routes, moyennant deux dollars américains par jour.

Les conséquences de tout cela sont que les démobilisés, après avoir consommé les 50usd pour leur survie, se mettent à vendre tout ce qu’ils possèdent en nature, pour éviter de mourir de faim. Comme cela ne suffisait pas, certains ont rejoint le Général Bosco Taganda dans le maquis. Bien que nommé par le Gouvernement de la Transition, ce Général a refusé de se présenter à Kinshasa, au même titre de Mutebuzi et Laurent Nkunda. Pour le moment Bosco et ses hommes opèrent à partir des Territoires voisins de Mahagi et Djugu. Il est aussi à noter que le Colonel Ali, Officier et bras droit de Jérôme Kakwavu, nommé par Kinshasa également est avec Bosco Taganda, où ils terrorisent les populations de l’Ituri. Il n’y a pas une semaine, ils ont attaqué et tué quelques militaires des FARDC dans la Collectivité de Ndo, en provenance de Berunda (Djugu). Aussi, profitant de la situation, l’Ouganda recrute, à partir de la Ville de Nebi (en Ouganda) ces jeunes gens démobilisés, qui sont déjà formés dans le maniement des armes pour aller se battre contre ses rebelles. Moyennant 200usd comme frais de recrutement, les enfants congolais n’hésitent pas de se lancer dans cette aventure combien meurtière, mais juteuse.

Conclusion, la DECIDI (Réseau Démocratie et Civisme pour le Développement Intégral) appuie les efforts et les démarches du Gouvernement de la Transition visant à rechercher la paix en Ituri. Nous espérons que les conclusions du Conseil des Ministres qui s’est tenu à Kinshasa, le vendredi 20 mai 2005 seront exécutées à la lettre et tous les fauteurs des troubles dans cette région seront mis hors d’état de nuire avant juin 2005, afin de permettre l’organisation des élections dans ce milieu comme partout en République Démocratique du Congo. Aussi, la DECIDI demande au Gouvernement de bien vouloir exploiter tous les rapports du CIAT, de la MONUC (Mission d’Observation des Nations-Unies au Congo), ainsi que toutes les Résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur l’Ituri, en vue d’en tirer les conséquences positives souhaitées.

Plaise à Dieu que nos voix soient entendues.
Fait à Kinshasa, le 23 mai 2005

La DECIDI

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