Quand les enfants donnent des leçons aux adultes…

Quand les enfants donnent des leçons aux adultes…

La leçon à tirer de ce titre vient de la République du Burundi, lorsqu’en 1997, le comportement héroïque des élèves du Petit Séminaire de Buta (40 séminaristes tués et 26 gravement blessés), a suscité l’admiration du monde entier. Car, en refusant de s’identifier à un groupe ethnique déterminé, ils ont tracé le chemin capable de dépasser toutes divisions.

Est-ce par hasard ou par conviction ? Buta, en Province Orientale, République Démocratique du Congo, est le District dans lequel est née la Sainte Anuarite Nengapeta, assassinée pour sa conviction dans la religion catholique par des rebelles congolais vers les années 1964. En choisissant ce nom pour le Petit Séminaire ou Séminaire Mineur qui forme des Prêtres catholiques et qui se trouve dans un autre pays que la RD Congo, une prophétie était en préparation, certainement.
En effet, au Burundi et au Rwanda, deux pays voisins de la République Démocratique du Congo, les problèmes ethniques déterminent la vie de l’homme, le comportement des individus, etc. Là, les trois ethnies sont, chacune de façon, majoritaire ou minoritaire, selon qu’il y a des enjeux sur terrain. Hutu, Tutsi et Twa (Pygmée) sont les tribus reconnues et qui figuraient dans les cartes d’identités de ces pays. Et les deux premières tribus ont facile à tuer, à égorger, à assassiner, sans remords, ni regret. Quel comportement ?
Mais, au Petit Séminaire Mineur de Buta, au Burundi, ce n’était pas le cas. Le 30 avril 1997, à 5H30’ a.m. (très tôt matin), des militaires (rebelles) attaquent de tout côté avec des armes blanches et de guerre. Une fois la contrée occupée, le Commandant donne des ordres : « Vous qui êtes à ma droite, forcez cette porte ; Et vous, encerclez le bâtiment, contrôlez chaque fenêtre pour que personne ne s’échappe ».
Et tous les militaires tirent en l’air pour effrayer les occupants du bâtiment, tout en pénétrant dans les dortoirs. Une fois à l’intérieur, un militaire ordonne à tous les séminaristes de se mettre débout et de se regrouper au couloir. Sous les armes, l’ordre est obéi et tout le monde saute de son lit pour gagner le couloir indiqué.
C’est à ce moment que le commandant entre et dit aux enfants (entre 12 et 17 ans d’âge) de suivre ce qu’il va ordonner : « Et maintenant que les Tutsi se placent à ma droite et les Hutu à ma gauche ». Un séminariste crie à haute voie : « jamais ! ». Et le commandant demande à celui qui a dit « jamais » de répéter ce qu ‘il vient de dire. Le jeune homme, sans avoir eu peur, a répété ce qu’il a dit.
Dans le but d’intimider le groupe et l’obliger à se diviser, le commandant donne l’ordre qu’on abatte ce garçon. Cela n’a pas duré une minute, les militaires, fidèles à leur chef, l’ont abattu de plusieurs balles. Et le commandant insiste en disant que c’était le dernier ordre qu’il va donner, ceux qui ne vont pas obtempérer, seront tout simplement exécutés sur le champ. Les enfants, prenant leur courage, vont crier : « Nous sommes tous des enfants de Dieu, il n’y a ni Hutu, ni Tutsi parmi nous ».
Irrité, le commandant fait signe à ses hommes de tirer dans la foule. Une quarantaine va mourir et une trentaite des blessés sera récupérée par les militaires loyalistes venus de la Capitale longtemps après le carnage.
Avant de quitter le Séminaire Mineur de Buta, les assaillants ont tout pillé et ont pris des otages parmi les vivants pour leur transporter le butin.
Avant de mourir, certains Séminaristes ont demandé à Dieu Tout-Puissant de pardonner à tous ces militaires leur faute, car ils ignorent que le sang qu’ils ont fait couler et font encore couler a la même couleur, qu’on soit Tutsi, Hutu ou Twa (Pygmée).
Cette histoire vraie, qui s’est passée telle que décrite ci-dessus, devrait nous apprendre, nous les humains, nous de l’Ituri, nous du Nord- et Sud-Kivu, nous Congolais, d’avoir un sens très élevé d’amour du prochain.
Bien que jeunes enfants et encore à l’école secondaire, les Séminaristes de Buta nous ont donné une leçon qui restera longtemps dans nos cœurs. Nous ne devons pas ignorer, que l’amour est la toute première vertu et qui a l’amour, ne peut succomber devant n’importe quels défauts et faiblesses des humains.
Fait à Kinshasa, le 08 juillet 2005
Pour la DECIDI
Bha-Avira Mbiya Michel-Casimir
Député et Directeur Général